lundi 27 septembre 2010

Litterature Jeunesse (1)

Parce que boulot et passion peuvent tout à fait se coupler, je fais un petit break dans mes lectures "adultes" pour aborder la lecture jeunesse.
Type littéraire que je côtoie depuis sommes d'années d'une part parce que nos programmes nous y obligent mais surtout parce que l'univers magique dans lequel me plongeaient mes lectures enfantines n'est pas si loin dans mes souvenirs et que je prends toujours autant de plaisir à en lire ainsi qu'à les faire partager à mes élèves, eux même passionnés ou non ...

Depuis plusieurs années, en dehors de leur lire à voix haute des livres, je les inscris à des Prix littéraires ou des manifestations de lecture
L'an dernier ma classe a participé au Prix Chronos, qui, fondé en 1996 par la Fondation Nationale de Gérontologie, propose aux participants de lire des ouvrages ayant pour thème : la mort, la vieillesse, les relations inter-générationnelles ....et de sélectionner celui qui leur a le plus plu.
Voici les résultats de l'an dernier : prix Chronos 2010 ; livre qui a aussi été plébiscité par mes lecteurs.

En même temps, ils ont pris part à une manifestation littéraire intitulée Notes de Lecture,
dont le thème portait sur Objets insolites (maison, arbre, nounours, chaussures ..) et dont le projet consiste à théâtraliser et mettre en son et musique un album, ce qui est loin d'être facile.
Notre choix s'est porté sur le Pacificateur (qui n'a rien à voir avec le film mais a permis de faire une bonne introduction à la mise en scène).

Cette année, en plus du Prix Chronos, mon choix s'est porté sur le Prix des Incorruptibles, dont voici la sélection
- Angèle ma Babayaga de Kerménéven de Richard COUAILLET (livre qui fait partie aussi de la sélection du Prix Chronos ce qui va permettre de faire un pont intéressant entre les deux)
- Cascades et Gaufres à gogo de Maria PARR
- Tim sans-dragon de Agnès LAROCHE
- La guerre des livres de Alain GROUSSET
- Les arbres pleurent aussi , album de Irène COHEN-JANCA (illustrations de Maurizio A.C. QUARELLO)
- Thiên An ou la grande traversée, album de Valentine GOBY (illustrations de Ronan BADEL)

La sélection me plaît beaucoup car les thèmes sont très variés : relations humaines, fantasy, science fiction, documentaire et guerre, ce qui ouvre à beaucoup de styles différents.

Pour terminer ce billet j'énoncerai les points essentiels d'un BON livre de littérature jeunesse
- Pour commencer, point primordial, à l'ère du langage SMS et MSN, la rédaction soit être soignée, elle s'adresse à des enfants mais sans rentrer dans un langage bêtifiant, car s'ils utilisent couramment le langage raccourci sur les téléphones portables et les ordinateurs, les enfants savent pertinemment qu'on emploie le français ... en classe et ... dans les livres. Et ils savent aussi apprécier une bonne littérature.
- Ensuite, pour rester dans le même ordre d'idée, si le livre s'adresse à des enfants il ne doit pas pour autant les prendre pour des ânes bâtés à qui il faut tout mâcher avec des phrases simples, un vocabulaire enfantin ou pauvre ; mais plutôt les ouvrir aux références culturelles et à l'implicite ! à un vocabulaire compréhensible dans le contexte !
- Et enfin, laisser livre cours à l'imaginaire et au rêve afin qu'ils apprivoisent un monde un peu différent de leurs jeux vidéos et de la télévision.

RV à la fin de l'année pour leurs choix sur les deux prix, pour ma part j'ai quelques livres sous le coude à rapidement dévorer (ils les réclament déjà !!!)

mercredi 15 septembre 2010

Chien du Heaume de Justine NIOGRET


Si je veux être honnête, ce n'est ni la couverture (somme toute relativement glauque voire même plutôt laide au premier abord mais qui après lecture cadre parfaitement avec l'ambiance) ni la quatrième de couverture qui m'a incitée à acheter ce premier roman de Justine Niogret .. juste le fait qu'elle avait été primée aux Imaginales 2010, festival auquel je me suis rendue au mois de mai dernier. (CR ici).
Si je continue dans l'honnêteté, j'avoue aussi que le livre ne m'a pas accrochée de suite ... sensation d'un roman qui peinait à se mettre en place, qui n'allait même nul part, avec des personnage, notamment la principale, qui semblaient rester en surface, auxquels je peinais à m'attacher ...

Tout ceci durant les premières pages ... et puis .. l'alchimie s'est accomplie .. d'un coup je suis entrée dedans et n'en suis plus ressortie ...
Car c'est bien écrit déjà ... c'est même excellemment bien rédigé ... le style est puissant, convaincant, presque cru et tout simplement beau ... et les personnages sont, en dépit de leur laideur, de leurs affres, de leur saleté, profondément attachants .. ce sont des anti héros, ce sont des humains tout simplement avec leurs peurs, leurs angoisses, leurs envies d'être aimés et de ne pas trop vite être oubliés .. le tout dans un monde moyenâgeux aucunement enjolivé, un moyen âge où la pauvreté sévit, la saleté des rues, la froidure des hivers et des castels règnent en maitre ... un roman médiéval principalement ... avec des termes médiévaux qui témoignent d'une très bonne connaissance de la période de la part de l'auteur.

Avec quelques éléments de fantasy tout de même .. déjà la quête insolite du personnage principal .. ensuite la présence hypothétique d'un enfant fée au détour d'un bois et surtout l'arrivée inopinée d'un personnage mystérieux, la Salamandre, dont les déplacements ne sont pas réellement humains ... personnage ô combien étrange qui symbolise essentiellement les questions que se pose le Sanglier sur sa vie, son passé, ses combats, ses pertes et son avenir ....
Car certains personnages ont nom d'animaux (pour nous les rendre plus inhumains alors qu'ils le sont plus que tout ?) : le Sanglier, (Bruec de son vrai nom) petit seigneur d'un castel qu'il a souffert pour posséder, et surtout Chien du Heaume .... qui est une femme ... une femme laide et un peu grasse qu'on croirait forte au premier abord car c'est une mercenaire qui n'hésite pas à trancher dans le vif et l'os, mais il n'en est rien ... et c'est sa sensibilité, sa solitude surtout qui touchent, qui émeuvent .... cette femme qui est à la recherche de son nom et de son identité ... de son passé ..
Une véritable quête qui en fin de compte l'amènera au devant de l'autre ... avec une fin somme toute assez frustrante car ouverte !

Pour terminer il ne faut surtout pas passer à côté du Lexique à l'usage des étrangers aux armes, armures et pièces d'équipements médiévaux ... qui explique avec beaucoup d'humour tous les mots employés dans le récit .. c'est tordant surtout après la lecture de ce roman relativement sombre ... et donne à penser que Justine Niogret a plus d'un tour dans son sac .. je suis curieuse de découvrir ce qu'elle écrira par la suite.
Je ne résiste pas à quelques passages de ce lexique :
CRUOR : Sang, boyaux, tripes, tout ce qui sort d'un animal fraîchement abattu. Bref, tout ce que votre chat laisse en cadeau sur votre paillasson après avoir attrapé un oiseau, une souris, un rat.
CUISINE La cuisine médiévale c'est simple, il suffit de faire la guerre, mais dans la cuisine.

Extraits
"On les aime car ils tiennent les veillées par leurs histoires, certes, mais on les craint aussi, puisqu'ils savent faire pire que ceux qui coupent la chair avec leurs lames. Eux peuvent couper les âmes avec un seul mot."

"Je suis mercenaire, et je crois que le métier des armes n'a qu'un but : survivre. Que ce soit aux coups ou au temps. Je n'ai plus de famille, je l'ai perdue avec mon nom ; qui me pleurera lorsque je serai passée ? Je ne survivrai ni dans le regard ni dans les rêves de ceux que je laisse derrière moi ; je suis seule."

"Un nom fait toute la différence, parce que tout ce qui a de l'importance, sur cette terre, en porte un. " "Bruec était ce que Chien connaissait de mieux d'un racine, d'un sang, d'un pays et d'une famille." "Et rien, de la colère qui brûlait Chien depuis sa naissance, ne sut la sauver à ce moment ; rien de sa rage, rien de ses combats. Il n'y avait plus que la solitude qu'elle avait toujours connue, celle-ci tout entière plantait à nouveau ses crocs en elle, venait de geler son coeur si profond qu'il n'en restait que poudre de glace."

Pour en savoir plus

Une interview sur le Cafard Cosmique : J'en cite juste un passage "coup de poing" : "Et puis je trouve , à mon sens, qu'un bon livre est un peu comme un coup de pied dans le ventre, ça coupe le souffle et on s'en redresse avec les joues rouges et les larmes aux yeux."
Personnellement j'accepte de reprendre quelques bons coups de pieds !

Et aussi toujours sur le Cafard Cosmique la critique c'est ici ...
Ou chez Les voyages immobiles de Madame Charlotte.
Et enfin sur le RSF Blog ... (qui référence d'autres chroniques sur d'autres blogs)

Pour finir le blog de Justine Niogret.

Chien du Heaume a reçu le Prix du roman aux Imaginales 2010 et Le Grand Prix de l'Imaginaire 2010.

mercredi 8 septembre 2010

Ravages de René BARJAVEL

Je trouve toujours hallucinant et extraordinaire la façon dont des auteurs des années 40.50 appréhendent leur monde de demain, l’imagination dont ils font preuve.
Au contraire d’auteurs de Science Fiction qui, comme Herbert, inventent totalement d’autres civilisations, cultures, mondes différents ; Barjavel, lui, projette la France dans un futur lointain.
Somme toute plus si lointain pour nous, lecteurs du XXIiè siècle : l’histoire se passe en 2050, on peut rallier Paris-Vladivostok à 600 km heures sur un chemin de fer suspendu, on se déplace dans des automotrices à suspension aérienne (Paris-Lyon) en une heure, il n’y a plus de serveuses dans les cafés sauf pour égayer un peu ces lieux devenus trop abandonnés et le Sacré- Cœur s’est retrouvé juchée sur une des quatre nouvelles villes construites en hauteur sur Paris.
On peut boire tout autant de l'eau que du lait au robinet et surtout on conserve les morts dans des chambres froides afin de leur rendre hommage, de les respecter et de venir leur parler .. ce qui a fait baisser de façon extraordinaire le taux de criminalité car ces morts là finissent brûlés à l'acide dans les profondeurs de l'oubli .. d'un caniveau ...
De quoi dissuader ....

Voici donc le monde que nous propose l'auteur dans lequel prennent vie notamment François Deschamps et son amie d'enfance, future star, Blanche Rouget.
Et subitement ce monde bien réglé par fée électricité bascule ... brutalement tout est coupé ... tout s'éteint, les automotrices tombent du ciel, les usines de production de légumes et viande s'arrêtent ... les gens se retrouvent dans la rue totalement démunis, incapables presque de marcher par eux-même et c'est l'escalade dans l'horreur ... un incendie se déclenche détruisant Paris, envahissant ses alentours, à des centaines de kilomètres à la ronde .. les gens fuient, les gens meurent, les morts dégèlent, le choléra s'installe, les gangs organisés font surface pour piller et tuer ....
Et certains s'organisent pour leur survie et leur fuite en avant ...
C 'est alors une longue marche pour survivre dans un désert de cendres jusqu'au retour à la vie d'avant l'électricité, à la vie presque primitive, l'organisation en clans, la vie kolkhozienne ...

Ce livre m'a été conseillé suite à la découverte de La Route, puisqu'ils traitent tous deux du même sujet .. avec une question fondamentale dans Barjavel qui ne porte plus sur la survie comme dans le roman de Mc Carthy ("comment aurions nous survécu dans ce monde d'horreur"?) mais sur : à l'heure actuelle comment supporterions nous l'absence de cette électricité qui régit notre confort et notre vie sociale ? Pourrions-nous, à l'instar des personnages de Ravage, régresser, revenir à un mode de vie antérieur ?
Bon notre dépendance à l'électricité n'est pas poussée à l'extrême comme dans ce roman, néanmoins une simple panne temporaire nous fait mesurer à quel point nous avons du mal à nous en passer (ne serais-ce que pour écrire ce billet à la lueur de mon plafonnier !!!)

Ravage se lit facilement évidemment ... je dirais que c'est ... du Barjavel ... auteur que j'appréciais beaucoup dans mes années adolescentes mais un peu moins actuellement j'avoue, je cite un passage qui m'horripile à présent et qui est vraiment sa marque de description des personnages : "Des épaules nues, des bras ronds de l'adolescente montaient une lumière et un parfum de moisson. Dans leur nid de dentelles, ses deux seins semblaient deux pigeons blottis."
Oserai-je dire que c'est un peu ... cucul la praline ? Bah oui j'ose ...

Mon avis reste donc mitigé, pas sur l'histoire elle même, pour la même raison que j'énonçais au tout début de ce post mais pour la façon de rédiger qui n'est plus celle pour laquelle j'accroche (bon tout n'est pas condamnable, loin de là !). Et aussi pour la fin à laquelle je ne crois pas du tout parce que si un jour un cataclysme se déclenche, soit les hommes mourront tous, soit ils se relèveront pour créer un monde peut être encore pire ... je sais, j'ai peu de foi en l'humanité ...

Extraits
"Or si l'électricité ne revient pas rapidement, les morts vont nous mettre à la porte. Messieurs, les morts sont en train de dégeler !"

"C'était une odeur de monde qui naît et qui meurt, une odeur d'étoile"


"Nus, mais debout, maigres, affamés, las, mais décidés à la lutte, ils étaient loin de cette déchéance atroce. Ils n'avaient pas renoncé. Ils étaient encore des hommes."




dimanche 5 septembre 2010

Lectures en cours (3)

Quelle lectures prévues pour le mois de Septembre ?

- Chien du Heaume de Justine Niogret
On l'appelle Chien du Heaume parce qu'elle n'a plus ni nom ni passé, juste une hache ornée de serpents à qui elle a confié sa vie. La quête de ses origines la mène sur les terres brumeuses du chevalier Sanglier, qui règne sans partage sur le castel de Broe. Elle y rencontre Regehir, le forgeron à la gueule barrée d'une croix, Iynge, le jeune guerrier à la voix douce, mais aussi des ennemis à la langue fourchue et à l'épée traîtresse. Comme la Salamandre, cauchemar des hommes de guerre ... Dans l'univers âpre et sans merci du haut Moyen Age, loin de l'image idéalisée que l'on se fait de ces temps cruels, une femme se bat pour retrouver ce qu'elle a de plus cher, son passé et son identité.

- Le grand passage de Cormac Mc Carthy ; la Trilogie des Confins Tome 2
Achever cette louve prisonnière du piège qu'il a posé est au-dessus des forces de Billy. Sa décision est prise : il quittera le ranche familial pour la ramener sur sa terre natale. De l'Arizona au Mexique, la route est longue et périlleuse. Il faut franchir la frontière, le grand passage et pénétrer dans un monde où la révolution gronde ... Le moment est venu de faire face à la sauvagerie des hommes.


- La huitième fille de Terry PRATCHETT Les annales du Disque-Monde
Sentant venir sa mort prochaine, le mage Tambour Billette organise la transmission de ses pouvoirs, de son bourdon, de son fonds de commerce. Nous sommes sur le Disque-Monde. La succession s'y effectue de huitième fils en huitième fils. Logique. Ainsi opère le mage. Puis il meurt. Or, il apparait que le huitième fils est cette fois ... une fille. Stupeur, désarroi, confusion : jamais on n'a vu pareille incongruité. Trop tard, la transmission s'est accomplie au profit de la petite Eskarina. Elle entame son apprentissage sous la houlette rétive de la sorcière Mémé Ciredutemps ...

J'ai décidé de ne pas entamer le Trône de Fer Intégrale 3, espérons que je tiendrai tout le mois de Septembre sur cette bonne résolution car j'avoue que ce n'est pas l'envie qui manque !

samedi 4 septembre 2010

Des fleurs pour Algernon de Daniel KEYES


Dans un laboratoire de psychologie, Algernon une souris bénéficie d'un traitement qui décuple de façon spectaculaire son intelligence .... Charlie, un handicapé mental, va alors être choisi pour servir de cobaye humain à cette expérience ... et voit ainsi ses capacités intellectuelles atteindre des sommets inespérés ... jusqu'au jour où l'incroyable intelligence d'Algernon va décliner ...

J'ai trouvé ce roman époustouflant et ce par plusieurs aspects :
- Déjà pour l'originalité de l'histoire et sa façon d'être rédigée sous la forme d'un journal dans lequel Charlie raconte ce qui lui arrive, ses sensations, son vécu, avec une structure grammaticale et une orthographe qui suivront ses progrès ... et ses régressions. Il fallait oser ce type d'écrit qui n'est pas forcément très facile à lire au premier abord de par les nombreuses fautes.
- Ensuite par le fait que l'auteur rédige à la première personne : j'ai toujours trouvé que ce type de livre avait un souffle différent des autres, qu'on entrait (lorsque c'est bien écrit bien entendu) bien plus profondément dans l'histoire et qu'on vivait plus intensément les évènements.
- Et enfin parce que le personnage principal Charlie est tellement attachant et vivant qu'on ressent ce qu'il vit voire même qu'on est à ce point impliqué dans l'histoire qu'on anticipe ses réactions

Le constat de "plus on est intelligent et plus l’on souffre car on se pose beaucoup plus de questions, sur sa vie, sur les autres" est très flagrant dans ce roman. Charlie n’avait d’autre souhait que devenir intelligent or quand son QI était à 70 il se sentait bien moins malheureux que lorsque son QI a fait ce bond prodigieux à 185.
Par là même, être intelligent ne signifie pas forcément avoir une intelligence sociale, Keyes fait un peu une généralité de l’intelligence en se référant au seul critère QI, néanmoins on sait qu’il existe plus types d’intelligences : l’intelligence pratique, l’intelligence sociale, l’intelligence culturelle …
Certains individus géniaux et très forts intellectuellement sont complètement démunis face à des papiers administratifs ou dans leur vie courante.
En gagnant en potentiel intellectuel, Charlie y a perdu un peu en intelligence sociale, son bouleversement est tel qu’il en oublie les valeurs morales qu’il tenait (sans s’en rendre compte) lorsqu’il se jugeait bête.

Voilà le genre de livre où on est tellement proche du personnage qu’on le sent intuitivement, que l’on peut anticiper ses réactions et en l’occurrence dans ce récit, ses réflexions, car il s’agit de la grande introspection d’un homme sur ce qui lui arrive.
Une introspection douloureuse car on sait, comme lui la durée relative de l’expérience qu’il vit.
J’avais constaté avant « lui » tout ce qu’il avait perdu en relations humaines, pris dans son formidable quotient intellectuel, qui le transformait en machine à pense, à raisonner … mais en même temps lui enlevait ses capacités à aimer et communiquer.
Et ayant noté déjà mon premier avis, avant d’en arriver au passage où il réalise que lorsqu’il était arriéré, il avait des tas d’amis et qu’intelligent, pas un.

Ce livre est à la fois une découverte pour moi et un vrai coup de coeur.

Extraits
L’intelligence est l’un des plus grands dons humains. Mais trop souvent, la recherche du savoir chasse la recherche de l’amour. C’est encore une chose que j’ai découverte pour moi-même récemment. Je vous l’offre sous forme d’hypothèse : l’intelligence sans la capacité de donner et de recevoir une affection mène à l’écroulement mental et moral, à la névrose et peut-être même à la psychose. Et je dis que l’esprit humain qui n’a d’autre fin qu’un intérêt et une absorption égoïste en lui-même, à l’exclusion de toute relation humaine, ne peut qu’aboutir à la violence et à la douleur.

Je crois que j’ai changé durant ces semaines loin du labo, dis-je. D’abord je n’arrivais pas à voir comment faire, mais cette nuit, en errant à travers la ville, cela m’est venu à l’esprit. La bêtise c’était d’essayer de résoudre le problème tout seul. Mais plus je m’emmêle dans la masse de mes rêves et de mes souvenirs, plus je m’aperçois que les problèmes émotionnels ne peuvent être résolus comme les problèmes intellectuels. […] Sans que je sache pourquoi, je m’étais détaché émotionnellement de tout, des êtres et des choses. Et ce que je cherchais réellement, la nuit, dans les rues sombres –le dernier endroit où j’aurais jamais pu le trouver -, c’était un moyen de me rapprocher de nouveau des gens, émotionnellement, de faire partie de la foule, tout en gardant mon indépendance intellectuelle.

Pour en savoir plus :
Des fleurs pour Algernon a obtenu le prix Nebula du meilleur roman en 1986.
Un téléfilm franco-suisse en a été tiré en 2006.
Plusieurs épisodes de la série Les Simpson font explicitement référence à ce roman, dans l'un d'eux Omer tient le rôle de Charlie, tandis que dans un autre Lisa tient un journal intime sur sa dégénérescence intellectuelle.