dimanche 13 juin 2010

Quand il faut se lancer ...

Alors voilà, puisqu'il faut bien se lancer : mon tout premier billet !!! J'en ai quelques uns en stock car avant d'oser me lancer dans la grande aventure de la blogosphère, je notais déjà quelques chroniques pour les livres lus dernièrement.
J'ai choisi de commencer avec celui qui m'a le plus marqué depuis de nombreuses années.

La route Cormac Mc Carthy


C’est un livre terrible et terrifiant, l’histoire de deux êtres dont on ignore presque tout, leur âge, leur nom, leur histoire et qui tentent de survivre dans un monde dévasté. Malgré le manque d’informations, on s’attache incroyablement vite aux personnages, on marche avec eux sur cette route grise, noire, pleine de cendres, de cadavres, on s’inquiète de l’endroit où ils ont laissé leur caddie qui contient à lui seul toute leur survie, on appréhende ce qui va leur arriver lorsqu’ils le perdent, on a peur, on se réjouit et on respire lorsqu’après avoir failli mourir de faim , ils tombent sur cette incroyable réserve de nourriture et autres produits.
Et lorsqu’on se rend compte qu’ils vivent ainsi depuis des années, qu’on ne fait qu’attraper un bout de leur route, on reste abasourdi, comment peut –on survivre dans un monde rendu stérile et effrayant ?

Ce livre pose la question de la volonté de survie et de l’adaptation de l’homme à l’impensable. Confortablement installés dans notre lit ou notre canapé pour lire cette histoire, correctement nourris et habillés, ne manquant de rien, on ne peut que se demander ce que nous, nous aurions fait à leur place ? choisi de mourir comme la femme et la mère des protagonistes ? choisi de survivre parce qu’ils sont deux et tout l’un pour l’autre ?

J’ai rarement lu un livre d’une telle intensité d’écriture… avec presque rien pourtant, des phrases courtes et pourtant très souvent poétiques , des dialogues brefs, un récit dans lequel il ne se passe presque rien : ils marchent, ils dorment, ils ont peur, ils ont froid, ils cherchent de la nourriture, ils mangent, ils contemplent le paysage dévasté, ils se parlent, ils prennent soin l’un de l’autre, ils guettent les hommes qui risquent de les tuer … et pourtant cela passe, cela touche, cela tient en haleine et on a vraiment envie que cela s’arrête, qu’il y ait enfin un peu d’espoir … en vain …
Rarement un livre m’aura bouleversée à ce point et j'avoue avoir versé des larmes sur les dernières pages ...On ressent comme du désespoir à se demander ce qu'il va advenir de ce petit garçon ... désormais seul sur cette route qui nous sommes obligés, nous, de quitter ...
On voudrait le mieux pour lui mais l'histoire nous a conditionnés au pire, alors .....

Extrait :
« Ils continuaient, maigres et crasseux comme des drogués au coin d’une rue. Encapuchonnés dans leurs couvertures pour se protéger du froid, l’haleine fumante, peinant dans les noires et soyeuses congères. Ils traversaient la large plaine côtière où les vents profanes en les poussant dans des nuages de cendre rugissants les forçaient à trouver refuge où ils pouvaient. Dans des maisons ou des granges ou au pied d’un remblai dans un fossé au bord de la route avec les couvertures sur leurs têtes et le ciel de midi noir comme les caves de l’enfer. Il tenait le petit contre lui, transi jusqu’à l’os. Ne perds pas courage, disait-il. Ça va aller. »

2 commentaires:

  1. Ce livre me parait terrifiant et trop noir pour le lire.
    Rien que de parcourir le résumé me glace le sang.
    Pas la moindre goutte d'espoir à l'horizon.
    C'est oppressant.
    Superbe critique qui me fait bien ressentir l'atmosphère du livre.

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  2. Ah ah tu ne sais pas ce que tu manques pourtant :p
    Ce livre est tout simplement un .. chef d'oeuvre !

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