Ewilan a rempli la mission qui lui était confiée, avec l'aide hétéroclite d'amis rencontrés sur sa route. Mais pourtant sa quête ne fait que commencer, désormais elle doit retrouver la Sentinelle qu'elle a sauvée contre son gré, certainement l'affronter mais surtout savoir ce qu'il est advenu de ses parents. Et pour ceci elle aura besoin de l'aide de son frère Akiro. Sans oublier celle de son fidèle ami Salim qui se révèle un allié pourvu de pouvoirs étranges et de ses autres compagnons ...
La quête d'Ewilan s'achève avec ce Tome ci, un épisode sans surprise, dans la continuité des autres, qui se lit sans heurt, avec plaisir mais toujours avec la sensation que tout est aisé et prévisible.
L'amitié, l'amour, tout se déroule de façon un peu trop idéaliste, de même que les évènements qui s'enchaînent sans mauvaise surprise.
En fin de compte la véritable découverte de ce tome ci, moins passionnant que le précédent, est Salim, ce qu'il est en réalité, c'est le personnage le plus intéressant de la Trilogie en fin de compte, le plus normal du coup le plus humain et le plus susceptible de créer un attachement.
Ewilan reste un peu trop éthérée à mon goût quant aux autres, ils sont en fin de compte très prévisibles.
Cela reste néanmoins un bon roman pour jeunes lecteurs, avec des ingrédients qui sont étudiés pour leur plaire, on comprend d'ailleurs avec le Making Of certains choix de Bottero, faits à leur encontre.
Et d'ailleurs j'ai envie de parler de ce rajout à cette très belle édition de chez Rageot.
On y découvre au préalable deux interviews de deux des personnages de l'histoire : Duom Nil'Erg et Ellana comme s'il s'agissait d'acteurs, entretiens plein d'humours qui font regretter que Bottero n'en ait pas plus utilisé dans ses romans.
Ensuite nous avons le droit aux scènes coupées entre Edwin et un Ts'lich qui j'avoue m'ont fait beaucoup rire.
Je ne peux résister à écrire quelques extraits, ce sera un peu long mais tant pis, ceux qui ont lu la Quête d'Ewilan comprendront certainement le côté sympathique et marrant de la chose.
Edwin et le Ts'lich : première
[...] L'air se troubla une fraction de seconde et un second Ts'lich apparut à côté du premier
- Alors, Adwin Til'Illan, m'accordes-tu ce que je suis venu chercher ou tentes-tu de bouleverser les légendes ?
Un rictus sardonique vint déformer le visage du maître d'armes
- Je vais ouvrir vos ventres de sales reptiles puants, répandre vos entrailles dans cette clairière et bouffer vos coeurs encore fumants. Ensuite je ...
- COUPEZ !
- Quoi, coupez ?
- Edwin, mon chéri, il s'agit d'un livre jeunesse, pas un fil m gore ! Adapte son langage s'il te plaît. Allez, on reprend !
Edwin et le Ts'lich : deuxième
- Alors, Adwin Til'Illan, m'accordes-tu ce que je suis venu chercher ou tentes-tu de bouleverser les légendes ?
Le maître d'armes repoussa d'un geste vif la mèche de cheveux blonds platines qui lui barrait le visage
- T'es ouf ou quoi ? Je vais t'exploser la chetron si tu ne te casses pas fissa ! Alors tu nous lâches les baskets et tu ...
- COUPEZ !
- Qu'est-ce qu'il y a encore ?
- ça ne va pas du tout, Edwin ! Ton langage !
- Il faut savoir ce que tu veux. C'est un bouquin jeunesse ou pas ?
Edwin et le Ts'lich : troisième
- Alors, Adwin Til'Illan, m'accordes-tu ce que je suis venu chercher ou tentes-tu de bouleverser les légendes ?
Une flamme farouche illumina le regard opalescent du maître d'armes.
- Le doute ne vous étreint-il pas, vils laquais de l'ombre, à l'idée d'affronter mon courroux dévastateur ? Votre abjection me ..
- COUPEZ !
- Mais ..
- Non Edwin, c'est nul ! Sois toi-même. Simple.
Pour info il y a encore deux autres scènes coupées de la même trempe.
Ce making of s'achève avec Pierre Bottero lui-même qui parle de ses choix, de son métier d'écrivain et de sa relation avec ses personnages et rien que ce point est diablement intéressant.
J'adore entrer dans la vie des écrivains, de leur passion, de la façon dont ils appréhendent leurs récits et la façon qu'ils ont de considérer leurs personnages comme des entités réelles, des hommes, femmes ou enfants qui prennent vie et qui empruntent un chemin qui leur est propre, et qui ne sera pas forcément celui que l'auteur aura prévu pour eux. Comme certains personnages voués à disparaître au cours du récit et qui se sont tellement accrochés qu'ils deviennent élément essentiel à l'histoire.
Je trouve cette entrée dans l'intimité de la relation entre un auteur et son livre passionnante ....
Bottero nous explique les choix des noms de ses personnages, de son titre ( ce sont ses élèves de CM2 qui après vote ont sélectionné le titre Les Frontières de glace pour le deuxième tome de la trilogie, mais laissons Pierre conclure lui-même ce billet :
" Que diriez-vous d'une confidence ? Une vraie confidence s'appuyant sur une découverte que je peux qualifier d'importante puisque, lorsque je l'ai faite il y a peu de temps, elle a illuminé ma journée ...
Les auteurs n'inventent pas les personnages !
Non, ils ne les inventent pas, pas plus qu'ils ne les créent ou qu'ils ne les conçoivent !
La vérité, méconnue, est bien plus étrange .. Les auteurs le plus souvent à leur insu, sont connectés à un univers que l'on pourrait considérer comme magique et qui contient une infinité de caractères capables de s'adapter à la totalité des histoires imaginables, et croyez-moi, cela fait un bon nombre de personnages !
L'auteur en quête d'inspiration croit faire appel à son imagination. Erreur ! L'appel est détourné vers l'univers susnommé, la requête analysée et les personnages intéressés se portent volontaires ... ou s'abstiennent ..."
La littérature jeunesse a perdu un grand bonhomme ..
Ailleurs
Cette trilogie conclue ma participation au Challenge Bottero d'Edelwe dont je ferai le bilan dans un autre billet.
Han ! La partie "Behind the scene" devait être vachement intéressante ! Quand cette intégrale était sortie, j'avais hésité à me la racheter ... mais bon, ce n'est pas pour quelques pages supplémentaires, et je n'aime pas assez pour tout racheter :)
RépondreSupprimerTu vas te lancer dans une des autres trilogies de Bottero maintenant ? :)
C'est vrai que racheter une édition juste pour la fin, au prix des livres et compte tenu de tout ce qu'il nous reste à acheter, mieux vaut pas. Mais le Making Of était vraiment à lire il est vrai.
SupprimerOui je pense que j'en relirai, pas de suite car je ne suis plus sous Challenge mais sûrement.