mercredi 31 décembre 2014

Une année de plus ...




Au seuil de chaque nouvelle année il est de bon ton de faire un petit bilan de celle écoulée .... en gros de poser les choses.
Ce qui est étrange c'est à quel point les bilans d'une année à l'autre ne se ressemblent absolument pas.
2014 promettait d'être une année plutôt positive : un nouvel élan, de nouvelles perspectives .... Elle fut en définitive plutôt un désastre ... A force de tenter de jouer sur plusieurs tableaux et de s'y consacrer corps et âme, on finit par y laisser un peu son identité, ou tout simplement se perdre soi-même. Et au final on n'a plus sa place nul part ...
Je suis songeuse sur la capacité de l'être humain à pouvoir encaisser tant d'échecs ou de désillusions dans une seule vie ....

Dans tout ceci qu'en est-il de mon blog ? (dont je n'ai même pas fêté l'anniversaire au mois de Juin dernier, c'est tout dire) .... 
 Pour démarrer, le constat de l'an dernier sur le recul du nombre de billets publiés par an se confirme :
137 en 2012
82 en 2013
52 en 2014
A ce train-là Clair Obscur va peut-être finalement disparaître à tout jamais, mais dans la mesure où rien n'est éternel, ce n'est pas si dramatique, il tombera dans l'oubli et nul ne s'en souviendra plus, c'est tout.
Il y eu surtout beaucoup de mois totalement vides de publication : Mars, Avril, Juillet et Août. Et en prime quelques mois où peu de chroniques virent le jour : Février 2 ; Mai 4 ; Juin 5 et Septembre 2.
Alors forcément si on fait le compte, cela n'affiche pas un total très glorieux.
Pour autant tout n'est pas si négatif, je n'ai pas subi d'écoeurement de blogging, tout simplement pas le temps ou pas l'envie, mais sans particulièrement stresser. C'est au moins un point qui reste constant depuis le dernier bilan : je lis c'est bien, je ne lis pas ce n'est pas grave, je blogue c'est bien, je ne blogue pas, tant pis. Et quand je blogue c'est du plaisir, donc point très positif !
Et ces derniers mois c'est plutôt reparti à la hausse et les billets de s'enchaîner, lire reste un plaisir et une nécessité, ou plutôt un besoin dont je ne pourrais me passer.

Ensuite pour le reste :
- Les coups de coeur de l'année ; ils furent au nombre de quatre :
Rainbow Warrior de Ayerdhal
L'importance de ton regard de Lionel Davoust 
Gagner la guerre de Jean-Philippe Jaworsky
Morwenna de Jo Walton

 - Ma Pàl a fait beaucoup de zigzag, une baisse vertigineuse et des remontés grâce aux festivals. Vive les festivals qui permettent à Gugusse Sacapuce de garder une certaine contenance dans son rôle de gardien.

- Les pages les plus vues sur l'ensemble des périodes :
Les enfants de Noé de Jean Joubert.
Bilbo le Hobbit de Tolkien.
Le K de Dino Buzzati.

- Deux festivals : les Imaginales en Mai et les Utopiales en Novembre ;  ce sont des moments qui restent toujours précieux malgré des ressentis différents mais bon le Bureau des Plaintes est fermé.

- Les Challenges de l'année
Celui de Tigger Lilly sur la SFFF au Féminin, un Challenge qu'il ne m'est pas difficile du tout d'honorer dans la mesure où des auteures féminines eh bien oui il y en a finalement pas si peu et comme généralement ce sont de bons romans, c'est vraiment plaisant. En cette fin d'année 2014 j'en suis à 14 billets ce qui est mon record personnel dans un Challenge.
Celui de Lhisbei le Winter  Mythic Fiction, avec une seule publication.
L'autre : le Summer Star Wars Episode II avec une seule publication aussi.
Pas très glorieux en ce qui concerne les deux précédents.
Pour cette année 2015, j'achève le premier Challenge et je ne pense pas m'inscrire à d'autres.

- La vie du blog
Aucune lecture commune cette année, une seule l'an dernier, décidément ...
Je ne peux que remercier mes fidèles posteurs (et posteuses) de commentaires, ils me sont d'autant plus précieux que le nombre de personnes venant poster sur Clair Obscur a diminué au même titre que les billets postés. Les raisons ? J'imagine qu'elles sont nombreuses : mon blog n'est pas assez bien, ou il reste inintéressant, ou il est devenu insignifiant ou trop erratique ou non digne d'intérêt ou tombé dans l'oubli. Qu'importe, le résultat est le même et je suis d'autant plus touchée par les quelques rares qui lui témoignent encore de l'intérêt, donc merci à vous ^^ J'ai pour ma part toujours autant de plaisir à aller visiter leurs blogs.

Et en guise de conclusion, pas de prévisions sur l'an prochain, qui vivra verra, en attendant une bonne année à tous et toutes avec encore de belles lectures et de beaux festivals ^^

dimanche 28 décembre 2014

Le Miroir aux éperluettes de Sylvie Lainé

"Certains écrivent pour changer le monde, ou pour le rendre compréhensible. Sylvie Lainé se contente de cueillir une poignée d'instants, de les lustrer d'un revers de manche élégant avant de les relâcher dans la nature. (...) Et les histoires dont elle nous fait cadeau ne se refermeront jamais tout à fait."
Jean-Claude Dunyach

Que dire de plus ? A la rigueur je pourrais me contenter de cet extrait de préface pour clore mon billet. Je trouve toujours plus difficile d'écrire sur un recueil de nouvelles que sur un roman, car il faut vite entrer dans le vif du sujet à chaque fois et tenter de retenir d'une nouvelle à l'autre (ce qui n'est pas  mon fort car j'ai besoin d'un certain temps pour m'imprégner d'un nouvel univers).
Sylvie Lainé a un certain don pour maîtriser justement l'art de la nouvelle, en quelques pages à peine, d'une écriture douce et coulée, elle nous emmène d'univers en univers, toujours sur le thème de la rencontre.

Rencontre avec une femme qui recherche un regard oublié dans une boisson étrange pour La Bulle d'Euze ; rencontre avec des phénomènes étranges au travers d'une machine qui recréé des images pour la personne sur qui elle est implantée pour La Mirotte ou rencontre avec la nature pour Un rêve d'herbe ou encore rencontre entre une femme et une IA dans Un signe de Setty  ou enfin avec une extra-terreste pour Question de mode..... Chaque nouvelle à sa manière nous invite au rêve mais aussi à l'émerveillement, je pense notamment à Un rêve d'herbe qui m'a conquise : une nouvelle que j'ai trouvée particulièrement belle et poétique : se fondre ainsi dans la nature, c'est du merveilleux à l'état brut.

J'avoue pourtant, à mon plus grand regret, avoir eu du mal à entrer dans des nouvelles telles sur La Mirotte ( bien que je l'ai bien aimée) ou Thérapie douce parce que leur sens m'a un peu échappé .... Ce genre de remarque qui me désespère car je me dis des fois que je dois être bête pour ne pas comprendre ce que d'autres analysent avec tant de finesse.

J'ai beaucoup apprécié aussi Un signe de Setty qui aborde la question de l'Intelligence Artificielle et notre connexion avec le monde informatique.

Un bien beau recueil une fois de plus, avec une écriture toujours juste et sensible. De plus édité chez Act-sf qui nous offre toujours de superbes couvertures.
Par contre juste une petite chose qui m'a gênée et je crois que ce n'est pas la première fois que je le remarque, les coupure syllabique ne sont pas toujours bien faites (liq-uide ; di-sent), cela n'a l'air de rien, ce n'est pas bien grave mais cela me saute aux yeux !

Ailleurs

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mercredi 24 décembre 2014

L'autre côté du rêve de Ursula Le Guin

"Je suis en train de craquer, dit-il. Vous devriez vous en rendre compte. Vous êtes psychiatre. Ne voyez-vous pas que je m'effondre ? Des Etrangers venus de l'espace qui attaquent la Terre ! Ecoutez : si vous me demandez encore de rêver, qu'est-ce que vous obtiendrez ? Peut-être un monde complètement absurde, le produit d'un esprit malade. Des monstres, des fantômes, des sorcières, des dragons, des métamorphoses .... tout ce que nous portons en nous, toutes les frayeurs de l'enfance, les angoisses nocturnes, les cauchemars. Comment pourrez-vous empêcher tout cela de se libérer ? Je ne pourrai pas l'arrêter. Je ne peux pas contrôler quoi que ce soit !"

Parce qu'il a abusé de médicaments et utilisé les cartes de pharmacie des autres, George Orr se voit contraint de suivre une TTV (traitement thérapeutique volontaire) auprès du psychiatre William Haber. Nous sommes dans un monde futuriste, des années 2000, (le roman date de 1971) la surpopulation menace la Terre, les gosses souffrent du Kwashiorkor, la nourriture manque il pleut sans cesse sur Portland, le ciel bleu a disparu et les neiges éternelles ont disparu de la surface de la planète. Et à côté de tout cela, Orr souffre d'une pathologie pas banale : ses rêves changent le monde .... Et si au lieu de tenter de le guérir le psychiatre décidait d'induire ces songes pour rendre le monde meilleur .... ou plus supportable pour lui-même ?

Ursula Le Guin signe là un roman de SF où la science prend le pas sur l'humanité ... Sous le couvert de l'aide, on assiste à l'action d'un homme sensé apaiser, le psychiatre Haber, mais qui en réalité va utiliser son patient comme cobaye, le soumettant à des expériences afin d'induire directement ses rêves et l'amener à changer le monde dans la direction qu'il souhaite ..... Mais ce n'est pas si aisé de donner ainsi des directives, ainsi des tas d'imprévus arrivent, comme l'invasion d'Extraterrestres sur Terre ou une diminution drastique de la population mondiale, sacrifiant ainsi quelques millions sans état d'âme ... ou encore la disparition du racisme entrainant une décoloration de la peau .....
Le moins que l'on puisse dire c'est que L'autre côté du rêve amène à se poser une sacré quantité de questions : qu'arriverait-il si l'on pouvait changer les choses en un seul rêve ? Et si tout le monde pouvait le faire en même temps, vivrait-on chacun dans sa propre réalité ? Et si Orr  vivait un rêve continuel et non la réalité ?
Et si on pouvait vraiment améliorer le monde en le changeant ainsi ?
De pages en pages, on découvre que la tâche n'est pas facile .... faire revenir la paix sur Terre par exemple prend une drôle de tournure dans l'esprit songeur de Orr, ainsi il va rêver que les peuples de la Terres sont en paix car unis dans la menace d'une crainte plus grande : celle de l'invasion d'étrangers venus s'installer sur la Lune. L'esprit n'est pas si malléable que Haber le voudrait et à chaque induction qu'il propose à son patient, les évènements ne vont pas forcément dans le sens qu'il voulait à la base .... sauf pour lui car au final ce sont ses rêves de puissance et de pouvoir qui priment sur tout le reste.

Ursula Le Guin n'aura jamais fini de me surprendre, après l'avoir découverte en fantasy, me voici devant ses dons de conteuses en SF .... certes je n'ai pas eu la sensation de ce style si coulé, ni limpide des autres romans mais elle écrit toujours justement, qui plus est, on sent qu'elle s'est bien documentée sur l'aspect psychiatrique des termes,  et le fonctionnement du cerveau, notamment sur le mécanisme du sommeil. Suis contente enfin de lire des termes comme schizophrénie paranoïde (et non pas paranoïaque), bon c'est un détail ...

En ce qui concerne les personnages, un peu trop manichéens à mon goût, je n'ai commencé à m'attacher à Georges Orr qu'au moment où il est passé de son statut "mou subissant" à celui d'actif opposant" et surtout lorsqu'il est tombé amoureux .... car à sa façon, sensible et fragile il paraît mais en réalité il se révèle vraiment solide, il faut l'être pour supporter de vivre de telles épreuves ! Quant au psychiatre, c'est vraiment Le personnage antipathique par excellence, d'ailleurs sa façon de gérer son cobaye m'a mise plus d'une fois mal à l'aise .... son égoïsme et son manque d'empathie sous le couvert de la science étaient très dérangeants.

"Quand les choses ne bougent plus, c'est le résultat final de l'entropie, la fusion de l'univers. Plus les choses continuent à se modifier, à se mêler, à se combattre, à changer, moins il y a d'équilibre, et plus il y a de vie. Je suis pour la vie, Georges. La vie elle-même est un énorme combat contre l'inégalité, contre toutes les inégalités ! Vous ne pouvez pas vivre en sécurité, la sécurité n'existe pas. Alors, sortez de votre coquille et vivez pleinement ! Ce qui compte, ce n'est pas comment vous y arrivez, mais où vous arrivez. Vous avez peur d'accepter le fait que, vous et moi, nous sommes engagés dans une expérience extrêmement importante. Nous sommes sur le point de découvrir et de contrôler, pour le bien de toute l'humanité, une force nouvelle, un champ tout à fait nouveau d'énergie anti-entropique, de vie, de volonté d'agir, de créer, de changer !"

Un roman que j'ai beaucoup apprécié donc, très original, intelligent, bien écrit- mais on n'en attend pas moins d'une telle auteure - j'ai juste été un peu frustrée par une fin que j'ai trouvée trop rapidement amenée.

Ailleurs
Efelle  .....

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samedi 20 décembre 2014

Divergente de Veronica Roth

Dans  un monde où la société est divisée en cinq factions selon les tempéraments et caractères des humains qui la composent, Tris, à cette 16  ans, est à l'âge où elle doit faire son choix. 
Née Altruiste, elle a pourtant la possibilité d'intégrer aussi une des quatre autres factions : les Fraternels, les Audacieux, les Erudits et les Sincères. Au préalable des tests de simulation détermineront pour quelle faction elle est la mieux adaptée ...
Sauf que pour elle, comme pour quelques cas rares, il s'avère qu'elle ne rentre pas dans les cases, son esprit n'est pas conditionnable et enclin à suivre un mode de pensée fixe : elle est une Divergente ....
Seulement dans cette Société parfaitement contrôlée, il n'est pas bon de sortir de la norme ....

Je n'aurais pas forcément eu l'envie et l'idée de lire ce livre (que je craignais dans la même optique que les Hunger Games) mais dans la mesure où il s'est retrouvé sur la table de mon fanatique et fantastique lecteur CM2 de l'année, j'ai eu envie de m'y plonger : eh oui j'aime bien savoir ce que lisent mes chères petites têtes brunes (il n'est pas blond, eh eh), ne serais-ce que pour en parler avec eux et pour comprendre comment ils perçoivent les choses.

Bref, j'ai donc lu le Tome 1  de Divergente (qui ne ressemble en rien à Hunger Games en dehors du fait que l'héroïne est une jeune fille et que le monde est une dystopie). C 'est un roman qui se lit bien et facilement, le style est simple (un peu trop mais c'est une constante que je finis par repérer dans les romans américains Young Adult, sur ce point-là les auteurs français sont tout de même drôlement plus littéraires !).

On entre dans une société dont on ne connait pas grand chose : aucune idée de son passé, ni même de ce qui a conduit à ces fameuses factions, premier point dommageable ..... Je sais qu'il est pré-conçu que lire de la SF ou de la fantasy implique que l'on entre directement dans un monde régi par d'autres règles que les nôtres actuelles, néanmoins, à moins qu'il ne s'agisse d'un monde totalement éloigné de la Terre, c'est regrettable de ne rien savoir sur ce qui l'a conduit à son présent.
Il s'agit, si l'on en croit d'un monde post-apocalyptique, sauf qu'en aucun cas on ne sait quel drame a pu se passer auparavant pour mener cette société à ce point.
Il faut donc absorber directement cette histoire de factions que j'ai trouvées très caricaturales : les Altruistes sont tournés vers les autres au détriment d'eux-même, les Sincères ne disent que la vérité tandis que les Erudits ont la prétention de tout savoir. Quant aux Audacieux se mettre en danger perpétuel est leur façon de prouver qu'ils ont du courage. Encore heureux qu'il y ait quelques Divergents pour faire sauter ces modes de pensées bien cadrés.
En réalité, chaque faction conditionne ses membres à penser et à réagir d'une manière déterminée, afin de mieux les contrôler et prévoir leurs réactions. Les Divergents, eux, ne peuvent se restreindre à un seul mode de pensées, et du coup cela terrifie les leaders qui ne peuvent avoir prise sur eux.

Le principe n'est pas inintéressant, contrôler une société en l'obligeant à avoir un mode de pensée stéréotypée se rencontre dans beaucoup de romans futuristes où la dictature règne, je pense notamment à 1984 de Georges Orwell.
Après Divergent c'est pas 1984 et certaines choses m'ont dérangée dans ces factions.
Les Altruistes sont perçus comme des moins que rien tout simplement parce qu'ils se soucient en premier lieu des autres, ils sont habillés en gris et ont interdiction de se regarder dans un miroir ou répondre à des provocations. Résultat ils représentent une sorte de bouc émissaire pour les autres factions, en dépit du fait qu'ils sont leaders politiques. En quelque sorte c'est assez antagoniste.
Ensuite en ce qui concerne les Audacieux .... ceux-ci prônent le courage comme maxime et s'habillent tout de noir, avec piercing et tatouages à la clé ... certes ..... Je n'ai jamais trouvé très kiffant les genres gothiques et assimiler ce type de look avec le courage me gène un tantinet. Ainsi faut-il se faire écrire sur le corps et se le faire percer pour entrer dans cette caste de l'abnégation de la peur. Et lorsque l'on apprend en cours de route que le suicide de l'un des initiés prend des allures d'acte de bravoure, on se pose de sérieuses questions ! Sans oublier que l'initiation des jeunes novices ressemble plus à des tortures qu'à un entrainement militaire poussé.
Ce n'est clairement pas la faction que personnellement j'aurais choisi ( bon en même temps, je ne me vois pas du tout dans ces simulations qui consistent à faire face à ces phobies, je vois tout à fait celles que je n'aurais en aucune façon envie d'affronter même pour de faux !).

Heureusement l'héroïne, elle, réfléchit et se révèle plutôt sympathique. Je me souviens à quel point celle de Hunger Games m'agaçait, surtout dans le dernier tome, il n'en est rien dans Divergente. Certes elle est différente des autres mais elle a peur comme tout le monde, elle doute comme tous et ses exploits sont un peu plus dus à son état particulier d'esprit qu'à un côté héros, ce que j'apprécie. D'autant plus qu'elle est plutôt petit et frêle. J'ai apprécié aussi qu'elle ne soit pas le super canon de beauté à la mode et qu'elle plaise plus pour ses qualités d'esprit que pour son physique.

De plus son histoire d'amour avec l'un des membres de sa faction (ah oui au fait, elle a choisi les Audacieux) est plutôt fraîche et bienvenue. Sans compter que le personnage en question a ce petit côté mystérieux avec un passé trouble que j'aime particulièrement dans les romans. Rien à dire sur ces deux-là.
Rien à dire sur les autres non plus sauf qu'il est dommage qu'une fois de plus il faut qu'il y ait les méchants empêcheurs de tourner en rond, les sans-sentiments, les caricaturales mauvaises têtes .... ceux du côté de la Force Obscure mais mince quoi, même Dark Vador avait, bien caché, un bon fond alors pourquoi toujours créer dans les livres ados des personnages foncièrement mauvais qu'on a envie de claquer ?
Cela rend presque ceux du bon côté ridicules car forcément on a envie qu'ils les butent et du coup cela annihile toute compassion envers les négatifs. C'est vraiment un côté que je déplore dans ce genre de romans, c'est dommage car même les adolescents ont besoin de comprendre que leurs ennemis peuvent se révéler des gens qui ont des sentiments même si leurs actes sont guidés par de mauvaises émotions.
Le plus intéressant au final sera Al l'ami de Tris qui, par jalousie et tristesse, réagira en réel humain : colère, remords, gentillesse etc .... un humain peut être tout cela à la fois !

En conclusion, une lecture sympathique, qui constitue une bonne détente mais qui manque de pas mal d'éléments pour retenir l'attention. J'avoue que je deviens aussi de plus en plus sévère en ce qui concerne la littérature jeunesse et que certains clichés finissent pas me lasser. Un peu trop de simplicité dans un monde beaucoup plus complexe ! J'ai bien aimé par contre Tris et Tobias, c'est un bon point, j'aurai peut-être envie de lire le second tome uniquement pour eux, en espérant qu'il se révèlera un peu plus évolué et étoffé.

Citation
L'humanité est faite de telle façon que tôt ou tard, les mauvais instinct reviennent toujours nous empoisonner.

Ailleurs

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mercredi 17 décembre 2014

American Fays de Anne Fakhouri et Xavier Dollo

"Ce Chicago de 1925  a tout du chaudron prêt à exploser ! Entre les Leprechauns mouillés dans la fabrication de faux billets et les gangs qui s'activent en coulisse pour s'emparer des marchés de l'alcool et des speakeasies, autant dire qu'il y a de l'orage dans l'air. Et tandis qu'Al Capone tente de retrouver son influence sur la ville, voilà que des Drys, farouches partisans de la Prohibition, sont sauvagement assassinés. Scarface deveint, aux yeux des autorités, le suspect idéal ...."

C'est là qu'intervient alors la bande de chasseurs nommée les No Ears Fours, quatre individus pas forcément très recommandables mais en qui Capone a suffisamment confiance pour leur confier la mission de l'innocenter ..... sous 72 heures.
Voici donc une enquête  aux portes de la  fantasy urbaine avec quatre personnages haut en couleur : nous avons Old Odd le Chef de la Bande, allergique pathologique aux Fays ; Bulldog qui a la finesse et la grâce du chien dont il porte le nom et mord dans à peu près tout ce qu'il rencontre : Bix le jeunot qui ne pense qu'au jazz et rêve d'être noir et enfin Jack The Crap, le tueur sans âme. Une drôle de bande donc pour une enquête qui ne l'est pas moins et part dans des tas de directions pour finir en apothéose avec un combat épique entre créatures, monstruosités et humains ... Car les créatures magiques, les Fays, sous différentes formes, vivent en relative harmonie avec les humains et sont protégées par des lois.

Le moins que l'on puisse dire c'est que cela ne manque ni de rythme ni de rebondissements, à peu à la manière de Lasser (dont il est fait un clin d'oeil au début du livre : serais-ce le signe d'un cross over entre les deux séries ? cela pourrait donner quelque chose de plutôt sympa), ni d'humour, à la manière des gangsters d'un Chicago criminel des années 25.
Al Capone, de loin, supervise tout ce petit monde qui sera confronté à moult individus comme un riche industriel, un savant fou et même un Golem ! Sans oublier la tendresse générée par le benjamin au coeur sensible, Bix qui tombe fou amoureux d'une fille qui n'est évidemment pas pour lui.

C'est très sympa et très agréable à lire. Avec une mentions spéciale pour le passage concernant l'introduction des contes de fées vécus par nos amis sous l'influence d'une sorte de drogue : ce fut mon moment préféré du livre, un petit plus poétique et un instant de grâce dans un rythme actif. 

Le livre en lui-même est un objet magnifique : belle illustration de couverture, tranche rigide, bonne odeur (eh oui c'est important), pas trop lourd et bien présenté. Un livre qu'on est heureux d'avoir dans sa bibliothèque.

Ailleurs

Ce livre entre, pour moitié, dans le Challenge SFFF au Féminin de Tigger Lilly.



samedi 13 décembre 2014

Charlie de Stephen King

C'est en écoutant Thomas Day lors de la conférence "L'âge de raison : enfance, intelligence et pouvoir en SF" évoquer le fait que Stephen King était un grand maître pour écrire sur l'enfance et sa violence que j'ai eu envie de relire Charlie qui faisait partie, adolescente, de mes livres préférés.
Je l'ai d'ailleurs tellement lu et relu qu'il est tout abîmé.


Charlie donc .. une enfant issue de parents ayant fait l'objet d'une expérimentation et qui est douée du don de pyrokinésie ... ce qui intéresse grandement la Boîte une organisation ultra-secrète. Son terrible pouvoir semble alors prendre une ampleur catastrophique.

Bon ..... j'aimais énormément ce roman donc il y a beaucoup beaucoup d'années ... j'avoue qu'aujourd'hui qu'à sa relecture il m'a laissé un avis mitigé. Certes on a les ingrédients de King : la relative normalité du début qui conduit peu à peu à l'horreur, un récit relativement prenant, l'abord des notions comme le pouvoir, le secret d'Etat et la manipulation d'humains comme cobayes pour des expérimentations.

Mais le récit souffre de longueurs, toute la partie où Charlie et son père finissent par être capturés est trop longue et limite ennuyeuse. La personnalité des personnages principaux est assez fade, surtout le père (je n'en gardais pas ce souvenir) alors que l'accent est mis sur les autres, notamment Cap l'investigateur de tout et Rainbird l'indien au visage brûlé qui le protagoniste le plus important de l'histoire en fin de compte et le plus effrayant.

Pour le reste le côté intéressant demeure la façon dont est traité un pouvoir possédé par une très jeune enfant qui a du apprendre à le contrôler par crainte d'abord puis par peur de faire mal à autrui. Et un pouvoir qui, échappant à son contrôle, peut se révéler grandement mortel, néanmoins on finit par se lasser par ces artifices d'incendies en tous genre !

Ce n'est clairement pas le meilleur roman de Stephen King.

mardi 9 décembre 2014

Lecture jeunesse en folie (3)

Dernière virée en date et lecture de pas moins d'une douzaine d'albums. 
Alors qu'en ressort-il ?

En premier lieu, si vous cherchez un album de qualité pour un fils-fille ou neveu-nièce, foncez en premier sur ceux édités par RUE DU MONDE car pour moi (pas que d'ailleurs), c'est vraiment le top du top.
Pour tout âge, pour tout niveau de lecture, tous véhiculent des idées, des idées de tolérance, mais aussi des connaissances historiques ou géographiques. Ce sont pour certains de véritables petits bijoux.

Je commence par les albums signé de Clothilde PERRIN.
Le Colis Rouge : Existe-t-il plus belle aventure que de traverser le monde à bicyclette avec un chapeau rouge sur la têt et, sous le bras, un gros colis aussi rouge que mystérieux ? Dans cet album muet, à la manière des Charlie, on cherche le petit bonhomme au colis rouge qui traverse les pages et les histoires et visite le cirque, les contes de fées ou la géométrie ... le tout servi par des illustrations douces.
C'est d'ailleurs le point fort de cette illustratrice, des dessins pastels, très tendres, colorés, j'adore vraiment !



- L'Enfant volant et L'Enfant lumineux font partie de la série "Les petits étonnants" et s'adressent aux petits en évoquant la peur de l'obscurité ou l'ennui, le tout avec beaucoup de poésie.

- T'es fleur ou t'es chou ? : Ou tu es fille en rose ou garçon en bleu ? A moins que .... "Moi, je m'appelle Maël. C'est à la fois un nom de fille ou un nom de gars. J'ai les cheveux longs, pourtant je suis un garçon. Autour du cou, j'ai un collier comme les Indiens. Je suis un gros costaud, mais j'aime très fort les bisous et les câlins." Voilà un album à mettre entre toutes les mains pour balayer d'un revers de page tous les stéréotypes sur les sexes. Je pense qu'il devrait faire l'objet d'une lecture obligatoire pour tous les concepteurs des catalogues des jouets des grandes surfaces afin d'oublier une fois pour toute ces horribles pages roses avec ces jouets soi-disant pour filles et pages bleues avec ces jouets soi-disant pour garçons.



Autres albums RUE DU MONDE
- Les deux soldats de Michel PIQUEMAL et Julien BILLAUDEAU ainsi que La maitresse ne danse plus de Yves PINGUiLLY et ZAÜ : deux albums qui évoquent chacun à sa façon les horreurs de la Grande Guerre. Le premier évoque la vie d'un soldat français et celui d'un allemand avant qu'ils se rencontrent face à face dans les tranchées : il n'y a pas d'un côté les méchants et de l'autre les gentils, seulement des hommes comme tout le monde qui se sont retrouvés dans un enfer qu'ils auraient préféré éviter.
"Tibo d'ici et Toma de là-bas sont arrivés en même temps dans un grand champ, un immense champ de bataille. Ils y sont restés. Où vouliez-vous qu'ils aillent ? Ils sont restés et chacun a tiré de l'autre côté de la tranchée.
Ils ont tiré, ils ont tué des p'tits gars d'ici, des ptits gars de là-bas, des p'tits gars de là-bas, des p'tits gars qui étaient leurs frères mais ils ne le savaient pas."
C'est très émouvant, très réaliste, poignant, avec des illustrations très crues et colorées.


Dans le même thème, mais côté civils, La maitresse ne danse plus, dans lequel on aborde la perte d'êtres chers.
"Quand revient le lundi, tous les élèves sont en classe avec la maîtresse. Elle ne porte pas sa robe rose et son ruban jaune ; elle ne porte pas sa robe jaune et son ruban jaune ; sous sa blouse noire, sa robe est noire. Et elle n'a plus de ruban dans les cheveux."
Cet album m'a fait pleurer, saloperie de guerre !!!!


- Mandela l'Africain multicolore  de Alain SERRES et ZAÜ : toute l'histoire de Nelson Mandela, depuis son enfance où on l'a obligé à porter un prénom européen jusqu'à son emprisonnement pour s'être battu pour ses idées. C'est un album très dur parce que beaucoup de pages sont consacrés à la prison, l'horreur de l'enfermement, les mauvais traitements etc ..... Les illustrations à l'encre de Chine sont très figuratives et renforcent bien le côté sombre de  l'histoire.A la fin de l'album, quelques pages sont réservées aux photos de Mandela et à sa biographie.


- Et on redessinait le monde de Daniel PICOULY et Nathalie NOVI propose un voyage à travers le monde. On visite ainsi l'Europe puis l'Afrique, l'Asie etc .... sous forme de poésie. C'est très chouette.
"Moi, si je pouvais redessiner le monde, j'en ferais une cité-puzzle, à bâtir de toutes pièces. Je regarderais chacun trouver enfin sa place rien qu'en portant les yeux autour de lui, rien qu'en se glissant, s'ajustant, s'apaisant. Des petits bouts de rien jusqu'à la dernière pièce déposée là pour animer le tout."


- A l'école arc-en-ciel de Béatrice FONTANEL et Lucile PLACIN : Une journée à l'école qui commence dans les larmes et se termine en moment extraordinaire lors de la récréation, pour tous les jeunes enfants qui sont effrayés par ce monde quelquefois hostile qu'est une cour de récré. Les illustrations sont particulièrement colorées avec un brin de folie et des personnages portant tous deux tâches rouges en guise de joues, on aime ou pas mais en tout cas cela a le mérite d'attirer l'oeil.



- Les bêtes noires ont bon dos de Alain SERRES et Aurélia FRONTY qui parle à travers l'histoire d'un scarabée "à tête noire  que toute la forêt avait pris pour bête noire" de la tolérance et du racisme. Un album particulièrement lumineux avec des illustrations superbes.


Les deux derniers albums sont
- Chez Ecole des Loisirs : Sann de Chen JIANG HONG ou comment un petit enfant arrivera à déplacer des montages pour venir en aide à ses parents. Un bel album notamment pour les illustrations. Après l'histoire est bien dans le genre de l'Ecole des Loisirs qui raconte essentiellement une histoire autour de bons sentiments. Le petit plus est que cela se passe en Asie et qu'on y mêle le conte et le fantastique.


- Paris s'envole chez Gauthier-Languereau de Hélène DRUVERT : je termine par un véritable petit bijou, l'histoire de notre Tour Eiffel nationale qui s'ennuie et décide d'aller se balader dans Paris. Ce qui fait la magie de cet album se tient dans les illustrations :en noir et blanc avec des découpes laser, c'est génial, à avoir absolument !! Par contre je crains qu'il ne fasse pas long feu dans les mains pas toujours délicates de ces chères têtes blondes !



samedi 6 décembre 2014

La séparation de Christopher Priest

"Que s'est-il réellement passé dans la nuit du 10  au 11  Mai 1941, cette nuit où Rudolf Hess s'est envolé d'Allemagne pour négocier la paix avec la Grande-Bretagne ?"
C'est lorsque l'historien Stuart Gratton se penche sur  cette question qu'il va découvrir au travers le destin incroyable de deux frères jumeaux des faits incroyables sur ce pan d'Histoire dont on ignore beaucoup de choses .....

Un peu d'Histoire pour commencer .... le 10 Mai 1941, la Lufwaffe lance une nouvelle offensive contre l'Angleterre, c'est le plus fort bombardement jusqu'ici. En même temps, Rudolf Hess, le bras droit d'Hitler, décolle d'Allemagne à bord d'un BF 110 et saute en parachute au- dessus de l'Ecosse. Fait prisonnier par les Anglais, il demande à rencontrer le Duc Hamilton afin de lui proposer un traité de Paix entre les deux pays belligérants .... or visiblement il ne représente aucune position officielle allemande ......
"Si j'échoue, vous pourrez toujours déclarer que je suis fou", aurait-il écrit à Adolf Hitler le jour de son décollage .....

Christopher Priest part de ce fait non expliqué à l'heure actuelle pour monter son récit à résonnance uchronique : Et si Rudolf Hess était parvenu réellement à proposer ce traité de paix sous le couvert d'Hitler ? Et si Winston Churchill avait accepté ? Et si Hitler ignorait les intentions de son bras droit ?
Toutes ces interrogations sont développées au travers la vie de deux frères, qui dans leur jeunesse, en gagnant la médaille de bronze (en aviron) aux JO de 1936 avait déjà rencontré Rudolf Hess avant de poursuivre, chacun de leur côté, un chemin qui désormais allait les séparer.
L'on suit déjà Jack Sawyer qui, pilote de la RAF,  participera à de nombreux bombardements allemands avant d'être abattu et, une fois sur pied, rattaché à l'équipe de Winston Chruchill afin de déterminer si un mystérieux prisonnier est bien celui que tout le monde croit ... ou bien un double ?
En parallèle, au travers les recherches du journaliste Stuart Gratton et les témoignages recueillis auprès de plusieurs personnes, on suit le destin de l'autre jumeau, Joe, qui, objecteur de conscience s'enrôle à la Croix Rouge avant d'être victime d'un bombardement ..... pour se retrouver un peu plus tard au coeur même des négociations entre Rudolf Hess et Winston Chruchill ...

Sauf que l'on avait appris entre temps que Joe était décédé lors de cet accident .... tout du moins c'est ce que croit son frère ..... Alors où se trouve la vérité ? le Hess du premier jumeau est-il plus réel que celui du second jumeau ? Lequel des frères aura trouvé réellement la mort ? Que c'est-il passé cette nuit du 10 Mai, le traité a-t-il abouti ?
Christopher Priest -je l'avais déjà constaté dans Le Prestige - est un incroyable prestidigitateur .... en tirant des ficelles invisibles, il nous emmène là où il le souhaite, masquant ou dévoilant tour à tour des vérités qui se révèlent ensuite fausses .... ou vraies .... Combien de fois suis-je revenue en arrière pour voir si un détail ne m'avait pas échappé en lisant de nouveaux témoignages avec cette sensation que le récit sombrait peu à peu dans une folie qu'il était impossible de déterminer ?
Le plus étrange c'est qu'en lisant en premier le récit de Jack, on prend tellement pour argent comptant que son frère est mort que lorsque ce dernier prend à son tour la parole dans un journal qu'il tient les mêmes mois on sent qu'il délire ou qu'il hallucine .... ne serais-ce que parce qu'il vit les mêmes scènes plusieurs fois avec des chutes différentes à chaque fois ..... jusqu'à ces hallucinantes négociations qui aboutissent entre les deux pays en guerre ...
Trop facile pourrions-nous dire, c'est le deuxième frère qui fabule, il est réellement mort .... sauf que Priest détient le pouvoir du magicien ... et ce en quelques mots que je ne suis toujours pas parvenue à démêler ... Après l'abattement de son bombardier, Jack Sawyer se retrouve à bord d'un canot de sauvetage avec l'un de ses hommes Sam Levy .... sauf que lors du récit de ce dernier, on apprend qu'il était seul à être secouru et qu'il n'a jamais revu son pilote .... Du coup se pose à nouveau la question de savoir où  se trouve la vérité et le mensonge, la folie ou le sensé ?
C'est du grand art, de plus servi par un récit qui ne souffre d'aucune lenteur ou ennui, qui nous interpelle par les faits racontés, nous interroge et nous remet en question ..... C'est brillant, vraiment ...

L'autre grande qualité de ce roman se trouve dans les questions qu'il nous amène à se poser .... Et si réellement il y avait eu un traité de paix entre l'Allemagne et  l'Angleterre, comment se serait achevés cette guerre ? L'Est en aurait-il fait les frais ? Le sort des Juifs aurait été différent ? Quel aurait été notre avenir ? Et aujourd'hui, qu'en aurait-il été ?
Cela me rappelle la conférence aux Utos sur La SF nous aide-t-elle à comprendre l'Histoire ? Sur le fait qu'une uchronie pouvait être un bon outil pour comprendre l'Histoire au travers de ce qui AURAIT pu se passer.
L'autre questions essentielle se situe sur les raisons même d'une guerre de cette envergure, notamment en ce qui concerne les bombardements ... Jack Sawyer lui-même, bien qu'en première ligne et décidé à en découdre avec l'ennemi, se demande pourquoi l'on bombarde sans cesse les civils alors que le but serait plutôt d'affaiblir les points stratégiques ? Quels sont les buts véritables des dirigeants ? Affaiblir une défense pour vite achever le conflit ou traumatiser à ce point les civils que ces derniers, dans leur soif de réparation et de vengeance, gardent toute confiance en leurs gouvernements respectifs dans leurs choix de faire le plus de mal aux barbares d'en face ? C'est vraiment la question qui m'a heurtée le plus dans ce roman .... Sans oublier que l'aspect historique, au détour de l'uchronie subtile ou du rêve éveillé, nous fait entrer dans une partie de ce conflit pas forcément mis en avant dans son étude : les bombardements eux-même, la vision qu'en ont les pilotes, leurs peurs et angoisses, leurs victoires tempérées par les visions des villes en flammes qu'ils laissent derrière eux .... et l'utilité de tout ce gâchis ....

Un grand livre, vraiment ! Il fut récompensé  par le Prix de la British Science Fiction Association, le Prix Arthur C Clarke et le Grand Prix de l'Imaginaire.

Extrait
Les démocraties prétendent prendre les armes pour redresser des torts ou établir entre les peuples des relations paisibles, alors qu'elles veulent juste protéger leurs droits acquis, leurs investissements financiers, et étendre leur influence politique. Les tyrans prennent les armes, soi-disant pour régler un différend ou reconquérir des territoires perdus, mais tout ce qu'ils veulent, c'est conserver un pouvoir illégal sur leur propre peuple.
L'histoire montre aussi que peu importe l'issu du conflit : répondre à la violence par la violence sème forcément la graine d'une violence future, parce que la violence elle-même distord le résultat.

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