vendredi 10 janvier 2014

Des yeux dans le ciel de Jean Marc Ligny

La Terre quelques siècles après les Âges Sombres, une société pastorale, dévouée toute entière au culte de Mère-Nature, s'est reconstruite. Loin des cataclysmes d'antan, il fait à nouveau bon vivre sur cette Terre rénovée, lavée des erreurs humaines. 
En même temps, comme dans Ravages de Barjavel, tout est fait pour ne pas basculer à nouveau dans les technologies d'autrefois, au point de réguler les tâches et les missions des habitants du petit village dans lequel vivent Jasmin et Violette deux adolescents qui possèdent chacun un don.
Dans cette nouvelle société Mère-Nature a ainsi donné des dons aux enfants : celui de voir dans l'avenir, celui de réussir à apaiser les êtres vivants ou encore déplacer les objets sans les toucher.

Tout se poursuivrait ainsi, sans obstacles dans cette vie bien rodée en harmonie avec la nature, si Jasmin ne se faisait pas sauver d'une attaque de panthère par un mystérieux homme vêtu d'argent et prétendant être tombé du ciel. C'est le début d'une quête qui va le conduite jusque sur la planète Mars en voie d'être terraformée par d'anciens terriens.

Autant certaines fois je peux hésiter sur le genre littéraire de tel ou tel roman, là aucun doute, il s'agit bien de la littérature jeunesse. Bien écrite, bien construite par un auteur qui a mainte et mainte fois prouvé qu'il était le maître en la matière de vision futuriste de la planète malmenée par les hommes. Pour autant s'il s'agit d'une histoire d'anticipation, c'est beaucoup moins noir que dans ses romans adultes, en effet nous ne sommes pas là en plein cataclysme naturel où les éléments se déchainent, mais dans un futur réparé.
Il est d'ailleurs intéressant de constater que certains auteurs touchant au post-apocalysme mettent en place une société revenue à ses premières valeurs, presque à l'échelle des premiers humains, vivant de récoltes et de cueillette, dans une peur constante de revenir à  ce qui a conduit à la perte de la Terre.

J'ai aussi fait l'analogie avec La Planète des Singes (celui avec Charlton Heston) avec l'histoire de Kruger parti dans l'espace à la recherche d'une nouvelle planète à conquérir pour les humains et qui au final se retrouve sur Terre sans l'avoir voulu .... une Terre tellement transformée qu'il ne peut évidement pas la reconnaître. 

La nouvelle société que dépeint Jean Marc Ligny a un côté très secte, les règles du village sont régis par un chaman qui fait régner les lois, de façon arbitraire ; ainsi pour respecter les codes de Mère Nature, il est normal de ne pas venir en aide à un habitant qui se fait dévorer par un fauve.

Evidemment le côté jeunesse a probablement entraîné chez lui un désir de positiver les choses beaucoup plus que dans ses autres romans, cela m'a un peu surprise, habituée que je suis à la noirceur de ses autres histoires, un peu dépitée aussi dans le sens que j'aurais aimé un peu moins de "tout est bien qui finit bien". Néanmoins cela n'enlève rien à ce très bon roman d'initiation anticipation jeunesse. 
Ce qui est surprenant aussi dans ce roman, c'est la transition entre la première partie qui se passe sur Terre où les émotions et les sentiments tiennent une bonne place (la relation d'amour entre Jasmin et Violette, le respect et l'amitié de Jasmin en faveur de Kruger, les réactions exagérées des villageois) et la seconde sur Mars, beaucoup plus froide à l'image d'une planète qui, si elle est terraformée, reste dangereuse et glacée. Transition accentuée aussi par des décors très différents et aussi une tournure qui prend un tout autre sens sur Mars, au point qu'on a la sensation de lire deux histoires différentes. J'ai beaucoup plus accroché à la première partie qu'à la seconde.

En résumé un très bon roman jeunesse, qu'on apprécie peut-être un peu moins en tant qu'adulte pour tous les points que j'ai développés auparavant, mais les qualités d'écriture et de récit n'en sont pas moins indéniables. Je prends toujours plaisir à lire de bons livres jeunesse et puis celui-ci a le mérite d'aborder des notions de respect de la nature et de ce qui peut arriver si les hommes continuent de bousiller la Terre.
A découvrir donc.

11 commentaires:

  1. J'aurais aimé un peu moins de "tout est bien qui finit bien"

    C’est bien un peu de lumière, parfois ;)

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    1. Oui bien sûr, c'est juste que de la part de Jean Marc Ligny c'est tellement étonnant ^^

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  2. Intéressant ma foi. C'est dans le même univers qu'Exodes du coup ?

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    1. Il n'est pas fait référence à des connus d'Exodes mais c'est vrai qu'en quelque sorte ce pourrait être plusieurs années après.

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  3. Effectivement, au vu de ce que tu en dis Endea, ça pourrait fort bien être l'après-Exodes.

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    1. En tout cas c'est une solution à l'après bousillage en masse de notre planète.

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  4. Moi j'aime bien le "tout est bien qui finit bien", justement je devrais lire celui-là vu les autres textes de l'auteur me semblent trop sombres ^^

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    1. Alors fonce, et puis c'est un excellent roman jeunesse, je le conseille vivement !

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  5. ça fait un bon moment que Jean-Marc Ligny me fait de l'oeil (le petit coquin !), mais avec ses romans "adultes" ! J'aime bien quand ça se termine mal en général (enfin surtout au cinoche, où on nous abreuve trop souvent de bons sentiments), même si je reste très sensible à l'impact de l'humanité sur son environnement...
    Bref, un ouvrage de plus dans ma liste ! :D (pis j'ose de traiter de vile tentatrice tient ! :p)

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    1. Eh bien je te garantis qu'avec Exodes tu seras servie en matière de fin négative et impact de l'humanité sur l'environnement, de plus il est très bien écrit. J'aime beaucoup cet auteur.

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