mercredi 7 mars 2012

Demain les chiens de Clifford D Simak

Voici les récits que racontent les Chiens quand le feu brûle clair dans l'âtre et que le vent souffle du nord. La famille alors fait cercle autour du jeu, les jeunes chiots écoutent sans mot dire et, quand l'histoire est finie, posent maintes questions :
" Qu'est-ce que l'Homme ? " demandent-ils.
Ou bien "Qu'est-ce qu'une cité ?"
Ou encore "Qu'est-ce que la guerre ?"

Ainsi démarre ce livre par cette note de l'Editeur ...un livre qui va narrer, sur plus de 10 000 ans, l'évolution de l'Homme en parallèle de celle du chien qui, par une manipulation génétique, est devenu un être parlant ... et du coup pensant ... Une évolution en déclin pour le premier et en essor pour le second.

Il va m'être très difficile de rédiger un billet sur ce livre avec lequel j'ai partagé une relation toute en ambivalence ... d'un côté un roman que j'ai parcouru relativement facilement, sans contrainte, bien que j'ai failli le laisser de côté, tout en le reprenant et en le lisant avec des éclairs d'intérêts, dans tous les cas, sans ennui ... et de l'autre un livre qui a produit sur moi une sorte de reset - à la manière des fourmis évoquées dans un des contes, sauf que je ne suis pas entrée en hibernation moi - à chaque fois que je le refermais.

C'est très étrange de faire cette Lecture Commune, partagée sur le Cercle d'Atuan, et de ne quasiment rien avoir à dire après chaque conte ... pour la raison qu'on n'en a presque rien retenu.
D'autant plus étrange que vraiment je ne l'ai trouvé ni mauvais, ni ennuyeux ...
C'est  un roman que je qualifierais de "froid" en somme ... je n'ai ressenti aucun affect tout du long, aucun attachement pour les personnages, aucun sentiment, rien ...
Et s'il y a bien quelque chose que je ne supporte pas lorsque je lis, c'est de ne rien ressentir .... même pas de l'ennui c'est un comble !

Après je ne nie pas l'intérêt philosophique de Demain les chiens et la vision futuriste que l'auteur a pu en faire, il a été tout de même écrit en 1952, et c'est un élément qui m'a toujours fascinée dans les livres de SF, la façon dont leurs auteurs appréhendaient l'avenir : les robots, les voitures, l'alimentation ...
Le premier conte débute sur la vie en 1990 : les tondeuses se passent toutes seules dans les jardins (mais pourquoi donc ceci n'existe-t-il pas en 2012 hein ?), le moyen de transport familial se fait par les airs, en hélicoptère, la culture de la terre a disparu au profit du développement des hydroponiques et, comme l'agriculture est morte, les habitants des cités peuvent, pour des prix dérisoires, posséder des centaines d'arpents de terre ...
1990 ... c'est étrange de lire cet avenir imaginé en 1952, lorsqu'on est déjà en 2012 ...

Il est intéressant aussi de constater que, à nouveau, dans ce type de projection futuriste, l'Homme est considéré comme un être incapable d'évoluer dans le bon sens ... alors que toute tuerie, meurtre et autre a été aboli depuis des centaines d'années .... un Homme tout innocemment, se construit un arc, tire sur un oiseau juste dans l'intention de le toucher et .. le tue ... à la grande horreur des animaux qui l'accompagnent, puisque comme le crime est banni, on ne se mange plus non plus les uns, les autres.
Voilà d'ailleurs une des limites de ce livre ... le monde construit par les Chiens ressemble furieusement à un dessin animé de Walt Disney : les animaux parlent, des espèces prédatrices côtoyant leurs proies sans y toucher, ils ne se mangent plus les uns et les autres .... C'est mignon certes mais complètement irréaliste ..... et du coup absolument pas crédible.

En définitive un seul conte m'a réellement touchée, celui dans lequel les Hommes ont trouvé le moyen de se rendre sur Jupiter et qu'étrangement il n'en revient aucun .... la raison étant qu'ils doivent prendre une autre apparence afin de survivre sur cette planète hostile et qu'alors ils s'y sentent tellement heureux dans leur nouvelle peau de Juvien ils répugnent à revenir à leur condition humaine.
"C'est notre cerveau, dit Fowler. Nous l'utilisons à plein rendement, jusque dans ses plus secrets replis. Nous nous en servons pour découvrir des choses que nous devrions savoir depuis longtemps. Peut-être les cerveaux des créatures terrestres sont-ils naturellement lents et brouillons. Peut-être sommes-nous les demeurés de l'univers. Peut-être est-ce notre lot que de peiner pour tout faire."
Ce conte-là est d'ailleurs plein de poésie et d'images, il m'a beaucoup plu.

La conclusion est assez surprenante aussi ..... car si les Chiens règnent en maître sur la Terre, au côté des quelques Hommes qui n'ont pas fui pour d'autres univers .... ils ont oublié une chose de taille .... un certain insecte capable de construction, de cohésion sociale et de reproduction alarmante ....
Je n'en dis pas plus ....

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10 commentaires:

  1. Tu sais quoi ? Je crois que tu viens de mettre exactement les mots qu'il fallait pour que je comprenne pourquoi j'ai arrêté cette lecture : "C'est un roman que je qualifierais de "froid" en somme ... je n'ai ressenti aucun affect tout du long, aucun attachement pour les personnages, aucun sentiment, rien ..."

    C'est tout à fait ça pour moi ! Et c'est la raison, je pense, pour laquelle je n'ai pas continué ma lecture.

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    1. J'ai quand même réussi à poursuivre cette lecture mais il m'en reste un souvenir étrange du coup.

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  2. C'est étrange... J'ai pas eu le temps d'en parler sur le forum et ma lecture date un peu, mais ce livre-ci m'a pas mal marquée et le côté totalement irréaliste ne m'avait pas du tout dérangée.

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    1. Difficile d'avoir un attachement quand tous les contes présentent des personnages différents un monde qui a évolué entre chacun. J'avoue que j'ai eu du mal aussi à parler de ce livre...

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    2. @shaya, c'est surtout le côté animaux qui décident de ne plus se manger les uns les autres qui m'a dérangée.

      @Roz, oui pareil.

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  3. On en a parlé avec Spocky l'autre jour, c'est marrant comme le côté irréaliste ne passe pas chez certains lecteurs alors que pour d'autres ça ne pose aucune problème ^^
    (mais même en ayant relativement apprécié ma lecture, je ne sais pas ce que je vais écrire non plus xD)

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    1. D'ordinaire je ne suis pas forcément aussi difficile sur les côtés irréalistes, mais là .. non, xD
      J'ai hâte de lire les autres avis en tout cas :)

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    2. Comme dit Calenwen, on en a parlé l'autre jour et moi aussi le côté irréaliste ne m'a pas gêné.
      Par contre comme dit Olya, tu as mis le doigt dessus: "froid".
      Je l'ai lu sans réel déplaisir, mais il m'a laissé froide.

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    3. Voilà, ta phrase résume bien ce que j'ai pu ressentir :)

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  4. Je crois qu'on a pratiquement toutes eu les mêmes impressions ! ^^ je n'ai pas détesté ma lecture, mais si je reposais le livre, j'avais du mal à le reprendre, surtout pour les derniers contes. Certaines choses m'ont fait réfléchir, mais la façon qu'à Simak de raconter les choses, de façon un peu froide et distante, ne m'a pas emballée. Il n'y a que le conte sur les Hommes et Jupiter qui m'a inspiré quelque chose !

    C'est malheureux mais j'ai du mal à en dire plus xD

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