mercredi 18 août 2010

Le trône de Fer de George R.R MARTIN

Il est toujours difficile de chroniquer un livre d’une ampleur pareille, l’intégrale 2 ( titre anglais : A clash of kings) ne comporte pas moins de 3 tomes : La bataille des rois ; L’Ombre maléfique ; L’Invincible Forteresse.

L’intégrale 1 débutait dans un monde glace avec les Autres et l’arrivée de l’hiver et s’achevait dans le feu, avec la naissance des dragons de Deanerys.
L’intégrale 2 démarre sur l’apparition d’une étrange comète rouge dont personne ne sait la provenance et la signification mais qui de toute façon n’augure guère de positif, on en voit la preuve dans un final de feu, de destruction et de chaos. Et en même temps le royaume des Sept Couronnes s’enfonce peu à peu dans l’hiver.

On a quitté les personnages en plein changement politique, le roi du Trône de fer est mort, sa Main décapitée, c’est la guerre entre les 4 rois qui le convoitent
- Au Nord, le fils de Ned Stark : Robb
- A Castel Rock, le fils « légitime » du roi défunt ; le jeune Joffrey (de plus en plus antipathique au fil des pages)
- A Peyredragon, le seigneur Lord Stannis, frère du roi
- A Accalmie, le seigneur Lord Renly le frère benjamin du roi
Et à chacun de légitimer son droit au trône en toute légalité . George R.R. Martin va alors nous balader au fil des pages de batailles en batailles, de conflits en conflits, de drames en drames, sans hésiter à nous faire frémir, à nous inquiéter en jouant sur notre attachement à certains des personnages (lui, au contraire de certains auteurs, n’a crainte de faire disparaître des personnages aimés et c’est cela aussi qui fait la force de ce livre, on s’attend à tout), nous laissant un peu respirer en nous rassurant ensuite (la mort présumée de 2 personnages récurrents du livre n’a pas manqué de me démoraliser durant plusieurs pages tout en espérant à une fausse piste )tout en distillant peu à peu quelques éléments de magie (noire du côté de Lord Stannis avec l’arrivée de Mélissandre d’Asshai, la femme rouge et magie zoman, la magie de l’homme-bête, du côté de Bran et probablement même de Jon).

Certains personnages dans ce Tome 2 sont moins présents (Daenerys, Robb notamment) alors que d’autres sont à la hauteur de ce qu’ils promettaient, je pense surtout à Bran dont la vie prend une tournure très intéressante et à Thyrion qui, décidément, bien qu’étant dans le clan qu’on aimerait voir perdre, en demeure toujours aussi attachant ; je pense même que c’est le personnage central, celui qui fera tout basculer à un moment ou à un autre et c’est d’autant plus intéressant que c’est l’ anti héros par excellence : aucun charisme physique, décrié ou critiqué par sa famille, il est pourtant le plus intelligent, le plus stratège, le plus humain aussi (lui que l’on traite pourtant de semi-homme).

On assiste aussi à l’apparition de nouveaux personnages : Jojen et sa sœur Meera, habitants des paluds, qui révèleront beaucoup de choses des pouvoirs de Bran ; Théon ,élevé par les Stark comme pupille, qui se lance à corps perdu dans son combat pour regagner un titre et le respect de son père, croisade qui se transforme en véritable rage et le mènera probablement à sa perte.

Les autres personnages récurrents tels que Jon, Sansa, Arya, Catelyn nous sont désormais à ce point familiers que leur évolution ne surprend pas mais notre intérêt pour eux n’en faiblit pas pour autant. On se trouve même en plein suspense au sujet de Jon tout à la fin du dernier tome.

J’apprécie aussi le manque de manichéisme dont fait preuve Martin, ; en effet un personnage extrêmement antipathique comme la reine régente Cersei est pourtant une femme qui, comme toutes les mères, s’inquiète pour ses enfants et craint pour leur vie, nous apparaissant alors par là beaucoup plus humaine et nous touchant aussi à ces instants là.

L’intégrale 1 posait les éléments, faisait prendre une tournure brutale au tout pour nous laisser dans l’attente d’une suite … suite qui ne donne pas encore de réponses (fort heureusement), l’auteur continuant allégrement à brouiller les pistes, à nous faire pencher pour un clan ou pour un autre (on se doute même qu’il n’y aura pas forcément de victoire franche et massive de l’un ou de l’autre) … et surtout à affuter notre intérêt et notre passion pour vite vite découvrir l’Intégrale 3.
LA question est de savoir combien de temps je vais tenir avant d’ouvrir ses premières pages !

Extraits :
Etre prince ne l’avait jamais tenté. Son rêve de toujours, c’était chevalier, c’étaient l’éclat de l’armure et le flottement des bannières, c’étaient la lance et l’épée, c’était entre les cuisses un destrier. Pourquoi lui fallait-il gâcher ses jours à écouter des vieux parler de choses dont à peine comprenait-il la moitié ? Parce que tu es brisé, martelait la petite voix insidieuse.

Sur chaque feuille et chaque branche et chaque pierre chatoyait la pâleur roseur de l’aube. La moindre pointe d’herbe était taillée dans l’émeraude, et la moindre gouttelette dans le diamant. Les champignons comme les fleurs étaient revêtus de verre. Et il n’était jusqu’aux fondrières qui ne fussent d’un brun poli. Dans la verdure scintillante, une fine couche de givre faisait pétiller la noirceur des tentes. « Une part de vous est Eté, une part d’Eté est vous, et vous le savez, Bran. »
« Avec deux yeux, vous voyez mon visage. Avec trois, vous verriez mon cœur. Avec deux, vous voyez sans peine ce chêne-là. Avec trois, vous verriez sans peine et le gland dont il est issu et la souche qu’il deviendra tôt ou tard. Avec deux, vous ne voyez pas plus loin que vos murs. Avec trois, vous verriez au sud jusqu’à la mer d’Eté et au nord par-delà le Mur. » « Oui, et je suis en outre un monstre, hideux et contrefait, n’oublions jamais ce détail. » Son poing se serra violemment. « Me voilà édifié. Nous avons tous deux des tâches urgentes. Laissez- moi. »

Alors, une bouffée de froid subite lui hérissa la fourrure, l’air frémit d’un froissement d’ailes, et, comme il levait les yeux vers les sommets blanchis de givre, une ombre fondit des nues, un cri strident déchira l’atmosphère, il entr’aperçut, largement déployées, des pennes gris-bleu qui interceptèrent le soleil, et … « Fantôme ! » cria Jon en se mettant sur son séant. Il sentait encore les serres acérées, la douleur. « Fantôme, ici ! »

Ici la Garde de Nuit.

4 commentaires:

  1. Si cette vague de billets sur la blogosphère ne décide pas Martin à écrire la suite, je ne sais pas ce qu'il lui faut...

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  2. Va falloir que je m'y mette aussi ! Depuis le temps !

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  3. Très belle chronique malgré l'ampleur de cette intégrale. J'ai eu du mal à écrire la mienne, mais je me suis vraiment régalée avec ce tome 2 US. J'ai moi aussi tremblé avec ce que tu as appelé "la mort présumée de 2 personnages récurrents du livre". C'est la force de Martin. Comme il ne fait pas de cadeaux à ses personnages, tu t'attends à tout. Pour l'instant je lis une intégrale par an, mais je ne sais pas si je tiendrai jusqu'à l'année prochaine pour lire la suite. ^^

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    1. Merci ^^ C'est dur hein de résister à Martin ? Je me suis arrêtée après l'Intégrale 3 mais j'avoue souvent loucher vers la 4 qui m'attend bien sagement, lol

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