lundi 31 octobre 2011

Terremer : L'ultime rivage d'Ursula Le Guin

"C'est comme mon pouvoir, il m'en a tenue à l'écart. Et c'est ainsi que je l'ai perdu. J'ai perdu toutes les choses que je connaissais, tous les mots et les noms. Ils sont sortis en chapelet de ma bouche et de mes yeux, comme des toiles d'araignées. Il y a un trou dans le monde, pas où s'écoule la lumière. Et les mots s'enfuient avec elle."

Ainsi sur les îles de Terremer, la magie disparait .. les sorts n'ont plus de pouvoir et les mots d'enchantement sont oubliés ...
Parce que depuis huit cent ans il n'y a plus de roi en Havnor, les Runes perdues ont été retrouvées, la couronne est présente mais aucun roi pour la porter et unifier les îles, maintenir la paix ...
Seul le Gardien de Roke, l'Archimage, doit aller là où est le mal, tenter de le souscrire et trouver un nouveau roi .... Pour cette quête, Ged sera accompagné d'un jeune garçon, Arren, le fils du Prince d'Enlade et l'héritier de la Principauté de Morred.

Commence alors un long voyage à la recherche du mal, qui les conduira l'un et l'autre jusqu'aux portes de la mort ... et au choix de l'immortalité ...
Bien entendu le dénouement d'une partie de cette quête était hautement prévisible, pour autant encore une fois j'ai été séduite par le récit qu'entretient Ursula Le Guin.

Il comporte plus d'action que dans le Tome précédent, Les Tombeaux d'Atuan, beaucoup moins de temps morts, ce qui fait que je ne m'y suis pas ennuyée comme lors du début du précédent et en même temps, on continue la découverte de la sombre personnalité de Ged.
Il se révèle être tout à la fois le guide du jeune Arren que son mentor, mais sans omettre ses propres erreurs de jeunesse qu'il n'aura jamais complètement expiées.
"Essaie de choisir avec soin, Arren, lorsqu'il faudra faire de grands choix. Quand j'étais jeune, j'ai eu à choisir entre être et agir. Et j'ai sauté sur la seconde solution comme une truite sur une mouche. Mais chacun de tes gestes, chacun de tes actes, te lie à lui et à ses conséquences, et te force à agir encore et toujours."

Il est assez étonnant d'être face à un personnage principal à la fois si maître de lui et en dépit de cela, si angoissé par ses actes d'autrefois .... on a pu voir dès Le Sorcier de Terremer que Ged s'était forgé sa personnalité par rapport à ce qu'il avait pu accomplir .... c'est de plus en plus flagrant au fur et à mesure qu'on le connait de mieux en mieux ... au travers des yeux d'Arren qui, tout en lui vouant un amour inconditionné, se retrouve très souvent en proie à des doutes concernant son "idôle" ... ce qui influencera ses actes.
On se trouve aussi face à un récit où les personnages sont souvent portés par le courant de leur vie .... Arren en est le parfait exemple, on a vraiment la sensation qu'il se contente de suivre Ged et que jamais il ne prend d'initiative, même à l'article de la mort, ce qui est quelquefois agaçant .... avant de comprendre qu'en fait ses actes (ou plutôt ses non actes) sont justement empreints du mal qui règne et qu'il n'est pas encore assez mâture pour y faire face et lutter contre ...
Un roman aussi dans lequel se pose la question de l'immortalité .... qu'entraînerait-elle dans l'Equilibre du monde ? Ne mettrait-elle pas en péril la vie ?

Le récit qu'a pu développer Le Guin dans Terremer est atypique au vu de la plupart des romans de fantasy que j'ai pu découvrir déjà ... Point de combat effectif ou de lutte à l'aide de magie apparente .... c'est une quête presque discrète où règne la magie des mots, tout en douceur et dans le calme ... jamais les personnages, qu'ils soient bons ou mauvais, ne font preuve de violence ou d'agressivité ... ni ne disent un mot plus haut que l'autre, même dans la colère ...
Calme, plénitude, style coulé qui porte, nous lecteurs sommes comme les protagonistes de cette histoire .... nous suivons, nous ne nous révoltons pas, on ne peut pas dire pour autant que c'est plat, c'est une autre façon de raconter une histoire, de dévoiler des sentiments et des affects, c'est reposant.

On n'est pas transporté, tout vibrant comme dans certains romans qui ne laissent pas de répit, on est juste séduit et apaisé ... Et j'avoue que j'aime beaucoup aussi lire ce genre de récit.

Je le confirme ... j'aime énormément la façon d'écrire d'Ursula Le Guin et j'ai hâte de découvrir d'autres romans d'elle.

Extrait
"Toute la splendeur des êtres mortels était dans ce vol. Leur beauté était faite d'une force effrayante et d'une férocité totale, et aussi de la grâce de la raison. Car c'étaient là des créatures pensantes, douées de la parole et d'une antique sagesse : les figures tracées par leur vol révélaient une harmonie volontaire et brutale."

"Être soir-même est déjà une chose assez rare, une chose précieuse. Être soir-même à jamais, n'est-ce pas encore plus précieux ?"

Ailleurs
NooSFère ; actusf ...

jeudi 27 octobre 2011

Capitaine Albator Tomes 2 et 3 Leiji Matsumoto

Lorsqu'une sphère noire d'origine inconnue percute la Terre, seuls quelques hommes comprennent qu'il s'agit d'une menace :
Sur Terre deux savants .. qui se font assassiner ... et dans les airs un Pirate de l'espace, accompagné d'un équipage hétéroclite, à bord d'un formidable vaisseau.
Dans le premier Tome on faisait la connaissance des principaux protagonistes ainsi que des fameuses sylvidres, ces femmes extra terrestres qui brûlent lorsqu'on les abat.

Le second tome démarre sur la découverte par Albator et ses hommes d'une étrange fissure sur la Terre, visible uniquement de l'espace. Après exploration il s'avère qu'elle renferme une pyramide sous marine .. laquelle abrite une sylvidre endormie qui émet des ondes à l'intention des ses soeurs restées dans l'espace.
Et se ces extra-terrestres avaient été présents sur Terre depuis toujours ? avant même les humains ?

Il n'y a guère de temps morts dans ce tome là, de découvertes en découvertes, l'Arcadia parcourt les endroits où pourraient se nicher leurs ennemis. En même temps on prend conscience de certains aspects des personnages comme :
- le dévouement extrême de Niimé envers celui qui lui a sauvé la vie
"Je voue ma vie au service d'Albator, de son ami défunt et de l'Arcadia. Je ne vis que pour eux."
- le côté sombre du capitaine Albator, voire même solitaire et sa tristesse face à la mort de son meilleur ami (cela vire même à l'obsession), celui qui a construit l'Arcadia
- le côté surnaturel du vaisseau lui-même qui semble animé d'une vie propre ...

On réalise aussi à présent un certain décalage avec le dessin animé qui en a été adapté
- point de Stellie, la petite fille de l'ami d'Albator que ce dernier protégeait dans la série animée
- un Tadashi étrangement serein alors qu'il brûlait de venger la mort de son père dans Albator 78
- des convictions différentes d'Albator, en effet dans le dessin animé, il se battait essentiellement pour protéger la Terre, et l'enfant qu'il a laissée dessus ; or là il ne se bat que par respect pour son ami
"Il disait que même si toute l'humanité se mettait à haïr la Terre, lui continuerait à l'aimer, que même si tous les hommes la quittaient pour une autre planète, lui il y resterait ! Il répétait qu'il s'efforcerait de protéger la race humaine, même si elle n'en valait peut-être pas la peine.... Ce n'est pas le présent qu'il voulait protéger, mais l'avenir ... c'est pour cette raison qu'il a conçu l'Arcadia ... il n'a jamais cessé de me le répéter. [...] Je ne trahirai jamais l'Arcadia. Je ne trahirai jamais la volonté de mon ami défunt."


Ensuite dans le Tome 3 les pirates continuent à parcourir l'espace à la recherche de l'armada royale .. ils font ainsi la connaissance d'un homme issu du peuple des Tokaga, réduit en esclavage par les sylvidres .... mais aussi d'une commandante de patrouille de reconnaissance et d'assaut des sylvidres, Jojibell, qui témoigne d'une humanité et de sentiments jusque là inconnus chez ces femmes là.
Pendant ce temps la reine Sylvydra tente désespérément de découvrir qui sont les membres d'équipage d'Arcadia et surtout qui est ce mystérieux 41ième homme qui échappe à toutes ses investigations .....

Ces deux tomes font progresser dans notre découverte de la civilisation des sylvidres mais aussi des mystères qui entourent le fameux vaisseau Arcadia et sa prétendue "vie" ; bien entendu comme je connais le dessin animé, je sais de qui et quoi il s'agit, mais l'intrigue se suit au final à travers les yeux de Tadashi qui semble être plus un observateur qu'autre chose dans cette histoire. A peine un rôle de combattant de temps en temps, ou de découvreur à la suite d'Albator .... pourtant il est toujours présent, tel le petit protégé du Capitaine ... en formation constante.

La suite dans les prochains Tomes ...

Ailleurs
Chez Anudar Tome 2 et Tome 3.

mardi 25 octobre 2011

Top Ten Tuesday (3)

Le Top Ten Tuesday est un rendez-vous hebdomadaire dans lequel on liste notre top 10 selon un thème littéraire défini sur la blog de Iani. - rendez-vous initialement prévu créé par The Broke and The Bookish- Chaque semaine Iani propose aussi un vote à partir de propositions de bloggeurs pour déterminer quel sera le Top Ten de la fois suivante. 
Voici donc le thème de cette semaine

Les 10 livres de votre Pàl que vous voulez vraiment lire mais dont vous repoussez sans cesse la lecture.
Quels sont les livres qui trainent dans notre Pàl, que nous nous promettons de lire prochainement mais que finalement nous ne lisons pas ?
Quels sont les livres que nous ne possédons pas mais que nous aimerions absolument lire ?
Je ne possède pas actuellement de livres entrant dans cette deuxième catégorie. Si je désire absolument un livre, généralement je l'achète et je le lis très vite.
Par contre pour la deuxième proposition ..... je ne manque pas de livres !

Voici donc ma liste

1) Le fantôme du souvenir de Terry GOODKING
J'ai fort hésité à mettre ce livre là dans la mesure où il ne me fait plus particulièrement envie. Il y a plusieurs années j'avais découvert le Cycle de l'Epée de Vérité dont le premier tome m'avait emballée (bien que comportant de nombreux défauts dont je parlerai si j'ai le courage un jour de le chroniquer) et j'avais démarré la série .... Sauf qu'au fur et à mesure de mes lectures j'ai de moins en moins apprécié, tout du moins, vu de plus en plus les défauts.
Ce qui fait aujourd'hui que cette série n'est pas finie et que je ne suis pas sure du tout de m'y replonger. 

2)  Le filet d'Indra De Juan Miguel AGUILERA
Je l'avais acheté lors des Imaginales 2010, il m'avait attiré par sa couverture et puis l'auteur avait l'air sympa (bien que sa dédicace en espagnol soit incompréhensible) mais depuis il traine dans la Pàl sans que je me décide à l'ouvrir.

            
                   



3) Le renégat de Robin HOBB
Série démarrée il y a longtemps aussi. Le soucis de ces séries c'est qu'on les démarre et qu'ensuite il faut toujours attendre des mois et des mois avant d'en avoir la suite, ce qui fait que si cela ne nous passionne que modérément on hésite à s'y replonger. Je suis une grand fan de Robin Hobb, j'ai adoré la Citadelle des Ombres, j'ai lu aussi Les aventuriers de la Mer. Par contre le Soldat Chamane m'a nettement moins accrochée. Le côté mou et victimisation du personnage principal m'est devenu de plus en plus insupportable au fur et à mesure de ma découverte de la série. En dépit de cela j'ai acheté le Tome 8 pour au moins terminer la série et depuis il traine dans ma Pàl sans que je me décide à l'ouvrir.

4) Janua Vera de Jean-Philippe JAWORSKI
Encore un livre acheté (et dédicacé par l'auteur) aux Imaginales 2010 et qui depuis n'a jamais été ouvert. Ce n'est pas faute d'en avoir envie, c'est juste ... que je crois que ce livre m'effraye un peu ... J'en ai entendu tellement d'échos positifs, l'auteur est tellement fabuleux aux dires de certains que .... j'ai peur du coup de le démarrer. Et si je n'appréciais pas ? C'est le premier livre qui me fiche une telle appréhension. Bon en plus j'avoue que c'est écrit très petit, bref tous les prétextes sont bons pour ne pas le débuter ... quoique l'avoir entre mes mains là ..... me donne fort envie de l'ouvrir !

5) Le seigneur des anneaux de TOLKIEN
Ah ce fameux Seigneur des Anneaux ... mon unique résolution de l'année 2011  était de lire au moins CE livre là (quand je dis lire ... relire plutôt car je l'ai toujours démarré mais ne suis jamais parvenue au bout) ... or nous sommes presque en Novembre et .... j'en suis toujours au même point. A me demander si je vais un jour parvenir à l'ouvrir de nouveau !




6) Le cycle des robots : Face aux feux du soleil d'Isaac ASIMOV
J'avais découvert Les cavernes d'acier en lecture commune avec Spocky et Lael avec la promesse de découvrir la suite, ensemble. Cela ne s'est pas fait pour diverses raisons et du coup j'ai un peu laissé de côté ce livre là. Je ne suis pas en plus une grande passionnée de la SF robotique donc cela ne me pousse pas à l'entreprendre de nouveau.




7) Sourcellerie Les annales du Disque Monde de PRATCHETT .... et les autres ....
Cette série est une véritable tragédie pour moi, parce que je ne suis pas sure de parvenir à la finir un jour au vu de la somme de livres qui existent et surtout quand on voit le nombre ridicule que j'ai pu déjà découvrir : à savoir La huitième couleur, Le huitième sortilège et La huitième fille. Pourtant ces romans sont savoureux !!!
8) Firmin Autobiographie d'un grignoteur de Sam SAVAGE
Ce petit livre de littérature générale traine chez moi depuis un bon moment, oublié au milieu des autres. A chaque fois je me dis, tiens je le lirais bien celui ci .... et puis soit j'oublie, soit je passe à autres chose qui mobilise encore plus fortement mon attention.
Pourtant lorsqu'on lit cette phrase "Si lire est ton plaisir et ton destin, ce livre a été écrit pour toi" devrait m'empêcher de le ranger au milieu des autres !
9) Bifrost .... N°64 ...  et les autres
C'est malin de s'abonner à une revue, d'être contente de les recevoir dans sa boite aux lettres pour les empiler ensuite et ne plus y toucher après les avoir vaguement feuilleté ! Depuis que je suis abonnée j'ai découvert celui sur l'Uchronie et celui sur Herbert (et encore je n'ai pas lu ses nouvelles), je lis assez souvent les dossiers, je parcoure les pages présentant des livres et c'est à peu près tout, je zappe complètement les nouvelles. En fait je pense que de façon générale je n'aime pas lire ni des magazines, (sauf ceux sur les chevaux ou les chiens, lol) et que je n'apprécie que modérément les nouvelles.
Du coup je ne pense pas me réabonner l'an prochain , je commencerai déjà par lire ceux que je possède déjà et on verra par la suite ...

10) Le trône de Fer Intégrale 4 de George R.R. MARTIN
J'ai débuté ce Top Ten par un livre que j'ai très modérément envie de lire .... et j'achève sur un livre que j'ai terriblement envie de lire mais dont je me force à tenir les pages closes. Pourquoi alors que Le Trône de Fer a été un véritable coup de coeur lorsque je l'ai découvert ? Eh bien tout simplement parce qu'après je ne sais pas du tout quand j'aurai l'Intégrale 5 entre les mains (il est hors de question de lire cette merveille découpée n'importe comment, édition qui sortira malheureusement avant l'Intégrale) et que je ne veux pas achever la 4 avec la frustration absolue de devoir attendre des lustres .
Au moins celle ci je sais que je la possède, que je peux la lire quand je le veux et des fois je contemple sa couverture avec un plaisir anticipé. Mais je résiste, je résiste !










dimanche 23 octobre 2011

Terremer : Les tombeaux d'Atuan d'Ursula Le Guin

Ce tome ci fait suite au Sorcier de Terremer ....
Le destin de Ténar a été tracé dès sa naissance .. parce qu'elle a vu le jour au moment de la mort de la Prêtresse des Tombeaux, elle en est sa réincarnation et devra tenir les mêmes engagements une fois la cérémonie effectuée.
"Que les Innommables voient l'enfant qui leur est donnée, celle-là même qui toujours renaît sans nom. Qu'ils acceptent en offrande sa vie et les années de sa vie jusqu'à sa mort, qui leur appartient également. Que cette offrande leur soit agréable. Qu'elle soit dévorée !"

Ainsi, l'enfant, qui vivait avec ses parents, aura désormais pour tâche, une fois sa formation achevée, de veiller sur les Tombeaux d'Atuan, d'immenses pierres qui se dressent depuis la création de Terremer. Ce sont les tombeaux de ceux qui régnaient avant que naisse le monde des hommes. Sous ceux ci se trouve un labyrinthe, là où sont cachés les trésors des dieux ... que personne en dehors d'elle n'a le droit de fouler .....
Or un jour .... Ténar se retrouve confrontée à l'intrusion d'un homme -un mage - venu piller les Tombeaux ....

Il aura fallu l'apparition de cet homme et quelques 100 pages pour que s'éveille mon intérêt lors de ma lecture de cet opus 2 de Terremer .. Bon pour la défense du livre, j'étais dans une phase de très grande fatigue ce qui fait qu'il en fallait beaucoup pour parvenir à mobiliser mon attention les soirs .... Or durant les 100 premières pages je me suis ennuyée, j'ai eu le plus grand mal à tenir, malgré la qualité d'écriture toujours présente.

"Le soleil était bas derrière les montagnes qui se dressaient toutes proches à l'ouest, mais ses dernières lueurs emplissaient le ciel et le terre : un ciel d'hiver, immense et clair, une terre aride et dorée parcourue de montagnes et de larges vallées. Le vent était tombé. Il faisait froid, et le silence était absolu. Rien ne bougeait. Les feuilles des buissons de sauge proches étaient sèches et grises, et les tiges desséchées des minuscules herbes du désert lui picotaient la main. Cette clarté silencieuse et magnifique baignait chaque brindille, chaque feuille et chaque tige flétrie, sur les collines et dans l'air."

Parce qu'Ursula Le Guin écrit bien, je ne cesse de le dire mais c'est une révélation à chaque fois .... cela n'a l'air de rien ses phrases mais elles sont tellement fluides, coulées et représentatives qu'on ne peut que se laisser porter. On ressent exactement ce qu'elle transmet. C'est probablement grâce à cela que je n'ai pas refermé le livre.
En quelque sorte le début des Tombeaux d'Atuan ressemble un peu à la vie de Lavinia .... la vie qui s'écoule lentement, les rites à accomplir ... sauf que Lavinia est un personnage riche en émotion, sensible et attachant, là où Ténar est une petite peste, imbue d'elle même et cruelle.
Et que Ténar s'ennuie ... tout comme le lecteur ...

J'ai réalisé ensuite que l'auteure nous a emmenés exactement là où elle voulait ... cet ennui ressenti, cette mauvaise personnalité de la jeune fille ... tout se révèle ensuite, tout s'explique .... grâce à l'action de ce fameux mage .... qui n'est autre que Ged bien entendu.
Et j'ai pu me rendre compte aussi que j'attendais tellement avec impatience son retour dans l'histoire (je pensais qu'à la suite du Sorcier, il serait à nouveau le protagoniste principal des autres tomes) que cela a probablement contribué à mon manque d'investissement dans le début.
Parce qu'alors le récit a pris une autre tournure et du coup j'ai pu enfin prendre plaisir à le découvrir.

Ce qui est un peu atypique dans ce Cycle là c'est que l'on quitte les personnages à la fin de leur quête mais un peu sur notre faim, qu'on pense assouvir celle ci dans le Tome suivant mais non, cela repart sur un autre personnage ... tandis que des années se sont écoulées. C'est ainsi que Ged est devenu, comme il était prédestiné, un grand mage, que son premier combat contre son ombre est très loin derrière lui ..... mais qu'il a profondément marqué sa personnalité.

Exit le jeune homme un peu insolent et imprudent des débuts, nous avons affaire maintenant à un homme grave, attentif aux autres, silencieux, quelque fois sombre .... vulnérable aussi.
Et en contrepartie on découvre une Ténar radicalement différente, une jeune fille dont la conduite était dictée par l'emprise des Innommables.

Ce Tome là met l'accent essentiellement sur les pouvoirs du mal et ses actions sur une personnalité modelée trop jeune ... un prémisse au Tome suivant où le mal semble grandir peu à peu ... Terremer donne un accent relativement sombre à ses personnages qui sont terriblement sérieux ... comme hantés, c'est flagrant sur Ged .... comme si il n'allait jamais finir d'expier l'erreur qu'il a commise dans sa jeunesse.
Le dernier Tome nous en dira un peu plus j'imagine.

Dans tous les cas, Ursula Le Guin est en passe de devenir une des mes auteurs préférées.


Extrait
"Elle commençait à apprendre le poids de la liberté. C'est un lourd fardeau, et c'est pour l'esprit une charge immense et étrange à assumer. Ce n'est pas simple. Ce n'est pas un cadeau que l'on reçoit, mais un choix que l'on fait, et ce choix peut être difficile. La route monte vers la lumière ; mais le voyageur risque de ne jamais en atteindre le bout."



samedi 22 octobre 2011

Un horizon de cendres de Jean Pierre ANDREVON

Kemper vit paisiblement à la campagne avec sa femme et sa petite fille, ainsi que sa brave chienne labrador ... il n'a pas un métier très passionnant, il travaille au funérarium .... (métier pas anodin pour le thème de ce roman).

Et puis un jour ...
"C'était arrivé deux mois auparavant. Frédéric Marshal était tombé dans un de ses enclos, victime d'une rupture d'anévrisme cérébral. On n'avait trouvé son corps que le lendemain. Il avait été inhumé au cimetière de Saint-Hugues. Frédéric Marshal était mort, aussi mort qu'on peut l'être - mort et enterré. Pourtant, je venais de le rencontrer sur le chemin de la Combe."

Et voilà que les morts reviennent à la vie ....
"Ils soufflent. Ils se multiplient. Il n'y a rien à faire. Ils sont partout. Et si nombreux. De plus en plus nombreux."

Alors il faut que les vivants s'organisent, vont-ils s'adapter ? se faire submerger ? résister ?

Très honnêtement je n'avais pas lu la quatrième de couverture quand j'ai commandé ce livre, et lorsque je l'ai fait et qu'en plus j'ai découvert la couverture (que je trouve hideuse et tellement flippante que tout le temps de la lecture j'ai retourné le livre pour ne pas la voir), je me suis dit "ouh là, je ne vais jamais tenir à la lecture d'une histoire de morts vivants !!!"

Alors c'est avec beaucoup d'appréhension (et pendant la journée, interdiction de lire ce livre là le soir, tout comme je l'avais fait pour Je suis une légende ) que j'ai abordé les premières pages.

Et ... ensuite .. je l'ai dévoré ... Tout comme le héros du livre je suppose que je me suis faite à un univers rempli de non vivants, que passée la terreur des premiers temps, j'ai vécu au quotidien avec eux.

Andrevon a choisi de faire raconter son histoire par son personnage principal avec pas mal d'humour noir :
"Il y avait des choses plus rigolotes naturellement. Le summum venait des Etats-Unis mais ça n'a mis que quelques jours pour débarquer chez nous. En V.O., on appelait ça The Dead Show. On y présentait un podium de non-vivants ayant appartenu au monde du spectacle - de préférence confrontés à des gens dont ils avaient été proches, veuves, maîtresses, enfants. ..."

De plus il nous narre l'organisation du monde face à cette invasion, d'une sorte de tolérance de bon aloi du départ à des prémisses de destruction massive, d'extermination en masse (avec les liens que bien sûr on ne peut que faire avec une Histoire plus récente) ... qui de toute façon ne sert à rien car ils renaissent toujours et se multiplient tant et plus.
On ne sait absolument pas, à aucun moment du roman pourquoi ces morts ont ressurgi, ce qui a pu se passer, et qu'est ce qui a fait que les morts ont pu changer de comportement en cours de "renaissance". Il y a quelques incohérences comme le fait que les non vivants sont dépourvus de cerveau mais pourtant peuvent de déplacer ou qu'ensuite en se comportant comme des zombies ils retrouvent un cerveau et donc s'adaptent de mieux en mieux ... En tout cas aucune explication à tous ces phénomènes qu'on ne peut prendre que comme argent comptant.

Alors que dans Je suis une légende, le personnage principal cherchait un moyen de comprendre ce qui se passait, celui de Un horizon de cendres n'a pas ces soucis là, le récit est axé sur la façon dont il organise sa vie et celle de sa famille face à cette invasion. Et en fin de compte ce n'est pas gênant d'en savoir plus, c'est un roman qui n'est pas transcendant mais divertissant dans lequel on ne s'ennuie pas et franchement la fin est vraiment réussie.

Extraits
"Je n'ai rien répondu. Bien sûr, c'était tellement vrai. Bien sûr qu'il en sortait de partout. Les morts sont tellement plus nombreux que les vivants !"

" Du plus loin qu'elle remontait, notre culture était liée à la mort. Jusqu'à la religion à laquelle j'étais censé appartenir par toute une lignée normande, qui s'était choisie comme dieu un non vivant cloué à une croix et , une fois au trou, se hâtant d'en sortir."

Ailleurs
Cafard Cosmique ; Captain Navarre ; Tristhenya ; ActuSF ....

Ce roman a été lu dans le Cadre du Challenge Fin du Monde organisé par Tigger Lilly, il constitue ma sixième participation. Et donc ma survie à cet Hiver Nucléaire !

mercredi 19 octobre 2011

Capitaine Albator Tome 1 Leiji Matsumoto

Albator 78, LE dessin animée, représente une grande part de l'enfance des jeunes qui nés dans les années 70 ont représenté la toute première génération télé ... la toute première génération aussi à vouloir revivre leurs émois de jeunesse .... tout comme le prouve le succès des émissions de télé qui il y a quelques années faisaient revenir sur les plateaux Casimir et autres Goldorak, Candy ... ou les ventes de toutes les cassettes vidéos puis DVD de ces vieilles séries ou anciens DA ....

Pour ma part Albator, j'en étais une inconditionnelle fan ... j'ai vu les premiers épisodes en noir et blanc avant l'arrivée de notre première télé couleur dans la famille .... Je me souviens même d'une anecdote amusante qui prouve à quel point j'en étais droguée.

Un jour, la télé demeurant obstinément brouillée, à quelques minutes de la diffusion de mon épisode , je me revois encore courir, ma petite soeur sur les talons, à la recherche de notre mère qui faisait les courses à la supérette de proximité. L'histoire ne dit pas si elle a tout lâché pour venir voir ce qui se passait mais la "panne" provenait tout simplement de l'antenne qui s'était débranchée ..... et je me souviens alors de mon soulagement lorsque l'image est revenue ... et que j'ai pu voir ma série favorite !

J'ignorais que ce dessin animé était en fait adapté d'un manga japonais, datant de plus de 35 ans.
C'est en découvrant cet article sur le blog d'Anudar que je me suis décidée à me lancer dans cette lecture.
Je craignais un peu que ce soit difficile de lire par la fin et de droite à gauche et pourtant l'habitude a été très vite prise au bout de quelques pages, et le sens de lecture est devenu automatique.

"An de grâce 2 977 ... Lorsque toutes les mers du globe eurent disparu, les hommes pensèrent que la fin du monde était arrivée. Ils s'apitoyèrent sur leur sort sans même songer à l'espace infini qui s'étendait au-dessus de leurs têtes .... Seule une poignée d'hommes, croyant en l'avenir radieux du genre humain, eurent le courage d'aller explorer la "mer du dessus". Alors les autres ricanèrent en disant "Ce sont des fous qui courent après un rêve irréalisable" et nous avons été considérés comme des hors-la-loi."

Ainsi démarre le manga qui met en suite en scène l'arrivée d'une étrange sphère noire marquée de symboles mystérieux, qui s'écrase sur la Terre. Seuls quelques hommes réalisent que la planète est en danger ... l'un d'eux le Professeur Daiba est assassiné par des extra terrestres, provenant de cette sphère ... des femmes "qui brûlent comme du papier", devant son fils Tadashi qui, devant l'incompétence du gouvernement terrien, choisira de rallier l'Arcadia, vaisseau pirate qui sillonne l'espace ....
Ce vaisseau est commandé par le Capitaine Albator, un homme épris de liberté qui lutte pour que la paix sur Terre soit préservée, assisté d'un équipage déluré et disparate ... des hommes nains qui, quand ils ne combattent pas, jouent aux échecs, boivent ou se battent, une femme dernière survivante d'une planète où l'on se nourrit d'alcool (il est étrange que ce manga n'est pas connu d'ailleurs la censure cigarette comme dans Lucky Luke, du point de vue de l'alcool, car à ce point c'est tout de même inquiétant, xD) ...

Je suis entrée dans l'histoire avec une facilité déconcertante, forcément, connaissant par coeur la plupart des scènes du dessin animé, au point de voir immédiatement si l'adaptation a été fidèle ou pas .. elle l'est à quelques détails près :
- quelques uns des noms des personnages ont été modifiés pour l'adaptation, ainsi Tadashi est Ramis dans le dessin animé, Miimé : Clio , le vaisseau Arcadia au lieu de l'Atlantis. Seul Albator a été conservé dans la traduction française, au lieu du Capitaine Harlock de la version japonaise
- quelques scènes qui relatent les circonstances de l'arrivée du jeune Tadashi sur l'Arcadia sont différentes
A voir si ce sera toujours le cas dans les tomes suivants ....

En ce qui concerne le manga lui même, il m'est difficile de juger de la pertinence du récit, je ne serais pas du tout objective ... Bon l'histoire en elle-même n'a rien de très nouveau .... des extra terrestres qui veulent envahir la Terre, des humains qui luttent contre .... On a vu le schéma un certain nombre de fois ...
Les dessins des vaisseaux sont bien réalisés ... ceux des humains sont plus discutables, j'ai pas mal ri en voyant la forme des mains notamment de Tadashi, les doigts semblent tellement gros qu'on dirait des petits boudins. Quant à Albator il a des jambes démesurément longues.
Mais hormis ces détails là (d'ailleurs le dessin animé était ... fort mal animé, même pour l'époque, cela ne me gênait pas pour autant), je ne peux pas critiquer davantage, c'est Albator !
Et je retrouve tous les ingrédients qui me séduisaient tant, enfant ... et une histoire qui se suit bien, que j'ai dévorée en peu de temps et dont j'ai envie de découvrir la suite.

Un bon petit retour en enfance ....
Que je complèterai peut être par la vision du dessin animé une nouvelle fois (eh oui je l'ai en DVD, forcément !!!)

mardi 18 octobre 2011

Top Ten Tuesday (2)

Chaque mardi sur le blog de Iani (une idée proposée à la base par The Broke and the Bookish) un rendez vous est organisé qui consiste à faire un classement littéraire selon un thème proposé et voté par les lecteurs.

Cette semaine il s’agit donc de donner

Les 10 personnages principaux

L’exercice n’est pas si évident qu’il paraît et d’ailleurs je vais devoir le contourner quelque peu dans la mesure où dans un cycle comme le Trône de Fer il me parait difficile de cibler LE personnage principal du livre. Bon je me lance en commençant de prime abord par des personnages qui m’ont séduite dans mon adolescence.

Comme
1) Lancelot, chevalier de la Table Ronde, de l’Enchanteur de BARJAVEL, j’avais tant aimé ce personnage que je me suis lancée dans le Cycle du Graal de Jean Markale et aussi dans tout ce qui pouvait toucher de près ou de loin au mythe de Camelot comme les Dames du Lac de Marion Zimmer BRADLEY ….

2) Pauline, héroïne de la série l’Esprit de Famille de Janine BOISSARD ; rien à voir avec de la SFFF, juste une jeune fille à laquelle je m’identifiais à cette lointaine époque ^^ Et des romans fort bien écrits, très sensibles.

3) Durnik dans la série la Belgariade d’EDDINGS, qui n’est pas LE personnage principal en l’occurrence mais un homme qui prendra tant d’importance au fil des romans qu’en fin de compte il lui arrivera d’éclipser le principal protagoniste (qui lui n’a pas tant d’intérêt que cela à mes yeux). J’aimais le caractère franc et loyal de ce forgeron engagé malgré lui, et par amour, aux côtés d’une famille de sorciers dans leur quête.

Plus récemment
4) Duncan Idaho dans Dune de Frank HERBERT, de personnage secondaire dans les premiers opus, il prendra une place de plus en plus importante jusqu’à occuper le premier rôle dans les Hérétiques de Dune. Ce fut très rapidement mon personnage préféré de toute la série.

5) Œil de Nuit, le loup de Fitz, dans la Citadelle des Ombres de Robin HOBB. Qui n’a jamais rêvé d’avoir pour compagnon et meilleur ami, un loup fidèle avec lequel il est possible de communiquer par le Vif ? Ce personnage à part entière (si Fitz par son lien était presque loup, Œil de Nuit en devenait, lui presqu’humain) m’aura fait pleurer à chaudes larmes dans la suite de la Citadelle des Ombres.

6) Charlie Gordon dans Des fleurs pour Algernon de Daniel KEYES, un des personnages les plus bouleversants et émouvants que j’aurai eu à rencontrer lors de mes lectures. Un personnage qui m’aura profondément touchée.

7) Jon Snow du Trône de Fer de RR MARTIN. Dans ce cycle, tous les personnages sont principaux en quelque sorte, à nous de faire notre choix selon nos préférences. J’aime le côté loyal et droit de ce personnage là, sans compter son étrange affinité avec son loup blanc qui me rappelle le lien entre Fitz et Œil de Nuit.

8) Toujours dans le Trône de Fer, Tyrion … un personnage énigmatique. Il est rare que je m’attache à un « méchant » dans une lecture mais c’est là toute la magie de MARTIN, il n’y a ni réellement méchants ni gentils, seulement des personnages profondément intéressants comme celui-ci qui au fil des tomes s’étoffe de plus en plus, jusqu’à se rendre attachant.

9) Sorcha dans Sœurs des Cygnes de Juliet MARILLIER, une belle histoire fort bien contée à la première personne, ce qui donne une proximité très forte avec le personnage, Sorcha m’a beaucoup émue, surtout dans le Tome 1.

10) Et je termine par un autre personnage de la littérature générale, à savoir Malaussène de la saga de Daniel PENNAC. Ce personnage là est savoureux, très tendre, protecteur envers sa famille mais surtout employé comme bouc émissaire dans un magasin puis dans une maison d’édition. Ce sont des livres plein d’humour et de tendresse, j’ai adoré ce personnage très attachant. Il faut absolument que je relise ces romans là.

dimanche 16 octobre 2011

Terremer : Le sorcier de Terremer d'Urusla Le Guin

D'Ursula Le Guin, j'avais déjà lu Lavinia qui m'avait enchantée.
C'est donc avec beaucoup de hâte que j'ai ouvert les premières pages du Tome 1 du cycle de Terremer.

Ged, un jeune garçon, qui vit avec son père et ses frères (sa mère est morte avant qu'il ait un an), vit sur l'île de Gont et promet d'être le mage le plus grand de tous les temps.
Le ton est immédiatement donné dès les premières lignes, on sait déjà ce que deviendra ce jeune garçon qui s'est élevé seul et en a attrapé un caractère solitaire et ombrageux.

De son style coulé et plaisant, Le Guin va nous embarquer alors dans sa longue initiation à la magie aussi à la découverte de lui-même.
Ce n'est pas pour rien que j'ai employé le mot "embarquer" car chaque grand moment de l'histoire est entrecoupé d'un voyage en bateau ou barque. Et forcément puisque le territoire de Terremer est un ensemble d'îles au termes desquelles il n'y aurait plus rien, que le vide ....
[En aparté , un très mauvais point pour l'édition Livre de Poche qui nous présente une carte si petite qu'elle en est illisible, dommage ...].

Si j'avais comparé l'écriture de Lavinia à une ligne musicale, celle de Terremer me fait vraiment penser à un océan qui quelquefois reste calme .... tous ces moments d'accalmies durant lesquels Ged apprend à être mage, ou se repose en quelque contrée lointaine ... et quelquefois s'emporte en tempête .... des moments d'action où le jeune homme aura à lutter contre des dragons et surtout contre une puissance maléfique qu'il aura réveillée.

"Cette chose n'avait pas de corps, elle était aveugle au soleil, c'était une créature d'un royaume sans lumière où il n'existe ni lieu ni temps. elle devait ramper et le poursuivre à tâtons à travers les jours et les océans du monde, et ne pouvait prendre une forme visible que dans les rêves et les ténèbres."

Car Ged est un personnage entier, il n'est pas sans défaut et justement c'est tout ce qui fait son côté intéressant. Nous avons affaire là à un enfant qui n'a guère connu la tendresse et en a développé un caractère fier et impatient ... qui l'amènera à commettre somme de bévues qui mettront son courage à rude épreuve. Tout au long du roman, on va le voir évoluer, grandir, tirer partie de ses épreuves, car tout mage né qu'il soit, les choses ne couleront pas forcément de source.

La magie évoquée dans Terremer, une magie proche de la nature, est très intéressante aussi, j'aime énormément le concept d'Equilibre des choses que j'avais déjà pu découvrir dans le cycle La Belgariade d'Eddings.

"Mais tu ne dois rien changer, pas même un galet ou un grain de sable, avant de savoir quel Bien et quel Mal vont résulter de ton acte. Le monde est dans ce qu'on appelle l'Equilibre, et le pouvoir de Changement et d'Appel d'un sorcier peut perturber l'équilibre du monde. C'est un pouvoir dangereux et plein de périls."

C'est une maxime dont Ged va justement en faire l'expérience à ses dépens ...

En conclusion ce premier tome du cycle m'a beaucoup plu, j'aime décidément beaucoup la façon d'écrire d'Ursula Le Guin. Si à des instants j'ai pu trouver qu'elle accélérait un peu trop certains pans de la vie de son personnage principal (comme ses années d'étude trop vite passées et pas assez détaillées), les moments d'actions étaient réellement prenants, notamment cette lutte contre cette fameuse Ombre.
Je vais bien entendu poursuivre le cycle.

Pour en savoir plus
Un débat très intéressant sur le Cercle d'Atuan (et oui je sais désormais d'où provient son nom^^)
Et les billets de
Arutha ; AcrO ; Olya ; Martlet ; Tortoise ; El Jc .....

mercredi 12 octobre 2011

La volonté du dragon de Lionel Davoust

Lorsque le généralissime Vasteth, représentant de l’Empire d’Asreth, rencontre l’enfant roi du petit pays Qhmarr afin de lui proposer leur reddition, il ne doute aucunement de son issue …. Et en cas de refus, sa flotte de cuirassiers, dont le Volonté du Dragon commandé par l’Amiral Urvayd, est déjà en place, prête à fondre de toute sa puissance de feu de ses canons draniques sur les petits et frêles voiliers Qhmarri.
Et pourtant Vasteth ne s’attend pas à ce qui va lui être proposé : une partie d’échec géant qui, elle seule, déterminera l’issue des combats … un jeu qui décidera de la vie ou de la mort de centaines de soldats .

La volonté du dragon est un roman très court .... 165 pages ... et pourtant tous les ingrédients sont là pour en faire un livre intéressant : un récit qui s'enchaîne bien, des personnages variés et non manichéens ..
J'aime particulièrement le jeune aspirant Jael Vlancas, de la Marine Impériale, qui porte en lui une certaine naïveté pleine d'humanité :
"On est les gentils, non ? On civilise le monde ... Et voilà qu'ils se préparent -qu'ils envisagent de mener un combat inégal ... pour eux. Et moi je suis aux premières loges. Cela paraît irréel. Absurde."

Deux civilisations qui s'affrontent donc dont l'une est convaincue de l'emporter sur l'autre, de par sa supériorité non seulement militaire mais aussi culturelle .... qui est persuadée aussi que l'envahissement de l'autre lui est forcément nécessaire ... qu'il faut unifier le monde pour le protéger de lui-même ... faisant fi des croyances et des moeurs de tous les pays qu'il conquiert ...

" Alors vous pouvez infliger à votre contrée un conflit sanglant et inutile qui marquera toute une génération, ou bien nous rejoindre de plein gré. Quoi qu'il arrive, une fois votre intégration finalisée, nous vous traiterons comme toutes les civilisations impériales : en égaux, en frères."

Ce qui fait aussi l'intérêt de ce roman, ce sont tous ces éléments originaux comme les cuirassiers de l'Empire fonctionnant aux vapeurs cristaux et possédant une puissance de feu foudroyante.
"Les canons draniques du Volonté-du-Dragon libérèrent tous en même temps leur détonation brève et sèche, suscitant un roulis sévère malgré la masse du cuirassiers. Aucun projectile ne fut tiré : ce fut la conversion totale de l'énergie contenue dans les cristaux-vapeurs qui parcourut l'écart entre les deux flottes, une onde de résonance plus rapide que le son et dont la dissipation traça de légères irisations bleutées dans les airs. Et la coque noire, délicatement ouvragée, du voilier le plus proche implosa littéralement."

Suivent alors des scènes de destructions sanglantes qui n'ont d'égal que la réponse de l'autre flotte ....une arme inconnue qui dévaste tout. J'avoue que ces scènes m'ont mises un peu mal à l'aise, je ne saurais expliquer exactement pourquoi .... peut être par l'aspect impitoyable de ces armes terribles qui m'ont fait penser au nucléaire ...
On se prend à craindre comme les victimes le prochain assaut. Ce qui signifie dans tous les cas que j'étais bien entrée dans le récit.
L'aspect le plus intéressant du roman réside bien entendu par l'issu des combats déterminée par un simple jeu d'échec qui en devient de plus en plus terrifiant au fur et à mesure de son déroulement, lorsqu'on comprend que toutes les actions sur l'échiquier se déroulent réellement et entraînent "par jeu" la mort de centaines de personnages.
J'ai pensé aux simulations de combats que devait accomplir Ender dans La stratégie d'Ender, à la différence que lui ne savait pas ce que cela entraînait .... tandis que les protagonistes de la Volonté du Dragon en sont parfaitement conscients. D'où encore une sensation de gêne face à la réalité qu'induit le déplacement des pions.

J'ai donc été partagée tout au long de ma lecture par le grand intérêt de lecture, un récit parfaitement construit et bien écrit que j'ai beaucoup apprécié et un certain malaise qu'en fin de compte j'ai du mal à expliciter.
J'ai été aussi surprise du dénouement, je ne m'y attendais pas du tout .... je lui ai trouvé un côté un peu injuste que je ne peux révéler car ce serait spoiler la fin. En même temps je salue l'auteur qui a su si parfaitement empêcher d'anticiper la fin, à aucun moment on aurait deviné un pareil dénouement.

En conclusion j'ai un avis tout à fait favorable sur ce roman, juste un peu teinté par ces sensations de gêne et une petite déception finale. Pour autant c'est un livre que je conseille vivement de découvrir.
Un petit mot aussi de la couverture que j'aime particulièrement, je l'avais d'ailleurs citée dans mon Top Ten des dix plus belles couvertures. J'apprécie son côté sobre, ses couleurs noires, blanches et grises et l'échiquier se transformant en carte de fantasy avec l'ombre de la tête du dragon ... Plus je la regarde et plus je la trouve esthétique.

Je rajouterai un petit mot sur l'auteur qui est très très sympathique, je l'avais rencontré aux Imaginales et il est l'un des seuls à qui j'ai osé aligner un peu plus de 2 mots, ce qui est assez exceptionnel pour être souligné. C'est un homme qui sait mettre en confiance et à l'aise. Il m'a demandé l'origine de mon pseudo et m'a noté une dédicace tout à fait personnelle.

Ailleurs
Chez Tigger Lilly ; Lelf ; AcrO ; Olya ; Traqueur Stellaire ; Lhisbei, Tortoise ....

dimanche 9 octobre 2011

Algernon, Charlie et moi de Daniel Keyes

Il est très étrange de lire un livre qui parle d’un autre livre … enfin plus exactement de parcourir un récit qui évoque l’histoire d’une œuvre.
J’avais lu Des fleurs pour Algernon il y a quelques mois et ce roman m’avait laissé une très forte impression, un grand coup de coeur.

Dans Algernon, Charlie et moi, Daniel Keyes évoque comment il en est arrivé à écrire Des fleurs pour Algernon et particulièrement pourquoi et comment il a voulu embrasser la carrière d’écrivain.
Lorsqu’on a beaucoup apprécié un roman, on a très envie d’en savoir plus sur lui, ce qui a pu pousser son auteur à le rédiger, qu’est ce qui a pu le motiver.

Ce qui est très touchant dans Algernon, Charlie et moi, c’est qu’au-delà d’un pur récit autobiographique : la vie d’un auteur né au début du siècle et que rien ne prédestinait à devenir écrivain, on est témoin à travers ses écrits de ce qui peut rattacher un écrivain à une de ses œuvres et surtout à ses personnages … surtout un personnage qu’ils ont pu particulièrement aimer.
J’ai toujours été sensible aux écrits d’auteur prenant soin de leurs personnages, loin d’un Flaubert dans l’Education Sentimentale qui faisait paraitre son personnage tellement stupide (c’était alors mon impression d’adolescente) qu’on ne pouvait que le mépriser.
Et en contrepartie je repense toujours à un cycle que j’ai lu dans mes premières années de découverte de la fantasy, celui d’Eddings La Belgariade dont j’ai eu la sensation que l’auteur aimait tellement ses personnages qu’il ne pouvait se résoudre à les voir mourir.
Je me souviens particulièrement d’un passage où Durnik, le forgeron, trouvait la mort dans un duel contre un dieu et que tous les autres dieux décidaient de le faire revenir sous forme d’immortalité afin qu’il revienne auprès des siens.

Ainsi Daniel Keyes aime son personnage Charlie dont il a fait une nouvelle avant d’être à nouveau hanté par lui, ce qui l’aura amené à rédiger son roman. Keyes voulait absolument devenir écrivain et tout ce qu’il aura pu accomplir dans sa vie n’aura eu que ce but ultime, et pour cela, écrire et faire connaître son œuvre. C’est la nouvelle Des fleurs pour Algernon qui aura lancé sa carrière.
Nous apprenons ainsi à quel endroit précisément il a trouvé l’idée phare de son histoire, d’où proviennent les noms d’Algernon et de Charlie.
Tous ces éléments rencontrés de façon disparates et à des moments différents se sont cristallisés peu à peu sur cette nouvelle qui a rencontré un succès foudroyant.

Et lorsqu’il a fini de la rédiger, malgré d’autres écrits, il a réalisé que son personnage ne le laissait pas en paix et qu’il devenait urgent de l’étoffer pour en faire un roman.
Un roman dans lequel il a pu livrer un peu –beaucoup- de lui-même et de ses expériences vécues dans son enfance ou son adolescence :

"Et puis quelque chose d’étrange s’est produit. Pendant que j’écrivais cette scène, les émotions liées à mes souvenirs ont commencé à se dissiper. Je ne ressentais plus la peur, ni la douleur, ni la gêne que j’avais éprouvées à l’époque. Depuis qu’ils ont été écrits, ces souvenirs, et ces émotions appartiennent à Charlie. Ce ne sont plus les miens. "
"Dans un sens, j’ai donné à Charlie Gordon une partie de moi-même, et je suis devenu une partie de ce personnage. "

On vit aussi à travers Daniel Keyes, ses difficultés pour se faire reconnaître, ses déceptions lorsque ses écrits sont rejetés et ses grands moments de bonheur lorsqu’ils intéressent un éditeur.
"Pour un écrivain, il n’y a pas de sensation comparable à l’allégresse qui vous envahit lorsqu’on voit son nom imprimé sous le titre de son premier récit publié. En marchant dans les rues de Manhattan, on se demande pourquoi les gens ne se précipitent pas vers vous pour solliciter des autographes. On caresse l’idée de quitter son travail et d’écrire à plein temps pour obtenir la gloire et la fortune. Quand les récits suivants sont refusés, on retombe sur Terre. "
Keyes évoque enfin les adaptations cinématographique, télévisuelles et même musicales de son roman.

A la fin de ce livre a été éditée LA nouvelle Des fleurs pour Algernon … que j’ai découverte avec autant d’émotions que le roman …. Du condensé de qualité et de sentiments en une vingtaine de pages.

J’achèverai ce billet en citant Daniel Keyes sur : pourquoi écrire ?
J’écris dans l’espoir que, longtemps après que je serai parti, mes nouvelles et mes romans, tels des galets jetés dans l’eau, continueront de faire des ronds qui toucheront d’autres esprits. Peut-être d’autres esprits en conflit avec eux-mêmes.

Et aussi sur un grand merci à Tigger Lilly pour m’avoir offert ce roman.

Ailleurs

Chez Vert, grâce à qui j'ai pu découvrir que ce live existait. Aussi chez Scifi Universe.

jeudi 6 octobre 2011

Lectures en cours (15)

(Gald, La Caverne aux livres, 2007)

Mon rythme de lecture et de tenue de ce blog a grandement baissé, du fait d'un grand nombre d'heures consacrés à la mine et aux préparations de mes braves petits mineurs ^^

Mais bon il est des priorités dans la vie ....

Alors du coup,
Quelles lectures pour le mois d'Octobre
?
J'ai beaucoup lu de SF durant l'été, avec plaisir mais je suis contente aussi de retrouver un peu l'univers fantasy pour lequel j'ai quand même un petit faible.

Ainsi

- Terremer d'Ursula LE GUIN
Ged, simple gardien de chèvres sur l'île de Gont, a le don. Il va devenir, au terme d'une longue initiation, en traversant nombre d'épreuves redoutables, le plus grand sorcier de Terremer, l'Archimage ...
Pour une raison que je n'explique pas, il est noté sur la couverture de ce livre de poche "Science Fiction" .... de la part d'une collection dirigée par Gérard Klein, cela me semble assez hallucinant !

- La volonté du Dragon de Lionel DAVOUST
Entre les derniers royaumes libres et les forces d'invasion de l'Empire d'Asreth se dresse l'imprénable Qhmarr, petit pays à peine sorti de l'ère médiévale. Gouverné par un roi trop jeune et un conseiller trop confiant, il ne devrait représenter dans le plan de conquête de l'Empire qu'une note en bas de page ...

Et enfin, hors fantasy, un livre qui m'avait été offert par Tigger Lilly en mai dernier et que j'attendais de découvrir avec impatience
- Algernon, Charlie et moi de Daniel KEYES
"Charlie me hante et je dois découvrir pourquoi" C'est par cette interrogation que Daniel Keyes ouvre cet essau autobiographique, dans lequel il revient sur la genèse d'un des textes majeurs de la littérature contemporaine ...

Je n'en prévois pas plus pour l'instant, peut être une lecture en perspective dans l'un des livres que je viens juste de commander (pas trop, pas trop, les Utopiales approchent et je ne serai retenue dans ma future frénésie d'achat que par la perspective de traîner dans le train un sac bien trop lourd pour mes petits bras sans force !).

Derniers achats donc
- Un horizon de cendres de Jean Pierre ANDREVON, qui sera lu dans le cadre du Challenge Fin du Monde de Tigger Lilly.

- La trilogie des Lames du Cardinal de Pierre PEVEL dont je devrais normalement lire le second tome en compagnie de Spocky

- Capitaine Albator Tome 1 de Leïji MATSUMOTO, c'est un manga et une grande première pour moi mais les articles d'Anudar à son sujet et le fait que ce soit le manga dont a été tiré mon dessin animé préféré de mon enfance, m'a déterminée à sauter le pas.

mardi 4 octobre 2011

Top Ten Tuesday (1)

La semaine dernière je suis tombée sur un article d'Olya qui évoquait un rendez-vous hebdomadaire institué sur la blogosphère anglophone, mais qui commence à avoir son petit succès sur celle francophone ... un rendez vous qui consiste à faire un classement littéraire selon le thème proposé. La semaine dernière il s'agissait de donner les 10 livres que l'on n'a pu poser une fois démarrés et cette semaine il faut donner nos plus belles couvertures de livres.

Ce rendez vous a été initialement créé par The Broke and the Bookish et lani a décidé de le reprendre officiellement pour la blogosphère française.

Ainsi donc je me lance pour évoquer ....

Les dix plus belles couvertures de livres

Eh bien ce ne fut pas chose si aisée que de trouver 10 couvertures que j'aime vraiment ... je me rends compte qu'en fin de compte j'ai énormément de livres dit de poche et que leurs couvertures ne rendent pas forcément aussi bien que des livres de grand format ... exception faite pour deux d'entre eux que je citerai.

J'ouvre le bal (c'est le cas de le dire) avec
- Bal de Givre à New York de Colin : pour son côté un peu mélancolique glacée, immeubles bleutés sous fond de neige ....

- Lavinia de Le Guin : une de mes préférées, un ton doux tout à fait en harmonie avec la douceur de l'écrit, quelques motifs qui soulignent le nom de l'auteur, une très belle couverture vraiment.

- La volonté du Dragon de Davoust : des tons noirs et blancs pour évoquer un damier qui s'enroule à son extrémité en parchemin dessinant une carte et l'ombre d'un navire à la tête de dragon, j'aime énormément aussi.

- L'élégance du hérisson de Barbery : par sa simplicité : une seule fleur sous un fond flou, c'est sobre.

- Les enchantements d'Ambremer de Pevel : j'aime beaucoup ce genre de couvertures qui fourmille d'indices, de petits détails que l'on cherche à découvrir ... une gargouille qui semble prendre son envol, un petit dragon ailé, une sirène ... et une Tour Eiffel bâtie dans un bois blanc. Une couverture qui traduit bien le merveilleux de ce roman.

- Le Trône de Fer de Martin : je les aime toutes, signées Simonetti mais j'ai une préférence pour celle de l'Intégrale 1qui montre le fameux mur, sous l'hiver venant ; quel dommage que les nouvelles couvertures représentent la série !

- Terremer de Le Guin : quelques mégalithes surplombant une mer ? un ciel immense ? Le contraste entre les pierres et le bleu est saisissant et d'une netteté incroyable, d'ailleurs la couverture me donne diablement envie de me plonger dans ce cycle, je crois que cela va être ma prochaine lecture

- A comme association : l'étoffe fragile du monde de L'Homme : j'aime particulièrement les dernières couvertures de cette série à cause des lettres en relief des runes et du nom de l'association, je suis comme une gosse je n'arrête pas de passer mes doigts dessus dès que je me saisis du livre.

- Aqua TM de Ligny : une couverture presque effrayante signée Manchu, avec cette sorte de relief bizarroïde sur le côté du désert : est-ce minéral ? animal ? végétal ou un peu des trois ? ; le tout sous un fond presque apocalyptique.

- A vos souhaits de Colin : un dragon pas vraiment effrayant sur un fond vraiment jaune orangé et des lettres pour un titre et un nom d'auteur particulièrement jolies.

D'autres Top Ten
- les 10 livres que vous n'avez pas réussi à poser chez Olya
- les10 plus belles couvertures chez lani et chez Olya

La semaine prochaine ce sera
Les 10 livres que vous aimeriez relire pour la première fois.