Ainsi début le prologue des Enchantements d'Ambremer ... un prologue plus qu'alléchant car en plus ce monde est voisin du nôtre ...
Nous sommes en 1909, à Paris, la Tour Eiffel est en bois blanc "qui chante à la lune" et qui regarde "une basilique pâtissière pousser au sommet de Montmartre", des sirènes se baignent dans la Seine, des gnomes fréquentent les bistrots, en bras de chemise, de minuscules dragons chassent des insectes, des chênes bavardent ...
Et une ligne de métro relie la capitale à l'Outre Monde ....
En fait il existe exactement trois mondes, le nôtre, l'Outre-Monde gouverné par la Reine Méliane et l'Onirie, celui des rêves et des cauchemars dans lequel règne Lyssandre, le Reine Noire.
C'est au travers d'une histoire de trafics d'objets enchantés qu'il nous sera donné de passer d'un monde à l'autre, suivant le mage Griffont et la fée renégate Isabel de Saint Gil ...
Ce qui est étrange c'est que je n'ai pas accroché de suite à l'histoire .. ou plutôt au style que j'ai trouvé au départ un tantinet ampoulé, trop académique dans les descriptions, j'ai eu la sensation que l'auteur gardait une certaine réserve malgré un sujet fort riche en féérie et ne se lâchait pas ... créant une certaine retenue que j'ai ressenti notamment envers les personnages. Du coup j'ai eu beaucoup de mal à entrer dans l'histoire, c'était un peu comme si je me tenais au bord du récit sans oser plonger dedans malgré l'envie et la promesse de quelque chose de particulier.
Et puis brusquement au bout d'une centaine de page, l'alchimie s'est enfin accomplie et je me suis sentie en accord avec le texte et les personnages ...
Comme quoi certaines fois, il vaut mieux persévérer un peu dans sa lecture.
Le côté policier mêlé à la fantasy est plutôt sympa et le mélange entre les deux mondes donne un aspect enchanté à l'histoire ...
- Des gargouilles terrifiantes qui tuent, donnant droit à un récit qui en devient particulièrement horrifique "Les monstres hurlèrent, le torse bombé, les bras levés et les ailes écartées. Leur cri saisit l'assistance de stupeur [...] C'était un cri rauque et bestial, un cri de défi guerrier qui coupait le souffle, ébranlait l'âme, fouillait les entrailles ..."
- Des cauchemars qui attaquent "Porté par un tourbillon, un être avait jailli de la fenêtre. Il avait la taille d'un enfant de six ans, nu, le ventre creux saillantes, les membres grêles et les doigts griffus. Parcourue de veines saillantes, sa peau avait le gris de l'ardoise ..."
- Des chênes qui communiquent par le biais du vent qui porte les nouvelles de feuillage en feuillage ...
- Des chats-ailés qui ont la faculté de s'imprégner de la matière des livres sur lesquels ils dorment .. (une faculté que j'aimerais bien posséder, xD)
- Une apparition merveilleuse de l'animal mythique par essence, j'ai cité la licorne "Vaguement translucide et nimbée d'une lueur bleutée, elle était un spectre, un fantôme, un songe peut-être ..."
Voici donc le monde féérique dans lequel nous transporte Pierre Pevel, sans oublier les traits d'humour entre les personnages ...
- Mais moins que le lieu de notre rendez-vous, reprit Griffont. Il me semblait que vous n'aimiez guère la Tour Eiffel ...
- En effet. Et où est-on le mieux placé à Paris pour ne pas la voir ?
En conclusion, un roman qui mêle parfaitement bien le monde réel au monde magique, d'une manière fort bien écrit avec un final en apothéose, un dénouement néanmoins un tantinet un peu trop rapide et précipité.
En fin de compte, si on fait abstraction de ma difficulté à entrer dedans, je l'ai réellement apprécié.
Ce livre a été lu dans le cadre du Défi Steampunk de Lord Orkan.
Livre dédicacé par l'auteur aux Imaginales 2011.
Ailleurs
Pauline ; AcrO ; cafard cosmique ; Olya ...
Moi c'est le contraire, je suis rentrée très facilement dedans, mais j'ai terminé avec un sentiment d'inachevé, comme s'il manquait quelque chose à ce livre. Mais bon je crois que je suis pas compatible avec Pevel xD
RépondreSupprimerJe pense que je tenterai d'autres lectures de lui pour voir si j'ai le même soucis d'entrée ou si cela venait de moi. Il est vrai que la fin est trop rapide, le dénouement trop facile, c'est un peu dommage.
RépondreSupprimerCe roman me fait vraiment envie et comme toi, je pense le lire pour mon défi Steampunk. En tout cas, l'univers de ce récit me plait bien et je craque sur la couverture...
RépondreSupprimerComme pour Wielstadt, on y retrouve du policier mélangé à de la fantasy. Peut-être me laisserais-je tenté pour le lire dans le même challenge que toi. On verra bien! ;-)
RépondreSupprimerCelui-ci Olya, grande fan de Pevel comme tout le monde le sait, m'en a beaucoup parlé, en bien bien sur. J'avoue que ce Paris à la sauce Steampunk m'attire beaucoup. Ca me rappelle un peu Rue Farfadet, mais L'enchantement d'Ambremer a été écrit avant donc il faudrait que je le lise pour pouvoir réellement comparer. Il est fort probable qu'il fasse parti de mon défi Steampunk :)
RépondreSupprimerJe suis contente que la sauce ait finalement prise !
RépondreSupprimerJ'ai envie de relire ce livre très très prochainement :)
@Malorie et Julien, oui lisez le , comme cela je saurai vos avis ^^
RépondreSupprimer@Spooky, idem :)
@Olya oui des fois il vaut mieux s'accrocher un peu plutôt que passer à côté de quelque chose de bien :p
je suis bien d'accord avec toi, le prologue est juste... formidable ! Comment ne pas vouloir se plonger dedans après sa lecture ? Pour la retenue, je l'ai sentie aussi si cela peut te rassurer. Penses-tu... les chats ailés ont eu toute ma sympathie, les gargouilles font bien peur, le tenancier de la biblio est "charmant". Bref, un univers génialissime. Dommage que l'incursion paraisse si courte :/
RépondreSupprimerJe pense en avoir assez dit pour partir dans un commentaire interminable. Mais néanmoins, je crois que j'ai beaucoup aimé ce roman pour sa richesse imaginaire et pour sa simplicité mêlée de candeur : de la féerie tout simplement. Le simple fait que ce roman ne soit pas le livre du siècle en fait une pépite : le genre de livre qui peut donner envie de lire à des béotiens.
RépondreSupprimerEt pour le "style ampoulé" qui t'a dérangé, je comprends : c'est le parti pris de l'auteur. Faire un roman dans la pure tradition des feuilleton d'autrefois. Les qualités de l'histoire subit donc les contrecoups d'une écriture assez pauvre. Mais si tu relis Arsene Lupin, tu constateras la même chose !