samedi 30 octobre 2010

Le grand passage de Cormac McCarthy

Arizona .. à la veille de la seconde Guerre Mondiale ... Billy traque inlassablement une louve qui s'attaque au troupeau familial jusqu'au moment où , parvenu à la piéger, il choisit de lui conserver la vie et de la ramener sur ses terres natales .. au Mexique.
S'ensuit alors un long voyage, dans le style puissant et intense de McCarthy, dans le monde impitoyable d'hommes sans foi ni loi ....

Le grand passage est le second roman de la Trilogie des Confins, il ne fait pas suite directement au premier puisqu'il ne s'agit aucunement des mêmes personnages mais met en scène les mêmes lieux, les mêmes paysages et les mêmes tragédies.
Oserais-je dire que l'on prend "presque" les mêmes et que l'on recommence ?
Oui j'ose ... car ce roman est tellement semblable au premier que j'avoue m'y être ennuyée, voire plutôt lassée de ce voyage .. ou même de ces trois voyages ... le premier pour ramener la louve, le deuxième pour récupérer les chevaux volés familiaux, le troisième pour rechercher le frère disparu .. trois voyages qui se soldent par des échecs ... trois voyages dans lesquels les mêmes questions se posent : que fait-on ? je ne sais pas, où va-t-on ? je ne sais pas ... comme si les personnages se laissaient glisser dans un destin qu'ils ne choisissent plus ...

On fait presque les mêmes rencontres que dans De si jolis chevaux, des mexicains qui, dans un pays touché par la révolution, ne connaissent plus d'autre loi que la leur, en contrepartie avec ces paysans pauvres mais généreux, solidaires .. on retrouve cette chasse aux disparus, la rencontre avec un personnage qui change le cours des évènements (ici une jeune fille que Billy et son frère sauvent de violeurs et qui les suivra durant un temps et qui par la suite s'enfuira avec le frère de Billy), l'histoire d'un personnage marqué par la révolution (là un vieil aveugle qui raconte son histoire à Billy) ...
Le premier tome de la trilogie renvoyait à un voyage initiatique ... j'ai découvert et aimé une autre façon d'écrire de Mc Carthy ... mais là non la sauce n'a pas pris malgré la qualité d'écriture (mais qui somme toute est, elle aussi, parfaitement égale au premier tome).

Et puis je rajouterai un point de détail qui ,s'il m'a gênée durant le premier tome, m'a carrément horripilée sur ce second tome, ce sont tous ces passages de dialogue en espagnol, j'ai beau en avoir fait 6 ans au lycée, j'avoue ne plus en avoir le moindre souvenir, à peine quelques mots par ci par là, ce qui fait que la plupart des échanges entre le personnage principal et ses rencontres me sont totalement incompréhensibles et qu'il faut bien lire le récit qui suit pour avoir une idée de ce qui a pu se dire ... c'est franchement pénible ...
Bilan donc très mitigé cette fois ci ... ce qui m'amène à douter si je vais lire le troisième tome de cette trilogie, en tout cas pas pour l'instant ...

Citations
Ils couraient dans la plaine à la poursuite des antilopes et les antilopes se déplaçaient comme des fantômes dans la neige et voltaient et tournoyaient et la poudre sèche soufflait autour d'elles dans la froide lueur de la lune et leur haleine montait en pâle fumée dans le froid comme si elles avaient brûlé d'on ne savait quel feu intérieur et les loups se tordaient et tournoyaient et bondissaient dans un tel silence qu'ils semblaient d'un autre monde tout à fait différent. Quand reprenaient les flammes ses yeux brûlaient comme des lampes aux portes d'un autre monde. Un monde qui brûlait au bord d'un vide inconnaissable.

Il dit que le monde ne peut être connu que tel qu'il existe dans le coeur des hommes. Car si le monde semble être un lieu où résident les hommes c'est dans l'homme en réalité que réside le monde et pour le connaître c'est donc là qu'il faut chercher et apprendre à connaître le coeur des hommes et pour cela il faut vivre avec les hommes sans se contenter de passer parmi eux.

Achats d'Automne (2)

Mince là je me cache sous ma PAL, de honte, j'ai encore craquéééééé !
4 livres arrivés ce matin qui viennent compléter ma bibliothèque que j'avais savamment rangée pour pouvoir en accueillir d'autres (c'est fait ! )

- A vos souhaits de Fabrice Collin
- Le lézard lubrique de Melancholy Cove de Christopher Moore
- Une seconde avant Noël de Romain Sardou
- Le livre des choses perdues de John Connolly

Ce qui fait qu'à l'heure d'aujourd'hui il me reste exactement 25 livres encore à lire !!!

Ces livres sont tous dans des lectures potentielles à faire avec le Cercle d'Atuan, le premier étant prévu en lecture annexe et les 3 suivants soumis au vote pour une lecture commune du mois de Décembre (oui j'avoue j'ai anticipé leurs achats, avant même que l'un d'entre eux ne soit élu ou pas, lol, mais ils me tentaient trop tous les trois !) : ce sera ma première LC avec ce forum.

Et je profite de ce billet pour justement faire un petit clin d'oeil au Cercle d'Atuan qui réunit des passionnés de lectures imaginaires, afin de partager leurs lectures mais aussi de proposer de lire ensemble des oeuvres proposées et ceci dans une ambiance détendue et réellement conviviale ..
Je ne suis pas une habituée des forums de façon générale (timidité quand tu nous tiens !) mais je tiens à dire que je suis vraiment heureuse que l'on m'ait forcée la main (au passage merci à Tigger Lilly pour ses nombreux coups de pieds au derrière pour m'inciter à franchir le pas, j'avoue que je lui ai donné pas mal de travail :p) parce que c'est une réelle découverte de personnes accueillantes, humaines, vraiment sympathiques et surtout qui ne jugent pas ... et cela c'est vraiment rare de nos jours, surtout derrière un écran d'ordinateur.
Alors je dis merci au Cercle de m'avoir accueillie si gentiment et longue vie !!!

dimanche 17 octobre 2010

La Horde du Contrevent de Alain DAMASIO

A livre atypique, billet atypique ...
Non non je n'ai pas fini La Horde , pas encore car je le lis plutôt lentement et ce pour deux raisons:
- d'une part il n'est pas facile à lire, du fait du style, des tournures de phrases, des jeux de mots ... qui sont très élaborés.
- d'autre part, c'est un livre qui se ... savoure ....

Comment je suis arrivée à la Horde ? tout simplement dans le cadre d'une lecture commune avec Tigger Lilly et Lael ...
Pourquoi je fais déjà un petit billet sur ce roman ? parce que j'ai envie , j'ai très envie de partager ce que je ressens à la lecture de ce livre et pourquoi pas échanger dessus ?

La Horde ... ce sont 23 personnages, 23 héros, 23 "fous" ? 23 individus donc qui remontent la Terre à pied pour rencontrer les 9 formes du vent et surtout arriver à sa source ... 23 hommes et femmes qui tels, des chevaliers du Moyen Age cherchent le Saint Graal ... au delà de leurs forces, au delà de leur courage ...
Vont-ils y parvenir ? vont-ils seulement arriver au bout de leur route ?
On pourrait presque en douter rien qu'en observant que le livre se décompte à l'envers, on débute à la page 700 pour descendre vers la page 0 ... vers où ? un compte à rebours vers leur fin ? vers leur réussite ? sont-ils les derniers à tenter ce contre ? la façon dont ils peuvent y parvenir aurait-il finalement plus d'importance que le fait même s'y arriver ?

Chaque personnage est symbolisé par un signe grec et raconte la façon dont il vit les évènements, les tragédies et les peurs, le fait de changer sans cesse de narrateur n'est pas gênant en soi , le récit suit une continuité qui fait qu'on pourrait presque se passer de savoir qui raconte (bon pas moi, car j'ai encore le nez dans le marque page à la recherche du nom qui symbolise Golgoth, Caracole, Sov etc ... ah ah triste mémoire !!!)

La Horde chemine en formation (qu'on pourrait taxer de militaire) en trois parties (telles les 3 parties du squelette humain : la tête, le tronc et les membres)
- Le Fer qui compte 6 membres : un traceur, un scribe, un prince, un géomaître, un pilier et un combattant protecteur
-Le Pack qui compte 13 piétons (16 est écrit dans un passage du livre, erreur de frappe ? ou est-ce le total normal d'un pack ?) : 4 artisans, 2 ailiers, une sourcière, une soigneuse et un aéromaître ; 2 oiseliers chasseurs, un fleuron et un éclaireur.
Après j'avoue que je sèche sur la place du troubadour Caracole, fait-il partie du pack ou gravite-t-il autour des 3 axes sans place définie ?
La logique voudrait qu'il soit dans le pack puisque tous ont un rôle bien défini, mais ce n'est pas dit de façon explicite.
- La traîne ; les Crocs qui trainent les traineaux, ils sont trois.

Je trouve que ce livre a une puissance peu commune, de par sa rédaction de qualité, de son histoire qui prend aux tripes dès les premières pages (sans rien savoir des personnages, de leur histoire, du pourquoi du comment, on est immédiatement projeté dans l'action).
Je crois que j'ai presque pas cligné des yeux durant tout le premier chapitre tellement que j'étais scotchée par l'intensité du récit. Et je n'en suis sorti qu'au deuxième chapitre, quand enfin on peut un peu souffler .... pour me dire : waohh mais c'est quoi ce livre là ?
Et depuis je ne le quitte plus !
C'est un livre univers, tel un Herbert, où tout un monde est créé, vit, a sa logique, son histoire, d'ailleurs la vie impitoyable de la Horde, leur opiniâtreté, leur dureté au mal et aux épreuves m'évoquent un peu les Fremens de Dune qui survivent aussi dans un monde inhumain.
Après je n'en dirai pas plus pour aujourd'hui, je ne veux surtout pas gâcher la découverte de mes deux partenaires de lecture, mais peut être ce billet sera-t-il l'occasion de partager nos première impressions ?

Juste deux citations pour commencer :
"On faisait bloc. On était bloc. Inexpugnable. Indélogé."

" Ceux qui vous disent "pendant la vague, j'ai pensé à ceci et à cela" mentent. Quand elle passe, tu ne penses plus. Tu oublies ce que tu voulais faire, rêvais d'être, croyais pouvoir. Le corps seul répond. Et il répond ce qu'il peut."


mercredi 13 octobre 2010

La huitième fille de Terry PRATCHETT


La huitième fille est le 3ième opus des Annales du Disque Monde, pour autant il n'est pas obligé de lire celui ci en 3ième position, seuls les deux premiers : La Huitième couleur et le Huitième sortilège se suivent.
Pour des raisons de praticité, j'ai décidé de les acheter et de les lire dans l'ordre.

Nous revoici donc sur le Disque-Monde, univers atypique où la magie n'a guère de règles, sauf celle ci : les successions de mages se font de huitième fils en huitième fils.
Sauf que dans ce cas là, le huitième fils à qui transmettre le fameux bourdon (sorte de bâton qui peur servir à la fois de baguette magique et de balai, et qui a une conscience propre, un peu comme le Bagage de Deux-Fleurs le touriste des 2 premiers tomes) qui le sacre mage, est une ... fille. Et pas n'importe quelle fille, Eskarina est une enfant qui n'a pas froid aux yeux et surtout qui pratique la magie complètement à l'intuition et aux sensations ... ce qui donne quelques sueurs froides à ceux qui en subissent les conséquences ou qui tout simplement, tentent de lui mettre des bâtons dans les roues.
Car si sur le Disque Monde, seuls les garçons peuvent devenir mages (et les filles sorcières), Eskarina et sa grand mère, la sorcière Mémé Cirdutemps (une vieille femme revêche et têtue mais qui aime beaucoup sa petite fille) ne l'entendent pas de cette oreille ...

Ce troisième tome est moins décousu que les deux premiers et se lit donc plus aisément, de plus l'univers particulier de Pratchett, son humour atypique, sa parodie de la fantasy n'est plus une nouveauté, ("Les cavernes des nains résonnaient d coups de marteaux, mais c'était surtout pour faire de l'effet. Les nains avaient du mal à réfléchir sans le bruit des marteaux pour les apaiser. Les bureaucrates nantis payaient des lutins pour cogner sur de petites enclumes de cérémonie, uniquement pour maintenir leur bonne image de marque." ) On se laisse donc tout doucement glisser dans ce monde que l'on connait, avec un certain plaisir, voire une délectation certaine .... on rit même franchement à certains passages. Bref lire les Annales du Disque Monde reste une grande détente et la perspective de passer de bons moments.

Citations :
Un instant plus tard ils réapparaissaient, retiraient prestement la main d'un sac ou d'une poche et concourraient pour le titre mondial de Marche Nonchalante avec un réalisme à faire douter un observateur de ce qu'il venait de voir.

Pour un télépathe, le cerveau humain n'est que vacarme. C'est un terminus de chemin de fer quand tous les haut-parleurs s'égosillent en même temps. C'est une bande FM complète -et certaines stations ne sont pas recommandables, stations pirates bannies sur des mers interdites qui passent tard dans la nuit des chansons aux paroles limbiques
.

Ailleurs
Dragon galactique
elbakin

samedi 9 octobre 2010

Robe de marié de Pierre LEMAITRE


Cela faisait un bon bout de temps que je n'avais pas lu de thriller, au point que le dernier lu en date avait été une catastrophe : cela dit c'était une catastrophe tout court tant d'un point de vue intrigues que style littéraire, si je me souviens bien du titre c'était Sans un mot de Harlan Corben.
Je l'avais chroniqué dans Babélio à l'époque où ce blog n'existait pas mais j'ai renoncé à le transmettre ici par la suite.
Je me lance alors pour le roman de Pierre Lemaitre (livre qu'on m'a prêté).

Sophie est une jeune femme dont rien ne présageait qu'elle sombrerait dans une folie proche dans la démence, une vie sans histoires, un mari, un appartement à Paris, un métier dans lequel elle se réalise. Et brusquement tout bascule, peu à peu elle commence à perdre des objets, à ne plus se rappeler de ce qu'elle fait, elle perd peu à peu les pédales et son chemin se parchemine de cadavres sans qu'elle ait le moindre souvenir de les avoir tués. Toute la première partie du roman est axé sur elle, sur sa lente descente aux enfers, sa fuite en avant, la construction de sa nouvelle vie ....
La deuxième partie se focalise sur Franz, celui dont on va apprendre qu'il est la cause de tous ses tourments .. et ce qui m'a frappée c'est que le manque d'empathie que je ressentais envers Sophie durant tout le début du roman, s'est enfin révélé à travers les actions de son bourreau mental, lorsqu'on réalise peu à peu de quelle manière il a réussi, de façon monstrueuse, à la détruire. Probablement parce qu'on n'en revient pas qu'un individu, même psychopathe, puisse à ce point vouloir systématiquement briser quelqu'un ... tout en donnant l'illusion de vouloir prendre soin d'elle. Et surtout en restant comme spectateur de ce qu'il induit .... C'est plutôt intéressant comme façon d'appréhender la psychologie des personnages.
Cela commence très vite, le rythme est très soutenu, ce qui fait que l'on rentre très rapidement dans l'histoire. En dehors du manque de compassion pour Sophie, qui a été comblé par la suite, c'est presque le personnage monstrueux qui est le plus attachant. Et surtout les personnages ne sont pas positionnés dans leur rôle de victime, bourreau, les rôles vont même s'inverser à la fin.

Après je regrette avoir trop vite deviné qui allait devenir Franz dans la vie de Sophie, du coup l'intrigue en a pâti un peu. Néanmoins la fin ne démérite pas, le dénouement est même l'oeuvre d'un personnage totalement secondaire.
Je dirais que c'est un bon thriller de détente, rapidement lu, sans difficultés, une intrigue qui tient la route, mais néanmoins pas un livre dont on sort transformé ou bouleversé.
Maintenant, peut-être aussi que je n'accroche plus à ce genre littéraire ?

Pour en savoir plus
Ce livre a reçu plusieurs prix :
Le Prix des lectrices Confidentielles 2009 ; le Prix Goutte de Sang d'Encre, Vienne 2009 ; le Prix d'Encre lycéens, Vienne 2009 et le Prox du Polar de Montigny les Cormeilles 2009.

Une interview de l'auteur ici

Ailleurs
Moisson Noire ; Liratouva2


jeudi 7 octobre 2010

Lectures en cours (4)

Quelles lectures prévues pour le mois d'Octobre ?
Ce mois ci, je me limite, par manque de temps et livre assez conséquent à entamer :

- La Horde du Contrevent de Alain DAMASIO
Un groupe d'élite, formé dès l'enfance à faire face, part des confins d'une terre féroce, saignée de rafales, pour aller chercher l'origine du vent. Ils sont vingt-trois, un bloc, un noeud de courage : la Horde. Ils sont pilier, ailier, traceur, aéromaître et géomaître, feuleuse et sourcière, troubadour et scribe. Ils traversent leur monde debout, à pied, en quête d'un Extrême-Amont qui fuit devant eux comme un horizon fou.

-Robe de marié de Pierre LEMAITRE
Nul n'est à l'abri de la folie. Sophie, une jeune femme qui mène une existence paisible, commence à sombrer lentement dans la démence : mille petits signes inquiétants s'accumulent puis tout s'accélère. Est-elle responsable de la mort de sa belle-mère, de celle de son mari infirme ? Peu à peu, elle se retrouve impliquée dans plusieurs meurtres dont, curieusement, elle n'a aucun souvenir. Alors, désespérée mais lucide, elle organise sa fuite ; elle va changer de nom, de vie, se marier, mais son douloureux passé la rattrape ...

Achats d'automne


Bon j'ai un peu dérogé à ma règle qui consistait à ne plus acheter de livres .... non pas pour faire baisser la quantité de livres qui m'attendent encore (au contraire j'aime accumuler les livres d'avance, cela me rassure, le fait de ne pas manquer de lecture avant quelques mois !) mais pour épargner un peu ma CB !

Bon néanmoins j'ai été raisonnable, deux achats seulement ce mois ci :
- La Horde du Contrevent de Damasio
- Le Trône de Fer Intégrale 4 de Martin (indispensable même si j'ai réussi à résister à la lecture de l'intégrale 3 pour l'instant)

A ceci s'ajoute un CD d'Omnia, (pas encore reçu à ce jour) parce que je suis lassée de l'écouter en boucle et par petits morceaux sur YouTube, et que j'ai envie de découvrir enfin un album en entier !
Et aussi deux livres qui sont arrivés par surprise dans ma boite aux lettres (merci élo ^^) il y a une semaine et qui vont bien entendu entrer dans ma bibliothèque parmi les livres en attente de lecture.
- Un visage pour l'éternité de C.S. Lewis
- L'Insigne du chancelier Les lames du roi 1 de Dave Duncan

mercredi 6 octobre 2010

Prix Les Incorruptibles

Suite à ma présentation du Prix des Incorruptibles dans mon précédent billet, et après lecture des 6 livres prévus au vote, je vais écrire quelques mots sur ceux qui sont plutôt ciblés fantasy et SF.

Tim-sans-dragon d’Agnès LAROCHE

Timothée, surnommé ironiquement Tim-sans-dragon par les enfants de son âge, vit seul en Ironde avec sa mère dans une petite chaumière, à la lisière d’une cité gouvernée par un despote qui, pour garder la main mis sur son royaume a exilé en Andalie tous ceux qui potentiellement pourraient lui résister, dont le père de Tim …
Quand Tim l’apprend, son plus cher désir devient alors de le retrouver … en cela il va être aidé par son cadeau d’anniversaire, un poussidragon, animal étrange, qui va se révéler plus intéressant qu’il l’aurait cru de prime abord.

Bon .. nous sommes dans un roman de fantasy pour enfants … on en a les éléments : une quête qui semble impossible, des dragons .. l’originalité du roman consiste en cette race étrange : que sont ces poussidragons ? ce sont en fait de gros poussins jaunes, mais dont les plumes recouvrent un corps écaillé vert sombre, leur tête est prolongée d’un bec, ils vivent en troupeau, sont des animaux très doux que l’on peut manger ou dresser à être montés.
Mais celui de Tim est particulier, non seulement il a des pattes qui ressemblent de façon troublante à celles des vrais dragons mais en plus, il peut voler !

C’est bien rédigé et l’histoire est bien construire : l'écriture est fluide et agréable. Certes c’est horriblement manichéen, les méchants sont vraiment méchants et les gentils pétris de bonnes intentions, le personnage principal est attachant et s’il a tout pour échouer, il réussit parce qu’il est aidé quand il le faut … une belle histoire qui se termine bien en somme. Idéal en fait pour travailler la construction du récit dans la production d'écrit : situation initiale / élément déclencheur / aventures et péripéties / dénouement / situation finale.
Bon je n'ai pas été transportée plus que cela pour ce roman dont je déplore le manque de piquant et bien sûr le manichéisme dont j'ai déjà parlé mais pour autant c'est accessible à des lecteurs moyens, c’est un roman qui s’adresse non à des adolescents mais à des enfants et en fin de compte c’est une bonne entrée en matière pour découvrir la littérature fantastique.

Extrait
Incrédule, il contempla les ailes que le poussidragon avait cachées jusque là sous son plumage : immenses, vert foncé, écailleuses, robustes, elles battaient l’air d’un mouvement puissant qui leur faisait gagner de l’altitude à chaque seconde.

La guerre des livres de Alain GROUSSET

Shadi, jeune pilote de la Sécession, un groupe qui s’oppose à l’Empereur qui menace de contrôler tout l’univers, échoue sur une planète inconnue, la planète Libel sur laquelle sont stockés tous les livres qu’un conservateur passionné tente de sauver de leur disparition, à cause de leur numérisation à tout va. Et cette bibliothèque va se révéler un atout de taille lorsqu'il s'agira de retrouver le remède à la maladie de la fille de l'Empereur .. un livre pour sauver une vie ...

Livre de SF adapté aux enfants, le style est relativement simple et facile à comprendre, on a là tous les éléments du genre : planètes, vaisseaux, haute technologie des équipements … A la rigueur c’est vraiment très stéréotypé. Et j'avoue que si cela se lit très bien, cela ne m’a pas vraiment emballée sauf par le sujet principal : dans un monde où tout a été numérisé, où les livres n’ont plus leur place, c’est un herbier conservé dans une bibliothèque, qui va détourner le cours des évènements.
Voilà d'ailleurs un bon sujet de débat à mener en classe : que pensez vous de la disparition de l'objet livre au profit des livres numérisés ?

Extraits
Serais-tu de ceux, qui comme l’Empereur, ont décidé que les livres ne servaient plus à rien, qu’ils prenaient beaucoup de place, et que les consulter était trop long ? C’est oublier un peu vite qu’un livre est un objet que l’on peut toucher.

Lui, qui possédait sur sa planète un e-book dans lequel était téléchargés des centaines de romans et de documentaires, découvrait ici la lecture à travers le support papier. La grande différence, outre la texture et le bruit des pages qu’on tourne, était l’odeur. Chaque livre dégageait un parfum différent, mélange subtil entre la qualité du papier et l’encre utilisée.

Je fais un petit aparté sur quelque chose qui m'a par contre beaucoup plu dans ce roman, les citations portant sur la lecture qui précèdent chaque chapitre, je ne résiste pas à en recopier quelques unes :
Citations
Lire est le seul moyen de vivre plusieurs fois Pierre Dumayet
Quand je pense à tous les livres qu’il me reste à lire, j’ai la certitude d’être encore heureux Jules Renard
Une pièce sans livres, c’est comme un corps sans âme Cicéron
Les livres nous obligent à perdre notre temps de manière intelligente Mircea Eliade
Le monde se divise en deux : ceux qui lisent des livres et ceux qui écoutent ceux qui ont lu des livres Bernard Werber
La lecture : une porte ouverte sur un monde enchanté François Mauriac
Une lecture bien menée sauve de toute, y compris de soi-même Daniel Pennac
Ceux qui brûlent les livres finissent tôt ou tard par brûler des hommes Heinrich Heine
Peu de livres changent une vie. Quand ils la changent, c’est pour toujours Christian Bobin
Un livre est une fenêtre par laquelle on s’évade Julien Green