Mes lectures ne se limitant pas à la SFFF, je parlerai aussi de temps en temps de lectures de littérature qu'on peut appeler classique ? , française ou étrangère.
Celle ci en fait partie ...
Muriel Barbery nous présente deux personnages que tout oppose, l'une a 54 ans ,est concierge dans un immeuble pour nantis et l'autre a 12 ans et est fille de député ... et pourtant elles ont un point en commun, et pas des moindres : toutes les deux sont exceptionnellement intelligentes et le cachent.
Renée parce qu'il est anormal, dans un milieu de riches suffisants, d'afficher une culture littéraire et historique lorsqu'on est une simple concierge sans études et sans avenir brillant.
Paloma parce qu'elle ne veut pas entrer dans les stéréotypes de parcours des enfants surdoués dans un milieu valorisant et que tout simplement elle voudrait qu'on la laisse en paix. Et surtout elle a décidé de mettre fin à ses jours parce qu'elle refuse d'entrer dans la courses des adultes qui se leurrent sur le sens de la vie.
Le roman slalome au fil des chapitres entre ces deux personnages qui se racontent à la première personne, qui dissertent (avec justesse) sur la vie, qui dévoilent leurs pensées, qui se cachent soigneusement des autres, qui malgré tout et malgré elles, font des rencontres ... et enfin ... se rencontrent. (ce que j'ai attendu avec une sorte d'impatience fébrile je dois dire)
Et pendant que Renée peu à peu renaît, se dévoile, vit dans les yeux d'un nouveau locataire qui a immédiatement compris qui elle était au fond, évacue ses souffrances passées, Paloma, elle, tente de trouver un sens à cette vie à laquelle elle veut pourtant mettre fin : elle observe le ballet des gens qui gravitent autour d'elle, comme une spectatrice en retrait, cherche le mouvement parfait et peu à peu comprend que traquer la beauté peut donner un sens à la vie.
Il aura fallu que l'une meure pour que l'autre achève de revivre .... et un moment d'émotion de ma part je dois l'avouer.
Le style est très différent selon les personnages, un langage très élaboré pour Renée, des phrases un peu alambiquées (j'ai retrouvé des mots pas rencontrés depuis des lustres dans un livre, ces mots dont on est obligé de saisir le sens par la phrase, honte à moi !!!) et longues, avec beaucoup de références et de réflexions philosophiques ; un langage beaucoup plus simple et direct pour Paloma, des phrases de réflexion sur la vie qui vont droit au but et trouvent écho dans ce qu'on peut ressentir aussi.
J'ai beaucoup apprécié l'originalité de la rédaction qui va même jusqu'à changer de graphie, la psychologie des personnages est vraiment bien dégagée, il n'y a pas de temps mort bien que ce ne soit pas un récit d'action et beaucoup de références intéressantes sur le pourquoi de la vie, sur l'humain en général ... Cela donnerait presque envie de se replonger dans quelques auteurs philosophiques vus il y a un certain nombre d'années à présent (eh oui on ne rajeunit pas ^^).
Citations
"Au fond, nous sommes programmés pour croire à ce qui n'existe pas, parce que nous sommes des êtres vivants qui ne veulent pas souffrir. Alors nous dépensons toutes nos forces à nous convaincre qu'il y a des choses qui en valent la peine et que c'est pour ça que la vie a un sens."
"Ce qui ne va pas, c'est que les enfants croient aux discours des adultes et que, devenus adultes, ils se vengent en trompant leurs propres enfants. "La vie a un sens que les grandes personnes détiennent" es le mensonge universel auquel tout le monde est obligé de croire."
"Aïe, aïe, aïe, je me suis dit, est-ce que ça veut dire que c'est comme ça qu'il faut mener sa vie ? Toujours en équilibre entre la beauté et la mort, le mouvement et la disparition ? C'est peut-être ça, être vivant : traquer des instants qui meurent."
"En pensant à cela, ce soir, le coeur et l'estomac en marmelade, je me dis que finalement, c'est peut-être ça la vie : beaucoup de désespoir mais aussi quelques moments de beauté où le temps n'est plus le même. C'est comme si les notes de musique faisaient un genre de parenthèse dans le temps, de suspension, un ailleurs ici même, un toujours dans le jamais."
Pour en savoir plus
Muriel Barbery
Celle ci en fait partie ...
Muriel Barbery nous présente deux personnages que tout oppose, l'une a 54 ans ,est concierge dans un immeuble pour nantis et l'autre a 12 ans et est fille de député ... et pourtant elles ont un point en commun, et pas des moindres : toutes les deux sont exceptionnellement intelligentes et le cachent.
Renée parce qu'il est anormal, dans un milieu de riches suffisants, d'afficher une culture littéraire et historique lorsqu'on est une simple concierge sans études et sans avenir brillant.
Paloma parce qu'elle ne veut pas entrer dans les stéréotypes de parcours des enfants surdoués dans un milieu valorisant et que tout simplement elle voudrait qu'on la laisse en paix. Et surtout elle a décidé de mettre fin à ses jours parce qu'elle refuse d'entrer dans la courses des adultes qui se leurrent sur le sens de la vie.
Le roman slalome au fil des chapitres entre ces deux personnages qui se racontent à la première personne, qui dissertent (avec justesse) sur la vie, qui dévoilent leurs pensées, qui se cachent soigneusement des autres, qui malgré tout et malgré elles, font des rencontres ... et enfin ... se rencontrent. (ce que j'ai attendu avec une sorte d'impatience fébrile je dois dire)
Et pendant que Renée peu à peu renaît, se dévoile, vit dans les yeux d'un nouveau locataire qui a immédiatement compris qui elle était au fond, évacue ses souffrances passées, Paloma, elle, tente de trouver un sens à cette vie à laquelle elle veut pourtant mettre fin : elle observe le ballet des gens qui gravitent autour d'elle, comme une spectatrice en retrait, cherche le mouvement parfait et peu à peu comprend que traquer la beauté peut donner un sens à la vie.
Il aura fallu que l'une meure pour que l'autre achève de revivre .... et un moment d'émotion de ma part je dois l'avouer.
Le style est très différent selon les personnages, un langage très élaboré pour Renée, des phrases un peu alambiquées (j'ai retrouvé des mots pas rencontrés depuis des lustres dans un livre, ces mots dont on est obligé de saisir le sens par la phrase, honte à moi !!!) et longues, avec beaucoup de références et de réflexions philosophiques ; un langage beaucoup plus simple et direct pour Paloma, des phrases de réflexion sur la vie qui vont droit au but et trouvent écho dans ce qu'on peut ressentir aussi.
J'ai beaucoup apprécié l'originalité de la rédaction qui va même jusqu'à changer de graphie, la psychologie des personnages est vraiment bien dégagée, il n'y a pas de temps mort bien que ce ne soit pas un récit d'action et beaucoup de références intéressantes sur le pourquoi de la vie, sur l'humain en général ... Cela donnerait presque envie de se replonger dans quelques auteurs philosophiques vus il y a un certain nombre d'années à présent (eh oui on ne rajeunit pas ^^).
Citations
"Au fond, nous sommes programmés pour croire à ce qui n'existe pas, parce que nous sommes des êtres vivants qui ne veulent pas souffrir. Alors nous dépensons toutes nos forces à nous convaincre qu'il y a des choses qui en valent la peine et que c'est pour ça que la vie a un sens."
"Ce qui ne va pas, c'est que les enfants croient aux discours des adultes et que, devenus adultes, ils se vengent en trompant leurs propres enfants. "La vie a un sens que les grandes personnes détiennent" es le mensonge universel auquel tout le monde est obligé de croire."
"Aïe, aïe, aïe, je me suis dit, est-ce que ça veut dire que c'est comme ça qu'il faut mener sa vie ? Toujours en équilibre entre la beauté et la mort, le mouvement et la disparition ? C'est peut-être ça, être vivant : traquer des instants qui meurent."
"En pensant à cela, ce soir, le coeur et l'estomac en marmelade, je me dis que finalement, c'est peut-être ça la vie : beaucoup de désespoir mais aussi quelques moments de beauté où le temps n'est plus le même. C'est comme si les notes de musique faisaient un genre de parenthèse dans le temps, de suspension, un ailleurs ici même, un toujours dans le jamais."
Pour en savoir plus
Muriel Barbery
Une lecture que j'avais trouvé sympa mais je dois avouer que plusieurs mois après lecture, il ne m'en reste pas grand chose.
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