dimanche 14 août 2011

Le cycle d'Ender : La voix des morts d'Orson Scott Card

En l’an 1830, après la constitution du Congrès Stellaire, un vaisseau éclaireur automatisé transmit un rapport par ansible : La planète qu’il examinait entrait tout à fait dans le cadre des paramètres de l’existence humaine. La planète la plus proche ayant un problème de population était Bahia : le Congrès Stellaire lui accorda une autorisation d’exploration. Ainsi, les premiers êtres humains qui posèrent le pied sur ce nouveau monde parlaient portugais, étaient de culture brésilienne et de religion catholique. En 1886, ils descendirent de leur navette, se signèrent et baptisèrent la planète : Lusitania, ancien nom du Portugal. Ils entreprirent de répertorier la faune et la flore. Cinq jours plus tard, ils constatèrent que les petits animaux des forêts qu’ils avaient appelés porquinhos –petits cochons- n’étaient absolument pas des animaux.

Ce prologue du second Tome du cycle d’Ender fait penser fortement aux colonisations espagnoles des amériques …. quelques siècles plus tard et transposées dans un monde de science fiction.
La comparaison s’arrête là car si les espagnols conquérants avaient rapidement soumises les populations locales, les convertissant à leur religion, sur Lusitania il est absolument hors de question de gêner cette petite population extra terrestre, appelée les piggies.
Les observer, se lier avec eux mais en aucun cas les convertir au mode de pensées et de vie des humains. Ce sont des xénologues qui sont chargés d’entrer en contact et de les étudier.
Or lorsque certains d’entre eux sont retrouvés assassinés d’atroce façon, l’humanité s’interroge : que sont réellement les piggies, constituent-ils une menace ?

Pour rendre hommage aux victimes et surtout comprendre ce qu’il s’est passé, on fait venir sur Lusitania, un Porte Parole des Morts … celui qui sait parler les morts des personnes …. Et celui-ci n’est autre qu’Ender Wiggin ….

Dans le premier tome de son cycle, La stratégie d’Ender, Card nous avait habitués à un style simple, des phrases très courtes, un roman tourné vers les réactions d’un enfant de 6 ans dont on veut faire un tueur …. Il n’en est rien dans son second Tome qu’il n’écrit plus du tout de la même manière, les phrases sont posées, travaillées, il n’y a plus cette répétition des prénoms à la suite ….
J’ai envie de dire que Card a écrit son premier tome du point de vue d’un enfant et que le second tome est le fruit d’un adulte, réfléchi et sensé, dont les réactions sont muries et non plus en fonction des épreuves qu’on lui fait subir.
C’est assez déroutant au début, car en plus le roman débute très lentement, avec des noms qui prêtent à confusion Pipo, Libo, Miro, on s’y perd un peu, un récit qui tarde à se mettre en place, rien à voir avec celui trépidant du premier, on a la sensation que c’est un autre qui a écrit tant le style est différent.

Et pourtant … une fois dedans, on accroche vraiment et j’aime particulièrement cette façon qu’il a eu de me dérouter, de ne pas répéter deux fois la même façon d’aborder son histoire.

Cette fois ci l’analyse psychologique est moins tournée sur Ender que sur les piggies dont il s’agit de savoir s’ils sont des ramens : des étrangers que nous considérons comme humains mais qui appartiennent à une autre espèce ou des varelses : des animaux étrangers dont la communication avec eux est inexistante, peut- être sont-ils intelligents mais il est impossible de le savoir.
En résumé Ender, dans son enquête, car on peut dire qu’il s’agit d’une enquête, menée avec toute son intelligence et sa sensibilité, cherche à savoir s’il a affaire à des animaux, auquel cas le crime dont ils se sont rendus coupables ne peut leur être reproché ou des humains qui les condamneraient pour cette exaction …. A moins de comprendre leur mode de fonctionnement et leurs raisons …

Peu à peu, non seulement Ender va démêler l’inextricable mais en plus, se fondre dans le malheur d’une famille pour tenter de la réconcilier. Car si le rôle du Porte Parole des Morts est de parler sur la mort de la personne décédée, il consiste aussi à dire la vérité même celle qui est douloureuse à entendre.
C’est un roman très humain que nous livre là encore Orson Scott Card sous fond d’un récit de science fiction, l’étude de la vie d’une planète inconnue, soumise à une étrange maladie qui aura amené les plantes et les animaux à muter étrangement ….
En même temps il pose la question de la place de l’étranger et de la façon dont doit se comporter l’envahisseur face à l’envahi … Jusqu’à quel point peut-il garder un droit de réserve ?

Les piggies vivent dans une sorte d’enclos que seuls les xénologues peuvent franchir … la clôture ayant été édifiée pour éviter aux humains de les influencer, mais ne serait-ce pas plutôt pour les garder prisonniers, tels des animaux dans un zoo ?
De même la préservation de leur espèce doit-elle leur interdire l’accès au progrès des humains ? Leur a-t-on donné le choix ? A partir du moment où ils sont considérés comme humains, avec des mœurs différentes des nôtres, ne devrions-nous pas partager plutôt que séparer ?

Ainsi que l’énonce Ender
« Voyez-vous, les piggies ont une conception différente de la clôture. Nous la considérons comme le moyen de protéger leur culture contre l’influence et la corruption humaine. Ils y voient le moyen de les empêcher de connaître tous les secrets merveilleux dont nous disposons … [] Nous les gardons sur Lusitania comme des animaux dans un zoo, tandis que nous nous approprions le reste de l’univers. »


Pour conclure un cycle très intelligemment construit que je vais poursuivre bien entendu, toujours dans le cadre sur Challenge Summer Star Wars de Lhisbei.

Pour anecdote, Card a écrit un cycle parallèle au Cycle d'Ender, celui de la Sage des Ombres qui met en scène Bean, un des petits garçons présents sous les ordres d'Ender dans le premier Tome. Je pense que je me le procurerai.

Citation
C'est ce qu'il y a de plus séduisant chez vous, les humains. Vous êtes tous absolument certains que les animaux inférieurs brûlent de jalousie parce qu'ils n'ont pas eu la chance de naître dans la peau d'un Homo Sapiens.

Ailleurs
lael ; Vert ; cafard cosmique ...

4 commentaires:

  1. lu et approuvé ;) Les relations inter-espèces c'est ce que je trouve le plus passionnant dans le space op, et avec ce cycle ont est gâtée^^

    Il parait que le cycle de Bean est une redite inintéressante. Vu comment il a trainé la patte pour finir son cycle d'Ender, ça ne m'étonne pas. Il devait avoir du mal à quitter ses persos XD

    En tout cas je suis contente que ça t'ai plu !

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  2. J'ai hâte de voir ton avis sur Xenocide, qui est intéressant bien qu'assez bizarre sur le final (ce qui explique que je n'ai jamais lu le tome 4 d'ailleurs xD)

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  3. @lael, ah j'enregistre bien ce que tu me dis au sujet du cycle de la Saga des ombres, c'est vrai que lorsqu'on a beaucoup aimé un livre, on a envie de le re découvrir autrement ...

    @Vert, je viens de le démarrer, en tout cas c'est plus semblable au tome 2 qu'au tome 1

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  4. Je ne sais pas pourquoi, j'ai du mal à m'attaquer au tome 2. Peut être parce que je sais qu'il est très différent du tome 1 et que j'ai peur de ne pas retrouver le même plaisir de lecture. Mais ton billet me donne finalement vraiment envie de lire ce tome 2.

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