mercredi 30 janvier 2013

La fille automate de Paolo Bacigalupi

"Anderson fait tourner le fruit dans sa main, l'étudie. Cela ressemble plus à une anémone de mer au ton criard, ou à un poisson-globe étrangement velu, qu'à un fruit. Des vrilles grossières saillent de toute part, lui chatouillent la paume. La peau du fruit a la couleur de la rouille vésiculeuse mais, quand il le renifle, il ne flaire aucune odeur de pourriture. Il semble parfaitement sain, malgré son apparence.
[...] Les longues vrilles du fruit lui chatouillent la paume, le mettant au défi de reconnaître son origine. Un nouveau succès thaï dans le piratage génétique, de même que les tomates, les aubergines et les piments qui débordent des étals avoisinants. Comme si les prophéties grahamites se réalisaient. Comme si saint François lui-même se retournait dans sa tombe, agité, se préparant à traverser le monde avec le trésor des calories historiques perdues."

La Thaïlande dans un futur post apocalyptique du XXIè siècle, au lendemain de la montée des océans (il faut contenir les grandes eaux à l'aide de digues) , après le grand krach énergétique -exit le pétrole et l'électricité, désormais il faut pédaler pour faire fonctionner un ordinateur ou se servir de piles AR à ressort ou d'animaux modifiés génétiquement pour mettre en route machines ou armes - et les ravages de pestes génétiquement modifiées (la cibiscose ou la rouille vésiculaire qui ont éradiqué animaux, plantes et humains) .... Des sociétés productrices de calories dirigent désormais le monde et pourtant ce pays asiatique semble résister depuis toujours en ayant gardé précieusement des semences naturelles lui permettant de produire encore fruits et légumes complètement sains et résistants aux pestes.

C'est dans ce pays que vont se jouer conflits d'intérêts, guerres de pouvoirs et survies personnelles.
Paolo Bacigalupi va nous faire suivre la destinée de plusieurs personnages comme Anderson cadre d'une société calorique nommée AgriGen qui tente de mettre la main sur le secret de la perfection des semences thaïlandaises ;  Jaidee le Tigre travaillant pour le ministère de l'Environnement, capitaine des chemises blanches lesquels terrorisent les habitants, son second Kanya, celle qui ne sait pas sourire ; Hock Seng le contremaître japonnais (les Yellow Card, méprisés et dédaignés par les Thaïs) qui a tout perdu mais tente de se reconstruire ; et Emiko jeune femme automate programmée pour obéir et qui, placée dans un bordel comme objet sexuel, va servir les fantasmes d'hommes méprisables ....
Tous ces individus luttent soit pour leur survie, soit pour le pouvoir. Ils sont détestables à bien des égards, niant le droit d'autrui ou leur vie pour parvenir à leurs fins, chacun à leur manière car étant tour à tour bourreaux ou victimes ... pourtant si on en arrive à les critiquer, on ne parvient pas à les détester, pour la raison énoncée peu avant. Ce sont des humains tentant tout simplement de s'en sortir et la survie ne passe pas par la bonté ni l'altruisme ....

Il y a quelque chose de profondément terrible et atroce dans cette vision futuriste, ce monde profondément modifié et en perdition .... le déni de l'humanité avant tout, qui est symbolisé par le traitement fait à Emiko qui, bien que fille automate, ressent sensations et sentiments mais pourtant parce qu'elle n'est qu'une automate, subira humiliations et sévices.  Alors bien évidement, je parle de déni de l'humanité en faisant référence à une automate, pas tout à fait humaine ..... et pourtant les autres humains, dans ce monde de "marche ou crève" ne sont pas tellement mieux considérés : les japonais que l'on méprise, les miséreux dont on brûle les ghettos, ces passants que l'on passe à tabac parce qu'ils ont osé protester. C'est un monde de survie où le plus faible  n'a aucune chance, s'il ne meurt pas de faim, il sera atteint de maladie, ou méprisé ou encore mis à mort tout simplement ....Quant au plus fort, il suffit qu'il baisse un peu les armes pour qu'il passe de l'autre côté de la barrière .... l'auteur montre aucune pitié pour ses personnages.

La fille automate .... un roman qui aura mis à rude épreuve ma résolution 2013 d'accepter que certains livres ne sont pas faits pour moi ....  non que je ne l'ai pas apprécié .... Bien qu'ayant eu du mal à entrer dedans, une fois prise dans le récit, j'ai vraiment accroché, d'autant plus que plus on avance dans le récit, plus les choses se mettent en place et prennent une tournure inattendue, les dernières pages se lisant dans un rythme haletant à l'affut de la prochaine action. C'est un très bon livre, bien écrit (sans être de la grande littérature néanmoins, le style est surtout incisif, allant à l'essentiel de manière dure et réaliste, conforme aux protagonistes de ce fait), aux personnages plus que marqués .... Cependant il m'a paru terriblement difficile : pour comprendre les tenants et aboutissants, saisir le rôle de chaque personnage, comprendre les enjeux économiques et politiques, j'ai du m'accrocher rudement et c'est un côté qui forcément m'a pesée. J'ai horreur de me voir mise en échec par un livre tout simplement parce que je déteste -on peut le comprendre - me sentir idiote face à une lecture que tout le monde semble saisir sans soucis, sauf moi .....
Grand moment de solitude ....

En dehors de ce constat, ce premier roman dense recèle bien des qualités qui lui ont permis d'obtenir somme de prix comme le Prix Locus 2010, sans oublier le Prix Plante SF des blogueurs 2013.
Un roman que je conseille aussi fortement pour la puissance de son récit et son originalité.

Extrait
Les chemises blanches arrachent l'homme de son vélo. Ses bras s'agitent en tombant. La bague de son pouce brille dans le soleil avant de disparaître sous un groupe d'uniformes blancs. Des matraques d'ébènes se lèvent et retombent. Du sang les recouvre.
Un hurlement de chien déchire la rue.

Ailleurs pour des chroniques plus abouties que la mienne

Pour en savoir plus
Une interview de Paolo, réalisée par Gromovar, c'est ici.

Livre lu dans le cadre du Prix Une autre Terre qui sera remis aux Imaginales 2013.

lundi 28 janvier 2013

A l'école lisons (5)

 Boucle d'or et les sept ours nains de Emile BRAVO

Qui va bien vouloir débarrasser les sept ours nains d'une géante endormie dans leurs lits ? Un joueur de flûte et sa bade de rats, un vaillant chevalier ou un cochon bâtisseur ? Dans cet épique méli mélo nos sept camarades vont en perdre leur latin .... il ne manquerait plus qu'une bande d'ogres ....


Un album jeunesse qui nous fait un magnifique melting pot de contes connus, voilà qui tombait à pic lorsque je me suis rendue compte, avec une certaine horreur, que mes chers petits loulous de CM1 ne connaissaient pas l'histoire du .... Petit Poucet.
Si, si, véridique ! Preuve à l'appui.

Grammaire: Le complément d'objet direct.
Consigne : Remplace les pronoms personnels COD soulignés par un des groupes nominaux proposés.

Phrase 1 : Les parents les perdent dans la forêt.
Réponse immédiate des élèves : leurs enfants, les enfants etc ....
Jusque là, pas de soucis ..... Je ne me pose même pas la question de savoir s'ils connaissent ou non le conte, genre c'était l'évidence même quoi !

Phrase 2 : Poucet les cherche dans le ruisseau.
Réponse des élèves :  ....
Moi " Qu'est ce que le Petit Poucet doit bien pouvoir chercher dans le ruisseau ?"
Gentils élèves :  ....
Moi : "Vous savez  ? ce qu'il sème ensuite dans la forêt pour retrouver la trace de sa maison."
Gentils élèves ...
Moi : "Euh ... vous ne connaissez pas l'histoire du Petit Poucet ?"

OMG !!!
Alors inutile de se perdre en conjoncture sur le pourquoi et le comment de cet état de fait avéré. 
C'était juste le moment de se jeter sur l'album de Emile Bravo mais surtout au préalable consacrer quelques jours à la lecture du Petit Poucet, Du Petit chaperon rouge (celui-là ils le connaissaient à peu près), Des trois petits cochons (celui-là aussi), Du Chat Botté, De la Belle au bois dormant, de Boucle d'or et les trois ours,  etc ....
Et voilà comment on en arrive à travailler l'intertextualité sans même l'avoir prévu !

Bon pour en revenir à l'album haut en couleurs de Bravo. En premier lieu il s'agit d'une BD présentée sur un mode humoristique. Une jeune fille géante étalée sur le lit des sept ours nains qui s'en trouvent bien embarrassés : "Elle a pris tous nos lits" " Il faut appeler le tueur de géants !", un Prince désabusé qui s'ennuie après avoir gagné son château mais aborde fièrement une ceinture sur laquelle est gravé "SEPT D'UN COUP" ....mais qui ne sait pas plus que les ours quoi faire de cette jeune fille.

"- Ohé mademoiselle ! Faut pas rester là, Mademoiselle ?
Elle ne se réveille pas !
- Alors il faut que vous l'embrassiez.
- L'embrasser ? Mais pourquoi ?
- Parce que ça réveille, il paraît.
- Je ne vais pas embrasser cette fille ! Je le connais même pas !"

Sans oublier un dératiseur, accompagné de sa bande de rats charmés par sa flûte, une pomme empoisonnée, un cochon qui sait construire du solide et des tas de petits neveux du tailleur installés au château.

Autant dire que l'auteur s'en est donné à coeur joie, c'est franchement rigolo et complètement désopilant. 
Ensuite, les illustrations sont simples mais très démonstratives avec un plus pour la bouille des ours que j'adore !

Personnellement je conseille de le mettre entre beaucoup de jeunes mains ^^





Il existe d'autres albums du même auteur sur le même style comme La belle aux ours nains , La faim des sept ours nainsMais qui veut la peau des ours nains ?

La suite de la semaine me dira si mes élèves ont reconnu les contes référés dans l'album ... Suspense ....

vendredi 25 janvier 2013

Le Guide du voyageur galactique H2G2, I de Douglas Adams

Une maison abattue par des bulldozers dès qu'on a eu le dos tourné pour aller boire un coup avec Ford Prefect un ET arrivé sur Terre il y a une quinzaine d'années, la Terre détruite en un clin d'oeil parce qu'elle est sur la trajectoire d'une future voie express galactique, un voyage aux confins de la galaxie en compagnie de peuples tous les plus zarbis les uns que les autres, voici ce qui attend Arthur Dent, un anglais tout ce qu'il y a d'ordinaire ....

Et me voici, moi, partie dans la lecture du roman de SF le plus loufoque qu'il m'ait été donné de lire .... C'est simple, Douglas Adams est à la SF ce que Pratchett est à la fantasy ... en plus incisif encore ..... maniant l'absurde et le non-sens avec un talent certain et une dérision propre à faire sourire en ces temps moroses et gris.

Arthur Dent, pauvre ex Terrien expatrié et recueilli par hasard sur le vaisseau des Vogons - les destructeurs de la planète Terre - puis balloté d'aventures en aventures, est tout sauf un héros. Tristement banal, se laissant porté au grès des évènements, il en est attachant rien que sur un certain manque de courage et d'esprit de décision. Mais après tout, il n'avait pas demandé à ce que dans un même temps on le dépossède à la fois de sa maison et de sa planète.

On a la sensation en lisant ce Guide Galactique de faire face à un véritable feu d'artifice de trucs complètement dingues : un poisson jaune qui sert de traducteur en s'infiltrant dans l'oreille, des Vogons qui torturent leurs prisonniers en leur récitant des poèmes, un androïde dépressif et désabusé (il s'appelle Marvin et c'est vraiment mon personnage préféré !), des souris hyper intelligentes qui cherchent des réponses à leurs questions dans les cerveaux humains , un ordinateur insupportable de suffisance, tout est rendu totalement burlesque et drôle.
Jusqu'aux dialogues déjantés et paraissant ne rien dire :
- Je l'ai piqué pour chercher un tas de choses.
- Un tas de choses ? dit Ford avec surprise. Lesquelles par exemple ?
- Je ne sais pas.
- Hein ?
- Je ne sais pas ce que je cherche.
- Et pourquoi ?
- Parce que ... parce que ... il se pourrait que, le sachant, je ne sois plus capable de le chercher ...

Bref c'est vraiment savoureux et drôle avec des allures aussi de Monty Python, complètement absurde et loufoque. Une découverte sympa que je poursuivrai peut-être en lisant la suite puisque les aventures d'Arthur Dent se déclinent encore sous d'autres tomes.

Extrait
L'une des choses que Ford avait toujours eu le plus de mal à comprendre chez les humains était leur manie de perpétuellement dire et répéter les plus plates évidences, genre "Quelle belle journée" ou "Comme vous êtes grand" ou bien : "Chéri, j'ai l'impression que t'es tombé au fond d'un puits de dix mètres, est-ce que ça va ?". Au début, Ford avait bâti une théorie pour justifier ce comportement bizarre : peut-être que si les êtres humains cessaient d'agiter les lèvres, leur bouche risquait de s'ankyloser. Après quelques mois de réflexion et de d'observation, il abandonna cette théorie au profit d'une autre : s'ils cessaient d'agiter leurs lèvres, leur cerveau se mettait à travailler. Au bout d'un moment, il la laissa également tomber, la jugeant d'un cynisme rédhibitoire et conclut en fin de compte qu'il aimait bien les humains après tout , mais il ne laissait pas d'être désespérément affligé par la terrifiante étendue de leur ignorance.

Ailleurs

mercredi 23 janvier 2013

Les désastreuses Aventures des Orphelins Baudelaire Tout commence mal de Lemony Snicket

"Si vous aimez les histoires qui finissent bien, vous feriez mieux de choisir un autre livre. Car non seulement celui-ci finit mal, mais encore il commence mal, et tout y va mal d'un bout à l'autre, ou peu s'en faut. C'est que, dans la vie des enfants Baudelaire, les choses avaient une nette tendance à aller toujours de travers."

Le moins que l'on puisse dire avec ce début c'est que le lecteur est prévenu que le récit qu'il va lire est loin d'être gai et optimiste. Et effectivement, les trois enfants Baudelaire Violette, Klaus et le bébé Prunille commencent par perdre leurs parents - et leur maison - dans un tragique incendie pour ensuite se retrouver dans les pattes d'un parent éloigné qui n'aura de cesse de les déposséder de l'immense héritage qui entrera en leur possession lorsque Violette sera majeure. Sans oublier qu'entre temps il les traite comme des domestiques et les loge le plus mal possible dans sa maison cagneuse et crasseuse.

Autant dire que les ennuis pleuvent et repleuvent sur ces pauvres trois enfants .... Un roman à la Dickens mais sans le côté glauque et misérable de celui-ci .... plutôt sur le mode humour noir et interpellation joyeuse du lecteur du genre "vous pensiez que cela ne pouvait pas aller plus mal ? eh bien si !".
D'ordinaire je ne suis pas très fan des interventions de l'auteur vis à vis du lecteur, mais dans le contexte d'un livre pour enfant, et faite de cette manière légère et un peu moqueuse, cela passe plutôt bien.

Tout comme cette histoire somme toute relativement loufoque .... des personnages bien posés : trois enfants plutôt débrouillards, ayant chacun une qualité les servant, et bien entendu d'horribles énergumènes !

"Il y avait là un chauve au nez interminable, drapé dans une longue tunique noire. Il y avait deux femmes au visage si  poudré de blanc qu'on les aurait prises pour des fantômes. Derrière elles avançait un grand diable aux bras très longs, très maigres, avec des crochets à  la place des mains, suivi d'une créature si obèse qu'elle ne semblait ni homme ni femme."

Voici donc un petit roman pour enfants -si quelque fois j'hésite à classer certains livres en littérature jeunesse, celui-ci au moins ne pose aucune question - de lecture plutôt simple ... bien qu'il soit noté "à partir de 11 ans" sur la quatrième de couverture, je le vois bien adapté à des enfants plus jeunes qui sont suffisamment aguerris en lecture pour s'attaquer à du 170 pages. Le vocabulaire est relativement abordable, tout en restant de bonne facture, histoire que s'ils ne comprennent pas un mot, le sens de la phrase leur permet de bien suivre.
Les apartés de l'auteur apportent un petit plus dans la compréhension non seulement du récit mais aussi de phénomènes de la vie, de sensation que des enfants auraient pu déjà ressentir, c'est assez malin de sa part je trouve.

"Peut-être l'avez-vous remarqué, les premières impressions sont souvent trompeuses. Par exemple, à la vue d'un tableau, on se dit qu'on ne l'aime pas du tout ;  et puis, à mieux le regarder, on lui découvre bien des charmes. Ou encore, le première fois qu'on goûte à du gorgonzola, on trouve ce fromage beaucoup trop fort ; après quoi, des mois plus tard, on ne jure que par le gorgonzola. Klaus Baudelaire, à la naissance de Prunille, avait détesté cette petite soeur ; pourtant elle n'avait pas six semaines qu'ils s'entendaient comme larrons en foire. Bonne ou mauvaise, notre première opinion a de fortes chances d'être révisée avec le temps."

Ce n'est pas un roman inoubliable, ni un qui m'aura particulièrement marqué comme le peuvent certains livres jeunesse, cependant je le trouve bien adapté à de jeunes lecteurs .. avec en prime la possibilité de passer un bon bout de temps avec les héros puisqu'il se décline en au moins 13 tomes ! Et aussi une bonne dose de légèreté et d'humour tout à fait à propos pour aborder une histoire tout de même désespérante dans un autre contexte !

C'est  un livre que j'aimerais bien posséder en série pour le faire lire en classe, je trouve qu'il s'adapte bien .... il m'a suffit de quelques pages pour trouver un extrait pertinent qui me permette de mettre en valeur les temps du passé simple et de l'imparfait (on était en plein dedans, cela tombait bien !).

Pour anecdote, ce fut une lecture totalement imprévue ... trouvée sur la table de l'un de mes CM2 mardi matin. Je pense très sérieusement que certains de mes élèves vont finir par me trouver cinglée de me précipiter ainsi avec autant d'enthousiasme sur leurs lectures et leur demander en prime si je peux les lire (l'élève en question me l'a gentiment prêté jusqu'à demain ) .... 
Cela dit il me semble être la seule classe de l'école où tant de livres fleurissent sur les tables des élèves ... Bon en même temps j'ai la classe des plus grands , ceci peut expliquer cela (cela ne touche d'ailleurs que mes CM2 : entre leurs peluches et leurs livres, il n'y a presque plus de place pour leurs cahiers et livres, xd) et aussi ils ont droit de lire à profusion dès qu'ils ont terminé leur travail.


lundi 21 janvier 2013

La Ballade de Pern Les Ciels de Pern Intégrale V de Mc Caffrey

Et voici que depuis Tous les Weyrs de Pern, les chevaliers Dragons, sous la conduite de SIAAV, ont réussi à dévier la trajectoire de l'Etoile Rouge, garantissant ainsi un futur désormais sans Fils.
Tout pourrait aller parfaitement dans ce meilleur des mondes s'il ne subsistaient pas encore des trouble -fêtes : ceux qui abominent le progrès apporté par la redécouverte du passé des premiers colons et n'ont de cesse que d'abolir toute avancée technologique. Voire même détruire SIAVV alors que celui-ci s'est tu depuis plusieurs années.
Ces Abominateurs, ainsi se nomment-ils, multiplient les sabotages afin de parvenir à leurs fins. En même temps, certains refusent aussi de croire en la disparition des Fils, lesquels continuent à tomber puisque c'est le Passage actuel. Tout comme ils refusent que les chevaliers dragons se choisissent un avenir ...Pourtant il leur faudra bien penser à l'Après Fils ...
C'est alors qu'une boule de feu tombe sur Pern ....

Je me demandais vraiment quel allait être le contenu de cet ultime ouvrage de la Ballade de Pern ... ce que Mc Caffrey avait encore à narrer après avoir fait le tour du passé et du présnet de la planète, ainsi que des différentes castes mais aussi des différents héros de Pern ....  Déjà j'espérais retrouver les personnages qui m'avaient conquises depuis le début, sur ce fait je n'ai pas été déçue puisque avec les Ciels de Pern, elle reprend son histoire après le dernier exploit de F'lar, Lessa, Jaxom, entre autres .....
D'autre part, j'ai été agréablement surprise de constater qu'elle avait encore à raconter .... Un autre danger menace désormais Pern .... attribué par certains par l'éloignement forcé de l'Etoile Rouge (à vrai dire j'avoue y avoir pensé aussi) : ainsi une tempête s'est abattue déjà sur Pern, et voici maintenant qu'une météorite créé un gigantesque tsunami, mettant en danger Forts et habitants.

En même temps, elle met en valeur les Messagers, chose non faite jusqu'à présent, achevant son tour d'horizon des métiers et ateliers. Ces Messagers qui craignent que le progrès informatique leur fasse perdre leur métier.
J'ai trouvé très intéressant justement cette notion de progrès technologiques, amenant par là le confort, chaleur dans les Forts et Wehrs. On ne peut éviter de faire le parallèle avec l'histoire de  notre pays, lorsque les progrès de la Renaissance ont sorti la France des années noires et régressives du Moyen Age.
Un passage m'a particulièrement marquée, celui où les Abominateurs détournent les différents clichés des opérations sur humains afin de les faire passer pour des preuves de tortures. Cela m'a fait penser au tableau "Leçon d'anatomie de Willem Van Der Meer" de Jansz van Mierevelt (1617).
Ces images d'écorchés avaient de quoi frapper et entraîner n'importe quelle interprétation !

J'ai particulièrement accroché aussi à l'histoire de F'lessan et de Tai la Dame Verte .... d'une part parce qu'elle a permis de parler plus précisément des dragons verts qui, jusque là, n'avaient pas le plus beau rôle : souvent en chaleur, pas très obéissant ni malins ..... Zaranth prouvera le contraire, en étant à l'origine de la découverte de la troisième capacité des dragons ... qui tombe à point nommé il faut dire. D'autre part, leur relation a permis d'aborder quelque chose qui avait été survolé lors de la première union de F'lar et Lessa, à savoir que lorsque les reines prennent leurs envols et se font couvrir par le pus fort de leurs prétendants, leurs maitres s'unissent aussi, pris par les ardeurs de leurs dragons ... sauf que l'expérience peut ne pas être si agréable pour les deux partenaires. C'était déjà le cas pour Lessa, ce le fut de façon bien plus dramatique pour Tai, littéralement violée lors de ces accouplements .... C'est la première fois que l'auteure met en avant les conditions des dames dragons dans l'amour, qui ne sont pas forcément si enviables, lorsque cela se passe mal ... et en définitive les partenaires ne se choisissent pas.
D'ailleurs je ne peux m'empêcher de reparler de la traduction chaotique de la Ballade de Pern, je cite quelques phrases qui ne manqueront pas de faire grimacer .... "puis se mit à pratiquer les gestes d'amour" ou "il voulait la féconder avant qu'elle ne soit totalement submergée par la sensualité de Zaranth" .... comme c'est poétique !

Un petit bémol par contre sur la fin du roman ... le fait que Toric passe entre les mailles du filet alors que l'on sait qu'il est de mèche avec les Abominateurs .... ceux-ci sont démasqués les uns après les autres, lors du récit et puis brutalement, au moment où l'on comprend que le Seigneur est derrière tout cela et que deux Abominateurs sont encore en liberté, bien que découverts par l'espion Pinch, cela s'arrête brutalement et on ne sait pas ce qu'il advient de la résolution de ce problème .. Etrange ...  et frustrant, j'aurais bien aimé que l'histoire de Toric, ce Seigneur grincheux, mesquin, trouve un dénouement .. On peut supposer que cela le sera mais hors des lignes, c'est dommage.

Sinon .... ce tome qui est celui des adieux, mille fois hélas, fut quand même une lecture des plus agréables .... Déjà il y eut des moments véritablement palpitants comme l'instant de la Boule de Feu et les actions de chevaliers dragons pour sauver le plus d'habitants possible ... ensuite l'attaque des tigres contre les dragons de F'lessan et Tai ..... imprévisible et tellement prenante que je n'ai pu lâcher le livre avant de savoir ce qui allait leur arriver .... J'ai adoré aussi la solidarité des dragons, la façon qu'ils ont de réagir, seuls, lorsque l'un d'entre eux est en danger, leur façon de veiller sur les leurs, je crois qu'avec la relation qu'ils ont avec leur maître, c'est ce qui me séduit le plus dans cette Ballade. 
J'avoue que je suis toute dépitée que cette lecture qui m'aura quand même duré près de 6 mois, soit finie ... j'avais pris l'habitude de retrouver ce monde entre d'autres lectures, toujours avec le même plaisir, toujours en lisant de manière compulsive. Cela va me manquer ... passer tant de temps dans un univers induit forcément une certaine addiction. D'où mon contentement supplémentaire d'avoir terminé cette Ballade en compagnie de F'lar et Lessa et leurs fabuleux dragons .... juste le regret qu'on ait laissé un peu de côté F'nor et son Canth, ils avaient pourtant tenté de résoudre le mystère de l'Etoile Rouge à leurs risques et péris, dommage qu'ils aient juste été évoqués dans ce final.

En tout cas La Ballade de Pern sera passée au rang de mes lectures préférées de la fantasy, en compagnie de la Citadelle des Ombres ..... 
Je referai peut être un billet bilan de cette lecture pas comme les autres.En attendant, Pern, ses dragons et ses chevaliers vont me manquer .....

Extrait
Puis il n'y eut plus que des dragons dans le ciel ! Stupéfaite, elle leva les yeux sur le demi-cercle furieux, planant, aile contre aile, juste au-dessus de la terrasse supérieure : l'immense Ramoth dorée, Arwith, Mnementh, Monarth, Gadareth, Heth, Path, Ruth et d'autres qu'elle ne reconnut pas. Elle fixa Zaranth, dressée sur sa croupe, ses ailes déployées, luisante de liquite vert - Tai sentit la souffrance dans l'esprit de sa verte. Tous ensemble, les dragons tendirent le cou et claironnèrent d'un ton triomphants pour quelque chose qu'elle ne comprenait pas.
Ils sont vivants ! l'assure leur choeur, avec tant de conviction que, anéantie, elle s'effondra, rampant vers F'lessan avant de perdre connaissance.

Ailleurs
Vert ...


samedi 19 janvier 2013

L'étrange vie de Nobody Owens de Neil Gaiman

Il y avait une main dans les ténèbres, et cette main tenait un couteau.
Le manche du couteau était en os noir et lustré, et sa lame plus mince et effilée qu'un rasoir. Eût-elle tranché en vous, peut-être n'auriez vous pas même perçu sa morsure, pas sur le moment.
Le couteau s'était acquitté de presque tout ce qui l'amenait là, et sa lame et son manche étaient humides.
La porte sur la rue était encore ouverte, à peine, là où s'étaient glissés dans la maison le couteau et l'homme qui le tenait, et par cette porte ouverte s'insinuaient en ondulant des volutes de brumes nocturnes...

Ecriture blanche sous fond noir, page illustrée par une main prolongée par un couteau très très pointu, ce roman démarre dans une ambiance pour le moins étrange .... Les illustrations de Dave McKean vont souligner à plusieurs reprises le texte de Neil Gaiman, conférant une atmosphère un tantinet lugubre.

C'est que cette histoire se passe dans un cimetière ... là où une nuit de crime, un petit garçon se réfugia par hasard et fut adopté par un couple de fantômes .... les Owens.

- Je veux bien manger mon chapeau, s'exclama Mr Owens, si ce n'est point un bébé.
- Pour sûr que c'est un bébé, répondit sa femme. Et la question est : qu'en faire ?
- Voilà certes une question, dame Owens. Et pourtant, ce n'est point notre questions. Car le bébé ici présent est vivant, incontestablement, et à ce titre il n'a rien à voir avec nous, pas plus qu'il n'est de notre monde.
- Voyez comme il sourit ! dit Mrs Owens. Quel sourire adorable.
Et d'une main immatérielle elle caressa les fins cheveux blonds de l'enfant. Le garçonnet, ravi, se tordit de rire.

L'étrange vie de Nobody Owens est une sorte de conte au pays des fantômes, aux accents gothiques .... mettant en scène l'éducation d'un enfant vivant élevé au pays des morts, instruit par eux, et qui un jour de confronte au monde des vivants ... Sauf que celui-ci se révèle dangereux : non seulement par son appartenance à un monde qui est étranger à la vie réelle et d'autre part parce que le tueur, le Jack, qui a assassiné ses parents et sa grande soeur, est toujours à sa recherche pour le tuer.
C'est un monde donc étrange que nous propose Gaiman, à mille lieues de Neverwhere ou de Stardust - certes il y a toujours le thème d'un monde parallèle mais sans l'humour et le côté un peu délirant qui caractérisaient ces deux romans là - plus inquiétant, plus sombre ... plus touchant aussi. La vie de ses habitants du cimetière a un côté poétique mais aussi triste, alors qu'on apprend quelles furent leurs vies et leurs morts. Et au milieu de tout cela, il y a un enfant, un enfant bien vivant, avide d'apprendre, touchant aussi à sa manière, tentant de grandir dans un monde qui le protège mais ne peut pas tout lui apporter.
Car un jour, il devra sortir du cimetière et affronter à la fois le Jack et la vie.

Des morts, mais aussi des créatures fantastiques habitent cet endroit .... une ville souterraine Ghölheim habitée par des goules mais aussi par le 33ième Président des Etats-Unis, l'empereur de Chine, "le célèbre écrivain Victor Hugo" ..... On reconnait là la trace de Gaiman qui est capable de présenter un monde plutôt terrifiant sous un ton léger en mettant en scène des personnages que l'on se s'attend pas du tout à voir parmi goules et autres Maigres Bêtes ou vouivres.
Nobody, dit Bod, est un enfant curieux et plutôt téméraire, qui heureusement est gardée à l'oeil par son tuteur, Silas, le personnage le plus intéressant de mon point de vue de ce roman : mystérieux, renfermé, ne se livrant pas aux émotions, il suscite forcément à la fois l'intérêt du petit garçon mais aussi le nôtre .... C'est que lui se situe justement à la frontière des morts et des vivants, ni vraiment l'un, ni vraiment l'autre .... un homme qui expie un passé dont il refuse de parler.
J'aurais aimé en savoir plus sur lui, sur sa vie d'avant. C'est le petit regret que j'ai par rapport à ce livre, ainsi qu'une fin que j'ai trouvée trop rapidement bouclée ... On s'attend durant tout le récit à la rencontre inévitable entre le Jack et Bod mais cela manque de développement, c'est trop court après le côté dense de tout le reste. Dommage.
L'étrange vie de Nobody Owens n'en reste pas moins un roman curieux, poétique et étrange, j'ai particulièrement apprécié cette excursion dans le monde des morts - un monde qui fait forcément toujours peur - cette  façon intéressante d'aborder la notion de fantômes. Et évidement Neil Gaiman écrit bien, comme toujours !

Ce livre a reçu le Prix Hugo 2009 et le Prix Locus 2009.



Extrait
Ils le sont. Et ils en ont, pour la plupart terminé avec le monde. Pas toi. Tu es en vie, Bod. Cela veut dire que tu disposes d'un potentiel infini. Tu peux tout faire, tout fabriquer, tout rêver. Si tu changes le monde, le monde changera. Le potentiel. Une fois que tu es mort, c'est terminé. Fini. Tu as fait ce que tu as fait, rêvé ton rêve, écrit ton nom. Tu peux être enterré ici, tu peux même te déplacer. Mais ce potentiel n'existe plus.

jeudi 17 janvier 2013

Exodes de Jean Marc Ligny

"Le réchauffement climatique s'est emballé au point que la Terre devient une planète hostile à la vie. "

Pour le moins hostile effectivement ..... tempêtes, tornades, orages d'une violence extrême et en même temps une sécheresse qui s'est installée presque partout entraînant la famine et le manque d'eau mais aussi l'arrivée de maladies tropicales (paludisme, bilharziose ....) qui achèvent de décimer la population .... 

Une population en exode ... partagée entre ceux qui tentent de survivre, ceux qui finissent de tout détruire par le feu, la purification extrême d'une planète en perdition qu'il faut achever à grands coups d'incendies et de tueries : on les appelle les Boutefeux, sorte de délinquants néandertaliens, et ceux qui dévorent les autres : les Mangemorts qui vivent cachés dans des caves ou des tunnels, ne surgissant qu'à l'ombre de la nuit, les visages creusés, les yeux hantés. 
Sans oublier une jeunesse, dernière représentative de l'humain de demain, qui se sait être la dernière et brûle la vie par les deux bouts : drogue, dépravation, orgies ... une jeunesse sans lendemain.
"Ils n'ont rien à se dire, rien à sourire, rien à souffrir, rien à s'offrir hormis leurs corps encore juvéniles et leurs âmes mises à nu parfois, au profond d'une ivresse ou d'une défonce un peu rude. Bée alors l'angoissant abîme, le vide terrifiant d'un no future absolu, inéluctable. Car tous sont persuadés qu'ils sont la dernière génération, celle que la Terre, dans un ultime accès de colère, balaiera de sa surface. Alors à quoi bon ? A quoi prévoir, espérer, tirer des plans sur la comète ? Qui sera encore là pour la voir passer la comète ?"

En outre, il n'y a plus de gouvernement, plus d'Etat, juste des humains qui se déplacent pour chercher un lieu moins pire que celui où ils vivent.

Et dans tout ce désastre Jean Marc Ligny nous propose de suivre le destin de 6 personnages :

- Pradeesh Gorayan qui fait partie, avec sa femme et sa fille, d'une population nantie vivant sous cloche : en réalité un dôme immense qui abrite ceux qui ont des capacités ou des compétences utiles, qui recrée les conditions de la vie d'autrefois : nourriture, eau, moyens de communications, verdure ..... Le tout protégé des intempéries extérieures. C'est que Gorayan est protégé par son métier de chercheur scientifique, travaillant sur un projet ultra-secret.

- Mercedes Sanchez une dévôte fanatique, réservant ses dernières forces au secours des plus démunis, au détriment de sa propre santé, dans la foi de Dieu, qui est choisis pour accompagner le Père Garcia pour l'enclâve du Vatican

- Paula Rossi, qui accompagnée de ses deux enfants, dont l'un est très malade chercher désespérément un médecin qui le soignerait, prête à tout pour ses enfants, à vendre son corps ou son âme pour de si précieux médicaments.

- Fernando, le fils de Mercedes, un révolté qui va rejoindre la tribu des Boutefeux, dans l'intention de tout annihiler, sa mère en premier, par folie, par vengeance, dans une destruction faite de violence dénuée de pitié.

- Mélanie Lemoine, dégoûtée de la race humaine, qui consacre ses dernières forces à sauver ce qu'il reste des animaux, pourtant en voie de disparition, qui cultive un tout petit coin de "paradis" peuplé de quelques survivants à poils et à plumes.

- Olaf Eriksson qui fuit, avec sa femme, les ïles Lofoten en Norvège où peu à peu les recos, après les Guerres d'Immigrations, (des immigrants à la recherche des derniers coins de vie de la Terre) s'infiltrent et font la loi, pour tenter de trouver un autre endroit épargné par la folie des hommes .... à l'autre extrême du globe.

Tous ces personnages vont cheminer, tenter de survivre à l'horreur, et certains seront amenés à se croiser, voire se fréquenter ....

Après Aqua dans lequel Ligny se livrait déjà à un roman d'anticipation écologique, Exodes va au plus profond de l'horreur d'une planète est en train d'agoniser ... C'est un roman atroce, encore plus que ne l'était son premier, qui pourtant valait déjà des sueurs froides. Dans celui-ci, il n'y a plus la moindre once d'espoir, c'est une désolation d'un bout à l'autre, au fil du récit qui nous amène à comprendre que quoique fassent les humains, tout est enclenché et aucun retour en arrière n'est possible. La fin vient clore évidement de la façon la plus pessimiste possible ce non espoir.

J'ai eu la sensation de revivre ma lecture de La Route, bien que le sujet ne soit pas tout à fait le même, je fais une nette différence entre ce dernier qui plongeait dans le post-apocalyptique et Exodes qui reste sur de l'anticipation ... quelque chose de possible ce qui le rend d'autant plus terrifiant ... Car les points communs entre les deux romans, en dehors du manque d'espoir possible, réside dans la peur .... Certains humains devenus dégénérés -tels ceux qui profitent du désastre de Ravage pour piller et tuer dans le roman de Barjavel - sont de véritables monstres sans plus aucune trace d'humanité, soit ils bouffent les autres, soit ils les achèvent ... Une espèce de guérilla qui entreprend une sorte de reset de la Terre : puisqu'elle est perdue, autant activer les choses, détruire les derniers vestiges de l'humanité pour la nettoyer.

"Un jour Cortèz lui a expliqué, dans un accès de lucidité, que la nature est comme un ordinateur géant que trop de virus - les humains - ont totalement bugué et qui se reformate, ce qui implique l'effacement de toutes les données - y compris les virus -, mais après il va vachement mieux tourner, avec un système d'exploitation tout neuf."

Autant dire que c'est un roman terriblement et profondément déprimant .. d'autant plus que l'on comprend qu'il est réalisable dans un futur lointain (pas si lointain que cela) et que l'on n'a pas du tout mais pas du tout envie de vivre cela un jour .... En même temps, le récit ne laisse pas de prise à l'ennui, j'ai été prise dedans d'un bout à l'autre, ce qui fait qu'au final je l'ai lu très vite, en le vivant au point que certaines de mes nuits ont été peuplées de cauchemars !

Ce roman est lu dans le cadre du Prix Une Autre Terre qui sera remis aux Imaginales 2013.

Ailleurs

mardi 15 janvier 2013

Top Ten 30

Le Top Ten Tuesday est un rendez-vous hebdomadaire dans lequel on liste notre top 10 selon un thème littéraire défini sur le blog de Iani - rendez-vous initialement prévu créé par The Broke and The Bookish

Voici donc le thème de cette semaine

Résolutions littéraires 2013

Avant d'en passer par là, faisons un peu le tour de celles de 2012 pour voir si elles ont été tenues.

1) Respecter la liste de livres à lire en priorité en 2012.
Presque réussi ! 7 sur 10 ! Bilan ici

2) Limiter les participations aux Challenges
Réussi, je n'en fais plus.

3) Participer à plus de lectures communes
Réussi en partie, pas encore assez à mon gré mais j'ai du mal à participer aux LC du Cercle d'Atuan. En tout j'ai fait 8 lectures, bon c'est correct ! Bilan ici.

4) Pas d'obligation de non achat de livres tant que la Pàl n'est pas descendue.
Réussi mais ma Pàl se maintient de toute façon dans les 30 livres donc cela reste plus que raisonnable.

5) Ne plus me forcer à lire un livre qui ne m'accroche pas.
Pas vraiment réussi. J'arrive juste à les mettre de côté un temps pour tenter de les reprendre ensuite. Cela dit je ne regrette pas de ne pas réussir cette résolution, je serais passée à côté d'Une prière pour Owen de IRVING, ce qui aurait été fort regrettable.

6) Ne pas oublier la littérature générale
Tenu même si j'en lis tout de même très peu à présent par rapport à un temps.

7) Chroniquer la lecture que je fais dans le cadre de mon taff
Réussi d'autant plus que j'ai créé une nouvelle rubrique intitulée : A l'école lisons.

8) Lire de la littérature jeunesse
Réussi forcément vu mon métier, il aurait été difficile de bouder cette littérature là.

9) Ne pas me forcer à tenir un planning pour mon blog
Bof .... pas trop réussi sur le coup là. Par exemple là je suis en mode "envie de pause longue durée" et me voici entrain de rédiger ce billet .... Cela dit là où j'ai progressé c'est que si vraiment vraiment je n'ai pas le courage de faire un billet un soir, eh bien je ne me force plus, je fais le lendemain. Je me mets tout de même moins la pression pour le coup.

10) Ne plus me mettre martel en tête lorsque je n'ai pas de commentaires
Pas mal réussi. Si je continuer régulièrement à jeter un coup d'oeil là dessus, ce n'est plus une obsession comme avant. Les Top Ten sont de véritables délices de ce point de vue là, on est sûr d'avoir des commentaires ! Mais je n'en fais plus un drame si un livre génère moins de visites qu'un autre. 

               Alors du coup quelles résolutions pour 2013 ?

Eh bien pour le compte, elles ne vont pas chercher loin cette année, inutile de relancer certaines non tenues comme la numéro 5 et de répéter d'autres qui seront de toute façon d'actualité comme le fait de lire de la littérature générale ou jeunesse.

1) Lire les livres prévus dans ma liste des livres à lire en 2013 pour faire original !

2) Dans la même optique vider ma pàl des plus vieux livres achetés, histoire d'arrêter de les voir prendre la poussière et d'avoir de moins en moins envie de les lire au fil du temps.
J'ai ma liste toute prévue pour cela ici.

3) Faire en partie une croix, sans trop regretter, sur les Festivals.
A par les Imaginales qui sont à côté de chez moi, les autres sont soit loin comme les Utopiales et les conditions réunies pour que je puisse y aller seront à l'avenir de plus en plus rares .... soit chères question budget ou  tout simplement inaccessibles à cause de mon boulot qui m'oblige à bosser le WE. Et qui m'impose mes vacances évidement !
C'est une résolution qui me pèse mais il faut que je m'y fasse, là encore je ne fais pas ce que je désirerais, it's the life .....

4) Passer moins de temps parasite sur internet pour me consacrer plus aux livres
Résolution qui ne m'engage pas beaucoup, c'est ma tendance actuelle.

5) Ne pas me mettre martel en tête si je n'aime pas un livre que tout le monde a apprécié avant moi.
C'est un gros soucis pour moi car lorsque c'est le cas, je tente de comprendre désespérément à côté de quoi je suis passée .... Et je me demande ce qui cloche alors chez moi !

6) Dans le même genre, admettre du coup que certains livres me sont inaccessibles .... soit parce que ma culture littéraire est trop limitée, soit parce que je ne suis pas à l'aise avec un genre (comme la Hard SF par exemple), soit parce que c'est trop dur à lire pour moi.
Dur à encaisser mais bon ....   

7) Arrêter de comparer mes billets à ceux des autres sur le même livre et trouver les miens minables (bon pas tout le temps tout de même, mais assez souvent) .... Je pense que je blogue surtout à l'affectif, que je ne suis pas une chroniqueuse avec beaucoup de références culturelles alors forcément certaines approches des livres sont très différentes.

8) Prévoir un petit budget dans l'année au remplacement de certaines de mes séries qui sont trop disparates.
Comme le Royaume de Tobin de Lynn FLEWELLING qui existe maintenant en grosse trilogie et sera plus jolie que mon mélange Poche + Pygmalion. Idem pour Les aventuriers de la mer de Robin HOBB. Et aussi ..... La Citadelle des Ombres mais là je triche car je l'ai déjà en série identique sauf ... que celle parue peu m'attire terriblement question couverture !

9) Pour la boutade du coup ..... résister à l'achat de la série La Citadelle des Ombres que je possède déjà. Surtout que me connaissant je serai incapable de jeter la vieille pour la neuve et que du coup, en terme de gain de place, ce sera loupé !

10) Continuer à bloguer pour le plaisir 
Cela a l'air de rien comme ça, mais ce n'est pas toujours si facile .... 

RV dans un an pour voir qui aura été tenu et qui non.

samedi 12 janvier 2013

Lombres de China Miéville

Deux adolescentes londoniennes ....  des évènements bizarres : un renard qui les observe sans les fuir, un nuage qui leur ressemble, un "Zanna for ever" tagué sur un mur, une fumée qui créé un accident ..... une entrée secrète qui les emmène à Lombres, une citée étrange dans laquelle les objets cassés trouvent une seconde vie, où les habitants sont étranges et surtout une ville menacée par le Smog, un sombre nuage qui se nourrit des déchets de la pollution pour monter en puissance et tout détruire ......

Voici le synopsis de ce roman jeunesse qui n'est pas sans rappeler l'univers délirant de Neverwhere (China Miéville remercie même Neil Gaiman ) et qui se situe dans la trame de A la croisée des mondes : ces univers magiques, où s'accomplit une quête menée par des enfants ou des adolescents qui portent sur leurs épaules toute la destinée de leur monde ou de celui parallèle au leur.

Bon la comparaison avec A la croisée des mondes s'arrête là, car si celui-ci est typiquement une trilogie de fantasy, Lombres se situe plutôt sur du loufoque burlesque qui joue justement avec les clichés de la fantasy ... une héroïne la Shwazzy que tout le monde attend pour sauver Lombres du smog et qui en réalité .... ne saura pas faire grand chose ..... un personnage de second rang la comparse que personne n'attendait et qui pourtant .... sera celle qui agira ... un grimoire aux pages couvertes d'une prophétie .... qui au final comporte tellement d'erreurs que cela en est risible, au point que ce pauvre grimoire va souffrir d'une crise existentielle, une quête qui comporte sept missions mais qui sont tellement longues à réaliser qu'après tout on va en sauter quelques unes pour aller à l'essentiel .....

A côté de cela, China Miéville a créé un monde totalement délirant, éclairé par l'AntiSol le jour et la Nule, dans lequel les parapluies cassés reviennent des Barrapluie sous pouvoir, et s'ils sont réparés reprennent leur liberté sous le nom de Néopluie, où les maisons s'entassent les unes sur les autres, ou les unes dans les autres, ou de façon anarchique qui défie toute les règles de l'équilibre ou de l'architecture, dans lequel on rencontre un pont relié par deux gueules de crocodiles, une abbaye de Webmaster gardée par des Mygalucanes - impossibles de ne pas en parler de celles-ci, j'avais tellement peur de tomber sur un monstre poilu à 8 pattes que j'ai parcouru d'avance les pages pour me préparer à l'image terrifiante ... oui car il y a de petites illustrations tout au cours du roman, très sympathiques et vivantes - ou encore des mots qui prennent vie .... 
Car Miéville a fait de son roman un magnifique jeu de mots, de néologismes,  un détournement des mots réels pour les transformer, leur offrir une autre existence, c'est véritablement savoureux.

Après le roman est un peu inégal, entre ces moments jubilatoires d'invention, de magie loufoque, d'animaux bizaroides, d'humains-objets ou humains-animaux, et d'autres où j'ai eu l'impression qu'il baissait en régime, une espèce de simplification de l'action qui m'a un peu lassée. 
Cependant ne soyons pas trop sévère, c'est un roman qui reste très original, qui amène le jeune lecteur à réfléchir et c'est tout de même un aspect que je trouve primordial en cette époque de "tirons tout le monde vers le bas pour que tout le monde soit à égalité dans sa médiocrité" (certes je suis cruelle, on n'en est peut-être pas à ce point mais c'est tout de même quelque chose que je vis au quotidien, avec beaucoup de découragement .... surtout pour les enfants qui mériteraient justement d'être tirés vers le haut ... ) : heureusement qu'il reste des romans intelligents comme Lombres ou A la croisée des mondes, ou encore des Pennac, Bottero, L'Homme et Dahl (j'en oublie bien sûr !) ... pour rattraper des horreurs comme la transformation de l'Etalon Noir en bibliothèque rose avec emploi du présent et simplification à outrance du vocabulaire ...... J'en arrête là, j'en frémis encore d'horreur d'avoir vu l'un de ces "livres" dans les mains d'une de mes élèves pourtant très bonne élève, très bonne lectrice .... la pauvre elle n'y pouvait rien, on le lui avait offert, je lui ai conseillé de continuer en bibliothèque verte !

Bref .... en conclusion, les aspects plus faibles de Lombres ne m'ont pas gâché pour autant sa lecture ; pour être honnête, les clins d'oeil humoristiques à la fantasy ou l'univers déjanté m'ont beaucoup plus séduite que l'histoire en elle-même .. Un bon point en plus pour le vrai méchant de l'histoire .... ce terrible Smog qui se renforce avec les déchets et les rejets des émanations des humains. Un beau clin d'oeil à la pollution, notre ennemie actuelle,  des grandes villes.
Voilà qui me donne en tout cas l'envie d'aller voir d'autres romans de cet auteur.

Extrait
"Sympa votre couronnes, fis-elle. Quand même un peu flashy."
M. Parrolle resta bouche-bée, comblé de plaisir.
"FLASHY !" répéta-t-il. Au même instant, une grosse sauterelle à fourrure argentée sortit de sa bouche.
"Mais vous me manquer de respect. Je ne suis pas une caillera, moi.
- CAILLERA ! " s'extasia Parroll, produisant un cyclone miniature.
"Cela devient relou !"
- RELOU !" Relou devint un ourson à six pattes. M. Parroll en eut les larmes aux yeux.

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