Or survient un poète, pas encore né, qui lui prédit son avenir : loin d’épouser celui que lui a choisit sa mère, elle sera la femme d’un homme venu de loin, un étranger, Enée qui a fui sa terre natale pour arriver en terre promise.
Mais il amènera alors la guerre .. et le récit de prendre son envol dans un crescendo alors que brutalement les évènements prédits par le poète s’enchainent. Pour reprendre ensuite son phrasé musical tout en douceur.
C’est que le style d’Ursula le Guin se lit justement comme on écouterait une musique, en se laissant tranquillement porter au gré des mélodies, c’est très étrange car cela glisse tout seul .. avec quelques longueurs néanmoins qui freinent un peu le récit surtout dans les cent premières pages.
Mais il en ressort une grande qualité, une écriture fluide et apaisante. Comme on peut écouter de la musique classique sans rien y connaître, ni savoir lire une partition, on peut découvrir LAVINIA sans avoir lu l'Enéïde, ni rien connaître de l'épopée de Virgile qui fait le récit du Troyen Enée, ancêtre mythique du peuple romain, depuis la prise de Troie jusqu'à son installation dans le Latium.
De Lavinia, il n'en est question que dans le Chant VII, lorsque des oracles font comprendre au roi local Latinus qu'il doit marier sa fille non à Turnus mais à Enée.
Les chants suivant ne feront allusion qu'aux guerres qui auront suivi et se terminent sur la mort de Turnus et la victoire d'Enée. On pense que l'oeuvre est inachevée.
Et c'est Ursula Le Guin qui lui donne une suite avec brio, tout en mettant justement l'accent sur Lavinia, en faisant même mieux que cela, elle lui donne la parole et un vrai rôle.
J'ai été particulièrement subjuguée par la douceur de l'écriture, qui jamais ne dérape, ni ne sombre dans un récit violent en dépit des évènements. Le Guin, écrit comme se comporte son héroïne, dans l'acceptation de son destin qui lui est pourtant tragique.
Comment vivre sereinement lorsque l'on connait les dénouements de son destin ? La fin des ses proches ? De son amour ? Et pourtant .... elle accepte son sort avec une dignité et un calme qui touchent, là où le lecteur a envie de pleurer et de crier, elle, elle continue son chemin malgré sa tristesse en accord avec ses convictions et la nature , et elle nous apaise alors.
"J'ignore quelle force m'a permis de traverser cette période. Je suppose que je suis une femme de mon peuple, faite de chêne. Les chênes peuvent certes se briser, mais ils ne ploient jamais."
Pour anecdote, j'ai lu la postface, et je suis tombée sur ces mots
"Sa poésie est profondément musicale, sa beauté si liée à la sonorité et à l'ordre des mots qu'elle est fondamentalement intraduisible".
Là où Ursula Le Guin a ressenti la poésie de Virgile comme musicale, j'ai perçu son propre récit de la même manière, je trouve ça assez incroyable, a-t-elle voulu écrire de la même manière ou est-ce sa façon naturelle d'écrire ?
Dans tous les cas, ce roman est un véritable coup de coeur, que je recommande fortement. J'avoue être encore sous le coup de l'émotion face à la force d'un tel récit et la manière dont j'ai pu le ressentir.
Je suis tombée aussi sous le charme de la magnifique couverture de Genkis.
Je remercie beaucoup Tigger Lilly pour me l'avoir offert :)
"Je pense que si, ayant perdu un grand bonheur, on cherche à le rappeler, on ne trouve que le chagrin. Mais si on n'essaie pas de s'attarder sur ce bonheur, on s'aperçoit parfois que lui s'attarde dans notre coeur et notre corps, silencieux mais apaisant."
"Mon esprit était comme un bol d'eau qui reflète une lumière et qu'on secoue en tous sens, et les reflets dansent au plafond sans jamais se réunir ..."
Ce livre a obtenu le Locus Award 2009.
Mais il amènera alors la guerre .. et le récit de prendre son envol dans un crescendo alors que brutalement les évènements prédits par le poète s’enchainent. Pour reprendre ensuite son phrasé musical tout en douceur.
C’est que le style d’Ursula le Guin se lit justement comme on écouterait une musique, en se laissant tranquillement porter au gré des mélodies, c’est très étrange car cela glisse tout seul .. avec quelques longueurs néanmoins qui freinent un peu le récit surtout dans les cent premières pages.
Mais il en ressort une grande qualité, une écriture fluide et apaisante. Comme on peut écouter de la musique classique sans rien y connaître, ni savoir lire une partition, on peut découvrir LAVINIA sans avoir lu l'Enéïde, ni rien connaître de l'épopée de Virgile qui fait le récit du Troyen Enée, ancêtre mythique du peuple romain, depuis la prise de Troie jusqu'à son installation dans le Latium.
De Lavinia, il n'en est question que dans le Chant VII, lorsque des oracles font comprendre au roi local Latinus qu'il doit marier sa fille non à Turnus mais à Enée.
Les chants suivant ne feront allusion qu'aux guerres qui auront suivi et se terminent sur la mort de Turnus et la victoire d'Enée. On pense que l'oeuvre est inachevée.
Et c'est Ursula Le Guin qui lui donne une suite avec brio, tout en mettant justement l'accent sur Lavinia, en faisant même mieux que cela, elle lui donne la parole et un vrai rôle.
J'ai été particulièrement subjuguée par la douceur de l'écriture, qui jamais ne dérape, ni ne sombre dans un récit violent en dépit des évènements. Le Guin, écrit comme se comporte son héroïne, dans l'acceptation de son destin qui lui est pourtant tragique.
Comment vivre sereinement lorsque l'on connait les dénouements de son destin ? La fin des ses proches ? De son amour ? Et pourtant .... elle accepte son sort avec une dignité et un calme qui touchent, là où le lecteur a envie de pleurer et de crier, elle, elle continue son chemin malgré sa tristesse en accord avec ses convictions et la nature , et elle nous apaise alors.
"J'ignore quelle force m'a permis de traverser cette période. Je suppose que je suis une femme de mon peuple, faite de chêne. Les chênes peuvent certes se briser, mais ils ne ploient jamais."
Pour anecdote, j'ai lu la postface, et je suis tombée sur ces mots
"Sa poésie est profondément musicale, sa beauté si liée à la sonorité et à l'ordre des mots qu'elle est fondamentalement intraduisible".
Là où Ursula Le Guin a ressenti la poésie de Virgile comme musicale, j'ai perçu son propre récit de la même manière, je trouve ça assez incroyable, a-t-elle voulu écrire de la même manière ou est-ce sa façon naturelle d'écrire ?
Dans tous les cas, ce roman est un véritable coup de coeur, que je recommande fortement. J'avoue être encore sous le coup de l'émotion face à la force d'un tel récit et la manière dont j'ai pu le ressentir.
Je suis tombée aussi sous le charme de la magnifique couverture de Genkis.
Je remercie beaucoup Tigger Lilly pour me l'avoir offert :)
Extraits
"J’ai songé à ces trois nuits étranges à Albunea, avec la puanteur lointaine des bassins sulfurés qui planait dans l’air noir, quand je parlais avec une ombre, un homme à l’agonie qui n’était pas encore né, qui connaissait mon passé, mon avenir et mon âme, qui savait qui je devais épouser, le vrai héros. ""Je pense que si, ayant perdu un grand bonheur, on cherche à le rappeler, on ne trouve que le chagrin. Mais si on n'essaie pas de s'attarder sur ce bonheur, on s'aperçoit parfois que lui s'attarde dans notre coeur et notre corps, silencieux mais apaisant."
"Mon esprit était comme un bol d'eau qui reflète une lumière et qu'on secoue en tous sens, et les reflets dansent au plafond sans jamais se réunir ..."
Pour en savoir plus
EnéideAilleurs
chez Cachou ; Lelf ; Vert ; PhookaCe livre a obtenu le Locus Award 2009.
La couverture est effectivement superbe. Et l'écriture encore plus! Tu avais déjà lu cette auteur?
RépondreSupprimerNon pas du tout, c'est mon tout premier, mais j'en relirai c'est certain :)
RépondreSupprimerOh oui tu peux lire tout ce qu'elle a écrit d'autre, si tu as apprécié son style, tu aimeras, ils ont tous cette narration très particulière que j'adore aussi.
RépondreSupprimerSa trilogie jeunesse la plus récente est fort chouette, sa SF est un peu complexe à aborder au début mais très intéressante, et Terremer, son premier cycle de fantasy est un peu cliché au début, mais pareil c'est très poétique et calme comme ambiance...
(tu ne m'avais rien demandé, c'est pas grave je suis toujours ravie d'essayer de convaincre les gens de découvrir cette auteure :D)
Ha ben je suis bien contente que tu aies aimé. C'est toujours difficile d'offrir un livre dont on ne sait pas si la personne va apprécier. (c'était plus facile pour le Keyes où je t'avais vue poster un comm quelque part disant que tu voulais le lire).
RépondreSupprimerPour moi aussi il a été un coup de coeur! :)
RépondreSupprimerLe livre m'attend, prenant tristement la poussière au coin de ma PàL. Mais ton avis et celui de Cahou et de bien d'autres me laissent croire que je le sortirai de ce pauvre état d'attente permanente pour rejoindre mes mains un jour prochain.
RépondreSupprimerJ'ai hâte de découvrir ce livre :)Ton avis, comme bon nombre d'autres avis, me donne vraiment envie !
RépondreSupprimer@Vert et merci pour les renseignements ^^ Je pense que je vais me laisser tenter :)
RépondreSupprimer@Phooka, je vais voir si tu as fait un billet quelque part :)
@Olya et Julien, lisez le, il vaut vraiment la peine ^^
@Twi, mission accomplie alors, il m'a plu :)
Cela donne envie de découvrir ce livre. En plus, la couverture est vraiment très belle.
RépondreSupprimerOui la couverture est sublime ^^
RépondreSupprimerVoilà un livre qui a eu droit à la noble distinction de coup de charme chez moi ^^
RépondreSupprimerune découverte de l'auteur pour moi aussi. J'ai tout comme toi trouver son histoire musicale, poétique, c'était tellement beau à lire que j'ai eu énormément de mal à mettre des mots sur ce que j'ai ressenti.
Je ne remercierais jamais assez Phooka de me l'avoir prêté :)
(bon et si je continuais de découvrir ton chez toi ^^)