mercredi 19 janvier 2011

Alexandre le Grand et les Aigles de Rome de Javier NEGRETE

Je l'avoue, cette chronique a bien failli ne jamais voir le jour tant j'ai eu du mal à entrer dans ce livre. Durant environ les 80 premières pages, je n'ai vraiment pas accroché, rythme trop lent, personnages trop peu charismatiques ... seulement autant pour un Werber je n'hésite pas à fermer le livre et à l'oublier aussi sec, autant pour un auteur que je ne connais pas du tout et en plus lors d'une lecture faite pour un Challenge, je persévère un peu ...

ET ... j'ai bien fait ... car l'alchimie a fini par fonctionner et peu à peu j'ai apprivoisé les personnages (ou plutôt les personnages m'ont apprivoisée, ce qui n'est pas chose facile), le récit a pris de l'ampleur et en fin de compte .... j'ai été séduite par cette grande fresque ...

Alexandre le Grand et les aigles de Rome rentre dans ce qu'on appelle une uchronie ... selon le postulat "et si ...."
Et si les anglais avaient gagné la Guerre de 100 ans ? et si les allemands n'avaient pas perdu l'une ou l'autre des Guerres Mondiales ?
Et si Alexandre le Grand n'avait pas été empoisonné et avait continué son emprise sur l'Europe et commencé à regarder vers l'Italie ?

Ce qui est difficile avec un roman historique, uchronique ou pas, c'est qu'il faut avoir des connaissances certaines en histoire pour suivre un tant soit peu l'intrigue ... Or j'admets que ma culture en terme d'antiquité grecque n'est pas très étoffée ...en dehors du fait que ce roi a régné de 334 à 324 avant JC, qu'il est le fils de Philippe de Macédoine et qu'il a conquis l'Empire perse de l'Egypte à l'Asie mineure et à l'Inde ...
Pour le reste il faudrait me plonger dans Wiquipédia ou un bouquin de 6ième (enfin de mon temps c'était au programme de la 6ième, lol), enfin heureusement Javier Negrete y pourvoit parfaitement en nous faisant partager les us et coutumes d'une armée du temps d'Alexandre mais aussi le mode de vie des grecs et de romains, sans oublier les philosophes qui sont mis à l'honneur, tels Aristote et Platon ... Si on s'intéresse un tant soit peu à cette époque historique, cela devient vite passionnant car pas du tout rébarbatif.

Alexandre le Grand ne meurt donc pas empoisonné grâce à un médecin surgi mystérieusement pour le sauver et qui ne sait pas lui même d'où il vient et comment il a été parachuté là ... c'est un des éléments de fantastique de ce roman ... avec Myrmidon le Chef de la Forêt dont la manière de se battre est presque irréelle ... pour le reste la fantasy n'est pas le point principal de ce roman et cela ne gêne en rien.
On suit donc plusieurs personnages, dont Alexandre bien sûr mais qui finalement n'est pas tellement le principal, Nestor donc le médecin qui a un rôle d'observateur pacifique mais qui pour autant joue un rôle primordial dans les évènements, notamment à la fin ... Lysinias le serviteur dévoué et fidèle du roi, Perdiccas le chef de la Cavalerie des compagnons du roi, presque traître malgré lui mais qui saura se racheter, Euctémon un des soldats d'Alexandre dont tous les actes font penser à un comportement autistique et Caïs Julius, tribun de l'armée romaine de Papirus ...
Ce qui est appréciable c'est que l'auteur ne prend parti pour aucune des deux armées, au contraire, en aucun lieu il fait preuve de manichéisme, les personnages de deux clans sont mis en valeur avec leurs qualités et leurs défauts. Et en fin de compte ils se révèlent attachants.

Tous ces ingrédients donnent au final un roman agréable à lire, qui allie intelligemment récit et éléments historiques sans que cela soit ennuyeux ... Je ne regrette pas en fin de compte d'avoir persévéré.

Extraits
"Son regard intérieur contemplait le monde d'une telle hauteur qu'on l'eût dit en train de chevaucher la comète Icare. Mais là-haut, depuis cette cime si éloignée du reste des humains, Alexandre se sentait très seul."

"Toi, tu ne veux pas être le Roi de la Forêt, dit-il. Tu veux seulement tout observer sans rien altérer, passer dans la vie sans souille ce que tu touches. Mais c'est impossible.

- Je sais.

- Non, tu ne sais pas. Tu l'as oublié."


"Là se tenaient les juges de l'Enfer, des géants à tête de bête, aux regards acérés comme des épées de glace, aux voix hurlantes et retentissantes. C'étaient les anciens dieux, terribles et incompréhensibles aux mortels, lesquels avaient cherché à les modeler sous les traits d'être anthropomorphes afin de s'imaginer qu'ils pourraient les apprivoiser et, de cette façon, éviter d'éprouver devant eux l'effroyable panique que Platon ressentait maintenant."


Ailleurs
Cafard Cosmique ; Fantasy au petit déjeuner (un billet original fait à l'oral) ; if is Dead

Ce livre a été lu dans le cadre du Challenge Winter Time Travel chez Lhisbei.

3 commentaires:

  1. Super ! Ce bouquin m'intéressait déjà beaucoup, je crois bien que je vais pouvoir le rajouter à ma liste ^^

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  2. Oui tu peux ^^ Je suis contente de l'avoir lu jusqu'au bout en fin de compte :)

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  3. J'ai un petit faible pour les uchronies, encore un qui se rajoute à une longue liste de "en puissance de lecture" :p

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