mardi 3 août 2010

La Citadelle des Ombres Tome 1 et 2 de Robin Hobb

A la base je n'escomptais pas chroniquer les deux volumes en une seule fois, mais dans la mesure où je les ai (re) dévorés très rapidement et aussi que je n'avais pas accès à Internet lorsque j'ai fini le premier, je vais donc parler des deux en même temps.

L’intégrale 1 comporte donc les 3 premiers tomes : L’apprenti assassin (1995) ; L’assassin du roi ; La Nef du crépuscule.
Et l’intégrale 2 les 3 tomes suivants : Le poison de la vengeance ; La voie magique ; La reine solitaire.


Chaque chapitre commence par un petit texte en italique qui relate soit des évènements passés soit des écrits sur les us et coutumes, ou Histoire, des différents peuples. On n’est pas obligé de le lire pour suivre l’histoire mais c’est souvent intéressant et parfois nécessaire pour saisir certains aspects de l'intrigue.

J’ai une affection particulière pour l’épopée de Robin Hobb car c’est des premiers livres de fantasy de qualité auquel j’ai eu affaire il y a déjà un certain nombre d’années, épopée que j’ai du lire déjà au moins trois fois avant cette relecture-ci.

Elle met en jeu l’histoire principale d’un enfant, fils bâtard du roi servant, arraché des bras de sa mère lorsqu’il a 6 ans pour être projeté dans une histoire qu’il va construire au fur et à mesure de sa maturité mais aussi et surtout subir, car tout en étant le catalyseur de la plupart des évènements, il n’en est pas moins la victime.
Au moment où Fitz, (en anglais fils illégitime d’un prince), entre à Castelcerf, capitale du Royaume des Six Duchés (royaume menacé par les Outriliens, des pirates qui mettent à feu et à sang les villes sans aucune autre revendication et on comprendra leurs raisons qu'au tout dernier chapitre), c’est le roi Subtil qui règne ; son fils aîné Chevalerie ayant abdiqué pour gommer son erreur, c’est son second Vérité qui prend le rôle, bien à contre cœur car non élevé dans ce but, de roi servant, alors que le cadet Royal brigue ce rôle jusqu’au point de fomenter trahison, mensonge et meurtre. Elevé en premier lieu par Burrich, maître des écuries, puis par Umbre, maître assassin du roi, qui lui apprend à tuer, en secret, Fitz se rend peu à peu compte que sa vie n’est désormais régie que par son rôle d’homme lige du roi et qu’il n’a plus aucun libre arbitre sur sa vie ce dont il souffre, car au moment où il a accepté de se mettre au service de son roi, tous ses actes seront dictés par son serment d’allégeance.

Ce qui fait la force de la Citadelle des Ombres c’est en premier lieu le fait que le récit est rédigé à la première personne, on se sent d’autant plus proche et concerné par ce qui arrive à Fitz, de plus la psychologie des personnages est admirablement mise en œuvre et très approfondie.
Fitz est l’anti héros par définition, il n’accomplit aucun acte héroïque, ne s’appréhende pas comme un personnage de valeur, il en est profondément humain, avec ses qualités et ses défauts, ses coups de colère et d’espoir .. Il peut même agacer certaines fois … Mais surtout il touche par son énorme solitude, bien qu’entouré de quelques amis, son seul véritable compagnon est le loup avec lequel il va se lier.

Ce qui m’amène à aborder le côté fantasy de l’œuvre, la magie y étant présente sous deux aspects : l’Art et le Vif
- L’Art est la magie des nobles, elle jette un pont mental entre deux personnes c’ est à dire qu’elle permet de communiquer à distance mais aussi d’influencer l’esprit des gens, voire même de leur imprégner une sorte de conditionnement de fidélité extrême, elle peut tuer aussi. Vérité avait fait former tout un clan lié par l’Art afin de pouvoir communiquer à distance pour empêcher les attaques des Pirates rouges, clan qui n’aura été dévoué qu’à son frère cadet.
- Le Vif lui permet de communiquer avec les animaux, en réalité cette magie se partage entre les animaux et les hommes, il faut une réciprocité et une égalité entre les 2 êtres qui se lient. Mais certains voient le Vif comme une magie souillée, vile, car il est dit que ceux qui pratiquent trop longtemps le Vif finit par se transformer en la bête avec laquelle il est lié.
Fitz, lui, est capable de pratiquer les deux, ce qui lui apporte un supplément de pouvoir car il s’avère que son animal de Vif peut du coup emprunter la voie de l’Art pour défendre son frère mais lui causera la plupart de ses ennuis car à la cour, cette magie est punissable de mort.

L’autre aspect fantasy n’apparaît réellement dans la dernière partie de l’Intégrale 2 sous forme de dragons, les Anciens qui devront, s’ils sont réveillés, faire fuir la menace des Outriliens sur le Royaume des Six Duchés ; on a alorsla sensation de basculer dans un autre univers, on est en quelques sortes dans un roman à tendance médiévale qui comporte rois, intrigues à la cour, combats et brusquement le fantastique prend le pas peu à peu sur le réel …

Et c’est avec ce dernier constat que je vais faire le lien avec le livre qui m’a redonné envie de me replonger dans la Citadelle des Ombres : à savoir le Trône de Fer., non que les deux romans soient semblables mais on y trouve tout de même des points communs :
- Dans la rédaction très soignée
- Dans la psychologie fouillée des personnages (encore plus dans la Citadelle de part le nombre réduit des personnages principaux)
- Dans l’histoire elle-même de part les intrigues et conflits liés au pouvoir, avec un axe relativement réduit de la fantasy
- Par l’ampleur des deux écrits : on s’y laisse plonger, on dévore, on se prend au jeu …
Par ailleurs, on parle de dragons dans les deux ; de magie aussi, magie (noire) qui prendra de l’importance dans l’Intégrale 2 du Trône de fer.
J’ai relevé d’autres détails troublants de ressemblance entre les 2 : L’étrangeté des rêves de loups que fait Bran renvoie quelque peu au lien qui unit Fitz et son loup Œil de Nuit ; les hommes tués par les Autres qui se relèvent pour tuer sans ombre d’humanité font penser aux forgisés par les Pirates Rouges.
A savoir que la Citadelle des Ombres a démarré en 1995 et le Trône de Fer en 1996. Après il ne s’agit que de faits de ressemblance qui sont mêlés à des intrigues complètement différentes mais qui se rejoignent sur un point : on est captivé de bout en bout.

Extraits

"C'est à cette époque que la graine de la solitude absolue fut plantée en moi, et elle enfonça de profondes racines dans mon être."

"Je vacillai et dus me rattraper à un fauteuil ; mais je continuai de marcher, soumis, incapable d'imaginer de faire autre chose. Umbre, qui était devenu le pilier central de mon univers, qui m'avait convaincu de ma valeur, Umbre me dépouillait de tout. Pas seulement de ses compliments, mais du temps passé ensemble, de l'espoir de pouvoir faire un jour quelque chose de ma vie."

"Nous appartenons au roi, mon garçon. Nous sommes ses hommes liges. Nos vies sont à lui, chaque instant de chaque journée, que nous soyons réveillés ou endormis. Tu n'as pas de temps à consacrer à tes soucis personnels. Seulement aux siens."

"Le même froid furieux se tordait et bouillonnait en moi, passait de la colère à la haine, puis à la frustration, revenait à la colère, et faisait monter en moi une tension intolérable. Ils n'avaient pas le droit de me faire ça ! Je n'étais pas né pour être leur instrument ! Je devais pouvoir vivre librement mon existence, être celui que j'étais destiné à devenir. Croyaient-ils pouvoir me plier à leur volonté, m'utiliser quand bon leur semblait, sans jamais en payer le pris ? Non ! L'heure viendrait ! Mon heure viendrait !"

"NOUS SOMMES DE LA MEME MEUTE ! Justin fut repoussé contre la porte avec une telle force que sa tête rebondit contre le bois. Il avait été plus que repoussé : je ne trouvai pas de mot pour décrire ce qu'Oeil-de-Nuit avait fait à Justin de l'intérieur de son esprit ; c'était une magie hybride : Oeil-de-Nuit se servait du Vif en passant par le pont qu'avait créé l'Art et il attaquait le corps de Justin depuis l'esprit de Justin."

Robin Hobb a écrit deux autres épopées : Les aventuriers de la mer et le Soldat Chamane.
Pour en savoir plus.

Elle sera présente aux Imaginales à Epinal en mai 2011.

Ajout : il existe une suite à la Citadelle des Ombres Tome 1 et 2 dans laquelle on retrouve Fitz et son loup environ 15 ans + tard ; suite que Robin Hobb n'avait visiblement pas l'intention d'écrire quand on lit sa fin dans La reine solitaire. Pourquoi a-t-elle changé d'avis ?
Succès de ses premiers tomes ? pression des lecteurs ? envie de retrouver ses personnages et de voir comment ils avaient évolué ?Voilà une question qui serait intéressante à lui poser aux Imaginales ... à condition de posséder l'anglais ...
Dernière remarque, il y a un pont entre certains personnages de La Citadelle Tomes 3 et 4 et Les Aventuriers de la Mer ...




7 commentaires:

  1. Haa, le truc machin grosse brique que je dois lire avant d'aller aux épinales. Apparemment les intégrales ne sont pas sorties en livre de poche, dommage ...

    Ptètre que ça pourrait m'aider à attendre le tome 5 du trône de fer :p

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  2. Je te conseille d'en rester là avec la Citadelle des Ombres, et de ne pas lire la suite. Tu sauras pourquoi en lisant mon billet...

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  3. Ah ah c'était déjà fait mais je vais aller voir ton billet ^^

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  4. Tigger Lilly @ c'est bête qu'ils ne soient pas sortis en poche intégral, mais n'empêche que du coup, je les ai acheté au fur et à mesure en poche par tome, et du coup je suis quand même contente parce que c'était sympa d'aller les acheter un par un quand le dernier se finissait :p surtout que je les ai trouvé d'occasion pour la plupart, et ça fait du bien au porte monnaie, en général les lecteurs sont assez respectueux, ouf !

    Munin @ Je viens de lire le billet xD trop drôle. Bon ça va vu que j'avais déjà lu. Mais c'est vrai que Fitz et sa cabane... Bref. Je suis encore avec le sourire aux lèvres.

    Cela étant dit, Fitz, ça reste Fitz. Je pense que le moment de la vie où ont lit un livre est très important dans l'appréciation de la lecture. C'est un peu capilotracté comme théorie, mais je m'y tiens quand même. Allons, allons, qui n'a pas apprécié un navet juste parce que c'était LE moment où on avait besoin de lire ce navet ? HEu, loin de moi l'idée de traiter Fitz de navet (quoiqu'avec la Molly, il est pire xD ). Toutefois, je l'ai lu quand j'étais à l'internat, et Fitz m'a bien fait tenir. Ma petite soeur a repris le flambeau récemment, et elle se met à m'en parler, alors je me suis même dit que j'allais le relire. Mais bon, est ce que cette relecture ne va pas enlever toute la magie de cette première...
    Bref, bref, bref, sur ces petites considérations (enfin petite, j'ai mis une semaine à m'en remettre de la mort de Loup) ça reste quand même un de mes meilleurs moments littéraire médiéval fantastique.

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  5. C'est pas Loup, lola ^^ c'est Oeil de Nuit :p

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  6. Aaaah mais il y a des intégrales ? Ca change tout ! J'ai les 4 premiers tomes en version France Loisirs, et le reste sur ma liseuse... A voir si j'investis, ou non. Bref, le fait est que j'ai lu ta chronique en diagonale, puisque je vais commencer cette série d'ici peu de temps. Et j'ai hâte, avec ce que tu en dis !

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    1. Commence commence, cela restera pour moi ma préférée de toutes, et aussi j'aime beaucoup les Intégrales pour ma part ^^

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