Pourtant des fois .. j’ai envie … envie de faire plus, de pousser des coups de gueule, d’évoquer des moments de bonheur aussi, ou de tristesse … de prendre mon clavier entre quatre yeux et de "catharsiser" un bon coup .. sauf qu’un blog public n’est pas vraiment l’endroit idéal pour cet acte et surtout parce que la pudeur l’interdit …..
Je ferai une petite exception cette fois ci en évoquant un livre de mon adolescence qui m’a beaucoup marqué, que j’ai lu et relu de nombreuses fois …. Un livre qui m’est revenu à l’esprit parce que ma grand-mère vient de décéder et qu’avec elle c’est tout un pan de mon enfance qui s’efface ….
Des souvenirs qui reviennent en masse aussi : ces étés passés à dévorer des pommes vertes au grand dam de mon grand père qui nous menaçait des pires maux … de ventre … ces journées passées à faire le tour du quartier en vélo en se prenant pour une grande championne ou à se balancer si fort sur la balançoire que je croyais toucher du doigt le château d’eau qui dominait la maison (ou le ciel ?) … ces Noël où, terribles enfants, on tentait de deviner ce qui se cachait sous les emballages et qu’ensuite on faisait semblant de dormir le soir du 24 pour espionner les parents qui descendaient les cadeaux sous le sapin … et les réunions de famille aussi (qu’à l’époque j’appréciais) où régnait justement un certain « Esprit de famille » …
Titre du livre que je ne pensais jamais chroniquer un jour sur ce blog mais les évènements étant ce qu’ils sont j’ai brusquement envie de l’évoquer …
L’esprit de famille c’est l’histoire d’une famille … 4 sœurs qui vivent dans une maison « La Marette » au bord de l’Oise à 25 km de Paris entre un père médecin généraliste « ce qui veut dire qu’on n’est jamais certain qu’il pourra aller jusqu’au dessert » et une mère au foyer :
« Sur les papiers officiels, maman indique « femme à la maison » l’équivalent, parait-il, de "sans métier". A par celui de mère de famille, éducatrice, blanchisseuse, ravaudeuse et fabricante de tartes maison, je la considèrerais volontiers comme " écouteuse" »
A travers Pauline, la troisième des sœurs, on va partager durant une année scolaire le quotidien de cette famille dont le mot d’ordre est "amour" mais aussi "bonheur" cela peut faire un peu cliché mais sous la plume de Boissard, sensible et imagée, cela passe merveilleusement bien. Le récit rédigé à la première personne nous ouvre les portes de la maison et nous invite à partager ces moments de vie. Il n’y là rien de fantastique ou d’imaginaire, pas de héros ou d’action, c’est tout banalement le récit d’une tranche de vie, des disputes, des rires, des larmes, des évènements graves comme la maladie et la mort, une histoire d’amour très romancée, mais sans pour autant devenir mièvre …
Adolescente je m’identifiais beaucoup à cette Pauline, tout en rêvant d’avoir le caractère déterminé de Bernadette, le côté « rentre dedans mais j’assume » de Cécile la benjamine ou la beauté un peu éthérée de Claire l’aînée …. Car justement ce que j’aimais dans ce livre c’est que l’on pouvait aisément se mettre dans la peau de chacun des personnages et partager un peu leur vie.
La série se poursuit sur 4 tomes qui, toujours rédigés par Pauline (sauf les deux derniers où elle passe le relais à Cécile) évoqueront plus spécifiquement Bernadette puis Claire.
« Avoir l’esprit de famille, c’est aimer se retrouver parmi les siens, non pour s’y enfermer, mais pour prendre des forces afin de mieux s’ouvrir aux autres ».
Bien que n’ayant pas relu ce livre dernièrement, je sais que même si comme on dit de l’eau a coulé sous les ponts, je serai toujours relativement sensible à ce récit car on garde toujours en soi sa part d’enfance et de rêve …
Ma grand-mère est partie à son tour rejoindre les étoiles mais ce qu’elle a gravé en moi ne s’oubliera jamais ….
Extrait
Le bonheur… Cette brusque et violente bouffée qui parfois me submerge presque douloureusement à la simple pensée que je vis ? Ou ce calme bien-être lorsque près de maman je regarde monter dans la cheminée du salon une flamme qui semble ne devoir s’arrêter jamais ? Ou encore, plus simplement, le fait pour moi si évident d’avoir lit, couvert et tendresse assurés ? Mais pour les autres ? Ceux dont j’aperçois, dans la rue ou le métro, les visages las ? Ou pour ceux dont on parle dans les journaux, sous les mots « guerre », sous les mots « faim » ou « révolution », sous les mots « espoir », avant les points de suspension ou d’interrogation ? Je ne sais plus. Je me penche sur ce mot, il s’éloigne. J’ai voulu le toucher, il s’est envolé. Je me sens vide tout à coup. Ai-je le droit, moi qui ai « tout » comme dit si souvent maman, de déclarer qu’à mon avis, ce doit être quelque chose qui ne dépend pas tellement du feu ou de l’assiette remplie ; peut être même pas tellement de la liberté ou autres grands mots qu’on y accole à présent ; quelque chose comme une perle qu’on porterait en soi, que personne n’aurait mise, qu’on secrèterait soi-même, quoiqu’il arrive pas une sorte de chance ?
Ce qui est chouette avec les livres, c'est qu'on les associe facilement à un morceau de vie, et une simple relecture nous replonge en plein dedans... Bien que je n'ai jamais eu le schéma de "l'esprit de famille", ou si, peut-être un peu trop, pour moi, la citation littéraire quant à la famille qui m'a le plus marqué est le fameux incipit de Anna Karénine de Tolstoï (qui est aussi jusqu'à présent le livre de ma vie) : "Toutes les familles heureuses se ressemblent; chaque famille malheureuse est malheureuse à sa manière”. Citation bien sûr reprise en incipit également pour l'Élégance du Hérisson.
RépondreSupprimerBon courage Endea dans cette dure épreuve de vie, de vie de famille, toutes mes pensées vont vers toi.
C'est vrai que dans certains livres, on se retrouve ou bien on y voit des proches.
RépondreSupprimerToutes mes condoléances et bon courage dans cette épreuve difficile.
oO j'avais loupé ce sujet "-_- Pareil que les autres, je te souhaite bon courage. C'est pas un moment facile "-_- Mais ce n'est qu'un moment, même si on n'oublie jamais.
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