dimanche 9 septembre 2012

L'école est finie de Yves Grevet

2028.... Cela commence par une dictée portant sur les débroussailleuses et les tronçonneuses qui seront en promotion dans tous les magasins Jardins et Maisons. Ensuite la récréation est déclamée par une petite élève pour son évaluation de lecture à voix haute : "C'est l'heure pour tous les élèves de l'école Jardins et Maisons d'aller se détendre et de profiter de tous les merveilleux équipements de plein air offerts par notre magasin préféré. "....

L'école du futur .. vous l'avez cauchemardée ? ? Yves Grevet l'a faite !
C'est que désormais pour espérer un minimum d'éducation, les enfants doivent signer dès le CP un contrat d'apprentissage dans une entreprise laquelle prend en charge la scolarité contre des heures de compensation en travail. Chaque fin de semaine, chaque élève cumule des bons d'achats dans son cahier du jour, afin de le récompenser de ses efforts. Damned voici l'école du futur pour les enfants pauvres !

Un tout petit livre d'anticipation dans lequel Grevet nous dépeint une société dans laquelle riches peuvent encore prétendre à une éducation en bonne et due forme alors que pauvres sont contraints à travailler pour apprendre à lire et à écrire. Et encore, il s'agit là de lire des catalogues de jardinerie ou de calculer des pourcentages de réduction durant les soldes, certes c'est une bonne école de la vie mais c'est surtout une monstrueuse exploitation d'enfants. Une société dans laquelle les patients sont tirés au sort pour leurs soins dentaires.
Et pour les parents refusant le système, il n'existe qu'une seul moyen : l'école du maquis, l'école clandestine mais c'est à leurs risques et périls !

Le seul reproche que je pourrais faire à ce livre, c'est justement sa brièveté, Grevet tenait là un sujet qui aurait pu faire l'office d'un roman bien plus long, il m'a laissée en définitive sur ma faim.

Du coup je ne suis pas vraiment entrée dedans, même si le sujet abordé est terrible et nous pend au nez si les gouvernements successifs continuent à sacrifier ainsi l'école et ces enfants qui seront les adultes de demain. Cela m'a fait repenser à un reportage que j'avais vu sur des écoles américaines où les élèves devaient acheter leur propre papier toilette et des feutres velleda pour leurs maitres .... Certes nous n'en sommes pas encore là en France mais au train où vont les choses, dans une société où les inégalités sociales se creusent de plus en plus, où elle devient de plus en plus apparente dans cette micro société représentative du pays qu'est l'école, peut être qu'un jour les établissements seront sponsorisés par Mac Donald, ou Point Vert ou encore Leclerc (après tout, cela existe déjà, l'opération Nettoyons la Nature qui a lieu chaque automne est sponsorisé par Leclerc qui fournit alors des gants et surtout des tee shirt portant leur logo ainsi qu'une "magnifique"  banderole à accrocher sur la grille d'entrée.)
En tous les cas un bon petit roman pour débroussailler les idées et réflexions des élèves ... je vais tester, peut-être que cela leur fera réaliser la chance qu'ils ont d'être dans une école encore relativement gratuite et les motivera pour apprendre leurs leçons et se concentrer .... 
On peut toujours rêver ....

Merci à Olya de m'avoir faire découvrir ce petit livre ^^.

Extrait
- Alors tu sais pourquoi notre vie est si dure maintenant ? Et pourquoi mon père regrette tant le passé ?
- Au début du XXIè siècle, m'a-t-elle expliqué, les gens n'ont pas su refuser ce qu'on leur imposait.
-Mais qu'est-ce qu'ils auraient pu faire ?
- S'opposer, s'opposer par tous les moyens.


8 commentaires:

  1. Oh, il m'intéresse bien celui-là! Je vais essayer de mettre la main dessus...

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    1. Bien que trop court, il est intéressant, en plus il est sympa à faire avec les élèves ^^

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  2. J'avoue que la brieveté de ce livre est responsable de la claque qu'il m'a donné. Car il ne donne que les informations dont nous avons besoin pour dépeindre la réalité de cette année 2028, et tout le reste, c'est à nous de l'imaginer, et c'est ça qui m'a pris aux tripes.

    Et je pense aussi que ce format est bien plus susceptible de trouver preneur chez les jeunes qui sont nos adultes de demain, et donc qui réussira mieux à leur faire ouvrir les yeux.

    Après, c'est vrai que ce serait très agréable de voir ce livre ci développé en roman.

    Ca ne t'a pas fait un peu penser à Ceux qui sauront de Bordage ?

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    1. Non pas trop à Bordage, c'est vraiment de l'anticipation, je pense que comme je suis dans le boulot, la claque a été moins grande car sans en arriver encore juste là, je suis déjà complètement effarée de la tournure que prennent les changements depuis plusieurs années dans les écoles.
      Mais effectivement le petit format est absolument adapté à une lecture d'enfants de 9.10 ans, une bonne façon de leur faire voir les choses.

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  3. C'est marrant (enfin, marrant sur le ton de l'ironie, entendons-nous)car c'est un peu ce qui s'est passé aux JO de cet été où y a des sportifs qui ont reçus des amendes parce qu'ils portaient de fringues d'une autre marque que celle d'un sponsor des JO (et encore ce n'est qu'un exemple et pas le pire de l'emprise des marques sur cet évènement, un joli gâchis).

    Bref, tout ça pour dire que la machine est marche, mais je crois que là où on en est, il est encore possible de lui faire faire demi-tour. En espérant que les générations futures n'auront pas trop le nez dans la merde de la société de consommation pour ne pas se rendre compte de ce qui se passe.

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    1. Je ne suis pas de nature optimiste, alors j'avoue que je n'y crois pas trop au demi-tour .... IL faudrait compter sur les générations futures mais quand on les voit enfant, certaines de leurs réactions, leur addiction à la consommation (et surtout le fait qu'ils trouvent ça normal),on n'a que peu de foi pour leur avenir d'adulte. J'espère juste que je suis une incorrigible pessimiste et que je me trompe ...

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  4. J'ai beaucoup aimé ce livre, même si ça fait froid dans le dos... ça m'a fait penser aux polémiques d'il y a quelques temps sur l’ingérence des entreprises dans les universités. J'avoue en tout cas que je partage ton pessimisme...

    On a proposé ce livre au club de lecture enfant (8/12 ans) à la bibliothèque où je travaille. Je pense qu'on aura des discussions intéressantes avec eux :)

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    1. C'est toujours intéressant de traiter ce genre de sujet avec des enfants.

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