dimanche 2 décembre 2012

Anthologie des Utopiales 2012

L'an dernier je n'avais pas acheté l'anthologie, tout simplement parce que je ne suis pas particulièrement fan des nouvelles ... Après avoir lu celle de cette année, je le regrette un peu. Je n'ai jamais accroché au système de nouvelles publiées dans la revue Bifrost, j'en ai conclu que c'était parce que ce genre de lecture ne me convenait pas. En fait, pas réellement .... Car j'ai aimé les nouvelles dans Contrepoint et j'ai beaucoup apprécié celles que renferme cette anthologie .....

Je passerai sur l'introduction de R Lehouq et U Bellagamba qui ne m'a pas vraiment passionnée, un style bourré de métaphores complètement forcées et pas naturelles de ce genre :
"Né prématurément en Europe, de l'union imprévue de la science et de l'utopie, couvé dans les brumes chaudes de la révolution industrielle, bercé par les heurts sociaux et politiques qu'il a provoqués, et nourri au sein par l'hypothèse scientifique, dont le lait est forcément entier" ..... 

Cette anthologie réunissait cette année pas moins de 10 nouvelles dont certaines qui m'ont vraiment emballée comme notamment celle de Neil Gaiman ou celle de Claude Ecken .... ou encore celles de Princio et Queyssi / Mauméjan.

Passage en revue de ces nouvelles :

- Origo de Pierre BORDAGE dans laquelle 10 astronautes passent dans l'infiniment petit, en accélération moléculaire constante pour parvenir au delà du Mur de Planck, vers un  Big Bang, un nouveau départ de l'univers .....  Très sympa.

- Fae Space de Sara DOKE : les humains, vivant avec les Faes, partent à la découverte de la planète Shayol pour une rencontre d'un autre type. C'est une nouvelle sur la tolérance entre les peuple, inutile de dire que les humains sont une fois de plus pointés du doigt en matière de mépris envers les autres, convaincus d'être supérieurs. Une représentation fréquente dans la SF et ô combien vraie, il est marrant de constater que c'est leur union avec le peuple des Faes qui leur a permis de regarder autrement leur monde et de le soigner, de l'améliorer.

- L'observatrice de Robert Charles WILSON qui se passe dans les années 50 à l'époque du télescope Hubble. C'est une nouvelle étrange et un peu flippante sur les enlèvements de petits hommes gris, d'expérience, d'observation des humains. Wilson joue sur la corde de l'angoisse du noir et de l'apparition d'êtres mystérieux ..... avec une chute plutôt surprenante.

- La finale de Nancy KRESS : Et si le cerveau, débarrassé de ses pensées aléatoires qui le parasitent, pouvait se concentrer intensément sur une seule chose à la fois ? Que ce passerait-il ? Serait-il terriblement plus performant dans une discipline ? C'est ce qu'Allen tente d'accomplir sur Lucy Hartwitch, devenue ainsi une joueuse d'échec incroyable mais ... en perdant toute sociabilité. Cette nouvelle m'a fait penser à Des fleurs pour Algernon dans laquelle Charlie, en gagnant en intelligence, perdait un peu de son humanité.

- La chose du lac de Laurence SUHNER : Un hôtel en berge d'un lac Léman ... une chose bizarre dans l'eau, il n'en fait pas plus pour penser à un monstre du Loch Ness. Je n'ai pas été très convaincue par cette nouvelle à vrai dire, qui met en parallèle SF et intrigue policière du début du XXè siècle.

- Et pleurer comme Alexandre de Neil GAIMAN : Il fallait s'appeler Gaiman pour inventer Obediah de déinventeur de toutes les inventions sans lesquelles le monde se porterait bien mieux. Avec un magnifique pied de nez à tous les utilisateurs compulsifs de leurs téléphones portables à toutes les sauces .....
"Il est regrettable que sortir un téléphone puisse avoir autant d'effet sur l'assistance. Je pense parfois que ça nous rappelle l'époque où on pouvait fumer dans les pubs : on sort nos téléphones comme on sortait nos paquets de cigarettes. Mais c'est sans doute parce qu'on s'ennuie facilement. 
[...] Les téléphones étaient sortis et la conversation terminée."
Voilà qui donne à réfléchir  ...

- La fin de léthé de Claude ECKEN : Claire, à l'hôpital à la suite d'un accident dont elle ne se souvient pas, se fait visiter chaque semaine par un voyageur temporel qui lui montre des photos de son futur et lui parle de sa vie à venir. La réalité et la chute vont être fortement cruelles .... Une nouvelle qui m'a beaucoup touchée, qui aborde cette si terrible maladie qu'est Alzheimer. Un texte sensible et émouvant.

- Petite excursion à l'endroit des atomes de Tommaso PRINCIO : Voilà une belle nouvelle post apocalyptique qui donne froid dans le dos : suite à un accident nucléaire, tous les animaux ont disparu (sauf les insectes et les araignées) et les enfants naissent avec d'atroces difformités. On ne peut que songer à ces enfants orphelins russes et roumains dont les images m'avaient frappées à l'époque de leur diffusion. Dans le monde présenté par Princio, chaque enfant porte un nom de Dieu ou de Déesse pour l'aider à s'accepter et à conserver un optimisme à toute épreuve, pensée unique prônée par le Premier Ministre italien. C'est assez hypocrite et terrible.

- En attendant demain de Laurent QUEYSSI et Xavier MAUMEJAN : Espagne, années 75 .... un petit garçon, suite à un évanouissement en sport, devient capable de prédire l'avenir et en gâche toute sa vie .... Quelle souffrance de craindre que le moindre changement apporté au présent n'invalide le futur et d'avoir ainsi toute sa vie planifiée au point de ne plus pouvoir éprouver la moindre surprise.
Une nouvelle en somme plutôt triste et émouvante.

- RCW d'AYERDHAL : ou un grand hommage à son ami Roland C Wagner, plutôt que d'en parler je préfère citer quelques extraits
- Qui est RCW ? demandé-je sans forcer la voix. [...]
- L'écrivain qui s'est défait des chaînes de la science-fiction pour lui ouvrir toute la littérature, répond-il.
Zoroastre se réveille :
- L'écrivain qui a démontré que la science-fiction était à la fois l'essence et le devenir de la métaphysique.
- Le dernier créateur d'une longue tradition nationale d'innovation culturelle, assène Andronic.
- Le dernier auteur de cette littérature que le monde entier nous a enviées avant de la piller, renchérit Zoroastre.
- Le Donateur, soufflent une centaine de voix extatiques.

Ailleurs

9 commentaires:

  1. Tu as pu faire dédicacer quelques nouvelles quand tu étais aux Uto ? (désolée si tu en parles sur un articles précédents, mais j'ai 16 articles en retard chez toi, et je commence par les plus récents :D).

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    1. Oui tu ne remonteras pas trop loin, c'est marqué juste dans mon précédent billet :p
      Courage pour ton rattrapage mais c'est toujours un plaisir de te voir passer chez moi :)

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  2. Tu vas me faire regretter de ne pas l'avoir acheté ! ^^

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    1. Regrette regrette xd
      Tu sais quoi ? je regrette de ne pas avoir acheté celle de 2011, alors désormais je les achèterai toutes ... enfin si j'ai la chance d'y retourner un jour, ce dont je doute :(

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  3. Moi je compte acheter celle-là, au moins pour la nouvelle de Neil. Et puis y'a un excellent challenge qui sert d'excuse en plus ^^

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    1. Ah oui c'est vrai ce sera un bon recueil pour ce challenge ^^
      Pis la nouvelle de Gaiman est vraiment originale et chouette !

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  4. J'ai lu que le début car je suis en plein dedans, mais en tout cas je suis contente que tu découvres le format nouvelles. Je garde ton exemplaire d'Ainsi naissent les fantômes bien au chaud ^^

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    1. C'est une bonne découverte, il faut dire qu'il y a une belle brochette d'auteurs.
      Merci pour "Ainsi naissent les fantômes" ^^

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  5. LOL, je comprends pourquoi Tigger Lilly parle de l'influence de psychotropes sur la préface dans son propre billet sur ce recueil... :D

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