mercredi 14 novembre 2012

Blade Runner de Philip K. Dick

Après la Guerre mondiale Terminus, la poussière radioactive, qui a contaminé tout le monde et fait peu à peu disparaître tous les animaux de la planète, a rendu la vie sur Terre difficile, voire impossible, d'où l'envoi de nouveaux colons sur Mars, accompagnés de robots Androïdes de plus en plus perfectionnés.
C'est que vivre désormais sur Terre expose chaque habitant à être déclaré un jour biologiquement inacceptable, taré, dangereux pour la préservation de l'espère : interdiction à la reproduction, plus de considération d'aucune manière.

C'est le cas de John Isidore qui vit seul dans un vieil immeuble désaffecté, considéré comme un "débile", John pourtant a conversé un travail et sa dignité .... mais il ne veut pas immigrer sur Mars.
Parallèlement Rick Deckard est un blade runner, un policier spécialisé dans la traque des Androïdes qui se révoltent. Lui ne rêve que d'une chose : posséder un animal, il a actuellement un mouton électrique mais ne pense qu'à avoir un animal réel .... Alors lorsqu'on le charge de traquer les Nexus 6, des androïdes à la pointe de la technologie, qui ont assassiné leurs gardiens et ses sont enfuis sur Terre, il espère qu'il va enfin pouvoir réaliser son rêve.

Plus que l'histoire en elle-même, c'est ce qu'elle traduit qui est le plus important dans ce livre ..... La distinction entre androïdes et humains se fait selon leur degré d'empathie, mesuré par un test nommé le Voigt-Kampff. Les robots, tels des schizophrènes des affects, n'éprouvent aucune empathie pour personne alors que les humains, si. Quoique les nouveaux Nexus 6 sont tellement perfectionnées qu'ils manifestent certaines émotions et du coup il est beaucoup plus difficile de les détecter. 
Mais pourtant il est bien un aspect sur lequel ces êtres fabriqués ne peuvent pas tricher : c'est leur comportement face à l'animal qui ne leur renvoie absolument rien : la scène de l'araignée est d'autant plus terrible qu'elle est accomplie par des gens ne ressentant aucun affect, aucune compassion, que de la froideur, de la rigidité des sentiments .... une simple expérience au détriment de ce que peut vivre un être vivant. Cela donne froid dans le dos ....
C'est un monde bien pathétique que nous dépeint Dick, un monde sans soleil, sans plantes vertes et sans animaux, en dehors de quelques survivants. D'autant plus pitoyable que les humains ne rêvent que d'une chose, c'est d'en posséder un, n'importe lequel : mouton, chèvre, cheval, chat, hibou !!! Comme si l'animal symbolisait désormais toute l'humanité que cette Terre post-apocalyptique a perdue.
Rick Deckard est à ce point obsédé par l'envie d'avoir un animal qu'il fait peine.
C'est un monde dans lequel on programme sa journée selon un orgue d'humeur et qu'on prend des cours d'empathie à l'aide d'une machine à poignées. Un monde qui décidément a perdu toute son humanité.

L'autre aspect intéressant de ce roman est le personnage de Rick Deckard lui-même qui, formé pour détecter les degrés d'empathie chez les androïdes, finit par ressentir lui-même ce sentiment envers eux ... alors qu'au début il les considérait comme des prédateurs solitaires et du coup passibles d'être des tueurs.
Et par là même, on reproche aux robots de ne rien ressentir alors que d'une part on les pulvérise d'un revers de laser, mine de rien, et qu'en plus, on traite mal les humains qui auraient dégénéré suite aux retombées radioactives ....

Je me souviens que j'avais vu le film qui en avait été tiré, il y a très longtemps, je n'en garde que peu de souvenirs, à revoir peut-être du coup .... En attendant ce roman donne froid dans le dos ...
C'est tout à fait quelque chose qui pourrait un jour se produire en réalité finalement ..... une apocalypse nucléaire qui tuerait toute vie sur terre .... Ce livre donne une vision atroce de ce que pourrait être une Terre sans plante, sans forêt, sans pépiement d'oiseaux dans les arbres, sans bruissage des insectes sur les feuilles, sans animaux dans nos maisons .... Un monde gris et sans joie ...  

La parution de ce billet, rédigé depuis plus d'une semaine, après avoir vu ces fameux petits robots Nao (voir le billet de Guillaume à ce sujet), me tire d'autres réflexions ... Il est difficile de ne rien ressentir face à des petits humains robotisés ... Spontanément, en voyant ces Nao, ma première réflexion a été "qu'ils sont émouvants" ... étonnant comme on projette des sentiments anthropomorphiques pour des êtres certes animés mais non vivants ..... Etonnant comme ces petites machines peuvent bouger à ce point comme des humains, il ne manque en définitive que des expressions sur leur visage, mais néanmoins ils parlent et réagissent à nos demandes alors cela les humanise encore plus.
J'ai beaucoup pensé aux androïdes de Blade Runner en assistant à ce spectacle .... Il est presque impensable d'en être arrivé à une technologie pareille, comme quoi les auteurs de SF ne sont pas si loin des futures réalités.

Ailleurs

12 commentaires:

  1. Bien vu le croisement entre cette lecture et le robot Nao des Utopiales, en effet !

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    1. Cela m'a frappée lorsque je les ai vus sur scène :)

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  2. En effet, c'est bien vu !
    C'est là qu'on voit que la science-fiction est en prise directe avec l'évolution de nos sociétés, mais également que Philip K. Dick avait raison ! :D

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    1. Mais oui tout à fait, tu as raison pour les deux ^^
      Certains auteurs ont tellement eu une vision exacte du futur qu'il aurait fallu en tenir compte pour modifier certains travers ou certains orientations qui conduiront peut être un jour la Terre au désastre.

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  3. Il faudrait que je le lise un jour, mais ayant vu le film (qui est très intéressant, je l'avais étudié en cours au lycée) j'ai un peu la flemme de m'y mettre (et puis je préfère Dick en nouvelles)
    Menfin je vais rien dire sur l'empathie, vu que je passe mon temps à parler aux ordinateurs et à expliquer que les photocopieuses sont des êtres sensibles xD

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    1. Ah moi aussi je parle aux ordis, xd, enfin c'est souvent pour les "engueuler" cela dit, ne parlons même pas des photocopieuses, celle de mon boulot se fait très régulièrement agonir !

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    2. Moi je parle à mon téléphone ... toujours pour l'engueuler. Aussi à mon chat mais ce n'est pas un robot.

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    3. Tu injuries ton téléphone, tu injuries ton ordi portable, Twi je crois qu'il y a un soucis, mdr
      Non non je fais pareil, enfin tout du moins avec mon ordi portable :p
      Je parle aussi à mes chiens .... Devons-nous consulter Docteur ? lol

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  4. J'adore le film et j'ai lu "Les androïdes rêvent-ils de moutons électriques ?" il y a bien longtemps et je m'y replongerais volontier (dans le film et le livre)

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    1. Du coup j'avoue que j'aimerais bien revoir le film pour voir comment le livre est rendu, je crois que je l'ai en K7, mdr !

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  5. Pour ma part j'ai lu le livre avant d'avoir vu le film ...et je dois dire que le film ne m'a pas impressionné comme le livre même si je ne me suis pas ennuyé du tout en le regardant ..je n'y ai pas retrouvé la même athmosphère ..le même desespoir ...cette impression de fin de monde que l'on ressent tout au long du livre
    Par contre Harisson Ford était très credible

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    1. Harisson Ford ^^ Rien que pour le voir, lui, je reverrai volontiers le film :)
      Il est vrai qu'il subsiste une sensation de noirceur absolue tout au long du roman ...

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