Bilbo, comme tous les hobbits, est un petit être paisible. L'aventure tombe sur lui, un beau jour, lorsque Gandalf le magicien et treize nains barbus l'entraînent dans une chasse au trésor périlleuse à la Montagne Solitaire gardée par le dragon Smaug ....
Voici comment débute la quatrième de couverture ... et à moins de savoir quasiment toute l'histoire il est primordial de s'en arrêter là : en effet, tout ou presque y est évoqué : la traversée des Monts Brumeux et la forêt elfique de Mirkwood, les rencontres diverses avec les trolls, les gobelins, sans oubliés les araignées et le fameux Gollum à qui il prendra le fameux anneaux ... De plus nous savons d'avance que tout se terminera bien pour le petit Hobbit .... C'est vraiment lamentable de rédiger une quatrième de couverture qui déballe ainsi tout de l'histoire. A la rigueur, j'aurais tout aussi bien pu ne pas lire le livre, j'aurais su en parler quand même !
Premier point d'énervement donc ... Le second concerne le "Bientôt au cinéma" dessiné en rond sur la couverture .... grrrrr .... Pourquoi donc ne pas l'avoir collé pour donner la possibilité de pouvoir l'enlever à qui le veut ? Du coup mon exemplaire restera à jamais avec cette pastiche collée presque sur le dragon, désolée mais ça gâche complètement l'image, de plus personnellement je n'ai pas besoin que l'on me fasse de la pub cinéma pour que cela me donne envie d'acheter le livre. Bilbo le Hobbit est avant tout un roman écrit par Tolkien et ne doit pas être résumé à son passage prochain au cinéma !
Surtout que dans quelques années, il suffira d'évoquer ce titre pour entendre des "oh je l'ai vu au cinéma, c'est super bien !" ... "oui sauf qu'à la base c'est un roman et non un film".
Cela fait des années que j'entends ces réflexions de la part de mes élèves dès que j'évoque le titre de certains livres (oui je parle de fantasy dans mes classes, il existe tellement de bons livres jeunesse dans ce domaine que je ne peux passer à côté) et oui cela m'énerve au plus haut point, que les films consacrés aux livres soient bons ou non, ce sont des romans avant tout et non pas une mise en scène et ils ne méritent pas de passer dans l'oubli !
Bon ... fin de coup de gueule ....
Avec une note positive, l'autre jour, j'ai vu posé sur la table d'un de mes CM1 : "Harry Potter et les reliques de la mort", ouf en voilà un au moins qui saura me citer le livre avant le film !
Ces deux points négatifs évoqués, passons donc au roman de Tolkien.
Ayant toujours eu beaucoup de difficultés à entrer dans le Seigneur des Anneaux (mais ce coup ci, il est prévu à mes lectures d'Octobre, que ce soit dit ! n'est-ce pas Olya ?), j'appréhendais évidemment cet opus qui démarre bien des années avant.
J'ai heureusement vite été rassurée, si j'ai eu du mal à entrer dedans car je trouvais Gandalf un tantinet ferme avec ce pauvre Bilbo qui ne demandait rien du tout (il l'envoie tout de même à l'aventure sans lui demander aucunement son avis mais on se rend compte par la suite qu'il savait pertinemment que Bilbo pouvait s'en sortir glorieusement et intelligemment), les nains assez impersonnels et Bilbo lui-même trop plaintif.
Tout ceci change au final lorsqu'il , après avoir rencontré Gollum et résolu ses énigmes, prend de l'assurance et devient capable de se sortir de situations périlleuses. Au fil des pages il devient de plus en plus dégourdi et les nains qui le subissaient jusqu'alors le prennent en considération voire même l'admirent et le considèrent comme un chef. C'est là qu'on réalise que Gandalf avait fait le bon choix concernant le petit Hobbit qui du coup m'est devenu beaucoup plus sympathique.
Le récit se déroule sans temps mort, j'ai adoré le passage de la rencontre avec Gollum (il suscite presque la pitié ce petit personnage rendu schizophrènes par une vie de solitude et d'abandon), j'ai été très contente de lire celui sur le combat avec les araignées géantes en plein jour (oui car le soir je suis sûre à 100% que j'en aurais rêvé !), j'ai aimé la façon dont c'est écrit, comme un conte que l'on lirait au coin du feu.
C'est exactement cela en fait ... c'est un conte .. un conte merveilleux avec des elfes, des gobelins, des nains, des hobbits, des enchantements et un méchant dragon (d'ailleurs dans la plupart des contes les dragons sont de méchants personnages) .... C'est très riche.
Alors roman pour enfant ou non ? Il est vrai que Bilbo le Hobbit est mixte : en hachette jeunesse par exemple ou en livre de poche adulte .... En fait il peut se lire à tout âge .... enfin à tout âge, à moins tout de même d'être un bon lecteur. Je le ciblerais personnellement plus pour des "à partir de 11.12 ans" qu'avant mais si l'enfant est bon lecteur, pourquoi pas ? Il bénéficiera d'une excellente littérature, bien traduite, très riche en vocabulaire, très imagée : on a la sensation de voir les évènements se dessiner devant nous.
Et puis je trouve que cela prépare magnifiquement le terrain pour le Seigneur des Anneaux, comme le conflit entre les Nains et les Elfes, ou tout simplement comment le fameux anneau entre en possession de Bilbo. Une bonne introduction à la trilogie que j'attaquerai par la suite du coup. C'est une réussite donc à tous points de vue. J'ai juste été un peu déçue du comportement des nains à la fin, de leur côté égoïste à fond concernant leur trésor et leur côté "je ne fais aucune concession je suis intransigeant".
Extrait
Séquence frisson pour les arachnophobes !
"Il avait parcouru une certaine distance avec précaution et à pas de loup, quand il remarqua devant lui un endroit où s'étendait une ombre dense et noire, noire même pour cette forêt ; c'était comme un morceau de nuit qui n'eût jamais disparu. En s'approchant, il vit que l'ombre était faite de toiles d'araignée, l'une derrière l'autre, superposées et tout emmêlées. Il vit aussi qu'il y avait, installées dans les branches au-dessus de lui, des araignées énormes et horribles ; en dépit de son anneau, il trembla de la peur d'être découvert."
"Gollum n'avait pas d'épée. Gollum n'avait pas positivement menacé de le tuer, ni encore tenté de le faire. Et il était misérable, seul, perdu. Une compréhension soudaine, une pitié mêlée d'horreur s'élevèrent dans le coeur de Bilbo : il vit la suite interminable de jours non marquée, sans lumière, sans espoir d'amélioration, la pierre dure, le poisson froid, les mouvements furtifs, le chuchotement."
Ailleurs
Sur le Cercle d'Atuan où ce fut lu en Lecture Commune
Tigger Lilly ; Vert ; Olya ; Linou ...