samedi 8 décembre 2012

A l'école lisons (3)

Acte 3 .... A l'école, lisons aussi ... du policier.
La collection Mini Syros Polar offre tout un panel de tous petits livres d'une trentaine de pages qui aborde la littérature policière à l'école primaire.
Cet automne nous en avons découvert deux :

- Les doigts rouges de Marc VILLARD

Ricky, en vacances avec son frère et sa soeur aînés, aime et admire plus que tout au monde son frère. Or celui-ci agit de façon étrange ...... et son ami Bruno Ségura a mystérieusement disparu après une dispute entre les deux adolescents ....

Ce que j'ai surtout apprécié dans ce petit roman c'est toute l'escalade des sentiments du petit garçon, entre son amour démesuré pour son frère, jusqu'au doute et à la suspicion, en passant par la déception, la sensation de trahison etc .... Et en parallèle tout le travail qui peut être fait sur le basculement progressif de la peur à la terreur .... Point de vue professionnel, c'est un excellent petit roman pour travailler toutes ces notions de vocabulaire et de pouvoir les relever au cours du récit.

Ce livre a permis aussi à mes élèves de mener leur propre enquête policière en relevant tous les indices qui accusaient Georges le frère de Ricky, d'amener leur propre explication et ensuite de recouper avec la réalité.
Ils ont donc accroché au plus haut point.
Pour ma part j'apprécie vraiment la chute qui n'est pas du tout celle à laquelle l'on peut s'attendre.
Pour anecdote, un extrait de ce roman "Les images épouvantables d'un film interdit aux moins de treize ans s'imposèrent à son esprit. Massacre à la tronçonneuse mettait en scène un assassin qui découpait les gens en morceaux" a permis de mettre à jour tout ce que des enfants de 9.10 ans regardent déjà à la télévision .... c'est édifiant ....
Inutile de dire qu'ils sont entrés aussi joyeusement dans des explications affreusement gores pour expliciter les indices trouvés ...

- Le chat de Tigali de Didier DAENINCKX

Même collection mais intrigue totalement différente du premier, dans sa conception et sa mise en scène, le Chat de Tigali trace quelques extraits d'un journal tenu par un instituteur qui, au terme de son contrat de coopération en Algérie, ramène en France, avec sa femme et sa petite fille, un chat né là-bas, à moitié sauvage.
Sauf que le chat Amchiche est loin d'être le bienvenu à Saint Martin, petit village près de Marseille, au point qu'un drame arrive ... Mais qui peut ainsi s'en prendre à un animal et surtout pourquoi ?
Plus qu'une enquête policière, ce roman-ci aborde finement les thèmes du racisme et de l'intolérance. De façon subtile parce qu'elle ne passe pas au travers de l'humain mais des vestiges ramenés d'un pays non toléré réunis en un chat qui symbolise une sorte de liberté sauvage et permissive. Certains mots sont très crus et très durs. 

Je pense que ce livre est assez pertinent pour aborder les aspects qui ont trait à l'intolérance, car malheureusement la xénophobie et le racisme sont déjà présents dans certains de ces jeunes esprits, cela sort souvent de façon très fortuite mais c'est présent quand même.
J'ai pu constater aussi que la haine de l'étranger (et pas celui que l'on croit, tout simplement le nouvel arrivant au village) est très exacerbée jusqu'à des conflits qui prennent lieu en dehors de l'école et finissent pas se régler dans la cour : je suis assez horrifiée de pouvoir entendre dans la bouche d'enfants aussi jeunes des mots aussi violents que "toi si je te coince je vais te tuer". 
La littérature devient alors le seul moyen de tenter de faire passer une lueur d'espoir pour ces adultes de demain. Enfin je l'espère encore ....

8 commentaires:

  1. Sympa les gamins :D On ne se demande pas qui leur met de telles idées en tête... Enfin ils m'ont l'air un peu particulier tout de même et pas très surveillés par leur parents. J'imagine mal les petites de ma soeur émettre des propos pareils ou ma soeur les laisser regarder des trucs gore à la télé. Bon elles sont un peu plus jeunes que ta classé mais l'an passé à Noël, la plus âgée des deux regardait Pocahontas en boucle (je crois qu'elle était secrètement amoureuse de John Smith mais chuuut).

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    1. C'est beaucoup une question d'éducation et de milieu certes.
      Après ce ne sont pas des enfants particuliers, ce sont les enfants d'aujourd'hui, même s'il en existe encore heureusement des + encadrés et protégés que certains des miens.
      (Chuuuuuuut je ne trahirai rien, lol)

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  2. Cela doit être chouette surtout de mener l'enquête tous ensemble ;)
    J'espère que le deuxième livre aura un peu participé à davantage de respect envers son voisin.

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  3. Mini Syros est vraiment une bonne maison d'édition je trouve, avec des petits bouquins qui sont très intéressants, et qui permettent de faire dire les choses.

    Comment est ce que cela a été abordé au sein de la classe tout le sujet sur l'intolérance

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    1. Je trouve aussi ces petites collections très intéressantes.
      L'intolérance c'est un sujet que nous abordons presque quotidiennement en fait, il y a toujours des faits qui amènent à parler de cela. Pour le livre, cela viendra tout naturellement je pense, nous n'en sommes pas encore là.

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  4. Heuh j'espère que le drame du deuxième bouquin ce n'est pas..... la mort du chat, un peu à la Millenium?? :s :s :s
    La mère d'une amie à moi, qui avait été instit sur Paris (mais je ne sais plus dans quel arrondissement) pendant les années quatre-vingt, nous disait toujours que l'insulte préféré de ses enfants dans la cour de récré c'était "enculé"... Elle bossait en maternelle... :D Sympas les gosses!

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    1. Arf je ne peux pas te dire, ce serait dévoiler l'intrigue du livre, lol.
      Ah chez moi, c'est plutôt p* ou fils de p* aussi, généralement je leur fais toujours expliciter le sens de leurs gros mots mais 9 fois sur 10 ils ne savent pas ce que cela veut dire ou ils interprètent mal.
      En même temps, s'ils parlent ainsi, c'est bien qu'ils l'ont entendu quelque part et lorsqu'on entend certains parents parler, on a peur !

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