Dans un monde de brumes et de pluie de cendres règne le Seigneur Maitre, un homme, presque un Dieu, qui gouverne et dirige de façon tyrannique les hommes depuis de 1 000 ans. Il a conçu un système rigide dans lequel chaque catégorie d'hommes a une place précise et inchangeable :
Les Nobles, sous le couvert des Obligateurs qui valident tout échanges commerciaux, évènement ou documents, ainsi que les relations, emploient à leurs service les Skaa, sorte de serfs dont ils usent et abusent à volonté : des esclaves qui peuvent être mis à mort selon le bon vouloir de leurs maîtres. Et les Inquisiteurs, sombres personnages qui protègent le Seigneur Maître et le défendent.
C'est dans cette société sombre et sans espoir que tente de survivre la jeune Vin, employée par une bonne de voleurs, avant de connaître Kelsier un homme brisé par le Seigneur Maître, mais qui, après avoir résisté, ne vit que pour renverser l'Empire et tuer le Dieu.
C'est que Vin et Kelsier possèdent un pouvoir dont seuls les Nobles ont le droit d'être affublés : l'allomancie, un pouvoir lié aux métaux, à chaque métal correspond un pouvoir particulier et ils sont au nombre de 8. Seuls un nombre restreint d'humains possèdent les 8, ce sont les Fils-de-Brume .. Vin et Kelsier le sont tous les deux.
Voici un roman que j'ai dévoré d'une traite et auquel j'ai accroché dès les premières lignes. Le récit est soutenu, angoissant, sombre et jusqu'au bout on reste sur le qui-vive. C'est qu'une grande part de l'histoire est consacrée à la confiance et l'amitié. Vin, élevée par son frère, dans la peur d'être trahie et rejetée, a construit une personnalité qui déteint sur le lecteur, à chaque instant on redoute que ses craintes soient réelles. Et pourtant elle va tomber sur des personnages dont on a envie qu'elle leur fasse confiance.
Du coup les personnages de L'Empire Ultime sont riches et complexes avec une capacité d'évolution énorme.
La Vin du début est à mille lieue de celle de la fin et idem pour Kelsier. Ce sont les deux personnages principaux mais ceux qui gravitent autour d'eux ne sont pas moins intéressants, notamment Sazed, un terrisien, un peuple qui possède un tel pouvoir que le Seigneur Maître a voulu tous les exterminer.
Chaque membre de la bande de Kelsier possède d'ailleurs un pouvoir particulier lié au métal qu'il sait extraire et utiliser.
Et voici une autre particularité de ce roman qui me l'a fait tant apprécier ... des pouvoirs tout à fait originaux ceux liés à cette allomancie qui se découvre peu à peu au cours du récit. C'est passionnant et leur utilisation donne lieu à des combats assez intenses, faits de Poussés et de Tractions sur des objets métalliques. Je n'en dirai pas plus, cela enlèverait tout le charme de la découverte de Tome 1. Qui plus est un pouvoir qui reste mystérieux et qui demande beaucoup de travail pour l'utiliser correctement. Ce qui donne un autre cachet car le posséder n'est pas garanti de victoire ni d'invisibilité.
Les choses ne sont pas figées non plus, ni manichéennes, il existe des Skaa qui préfèrent rallier le pouvoir, par protection, comme des Nobles qui tentent de lutter contre cet état de choses, tel Elend Venture, fils d'une des plus grande maison de la Noblesse, qui se révèlera au cours du roman. La fin est déroutante (avec un passage que je ne dévoilerai pas mais qui m'a profondément émue et donné envie de crier "non ce n'est pas vrai !!!" ), parce que tout est construit pour que l'on reste dans l'incertitude et les épreuves et tragédies ne manquent pas. Et en même temps les choses ont été posées de telle sorte qu'on est soi-même dans une angoisse perpétuelle, un Seigneur Maître entouré de gardes indestructibles face à des humains tout ce qu'il y a de mortels ... cela a de quoi faire sérieusement craindre pour leur vie d'un bout à l'autre de l'histoire.
Je me rends compte que je pourrai encore longuement en parler car ce fut un réel coup de coeur, mais il faut bien arrêter là, un dernier mot concernant les Inquisiteurs, ce sont des personnages réellement effrayants qui font vraiment mais vraiment flipper. J'ai ressenti à leur description et leurs actions les mêmes angoisses qu'envers les Nazgul dans le Seigneur des Anneaux (le film je précise).
Juste un tout petit point faible du roman, qui m'a un tantinet gêné : la répétition de certains faits, alors que c'était inutile, un peu comme si l'auteur craignait que le lecteur oublie. Et pourtant cela ne risquait vraiment rien. Cela dit je l'ai constaté à deux ou trois reprises, donc cela reste très largement supportable et n'entache en rien la réelle qualité de ce roman.
Une très très chouette découverte que j'ai hâte de prolonger dans les tomes suivants, ils sont en commande (vive les cartes-cadeaux-FNAC-anniversaire ^^) et je me jette sur Le Puits de l'Ascension dès que je l'aurai reçu.
Extraits
L'homme qui se trouvait derrière lui l'attaqua, et Kelsier bondit hors d'atteinte, exerçant une Traction sur le coffre pour s'attirer vers le centre de la pièce. Dès qu'il atteignit le sol près du coffre, il s'élança dans les airs en diagonale. Il bondit par-dessus les têtes de deux de ses agresseurs, et atterrit sur le sol près de plantations. Il pivota, attisant son potin et levant le bras pour parer le coup qu'il anticipait.
Il jeta son sac sur son épaule et ouvrit nonchalamment la porte. Une brume épaisse commença aussitôt à s'engouffrer sur le corps de Kelsier pour se déverser sur le sol et ramper à terre comme un animal hésitant. Plusieurs personnages émirent des hoquets horrifiés, bien que la plupart soient trop stupéfaites pour proférer le moindre son. Kelsier resta planté là un moment, à fixer au-dehors les brumes sombres dont les braises éclairaient faiblement les courants changeants.
Quelque chose s'abattit contre sa flèche. Vin poussa un cri et s'écarta d'un bond. Elle s'attira vers une autres flèche, l'agrippa faiblement et s'en éloigna aussitôt d'une poussée. L'Inquisiteur la suivit, accompagné d'une série de chocs à mesure qu'il sautait d'une flèche à l'autre derrière elle.
Il m'a trouvée. Il ne pouvait ni me voir, ni m'entendre, ni sentir ma présence. Mais il m'a trouvée quand même.
Ailleurs