samedi 23 mars 2013

Monsieur Malaussène de Daniel Pennac

"Réveil brutal de ma défense.
- Un assassin, parfaitement ! renchérit maître Ragaud. Et qui n'en était pas à son coup d'essai lorsqu'il brûlait vifs les malheureux habitants de cette paisible maison alpestre !
Ma défense bondit :
- Je ... Nous ... Ces allusions ...!
- Dix-sept ! rugit maître Ragaud. Dix-sept allusions à dix-sept meurtres ! bombes, couteau, seringues, revolver, avant les quatre exécutions par le feu de Loscence ! Sans parler de ces pauvres filles découpées au profit d'on ne sait qui ...
- C'est pas vrai !
(Je le jure, mon avocat s'est écrié "C'est pas vrai". Ma défense a objecté que c'était "pas vrai !". L'unique objection de ma défense : "C'est pas vrai !")
Maître Ragaud lui-même en est sincèrement affligé."

Il fallait bien que cela arrive un jour ... à force d'être toujours présent au mauvais moment, au mauvais endroit ... Benjamin Malaussène se retrouve accusé de vingt et un meurtres ! Un condensé de toutes les morts arrivées lors de ces dernières années : les attentats aux bombes du Au bonheur des Ogres, les drogués de la Fée carabine, le meurtre du mari de Clara de La petite marchande de prose .. et maintenant ...
"Bref, voici la conclusion de maître Rabutin : moi, Benjamin Malaussène, j'aurais écrit ces faut pour éliminer un enfant non voulu. Puis j'aurais assassiné le docteur Fraenkhel au nom de la vengeance paternelle -circonstances atténuantes s'il en est - pour dissimiler le véritable mobile de ce meurtre : le vol du film Unique !"

Verdict en 4 minutes 31 secondes chrono : coupable ... 
Sentence : réclusion criminelle à perpétuité, assortie d'une peine de sécurité de trente années incompressible.

"Explosion de joie universelle. Je n'ai jamais fait un tel plaisir à tant de gens en même temps. Monsieur Quatorze Juillet soi-même ! Il ne manquait que les fusées d'artifice. Le voisin embrassait la voisine. Délivrés du mal, tous autant qu'ils étaient. Alléluia !"

Rideau .... acte suivant ... Car Pennac consacre une partie (la plus importante) de son récit à une mise en abîme des plus réussies (parce qu'on fonce à plein dedans) .... le théâtre dans le théâtre, en somme l'histoire dans l'histoire ... avant de tirer le rideau et de reprendre le cours normal des évènements. Je m'y suis fait prendre, comme probablement la toute première fois que je l'avais lu, malin le bonhomme ! Le tout d'autant plus réaliste que c'est rédigé par Jérémy lui-même, qui s'est décidé metteur en scène de pièces théâtrales au Zèbre, un cinéma en voie de démolition .... à moins que la projection d'un fameux Film Unique, légué à Julie, sauve le tout ...
Sauf que ce Film disparait, que son auteur lui-même (et son fils avec) sont assassinés ... qu'en même temps des prostituées repenties se font écorcher vives par un amateur de tatouages .... C'est l'apothéose en matière de criminalité dans Belleville. Dommage qu'une fois de plus notre Bouc émissaire soit dans les pattes de la police, une police moins conciliante que ne fut le Commissaire Divisionnaire Coudrier, parti à la retraite et remplacé par un gendre qui veut faire du zèle.

Heureusement pour soutenir Benjamin, il y a la famille (renforcée par la récente arrivée de C'est Un Ange), il y les amis dont le cercle ne cesse de s'agrandir : ainsi Gervaise, fille de Thian, vient remplacer ce dernier aux yeux de Verdun, l'enfant atomique, ainsi deux nouveaux flics Titus et Silistri prennent Benjamin en affection .... et puis Cissou, Clément, des personnes qui traversent sa vie le temps d'un battement de coeur ... sans oublier LA nouvelle, Julie est enceinte !
Après avoir élevé les enfants de sa mère, Benjamin deviendrait père ! Avec tous les doutes et interrogations que cela provoque (oui le Bouc émissaire est un cérébral non spontané, tout est jugé à réflexions et angoisse, rien que du cogitage, rien de nature !), pas étonnant que l'homme ait pu péter un cable n'est-ce pas ? et assassiner tant de personnes ...

Bon .. pour le coupable ou non , pour le "l'a t-il fait ou pas ?", je vous laisse le loisir de le découvrir en lisant ce Monsieur Malaussène, le plus long roman de la série, 645 pages exactement ! Où l'on trouve un condensé de tout le reste plus un peu plus d'explosif et de loufoque, la fin en témoigne .... Ce serait même presque un peu trop Monsieur Pennac ! 
Cela dit cela a au moins le mérite de laisser la part à une imagination plus que débordante de la part de l'auteur qui nous entraine sans sourciller dans son délire .... sous fond de trafic d'images en ce siècle Lumière.

Moins jubilatoire (sauf la mise en abîme) que la Fée carabine ou la Petite Marchande de prose mais tout de même bien sympathique, cette tribu Malaussène décidément ne nous lâche pas !

2 commentaires:

  1. Je l'avais trouvé un peu longuet et compliqué celui-là (d'ailleurs je ressent la même chose à lire ta chronique, je m'y égare un peu xD), en fait c'est à partir de là que la série commence à s’essouffler, malgré quelques très bons moments ^^

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    1. Oui c'est tout à fait cela, la sauce prend moins même si effectivement il y a encore des moments chouettos, par contre le suivant est vraiment en dessous de tout, dommage.

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