dimanche 30 septembre 2012

Bilbo le Hobbit de J.R.R.Tolkien

Bilbo, comme tous les hobbits, est un petit être paisible. L'aventure tombe sur lui, un beau jour, lorsque Gandalf le magicien et treize nains barbus l'entraînent dans une chasse au trésor périlleuse à la Montagne Solitaire gardée par le dragon Smaug ....

Voici comment débute la quatrième de couverture ... et à moins de savoir quasiment toute l'histoire il est primordial de s'en arrêter là : en effet, tout ou presque y est évoqué : la traversée des Monts Brumeux et la forêt elfique de Mirkwood, les rencontres diverses avec les trolls, les gobelins, sans oubliés les araignées et le fameux Gollum à qui il prendra le fameux anneaux ... De plus nous savons d'avance que tout se terminera bien pour le petit Hobbit .... C'est vraiment lamentable de rédiger une quatrième de couverture qui déballe ainsi tout de l'histoire. A la rigueur, j'aurais tout aussi bien pu ne pas lire le livre, j'aurais su en parler quand même !

Premier point d'énervement donc ... Le second concerne le "Bientôt au cinéma" dessiné en rond sur la couverture .... grrrrr .... Pourquoi donc ne pas l'avoir collé pour donner la possibilité de pouvoir l'enlever à qui le veut ? Du coup mon exemplaire restera à jamais avec cette pastiche collée presque sur le dragon, désolée mais ça gâche complètement l'image, de plus personnellement je n'ai pas besoin que l'on me fasse de la pub cinéma pour que cela me donne envie d'acheter le livre. Bilbo le Hobbit est avant tout un roman écrit par Tolkien et ne doit pas être résumé à son passage prochain au cinéma !
Surtout que dans quelques années, il suffira d'évoquer ce titre pour entendre des "oh je l'ai vu au cinéma, c'est super bien !" ... "oui sauf qu'à la base c'est un roman et non un film".
Cela fait des années que j'entends ces réflexions de la part de mes élèves dès que j'évoque le titre de certains livres (oui je parle de fantasy dans mes classes, il existe tellement de bons livres jeunesse dans ce domaine que je ne peux passer à côté) et oui cela m'énerve au plus haut point, que les films consacrés aux livres soient bons ou non, ce sont des romans avant tout et non pas une mise en scène et ils ne méritent pas de passer dans l'oubli !

Bon ... fin de coup de gueule ....
Avec une note positive, l'autre jour, j'ai vu posé sur la table d'un de mes CM1 : "Harry Potter et les reliques de la mort", ouf en voilà un au moins qui saura me citer le livre avant le film !

Ces deux points négatifs évoqués, passons donc au roman de Tolkien.
Ayant toujours eu beaucoup de difficultés à entrer dans le Seigneur des Anneaux (mais ce coup ci, il est prévu à mes lectures d'Octobre, que ce soit dit ! n'est-ce pas Olya ?), j'appréhendais évidemment cet opus qui démarre bien des années avant.
J'ai heureusement vite été rassurée, si j'ai eu du mal à entrer dedans car je trouvais Gandalf un tantinet ferme avec ce pauvre Bilbo qui ne demandait rien du tout (il l'envoie tout de même à l'aventure sans lui demander aucunement son avis mais on se rend compte par la suite qu'il savait pertinemment que Bilbo pouvait s'en sortir glorieusement et intelligemment), les nains assez impersonnels et Bilbo lui-même trop plaintif.

Tout ceci change au final lorsqu'il , après avoir rencontré Gollum et résolu ses énigmes, prend de l'assurance et devient capable de se sortir de situations périlleuses. Au fil des pages il devient de plus en plus dégourdi et les nains qui le subissaient jusqu'alors le prennent en considération voire même l'admirent et le considèrent comme un chef. C'est là qu'on réalise que Gandalf avait fait le bon choix concernant le petit Hobbit qui du coup m'est devenu beaucoup plus sympathique.
Le récit se déroule sans temps mort, j'ai adoré le passage de la rencontre avec Gollum (il suscite presque la pitié ce petit personnage rendu schizophrènes par une vie de solitude et d'abandon), j'ai été très contente de lire celui sur le combat avec les araignées géantes en plein jour (oui car le soir je suis sûre à 100% que j'en aurais rêvé !), j'ai aimé la façon dont c'est écrit, comme un conte que l'on lirait au coin du feu.
C'est exactement cela en fait ... c'est un conte .. un conte merveilleux avec des elfes, des gobelins, des nains, des hobbits, des enchantements et un méchant dragon (d'ailleurs dans la plupart des contes les dragons sont de méchants personnages) .... C'est très riche.

Alors roman pour enfant ou non ? Il est vrai que Bilbo le Hobbit est mixte : en hachette jeunesse par exemple ou en livre de poche adulte .... En fait il peut se lire à tout âge .... enfin à tout âge, à moins tout de même d'être un bon lecteur. Je le ciblerais personnellement plus pour des "à partir de 11.12 ans" qu'avant mais si l'enfant est bon lecteur, pourquoi pas ? Il bénéficiera d'une excellente littérature, bien traduite, très riche en vocabulaire, très imagée : on a la sensation de voir les évènements se dessiner devant nous.

Et puis je trouve que cela prépare magnifiquement le terrain pour le Seigneur des Anneaux, comme le conflit entre les Nains et les Elfes, ou tout simplement comment le fameux anneau entre en possession de Bilbo. Une bonne introduction à la trilogie que j'attaquerai par la suite du coup. C'est une réussite donc à tous points de vue. J'ai juste été un peu déçue du comportement des nains à la fin, de leur côté égoïste à fond concernant leur trésor et leur côté "je ne fais aucune concession je suis intransigeant".

Extrait
Séquence frisson pour les arachnophobes !
 "Il avait parcouru une certaine distance avec précaution et à pas de loup, quand il remarqua devant lui un endroit où s'étendait une ombre dense et noire, noire même pour cette forêt ; c'était comme un morceau de nuit qui n'eût jamais disparu. En s'approchant, il vit que l'ombre était faite de toiles d'araignée, l'une derrière l'autre, superposées et tout emmêlées. Il vit aussi qu'il y avait, installées dans les branches au-dessus de lui, des araignées énormes et horribles ; en dépit de son anneau, il trembla de la peur d'être découvert."

"Gollum n'avait pas d'épée. Gollum n'avait pas positivement menacé de le tuer, ni encore tenté de le faire. Et il était misérable, seul, perdu. Une compréhension soudaine, une pitié mêlée d'horreur s'élevèrent dans le coeur de Bilbo : il vit la suite interminable de jours non marquée, sans lumière, sans espoir d'amélioration, la pierre dure, le poisson froid, les mouvements furtifs, le chuchotement."

Ailleurs
Sur le Cercle d'Atuan où ce fut lu en Lecture Commune
Tigger Lilly ; Vert ; Olya ; Linou ...

vendredi 28 septembre 2012

Des nouvelles du Tibbar de Timothée Rey

"Un petit matin délicieusement triste et gris. La pluie masque par intermittence les bas-dômes de pierre tiède, entre lesquels rayonnent les rues asphaltées, à cette heure déserte, de Chuintejonte. La ville descend en pente douce vers une mer si paisible qu'elle en paraît absente - comme un regard en absent -, les vagues lentes, une succession de dômes anthracite piqués de gouttes, enflent, symétriques aux bâtisses arrondies côté terre, puis se dégonflent et viennent mourir parmi les galets. Aucun bruit, si ce n'est la glouglou de l'eau le long des pentes, le ressac et le crissement de la pluie sur les vagues."

Ainsi démarre le recueil de nouvelles de Timothée Rey, à lire les premières lignes, si l'on n'a pas lu la quatrième de couverture, on ne se doute absolument pas du monde dans lequel l'on vient de pénétrer.

Un monde qui nous est présenté dans cette première nouvelle : sur la route d'Ongle, et quelle monde ! C'est d'abord un bus porté par des pieds disposés en cercle autour des seize roues, qui prend à son bord un jeune Leprechaun, un mage et une parleuse-aux- créatures. Ils valident leur ticket auprès du contrôleur qui n'est autre qu'un vieil orc et s'installent pour la destination d'Ongle. Dans ce bus se tiennent déjà elfes, goules, nains et autres créatures imaginaires connues mais d'autres inventées de toutes pièces comme les Houle-Becs (mi-humain, mi-aviaire), les Nixes, Tnufles, Vourioges etc .....
Ce voyage dans cette première nouvelle est un parfait avant-goût de ce qui attend le lecteur par la suite, une bonne présentation des habitants d'un monde dans lequel les arbres se révoltent,  les haricots sont atteints de gigantisme, les passages sont régulés par un Sphinx et fermés par des tarasques géantes.
L'auteur s'en donne à coeur joie dans l'invention totale d'un monde atypique, de personnages et d'animaux bizarres, le tout sur un ton à la fois humoristique, grinçant, quelquefois émouvant, avec des chutes surprenantes, des fois tristes, la plupart du temps désopilantes. C'est burlesque et intelligemment écrit.

Dans ce monde là ce sont les Aérohamsters qui postent les messages, on compte le temps en respir, minues et veilles et on peut manger comme met le plus raffiné du dragon après préparation spéciale, mais aussi une Tomate géante est un dieu, le Sylvain de la forêt est un beau jeune homme désirable et des sortilèges virus seraient contrés par une musique prophylactique.

Il est difficile de parler d'un tel recueil ... c'est à la fois riche, servi par une écriture fine et précise, bourrée de vocabulaire dont pas mal de mots inconnus car inventés, qui ponctue ces douze nouvelles se passant à plusieurs endroits du monde du Tibbar ... à Ongle, ou dans la Mer des Marasmes ou encore en Foiride.

Pour autant les sujets abordés restent dans notre réalité : conséquences de la déforestation, cupidité des hommes, maladies virus etc .....
Le tout dans un univers où règnent la basse ou haute magie.

Parmi mes nouvelles préférées :

- Sur la route d'Ongle : pour son entrée en matière dans le monde de Tibbar et l'énigme du Sphinx des Grumes : "Pourquoi la clavicule déomolipienne a-t-elle enfoncé le béozâtre ?" .....
"Parce que le béozâtre avait oublié de dérouler son écharnilloir avant d'asperger la frudive." Mais bien sûr !

- Mille et mille surgeons du Foisonneur : dans laquelle  Phlait Umnie, Vigilante des Forêts de Marasme, veille à ce que l'âme des forêts reste en bonne santé. Sauf que brutalement les arbres se sont mis à attaquer les promeneurs, violemment, aidés par les animaux et que le Sylvain est inaccessible à toute communication.

- Dans l'antre du Sanguinaire : ou le décalage entre ce que vit le lecteur au cours des pages, suivant Chagelune, qui veut récupérer un trésor gardé par le Sanguinaire - ce n'est pas sans penser à Bilbo dans l'antre de Smaur, le dragon de la Montagne Solitaire- et la réalité. Une sacré chute à laquelle je ne m'attendais pas du tout.

- Ce qu'il advint des ravisseurs de la Tomate chantante : j'ai adoré cette nouvelle là, qui met en scène un Dieu vénéré par les Oreilles, des moines-soldats ..... un Dieu qui n'est autre qu'une Tomate géante qui sait parfaitement se défendre après son rapt ... Les ravisseurs parviendront-ils à résister à son Chant ?

- Magma mia ! Ou comment déguster le met le plus savoureux du monde, à savoir les abats de Dragon, mais attention il faut respecter scrupuleusement la recette sous peine d'avoir de bien mauvaises surprises !

-Suivre à travers le bleu cet éclair puis cette ombre : cette nouvelle présente un monde qui vit en autarcie, un peu comme un Eden dans lequel l'argent n'existe pas et le travail n'excède pas trois veilles par jour .... mais sont habillés richement et ne semblent manquer de rien. Quant aux espions, étrangement ils ne reviennent pas de ce monde enchanté.

- Jeunes sirènes lascives pour matelots bourrus : ou un sortilège virus très contagieux, imperméable à tout contre-sort, ce n'est faute d'essayer.

Voilà donc quelques unes de ces nouvelles. Le tout dans un livre très bel objet, avec une couverture à double rabat et des illustrations à l'intérieur, dessinées par l'auteur lui-même.
Au final une chouette découverte. Sans oublier que l'auteur, rencontré à Sèvres, est un homme vraiment sympathique, plein d'humour, qui m'a fait une dédicace tout à fait particulière et marrante.

Ailleurs

mardi 25 septembre 2012

Top Ten (22)

Le Top Ten Tuesday est un rendez-vous hebdomadaire dans lequel on liste notre top 10 selon un thème littéraire défini sur le blog de Iani - rendez-vous initialement prévu créé par The Broke and The Bookish.

Voici donc le thème de cette semaine
Les 10 sagas préférées (dyptiques, trilogies, séries plus longues ...) 

Voilà un Top Ten qui va être facile à faire, car des sagas j'en ai lu un bon paquet !!

1) La Citadelle des Ombres de Robin HOBB : les 4 Intégrales : 13 Tomes
A savoir les deux premiers : l'Assassin Royal et les deux suivantes. De tout temps ce sera toujours l'une de mes séries préférées pour la psychologie très travaillée des personnages, pour le lien qui unit Fitz à son loup Oeil de Nuit, pour son ambiance, pour l'attachement immédiat aux protagonistes. Bref si je devais partir dans une île déserte, il ne fait nul doute que je prendrais les deux premières intégrales qui restent mes préférées des quatre.

2) La Ballade de Pern de Anne Mc CAFFREY : les 5 Intégrales : 15 Tomes
Je l'ai dit et redit, ce fut mon coup de coeur de l'été 2012, je ne l'ai pas encore finie, c'est en cours mais il ne fait nul doute que ce sera toujours une série que j'adore sans condition. J'aime particulièrement ces Chevaliers Dragons qui luttent contre les Fils, l'univers des artisans, musiciens et autres qui a tout autant son intérêt .... Et les Dragons, ces fabuleux Dragons ... sans oublier les Lézards de Feu. Ce sont des romans que je dévore littéralement.

3) Le Trône de Fer de George R.R.MARTIN : les 4 Intégrales : 12 Tomes
Encore une série en cours mais un gros coup de coeur de l'année précédente. C'est du haut de gamme de la fantasy, un combat sans merci pour régner sur le fameux Trône de Fer, une pléthore des personnages plus ou moins attachants mais toujours intéressantes, un univers dur et fascinant, terrifiant même. Et surtout on ne sait jamais à quoi s'attendre avec Martins, interdiction de trop s'attacher à ses personnages, ils sont susceptibles de disparaître d'un moment à l'autre !
C'est une des meilleures séries de fantasy qui existe : de la grande qualité.

4) Soeurs des Cygnes de Juliet MARILLIER : 6 Tomes
Cette saga débute sous la forme de l'adaptation du conte de Grimm : Les six frères cygnes, transposé à une époque médiévale irlandaise. C'est plein de poésie, c'est admirablement écrit, le style de Marillier est très proche de celui d'Ursula Le GUIN, j'ai été conquise dès les premières lignes. Du très bon encore. De plus quelle sensibilité dans l'approche des personnages, tout ce que j'aime dans un roman ^^

5) Dune de Frank HERBERT : 7 Tomes
Impossible de passer à côté, là aussi c'est du bon, du très bon, de l'excellent. Un univers totalement créé par le talent d'Herbert, des personnages puissants et marquants, une planète de sable au coeur de toutes les intrigues de l'espace, lieu de toutes les trahisons, prises de pouvoirs, luttes etc .... J'aime beaucoup moins lire de la SF que de la fantasy mais assurément Dune est la meilleure saga de SF qui existe. Les trois premiers Tomes feraient aussi partie de ma valise au départ pour une île déserte.

6) Le Royaume de Tobin de Lynn FLEWELLING : 6 Tomes
Une lecture qui commence à dater un peu mais une bonne découverte, j'avais apprécié la sensibilité de l'approche des personnages et l'histoire en elle-même. J'aime beaucoup les fantasy qui débutent sur la vie d'un personnage lorsqu'il est enfant. Il faudrait que je la relise pour la redécouvrir avec un regard neuf.

7) La Belgariade de David EDDINGS :  5 tomes
Je crois que c'est la toute première série de fantasy que j'ai découverte et à l'époque ce fut un véritable coup de coeur, il faut dire qu'Eddings aime profondément ses personnages et le montre fortement, à l'époque j'aimais beaucoup cela ayant été traumatisée par l'Education sentimentale dans laquelle Flaubert méprisait son personnage principal, et du coup me l'a rendu antipathique.
Après si je relisais la Belgariade - ce que je compte faire un jour pour les chroniquer - je pense que je trouverais cela très gentillet et terriblement anachronique.
J'ai lu sa suite La Mallorée que j'ai apprécié mais sans plus, du coup je ne le mets pas dans ce top.

8) Les aventuriers de la Mer de Robin HOBB : 9 Tomes
Après La Citadelle des Ombres, étant devenue très fan de Robin HOBB, j'ai voulu découvrir ce qu'elle avait écrit par la suite. Cela fait déjà un petit moment que j'ai découvert cette série mais, sans l'aimer autant que l'autre, je l'ai très vite appréciée et dévorée. J'ai particulièrement aimé la relation des héros avec leurs navires vivants et sensibles. Ce que j'aimerais maintenant c'est l'avoir non dépareillée comme c'est le cas à présent, moitié livre de poches et moitié livres grand format, cela fait tellement moche dans ma bibliothèque !

9) Harry Potter de  J.K. ROWLING : 7 tomes
Même s'il y a des défauts dans cette série, elle n'en reste pas moins que c'est celle qui a déclenché un nouveau genre de lecture en littérature jeunesse et rien que pour cela, je l'apprécie. De plus elle a le mérite d'augmenter en profondeur et difficulté au fur et à mesure que ses personnages principaux grandissent et murissent. Cela reste donc un très bon atout. J'aimerais juste que lorsque j'évoque Harry Potter auprès de mes élèves, ils me parlent d'autre chose que des films ....

10) L'Etalon Noir de Walter FARLEY : 18 tomes
Certes ce n'est pas de la fantasy ni de la SF (quoiqu'il y a bel et bien un des tomes qui se range dans la catégorie SF) mais après tout ce Top là n'y était pas limité et il m'était difficile de faire l'impasse dessus dans la mesure où cela doit être la série que j'ai lu le plus dans ma jeunesse et même après, j'avoue qu'il m'arrive encore de temps en temps de piocher un tome et de le lire en une fois pour le seul plaisir de revivre les aventures d'Alec et de son fabuleux Black, l'étalon noir. Tout cavalier a rêvé un jour de partager une telle amitié avec un cheval.

dimanche 23 septembre 2012

Bilan des Lectures d'été


Lors de mon Top Ten numéro 17 : les 10 livres que vous aimeriez lire cet été, j'avais ciblé quelques lectures que je comptais découvrir durant ces trois mois.

Alors pari réussi ou pas ?

Eh bien oui, à 100 %, j'ai exactement respecté mes engagements, voire même plus car ce fut un été comblé en terme de lecture, j'ai lu plus de 10 livres.

Petit bilan de ces lectures
 
- La Ballade de Pern de Mc CAFFREY : ce fut le gros gros coup de coeur de cet été, une sage que je ne connaissais absolument pas et qui m'a vraiment enthousiasmée, au point qu'elle va compter parmi mes livres préférés. Je devais seulement lire l'Intégrale III, mais j'ai poursuivi avec la IV.
5/5 pour cette série

- Résurgences d'AYERHAL : une très bonne suite à Transparences, j'ai eu plaisir à retrouver les personnages, me replonger dans ce thriller politico économique, pas facile à lire mais vraiment intéressant. Je lirai sans aucun doute d'autres romans de cet auteur.
4/5

- Sourcellerie de Terry PRATCHETT : Une déception, ressentie déjà à la lecture de Mortimer, je me rends compte que si le principe même de ces livres me séduit toujours (l'humour décalé, la façon de désacraliser la fantasy, les personnages particuliers, surtout la MORT et Mortimer), je me suis lassée de la tournure des évènements et de la répétition d'un même mode de rédaction. A voir pour la suite avec celui que je lirai pas la suite.
3/5

- Une prière pour Owen de John IRVING : De cet auteur je connaissais déjà Le monde selon Garp que j'avais adoré, j'ai eu pourtant du mal à entrer dans celui-ci. Pourtant pas la suite, quel choc ! Un roman dense et passionnant, incroyable.
4,5/5

- Le cas Jack Spark de Victor DIXEN : Ce fut la moins appréciée de mes lectures de cet été, je n'ai pas été du tout séduite par ce Jack Spark : ce roman a certes des qualités mais j'ai trouvé qu'il manquait de profondeur. Et puis alors OMG les onomatopées qui jalonnent le récit, mais quelle horreur quoi !
1/5

- Druide d'Oliver PERU : Ma plus grosse déception de l'été, j'en attendais beaucoup et cela m'a laissé un goût amer : trop de violence, d'horreur, une morale à laquelle je ne peux adhérer. Dommage.
2/5

- Les fables de l'Humpur de BORDAGE : Encore une heureuse surprise que ces Fables, ce fut un roman extraordinaire, avec des personnages tout à fait originaux, et un récit qui ne l'est pas moins. Vraiment très très chouette, une grande qualité.
4,5/5

- Le déchronologue de Stéphane BEAUVERGER : Encore du très bon avec ce récit de flibuste mêlée à la SF : intemporel, original, brut de décoffrage, ce récit ne laisse pas de répit, et la couverture est juste divine.
4/5

- Cleer une fantaisie corporate de L.L. KLOETZER : Un roman servi par une écriture splendide qui nous plonge dans des enquêtes au pays de l'entreprise. Pas si facile à lire mais très enrichissant.
4/5

- La vallée de l'éternel retour de Ursula LE GUIN : Ce roman est tout simplement un chef d'oeuvre, pas parce qu'il fera partie forcément de mes préférés de cet auteur, mais parce que juste la qualité de l'envergure d'un tel essai vaut le détour : inventer complètement un civilisation du futur qui se serait reconstruite après des cataclysmes et en détailler tous les modes de vie, coutumes et autre, moi je dis chapeau : c'est du grand art !
4,5/5

Alors le bilan ? Eh bien dans l'ensemble, il est franchement positif si l'on en croit les notes, je suis vraiment satisfaite de la plupart des romans que j'ai pu lire, dont tout de même un gros coup de coeur, et pas mal de bonnes surprises. On peut dire que cet été aura été placé sous l'auspice de la qualité tout autant que la quantité.
Je peux rajouter à ce bilan les lectures extra Top Ten comme Hunger Games et l'Ecole est finie.

Et maintenant l'été est fini, en avant pour l'automne, on verra si je ferai si bient ^^

vendredi 21 septembre 2012

La Ballade de Pern de Anne Mc Caffrey : Les tambours de Pern

Trois cycles après l'arrivée de Menolly au Fort, Piémur, l'un de ses meilleurs amis, à 14 ans, voit à son grand désarroi sa voix muer, ce qui lui interdit de chanter dans la ballade de Lessa. Heureusement le Maître Harpiste Robinton lui propose pas moins d'être son apprenti, en devenant à la fois messager et espion. Ainsi il sera apte à aider Robinton à comprendre ce que trament les Anciens renvoyés au Fort Méridionnal.

Un rôle sur mesure pour l'esprit vif de ce jeune garçon qui ne rêve désormais plus que d'une chose : posséder un lézard-de-feu, dusse-t-il voler un oeuf pour réaliser son souhait.

Si ce dernier tome de l'Intégrale IV de la Ballade de Pern se lit aussi bien et avec plaisir que les précédents, j'avoue qu'il m'a moins enthousiasmée. Tout simplement parce qu'en quelque sorte, l'histoire de Piémur ressemble un peu trop à celle de Menolly : un jeune garçon prometteur qui attire les convoitises et la jalousie de ses pairs qui le malmènent alors qu'il est porté aux nues par les "bons" de l'histoire. C'est exactement ce qui était arrivé à Menolly, à la fois persécutée par d'ignobles petites pestes et soutenue par Robinton, Sylvana et Sebell.  Avec une fin heureuse pour chacun d'entre eux.
C'est un petit peu dommage, surtout qu'on a la sensation de stagner en ce qui concerne les dangers qui menacent toujours Pern, à savoir les Fils qui continuent toujours à tomber.
D'ailleurs on n'a que très peu de vues sur les autres personnages de cette saga, à peine Lessa et F'Lar sont évoqués au moment de l'empreinte de leur fils Felessan, et un petit rappel sur Jaxom et son dragon blanc dont on apprend succinctement qu'il n'a pas atteint une taille normale, ce qui soulage pas mal de personnes.

En contrepartie, ce roman porte davantage sur le retour des soucis avec les Anciens et l'on retrouve aussi le Lord Meron qui était responsable en partie de la mort des deux reines dans La Quête du Dragon.
Ce tome ci est probablement une ouverture à de nouveaux conflits qui se préparent entre les Anciens exilés malgré eux et les chevaliers dragons. De plus il y a un véritable trafic d'oeufs de lézards de feu qui s'instaure avec une certaine arnaque en ce qui concerne particulièrement les lézards Verts qui ne sont pas les plus intéressants de cette race là. Il commence d'ailleurs à avoir pas mal de Lézards, ce qui est regrettable aussi car ils perdent de leur côté rare.
Cela dit ceux de Menolly tiennent toujours un rôle important dans l'histoire.

Ainsi, un roman qui se parcoure bien mais que je ne mettrai pas dans mes préférés de la Ballade de Pern, j'ai hâte maintenant de retrouver les habitants de Benden et de replonger un peu plus dans l'action et le combat contre les Fils.

Ailleurs
Vert ; Zahlya ...

mardi 18 septembre 2012

Top Ten (21)

Le Top Ten Tuesday est un rendez-vous hebdomadaire dans lequel on liste notre top 10 selon un thème littéraire défini sur le blog de Iani - rendez-vous initialement prévu créé par The Broke and The Bookish.

Voici donc le thème de cette semaine

Les 10 personnages les plus énervants (que ce soit des principaux ou des secondaires)

Pas facile de retrouver des personnages qui nous ont agacé à un moment ou autre de nos lectures.

Alors qui a le privilège d'en faire partie ?

1) Harry Potter dans L'Ordre du Phénix de ROWLING
C'est le premier qui m'est venu à l'esprit tant je l'avais trouvé désagréable au début du roman. Certes il a 15 ans, il a vécu le retour de Voldemort et c'est agaçant que personne ne le croie mais son comportement envers ses meilleurs amis était vraiment exécrable. Une véritable tête à claque.

2) Jamère dans le Soldat Chamane de Robin HOBB
Ce personnage a la palme de l'énervement maximum pour moi. Pourtant les personnages de Hobb sont d'ordinaire attachants  mais celui-ci manifestait tellement de mollesse que je n'ai jamais accroché, autant il a pu être intéressant dans le début de la saga, autant lorsqu'il a commencé à se métamorphosé, il est devenu sans charisme ni caractère.

Ce que va m'amener à citer l'un de mes personnages préférés de tous les livres que j'ai pu lire, dans ce Top Ten, à savoir ..

3) Fitz un autre personnages de Robin HOBB dans la Citadelle des Ombres.
Mais en tempérant mon propos. Comme je le disais plus haut, il fait partie de mes personnages favoris : sensible, doué du Vif, juste, je l'ai toujours profondément apprécié. Sauf qu'il a toujours eu ce petit côté énervant de l'homme qui se victimise. Lorsqu'il était enfant et non maître de son destin, cela paraissait normal et je le plaignais plus qu'autre chose, je compatissais à son sort. Sauf que lorsqu'il est devenu adulte, notamment dans les tomes qui ont suivi l'Assassin Royal, son côté victime des évènements a commencé à m'agacer quelque peu.
Mais cela n'empêche qu'il reste un de mes chouchous ! D'ailleurs qu'il ait des défauts ne l'en rend que plus humain.

4) Sansa une des deux filles Stark dans le Trône de Fer de MARTIN
Dès le début elle  m'a paru fade et précieuse, en comparaison avec sa petite soeur, débrouillarde et intelligente. Sansa est certes victime des évènements mais son côté soumis et jeune fille bien élevée, béat d'admiration devant son jeune promis, est carrément écoeurant. C'est l'un des personnages que j'apprécie le moins dans cette série.

Son côté Lara Croft m'a vraiment refroidie alors que je l'appréciais dans les autres tomes parce qu'elle était grincheuse et froide, d'où intéressante car je me demandais toujours si Jasper allait parvenir à briser la carapace. Or là, transformée en une espère de Ninja guerrière, elle m'a carrément parue ridicule.

6 et 7) Parce qu'ils font tous les deux partie du même roman, je cite les fameux Bella et Edward dans Fascination et Tentation de Stéphanie MEYER
Impossible pour moi de ne pas les citer, parce que je crois qu'ils tiennent la dragée haute en matière de personnages énervants, sans saveur et inintéressants. Tout d'abord Bella et son amour complètement inconsistant pour son bellâtre d'Edward dont je  n'ai pas plus compris  l'attirance pour une fille qui se trouve en dessous de tout. Difficile de s'attacher à des personnages aussi niais.

Celui-ci n'est pas mal non plus dans le Top des personnages agaçants : trop beau, trop parfait, trop  de tout ... et du coup trop agaçant. Les propos même de l'auteure n'ont rien arrangé pour le faire paraître autrement, les cheveux auréolés par les rayons argentés de la lune, les vagues qui meurent à ses pieds ... Le pauvre ....

9) Nawel dans Les Âmes Croisées de Pierre BOTTERO
Ce personnage là est mise dans ce Top Ten, un peu à la manière de Fitz, parce que si elle m'a parue fortement désagréable, voire même insupportable dans le début du récit de Bottero, elle a eu une évolution tout à fait positive et intéressante, ce qui a fait au final que je ne l'ai pas détestée très longtemps. Néanmoins son statut de "m'a énervée durant les premiers chapitres" fait qu'elle a quand même sa place dans ce Top.

10) Anna dans La Vestale du Calix d'Anne LARUE
Aucun des personnages de ce roman ne m'a séduite mais Anna encore moins, de par son côté mièvre et et maladroite, un personnage sans âme.


dimanche 16 septembre 2012

Le déchronologue de Stéphane Beauverger

Je suis le capitaine Henri Villon et je mourrai bientôt.
Non, ne ricanez pas en lisant cette sentencieuse présentation. N'est-ce pas l'ultime privilège d'un condamné d'annoncer son trépas comme il l'entend ? C'est mon droit. Et si vous ne me l'accordez pas, alors disons que je le prends. Quant à celles et ceux qui liront mon récit jusqu'au bout, j'espère qu'ils sauront pardonner un peu de mon impertinence et à l'instant de refermer ces chroniques, m'accorder leur indulgence.

Ainsi démarre le Déchronologue, en 1653, à bord de son fabuleux vaisseaux où le capitaine écrit ses derniers mots. Alors en premier lieu j'ai envie de lui dire : "Oui capitaine, j'ai lu votre récit jusqu'au bout et oui je vous pardonne votre impertinence (et dieu sait si vous l'êtes ) et je vous accorde mon indulgence".

Pas facile pourtant de suivre ce récit intemporel ... pour la bonne raison que ces chroniques sont rédigées dans n'importe quel ordre.
Chapitre 1 :  1640 Port Magot
Chapitre 16 : 1646 Océan Atlantique
Chapitre 17 : 1646 Océan Atlantique
Chapitre 6 : 1640 Carthagène des Indes
Chapitre 2 : 1640 Océan Atlantique
Etc ......

Voilà qui fait tout le charme de ce récit dont le rythme est haletant, sans temps mort, dont le capitaine Villon, avec son langage cru et sa gouaille, tient le premier rôle avec force et honneur.
Evidement à moins d'avoir une mémoire extraordinaire, il est impossible de suivre le récit sans prise de notes, enfin ce fut de toute façon mon cas, ce qui a considérablement ralenti ma lecture mais m'a permis de la suivre sans me décourager et avec un réel plaisir. Car c'est réellement un roman qui prend aux tripes, c'est vivant, c'est prenant, cela mélange de la SF avec l'histoire des flibustiers, pirates, corsaires et autres sous Louis XIII, les combats navals avec les burbujas (sortes de montgolfières géantes).

J'aurais pu lire ces chapitres dans l'ordre mais pour moi cela aurait perdu tout son charme, surtout que tout est fait pour que les révélations et les explications sur les évènements et personnages, sur certaines retrouvailles, apparaissent en fin de livre, même si cela mêle plusieurs années.
Comment résumer le Déchronologue ? Une chasse aux merveilles, les maravillas, qui conduit le capitaine Villon à un combat d'un autre temps ? Une distorsion du temps qui conduit son équipage à combattre Alexandre le Grand ? Une aventure maritime à échelle temporelle ? Une guerre menée sans merci contre les Espagnols et la reconquête de leurs possessions par des peuples du futur ?

En fait je me rends compte qu'aucun résumé ne rendra compte de ce roman atypique, alors je préfère laisser le soin aux lecteurs de découvrir par eux-même.
Pour ma part, j'ai accroché, à la fois au style d'écriture de Beauverger, au caractère entier, brutal et sans limites du capitaine Villon, à cette distorsion du temps qui entraîne immanquablement celle du cerveau, à cette entrée dans une époque que je connais très peu qui se passe dans les mers de Caraïbes, au milieu de corsaires et de pirates, et de combats navals.
Et il y a les bateaux .... ces fabuleux voiliers, le Chronos puis le fameux Déchronologue, qui n'est jamais vraiment décrit mais que l'on imagine sans peine grâce à la fabuleuse couverture des Editions la Volte (j'ai du la contempler une centaine de fois au cours de ma lecture, rien que pour revoir ce voilier). Je ne suis pas objective bien sûr ces frégates, brigantins des temps anciens me fascinent depuis de nombreuses années.

En conclusion un livre vraiment génial et original. A lire absolument. Je vais certainement lire d'autres romans de cet auteur.

Extrait
Marées hautes et basses alternaient si vite que l'estran palpitait, suintant et sec, liquide et sableux, gorgé de poissons scintillants qui mourraient et baignaient comme nous tous dans ses vertes lueurs. C'était Génésareth. C'était le Tartare. C'était l'union impie de Téthys et de Chronos "Tous à la côte", hurlai-je à l'infini, mais ma voix se noyait dans le sablier brisé du temps. Des êtres se pouvaient autour de nous, gluants et glacés, arachés à leur époque pour s'échouer dans les filets des Clampin. Oh, la pêche infâme ! Oh, l'ignoble saignée des siècles !

Ailleurs

vendredi 14 septembre 2012

La Ballade de Pern de Ann Mc Caffrey : La chanteuse-dragon de Pern

Après avoir été recueillie au Fort de Benden et retrouvée par le maitre harpiste Robinton, Menolly s'envole pour le Fort où elle poursuivra sa formation de musicienne auprès des meilleurs maîtres d'art de Pern. Rendue timide, réservée et méfiante suite à l'interdiction qu'elle avait auprès des siens de s'adonner à sa passion, Menolly craint de ne pas parvenir à s'intégrer dans son nouveau lieu. De plus les maîtres se montrent fort sévères à son égards, à l'exception de quelques-uns, et elle se retrouve en butte aux brimades de filles jalouses de ses qualités et de sa position auprès de Robinton. Heureusement elle a pour compagnie ses neuf lézards de feu et trouve un allié en la personne de Piémur un jeune apprenti à la voix d'or.

Présenté ainsi, La Chanteuse- dragon de Pern, qui fait suite directement au tome Le Chant du dragon, on a vraiment l'impression de se trouver face à un récit de littérature jeunesse, avec les ingrédients parfaits qui constituent des défauts dans beaucoup de romans : la jeune fille fragile face aux méchantes pestes, heureusement soutenue par le jeune garçon et défendue par ses adorables animaux de compagnie (cela fait un peu Candy non ?), mais qui surdouée de la musique va finir par vaincre tous les obstacles et triompher.

Ce sont les réflexions qui m'ont suivies durant ma lecture dévoreuse de ce tome (oui car la Ballade de Pern, je ne les lis pas, je les dévore) et dans n'importe quel autre livre, je les aurais faites passer pour des critiques d'un récit bien trop caricatural,  manichéen et un peu mièvre ...

Sauf ..... qu'il s'agit de la Ballade de Pern ... non que les romans de Mac Caffrey la mettent à l'abri de toute récrimination mais seulement que le côté que j'aurais trouvé bien trop gentillet dans tout autre livre, passe comme une lettre à la poste ici ... 
Tout simplement parce que l'univers créé est tellement magique, tellement poétique - c'est un magnifique hymne à la musique et au pouvoir de la composition, à la transmission d'un savoir primordial dans l'histoire de l'humanité ... sans musique, les humains ne seraient pas tout à fait ce qu'ils sont et c'est justement cet art qui leur donne encore un peu d'humanité - qu'on ne peut que gommer l'aspect plus juvénile des aventures de Menolly.

Alors oui c'est une jeune fille parfaite tellement douée qu'elle pourrait en être agaçante, oui les autres jeunes filles sont des pestes méchantes sans aucune qualité, oui le jeune Piémur est tellement dévoué à son amie qu'il pourrait en être ridicule ... Or il n'en est rien.
Non seulement on accède à cet état des choses mais en plus on l'accepte et pour moi Menolly n'était absolument pas agaçante et Piémue pas du tout ridicule. Quant aux jeunes filles mesquines, je jubile lorsqu'elles sont remises à leur place.
Il subsiste une naïveté, une fraicheur et une innocence dans cette trilogie sur la vie des apprentis musiciens que j'ai été emballée de la même manière que pour les tomes précédents.

Et les lézards de feu, leur rôle, leurs nouvelles capacités dévoilées, n'y sont évidement pas pour rien, ils prennent tellement d'importance dans ce roman, ils sont tellement attachants qu'à eux seuls, ils font tout l'intérêt de la Chanteuse-Dragon de Pern. Et qui n'a pas rêvé, ado, d'avoir un animal fidèle qui fonde sur votre ennemi dès qu'il sent votre désarroi, qui vous défend dès que l'on tente de vous faire du mal ?
Qui ne rêverait pas d'avoir pour compagnon ces petits dragons miniatures qui, une fois la marque faite, sont les plus loyaux de vos amis ?
J'ai peut-être été trop imprégnée, adolescente des romans de la Table Ronde, de ces chevaliers défenseurs, mais cette saga des nobles Chevaliers Dragons, toujours prompts à faire la justice, m'y font beaucoup penser et il n'y a rien à faire, cela m'enchante.

Et du coup, je suis très attachée à tous ces personnages, Menolly qu'on est heureux de voir prendre enfin de l'assurance, Piémur qui est un petit bonhomme rigolo, Robinton loyal et aussi noble qu'un chevalier très touchant lorsqu'il marque son premier lézard de feu, Camo l'homme handicapé mais si sensible, sans oublier l'ombre des autres, que l'on évoque de temps en temps, F'lar et Lessa, F'Nor ( le passage de son retour de l'Etoile Rouge, ressenti par toute la détresse de Menolly, transmise par ses lézards de feu, est très émouvant). Ces évocations des autres personnages ancrent ce récit parallèle aux évènements de la Quête du Dragon.

Alors tant pis pour le côté un peu gentillet de l'histoire de Menolly, j'aime toujours autant, je lis ces pages comme elle dévore sa passion, et je n'ai qu'un mot à ajouter : moi aussi je veux un lézard de feu !!!

Extraits
"Soudain, leur terreur monta en elle avec une telle intensité qu'elle cria :
- Non !
Son injonction était spontanée. Elle essaya de lever les bras pour se protéger de ce danger inconnu, mais ils étaient liés par les lézards. Leur peur était sienne, complètement, totalement. Et de manière incohérente, elle poussa de nouveau le même cri.
- Non ! Non !"

"Brudegan dirigea le choeur, donnant la réplique en divers endroits et chantant le déchant au refrain. Au-dessus des voix d'hommes, les tons des lézards de feu, purs, et d'une hauteur extrême, tissaient leurs propres harmonies autour de la mélodie."

Ailleurs
Vert ; Zahlya ....





mardi 11 septembre 2012

La Vallée de l'éternel retour d'Ursula Le Guin

"Que ressent donc le savant obstiné lorsque les touffes d'herbes informes et les fossés imprécis sous les chardons et les broussailles commencent à prendre forme et à se dessiner : ici, c'était le rempart extérieur - ici la porte - là, le grenier à blé ! Nous allons creuser ici, puis ici, et ensuite je veux jeter un coup d'oeil à cette protubérance au flanc de la colline ... 
Quelle gloire immense ils savourent quand glisse entre leurs doigts, avec la terre tamisée, un disque mince qui, nettoyé d'un coup de pouce, révèle, frappé dans le bronze fragile, le dieu cornu ! Comme je leur envie leurs pelles, leurs tamis et leurs mètres à ruban, tous leurs outils et leurs mains savantes et expertes qui se ferment sur leur trouvaille ! Pas pour longtemps ; ils la donneront au musée, bien sûr ; mais ils l'ont tenue un instant entre leur doigts."

Voilà ce que doivent ressentir ces ethnologues du passé lorsqu'ils reconstituent villages, temples ou colonnes, enterrés ou brisés par le temps ..... Sauf qu'Ursula Le Guin n'est pas une ethnologue comme ceux-ci ... elle, elle construit l'avenir ... une ethnologie du futur. Et pour cela elle se doit de tout imaginer, à partir de rien ou presque. Là une ville entre les ruisseaux, là-bas un pont qui les enjambe, plus loin des bâtiments sacrés et le lieu de danse .....
"Je peux marcher dans la folle avoine et les chardons, entre les maisons du petit bourg que je cherchais, Sinshan. Je peux traverser la Charnière et déboucher sur le lieu de danse. Là, non loin de l'endroit où  se dresse maintenant ce chêne de la vallée, se trouvera l'Obsidienne, au nord-est ; l'Argile bleue tout près, creusée dans le flanc de la colline, au nord-ouest ; plus près de moi, vers le centre, Serpentine des Quatre Directions ; puis les deux Adobes dans une courbe en bas vers le ruisseau, sur-est, sud-ouest."

La Vallée de l'éternel retour est un extraordinaire recueil sur la vie d'un peuple, les Kesh, qui vivent dans une Vallée, dans un futur lointain, après de multiples désastres (dont on ne sait que peu de choses), dans une Californie qui est devenue une île. A travers l'histoire de Roche Qui Raconte, Ursula Le Guin nous présente le mode de vie des habitants de la Vallée. 
Mais elle ne se contente pas de raconter une histoire, elle décrit tous les us et coutumes des Kesh à travers des poèmes, des chants, des pièces de théâtre, des contes, des histoires et des dictons mais aussi leur médecine, leurs traditions, leurs danses et instruments, et puis leurs maisons, la structure de leur société, à la fois proche et éloignée de la nôtre, leur vision de la mort, de l'amour et de la sexualité ,  les célébrations et les rites, les détails de leur alimentation (avec recette à l'appui) et de leur habillement.
C'est assez extraordinaire et je n'ai eu cesse de me demander, au cours de ma lecture, où elle avait été inventer toute cette richesse en la présentant comme une véritable découverte ethnologique.
Dans ses autres récits, je pense notamment aux Chroniques de l'Ouest, Ursula Le Guin a inventé des sociétés très structurées, des personnages qui vivent en harmonie avec la nature, qui respectent les animaux.
Cependant, avec ce roman-là, elle est allée le plus loin possible, une invention totale de la vie d'un peuple avec tout ce qui en découle.

Si le roman démarre avec l'histoire de Roche Qui Raconte, enfant Kesh née d'une mère de Sinshan et d'un père Condor, une tribu lointaine et guerrière, celle-ci n'occupera en fait qu'environ deux cent pages sur les quelques cinq cents que contiennent le livre. Et Le Guin a structuré très intelligemment son récit en entrecoupant le récit de Roche Qui Raconte, de poèmes, contes et autres histoires.
Du coup si l'on reste sur sa faim en voyant cette indication "La seconde partie de l'histoire de Roche Qui Raconte commence p.179", on ne peut qu'avoir envie de découvrir les autres thèmes abordés dans le roman.
J'avoue avoir beaucoup hésité, à savoir foncer sur la page 179 pour découvrir la suite de l'histoire immédiatement mais voilà tout le génie d'Ursula Le Guin, si elle avait d'abord raconté l'histoire en entier pour présenter ensuite les moeurs et coutumes des Kesh, pas sûre que je n'aurais pas refermé le livre avant d'en arriver là.

Alors qu'avec sa stratégie de lecture, elle amène à tout lire, et au fur et à mesure tout découvrir. C'est d'une telle richesse qu'il est difficile de résumer en quelques lignes :  en plus des contes, chants et autres, il y a des cartes, schémas et dessins, le tout souligné par l'écriture extraordinaire de cette auteure de talent. 
Si j'ai beaucoup accroché à son récit de Roche Qui Raconte, c'est pour un coup moins pour son écriture que pour l'intérêt généré par cette histoire, non que je démente juste ce que j'ai affirmé avant sur son talent, mais tout simplement parce que pour la première fois dans un de ces récits, je n'ai pas eu la sensation habituelle de la plume qui glissait au cours d'un ruisseau que l'on emprunte en s'y laissant glisser doucement. Il subsiste un peu plus de recul face à ses personnages, tout simplement parce qu'elle est dans un mode de description et qu'il n'y a pas là seulement récit.
C'est la seule différence au niveau de l'écriture avec ses autres romans car tout se lit parfaitement et merveilleusement bien, avec toujours une grande qualité littéraire.

Le peuple Kesh semble être un mélange de nos peuples d'aujourd'hui et des légendes amérindiennes, mais étrangement s'il y a eu cataclysme et si le monde s'est reconstruit autrement d'une manière plus proche de la nature (respect de l'animal que l'on tue, célébrations en fonction du cours de la vie), avec un rythme plus lent, une société moins malade que la notre, l'électricité et l'informatique (sous forme de l'Echange qui fait penser à Internet) existent toujours ... et les machines de guerre aussi, les tanks refont leur apparition chez le peuple Condor, dans sa frénésie de lutte et destruction, les avions ensuite.
Ainsi même en recommençant, le peuple humain réinvente les technologies d'aujourd'hui, y compris les pires des pires.

Un roman néanmoins rempli de leçons de sagesse, de moralité, d'approches différentes de la vie, de danses de la nature (de la Lune, du Soleil), d'histoires d'animaux qui parlent (notamment le Coyote qui est un animal récurrent dans les récits, ainsi que l'ours), de la maladie et de la mort. Avec quelques mots crus de temps à autres (comme "le con" "baiser" "chier") qui à vrai dire, je ne sais pas si c'était l'intention de l'auteure, détonnent si parfaitement avec son style irréprochable que ça en était presque vulgaire et choquant.

En conclusion, je ne peux que conseiller ce roman incroyable, riche et original, pas toujours facile à lire (de par la profusion de ses informations et l'abondance de ses références :  elle est allée jusqu'à créer un véritable langage avec alphabet et phonétique à l'appui) mais tellement bien narré et passionnant, ne serais-ce pour avoir inventé un tel peuple. Décidément, Ursula Le Guin ne cessera jamais de me surprendre et de m'enchanter.
Je rajoute aussi que la couverture, le papier de l'édition, la couleur des lettres contribuent à faire de cet ouvrage le chef d'oeuvre qu'il est.

Merci à Tigger Lilly pour ce cadeau d'anniversaire.

Ailleurs

dimanche 9 septembre 2012

L'école est finie de Yves Grevet

2028.... Cela commence par une dictée portant sur les débroussailleuses et les tronçonneuses qui seront en promotion dans tous les magasins Jardins et Maisons. Ensuite la récréation est déclamée par une petite élève pour son évaluation de lecture à voix haute : "C'est l'heure pour tous les élèves de l'école Jardins et Maisons d'aller se détendre et de profiter de tous les merveilleux équipements de plein air offerts par notre magasin préféré. "....

L'école du futur .. vous l'avez cauchemardée ? ? Yves Grevet l'a faite !
C'est que désormais pour espérer un minimum d'éducation, les enfants doivent signer dès le CP un contrat d'apprentissage dans une entreprise laquelle prend en charge la scolarité contre des heures de compensation en travail. Chaque fin de semaine, chaque élève cumule des bons d'achats dans son cahier du jour, afin de le récompenser de ses efforts. Damned voici l'école du futur pour les enfants pauvres !

Un tout petit livre d'anticipation dans lequel Grevet nous dépeint une société dans laquelle riches peuvent encore prétendre à une éducation en bonne et due forme alors que pauvres sont contraints à travailler pour apprendre à lire et à écrire. Et encore, il s'agit là de lire des catalogues de jardinerie ou de calculer des pourcentages de réduction durant les soldes, certes c'est une bonne école de la vie mais c'est surtout une monstrueuse exploitation d'enfants. Une société dans laquelle les patients sont tirés au sort pour leurs soins dentaires.
Et pour les parents refusant le système, il n'existe qu'une seul moyen : l'école du maquis, l'école clandestine mais c'est à leurs risques et périls !

Le seul reproche que je pourrais faire à ce livre, c'est justement sa brièveté, Grevet tenait là un sujet qui aurait pu faire l'office d'un roman bien plus long, il m'a laissée en définitive sur ma faim.

Du coup je ne suis pas vraiment entrée dedans, même si le sujet abordé est terrible et nous pend au nez si les gouvernements successifs continuent à sacrifier ainsi l'école et ces enfants qui seront les adultes de demain. Cela m'a fait repenser à un reportage que j'avais vu sur des écoles américaines où les élèves devaient acheter leur propre papier toilette et des feutres velleda pour leurs maitres .... Certes nous n'en sommes pas encore là en France mais au train où vont les choses, dans une société où les inégalités sociales se creusent de plus en plus, où elle devient de plus en plus apparente dans cette micro société représentative du pays qu'est l'école, peut être qu'un jour les établissements seront sponsorisés par Mac Donald, ou Point Vert ou encore Leclerc (après tout, cela existe déjà, l'opération Nettoyons la Nature qui a lieu chaque automne est sponsorisé par Leclerc qui fournit alors des gants et surtout des tee shirt portant leur logo ainsi qu'une "magnifique"  banderole à accrocher sur la grille d'entrée.)
En tous les cas un bon petit roman pour débroussailler les idées et réflexions des élèves ... je vais tester, peut-être que cela leur fera réaliser la chance qu'ils ont d'être dans une école encore relativement gratuite et les motivera pour apprendre leurs leçons et se concentrer .... 
On peut toujours rêver ....

Merci à Olya de m'avoir faire découvrir ce petit livre ^^.

Extrait
- Alors tu sais pourquoi notre vie est si dure maintenant ? Et pourquoi mon père regrette tant le passé ?
- Au début du XXIè siècle, m'a-t-elle expliqué, les gens n'ont pas su refuser ce qu'on leur imposait.
-Mais qu'est-ce qu'ils auraient pu faire ?
- S'opposer, s'opposer par tous les moyens.