mercredi 29 mai 2013

Des milliards de tapis de cheveux de Andreas Eschbach

"Garde tes boniments. Ta vie à toi est toute tracée. Je t'ai tout appris, tout ce qu'un tisseur doit savoir, tu n'as besoin de rien d'autre. Tu es capable de faire tous les styles de noeuds ; imprégner, teindre, je t'ai initié à toutes ces techniques, et tu connais les modèles que nous ont transmis nos ancêtres. Lorsque tu auras ébauché le canevas de ton propre tapis, tu te choisiras une femme qui te donnera beaucoup de filles aux chevelures variées. Et, le jour de vos noces, je détacherai mon tapis de ce châssis, je l'envelopperai, je te l'offrirai et tu le vendras à la ville aux marchands impériaux. C'est ce que j'ai fait avec le tapis de mon père, c'est ce que mon père a fait avant moi avec le tapis de son père, et celui-ci avec le tapis de son propre père, mon aïeul ; cette coutume se transmet de génération en génération depuis des milliers d'années. Je m'acquitte de ma dette envers toi, tu devras faire de même avec ton fils, lui-même à son tour avec le sien et ainsi de suite. Ainsi en a-t-il toujours été, ainsi en sera-t-il toujours, jusqu'à la fin des temps."


C'est ainsi depuis des millénaires, des tisseurs dans la galaxie de Gheera fabriquent des milliers de tapis de cheveux que des marchands viennent acheter régulièrement afin dit-on d'orner le Palais des Etoiles, la demeure de l'Empereur. Un tapis pour toute une vie et une tradition qui se perpétue de fils en fils ...  Une caste dont il est interdit de sortir .. qui donne droit à la naissance d'un seul fils, le second devant immanquablement être mis à mort, mais en contrepartie à toutes les filles possibles à cause de leurs cheveux.

Or des bruits courent : l'Empereur ne serait plus en vie, dans ce cas pourquoi continuer à tisser inlassablement ces tapis de cheveux ? Qu'en est-t-il de la vérité ? Faut-il lapider tous ceux qui propagent cette nouvelle ou croire les Rebelles qui affirment avoir mis fin au règne de l'Empereur ? Et s'il y avait plusieurs planètes qui fabriquent des tapis de cheveux ? Plusieurs milliers de planètes fournissant en dizaine de milliers de tapis une demeure si lointaine que personne n'y a accès ?

 De premier abord "Des milliards de tapis de cheveux" se lit très facilement,  l'histoire coule toute seule, j'ai néanmoins été gênée par une certaine incohérence du récit. Ainsi passe-t-on de chapitres en chapitres, de personnages en personnages, sans aucun lien entre eux, un peu comme si l'auteur oubliait la sacro nécessité de mettre des connecteurs temporels et spaciaux afin de donner du sens à son histoire. 
Par ailleurs, ce n'est pas un écrit que je qualifierais de merveilleux, le style de cet auteur allemand ne restera pas dans les annales, on a même la sensation certaines fois que les principes même de l'écriture ne sont pas tout à fait respectés, restent hésitants.

En dépit de cela, parce que le roman se lit très bien et surtout parce que dans le dernier chapitre, tout se met en place,  expliquant par là même toutes les incohérences lus auparavant, comme un puzzle enfin achevé et dont on découvre le dessin jusque là totalement indiscernable, j'ai beaucoup apprécié ce côté là.
De même j'ai trouvé intéressant les points de vue différents des uns et des autres sur la même situation, comme on passe d'une personnage à un autre, on a droit à des perceptions variées de ce monde étrange, un monde absolument sans limité, immense, gouverné par un Empereur qui serait immortel. Des moments de vie de plusieurs protagonistes, donc certains sont vraiment terribles, frappants, je pense notamment au roi de Gheera, mais aussi au sort des tisseurs de tapis dont la conclusion donne un aperçu triste, voire dramatique de leur avenir.
J'ai aimé aussi le contraste entre le regard de ceux qui savent la vérité, l'acceptant comme telle et ceux qui se la masquent encore parce qu'ils sont simplement tenus dans l'ignorance et prisonniers de leurs coutumes, de leurs moeurs et d'une Histoire qui s'est construite malgré eux dont ils sont les victimes.

Ensuite la chute finale est tout de même à rester bouche ouverte un petit moment, il y a un côté totalement absurde à la résolution de ce mystère des tapis de cheveux ..... absurde parce que parti d'un rien et entraînant des conséquences absolument titanesques. Je n'en dirais pas plus évidement sur ce dénouement, ce serait dommage de gâcher ce final qui non seulement explique la trame mais aussi la façon dont elle a été tissée au fil des pages, toute incohérente soit-elle, on comprend parfaitement pourquoi dans les ultimes pages.
Dommage juste que l'écriture ne m'ait pas transportée, que tout simplement le roman n'ait pas eu plus de qualités littéraires.

Extrait
Vous autres mortels avez de la chance, dit lentement le souverain Vous ne vivez pas assez longtemps pour comprendre que toute chose est vanité et que la vie est dépourvue de sens.

Ailleurs

dimanche 26 mai 2013

Brèves d'Imaginales

A chaque année, mon melting pot au retour de l'un des festivals les plus réussis de France : celui des Imaginales.
En premier lieu, on va faire comme les anglais qui parlent sans cesse du temps (alors que les français ne parlent que de nourriture, dixit Gail Carriger -ce qui ne la gêne pas  puisqu'elle adore la bouffe ... et les vêtements) ..... on va consacrer les premières lignes de ce billet aux rigueurs de l'hiver ...... du printemps ...
Parce que cette année les Imaginales ce fut ..... la pluie, le froid (2.3 ° tout de même, cela ne s'est plus vu au mois de Mai depuis quelque chose comme 1886), la grisaille ..... Bref on s'est gelé !!!

Pour preuve ..... photo d'une petite pause entre blogueurs il y a un an .... le même endroit en 2013 ... Tee Shirt une année .... anoraks et polaires une autre.

Mai 2012

Même endroit .... Mai 2013

Avec en prime la Moselle qui atteint des hauteurs records.


 Voilà pour cette aparté pour le temps. Ah si juste encore un mot, THE explication de cette vague glaciaire après une petite discussion avec Jean Marc Ligny : les tempêtes polaires qui ont eu envie de nous faire un peu profiter de ce grand moment en se déversant sur un couloir froid qui traverse .... je vous le donne en mille : la France ! La faute au réchauffement climatique évidement.
Si on  y ajoute le soleil qui fait son fainéant, nous sommes peut-être partis pour une période de glaciation .... Formidable, voilà qui remonte le moral de tout le monde !!!


Alors alors, les Imaginales en bref cette année ?

- On s'est pelé .... Non ça je l'ai déjà dit je crois ....

- On s'est vraiment pelé .... Euh là tu es lourde, pis au moins quand tu écris ton billet tu es au chaud .... (ceci étant une petite discussion entre Clair et Obscur et non la preuve d'un dédoublement de personnalité, je vous rassure, xd)

- Beaucoup de monde pour cette édition ... paraît qu'ils ont fait moins de pub cette année .... (par contre le fléchage était tip top) .... Bon à savoir, il est inutile de faire de la pub, quelque soit le temps, ou l'affichage, les visites affluent sous le chapiteau de la Bulle du Livre.

Et toujours des auteurs supers sympathiques prêts à discuter ou à rire de nos idioties racontées durant le temps des dédicaces (genre le coup de ma prof d'anglais qui m'avait asséné en 6ième que je n'avais pas l'oreille musicale .... cela a fait rire Nicolas Fructus qui entre parenthèse a fait encore de superbes dédicaces)



- Pas de pique nique dans l'herbe , temps oblige (encore le temps? mais c'est pas vrai quoi !!!) mais un super casse croûte nocturne entre la lune et la pluie qui nous a obligés à aller boire un chocolat chaud dans un café afin de se réchauffer avant de rentrer chacun chez soi. Cela dit la soirée était très conviviale, offerte par le Comité du Prix Une Autre Terre.

- Entre blogueurs, cette année ce fut discussion torchons ....Enfin de beaucoup de choses en somme sauf de livres, le comble !
Il y eu d'ailleurs une discussion formidable autour de l'odeur des livres ... Ceux qui sentent bons et ceux qui puent quoi. Quand je pense que nous avons discuté de cela tout en se faisant dédicacer et en humant joyeusement nos livres, j'ai un peu honte ...
Tous les blogueurs assemblés autour de la table au café portaient des lunettes ....
Et tous n'ont pas d'enfants (pour l'instant) ... il s'avère aussi que l'une pourrait être la mère d'une autre et qu'un ne serait pas loin d'être son grand-père. Nous ne citerons aucun nom pour éviter de retourner le couteau dans la plaie.
Nous avons discuté aussi des langages régionaux et bien entendu ....  de temps, je crois avoir entendu au moins 500 fois "j'ai froid" "je me les gèle" "ça caille" "je ne sens plus mes doigts" "etc etc (et je n'étais pas la dernière bien entendue bien qu'étant chaudement vêtue de mon manteau d'hiver que je désespère de ranger un jour).

- Gail Carriger est absolument délicieuse en conférence, si british que cela en est hilarant ... 

Par contre j'ai constaté qu'un sacré paquet de gens autour de moi comprennent l'anglais .... grand moment de solitude. J'aurais voulu lui demander si son style vestimentaire était spécial festival pour être dans la tendance de ses livres ou si il était habituel ... je n'ai pas osé.
En parlant d'anglais, Lucius Shepard, même en disant "What's your name ?" est absolument incompréhensible. Et moi aussi visiblement car il n'a pas compris lorsque je lui ai donné mon prénom (le vrai en plus, pas le pseudo !)

- J'ai arpenté le Festival dans un état un peu pitoyable, avec le cerveau d'une moule et le QI d'une huitre .... Il m'a fallu 2.3 dédicaces avant de me souvenir que d'ordinaire je sortais mon appareil photo pour immortaliser ces moments là. J'ai voulu me faire dédicacer deux fois le même livre par Raphaël Albert ... avant de me rappeler, grâce à Snow, qu'en fait je venais pour son album. J'ai oublié aussi de photographier la fresque et je n'ai même pas pensé à prendre quelques photos souvenirs des blogopotes (triste tête en l'air je suis).

- J'ai vaincu ma timidité pour aller saluer Laurent Genefort et lui  dire que j'avais lu et apprécié l'Intégrale 1 d'Omale. J'ai échangé quelques mots avec Pierre Bordage, Jean Philippe Jaworsky, Pierre Pevel et Lionel Davoust (lui j'ai eu le droit au bisous et à deux dédicaces alors qu'il était comme toujours très sollicité partout, joie je suis), en progrès en progrès.

- Tigger Lilly a failli se faire éborgner par un  escrimeur tandis que je me suis pris un coup de bras à rallonge des monstres insectoïdes montés sur échasses.
 

- J'ai écouté deux conférences et j'ai acheté 7 livres ..... j'en ai eu 3  aussi en cadeaux d'anniversaire de la part d'Olya et de Tigger Lilly.




- J'ai adoré comme d'habitude mais je suis rentrée très frustrée de n'y avoir été qu'une seule journée avec la sensation de courir un peu partout, de vouloir tout voir, profiter de tout le monde et au final d'avoir eu la sensation que tout est passé trop vite, un peu comme un rêve dont on s'éveille au meilleur moment.
Cela dit c'est toujours mieux que ne pas y aller du tout.

Prochain billet un peu plus étoffé sur les rencontres blogueurs, auteurs, conférences et dédicaces un peu plus tard ....

mercredi 22 mai 2013

Une Pàl remise à neuf ....

Ou ... le grand ménage d'automne de printemps (on s'y tromperait à moins n'est-ce pas ?) .....
Bon ma nouvelle Pàl va faire hurler de jalousie certains ou certaines d'entre vous ....
Preuve en image ....



Alors ? alors ? Il y a de quoi hurler n'est-ce pas ? Quoi comment elle a réussi à faire descendre sa Pile à Lire à 7 malheureux ouvrages ELLE ?

Je vous donne le secret ?
Eh bien ELLE, ELLEa triché et na ! Si je parlais de ménage de printemps, ce n'était pas en vain, je me suis décidée à faire le trou et ai supprimé sans scrupules 7 livres  ... pis en ai lu aussi deux dont je parlerai peu après puisqu'ils ne feront pas l'objet d'un billet.

Alors pourquoi ce choix ?
En vérité pour trois raisons :
- la première : j'ai perdu presque un mois de ma vie à ne rien lire, ou presque rien .... ce mois ne sera jamais rattrapé et n'a évidement pas contribué au vidage de ma Pà prévu dans mon Top Ten 34 : les 10 livres à lire pour le printemps.
- la deuxième : puisque  j'ai décidé d'arrêter de m'angoisser avec mes activités bloguesques dont celles de se donner des objectifs prioritaires de lecture, je me suis dit que certains livres je ne les lirai de toute façon probablement jamais, certains parce qu'ils trainent depuis trop longtemps dans ma Pàl, d'autres parce que je n'ai en fait pas tout envie de les parcourir.
- la troisième : j'ai besoin de renouveau et de livres nouvellement achetés pour bien me remotiver après mon gros passage à vide.

Alors quels sont ces livres qui ont été scandaleusement éjectés hors Pàl ? Rassurez-vous, je ne les ai pas jetés (sauf un le fameux L'insigne du chancelier Les lames du roi tome 1 de Dave DUNCAN qui était tellement abîmé, déchiré qu'il me faisait horreur donc poubelle !) :

- Le monde selon Garp de John IRVIN
J'en avais commencé la relecture il y a quelques semaines et puis je n'ai pas accroché j'ai donc préféré rester sur mon impression première d'un livre que j'avais beaucoup aimé et il a regagné ma bibliothèque à côté d'Une prière pour Owen .... Après tout ce n'est pas comme si je ne l'avais jamais lu non ?

- Les maîtres chanteurs et le Septième fils (Les chroniques d'Alvin le faiseur I) d'Orson Scott CARD
Parce qu'ils sont en prêt chez moi depuis des mois et que visiblement je ne les lirai pas de suite, de plus je n'ai pas très envie de débuter une nouvelle série pour le moment (référence aux Chroniques d'Alvin le faiseur).

- Le cycle des robots 4  : Face aux feux du soleil et Le robot qui rêvait d'Isaac ASIMOV
De cet auteur j'avais découvert le tome 3 de son cycle des robots : Les cavernes d'acier, j'avais plutôt bien apprécié malgré une certaine appréhension à lire ce monstre de la SF. Après c'est de la SF pure et dure, celle que je n'affectionne pas le plus, du coup j'avoue être assez réticente à m'y replonger.
Je suis contente d'en avoir lu un, pour connaître cet auteur, je  n'ai pas envie de lire tous ses livres, il y a trop de nouveautés à découvrir et pas assez de temps pour déjà les découvrir ... alors les anciens pensez vous donc !

- Cavalier vert de Kristen BRITAIN
Encore le premier tome d'une série qui traine depuis des lustres dans ma Pàl. De plus je l'avais commencée un fois et pas accroché, de plus j'avoue que la phrase "Une aventure merveilleusement captivante. Un grand plaisir de lecture" signée Terry Goodkind ne me paraît pas être une référence formidable, xD. D'ailleurs je ne me rappelle pas avoir vu le moindre billet quelque part sur ce roman là, voilà qui renforce ma conviction de le laisser choir.

Que me reste-t-il donc au final ?

- Rêve de Gloire de Roland WAGNER

- Omale II de Laurent GENEFORT

- Trois soeurcières de Terry PRATCHETT

- Sans  forme de Gail CARRIGER (qui sera lu en LC avec Lhisbei)

- Des milliards de tapis de cheveux de Andreas ESCHBACH
Que je vais lire prochainement

- Abzalon et Orchéron de Pierre BORDAGE
J'ai hésité à les enlever aussi puisqu'eux aussi ne sont pas à moi mais au final c'est Bordage donc j'ai envie de lire quand même.

Quant aux deux livres lus et qui ne seront pas chroniqués mais sortent forcément de ma Pàl :

- Le soldat chamane Tome 6 : Le renégat de Robin HOBB
J'avais démarré cette série il y a des années, et si le premier tome m'avait emballée, les suivants m'avaient plutôt déçue, je tenais tout de même à lire celui-ci qui n'est pourtant pas le dernier de la série, j'ai presque envie de dire en respect pour mon admiration pour cette auteure. Le Soldat Chamane est néanmoins tellement en dessous de ses autres séries que je ne la terminerai pas et ne chroniquerai pas celui-ci dans la mesure où les précédents ne le sont pas.
Juste pour dire en quelques mots ce qui me déplaît dans cette série très différente des autres qui raconte comment Jamère, jeune fils brillant promu à une belle carrière de militaire, a contracté la peste ocelllionne et est devenu un océllion, un homme nourri par la magie, rempli de magie devrait-on dire puisqu'il devient obèse et ainsi la risée de tous : son père le déshérite, sa fiancée le quitte .... Dans ce tome ci, Jamère, prisonnier dans son corps désormais contrôlé par Fils de Soldat, l'Ocellion qui doit se faire une place dans son propre monde, se livre à une longue introspection .... qui au terme est franchement pénible.
De plus, et cela, je l'avais remarqué depuis le début, il condense à lui seul tous les défauts que pouvait avoir Fitz sans ses qualités : à savoir la victime impuissante des évènements, sans la volonté de lutter, sans savoir non plus dans quelle direction se diriger ..... en somme un personnage hautement agaçant. Et comme l'histoire en elle-même ne parvient pas à sauver les meubles j'arrêterai là pour cette série.

- L'obscurité du dehors de Cormac Mc CARTHY
En vérité il est PRESQUE fini (et quand ce billet paraîtra il le sera) .... C'est le dernier roman que je possédais de cet auteur et probablement aussi le dernier que je lirai. Mc Carthy écrit très bien mais ses récits sont terriblement noirs voire même glauques. 
Autant j'avais adoré La Route, aussi terrifiante et terrible soit-elle, autant j'avais aimé aussi De si jolis chevaux, autant j'avais commencé à déchanter avec  Le grand passage. Ses personnages sont sans passé, sans avenir et surtout sans espoir, transportés dans un monde américain sans foi ni loi.
L'obscurité du dehors ne fait pas exception : Rinthy et Culla Holme, frères et soeurs, vivant dans l'inceste, ont eu ensemble un enfant que le frère abandonne à la naissance et que la soeur veut retrouver. Pour cela ils prennent la route tous les deux, Rinthy à la recherche désespérante de son bébé et Culla pour la retrouver, elle. Et ils cheminent chacun de leur côté, rencontrant des gens, fuyant d'autres (sans que l'on sache exactement pourquoi) mais surtout sans véritable but, se laissant porter par une route froide et malsaine. Des personnages qui manquent en plus cruellement de charisme et d'empathie .... deux deux là sont tellement limités que l'on peine à suivre leurs raisonnements.
Le Monde titre sur la quatrième de couverture : Un des romanciers les plus dangereux pour la tranquillité de l'âme et de l'esprit. Pour la paix de mon âme et de mon esprit -si je vous dis que j'en ai cauchemardé cette nuit de ce livre !- je vais donc achever rapidement les quelques dernières pages de ce livre et laisser gentiment cet auteur de côté.

Et maintenant place aux nouveaux livres qui arriveront bientôt en direct des Imaginales ^^

dimanche 19 mai 2013

Elle qui chevauche les tempêtes de Lisa Tuttle et George RR Martin


Autrefois, des navigateurs dans de grands vaisseaux aux ailes d'argent firent naufrage sur un monde d'océan infini et de tempêtes furieuses, un monde où la terre s'éparpille en des milliers d'îlots rocheux .... Contraints de s'adapter, ils transformèrent les voiles de leurs machines volantes en ailes flexibles et solides afin de pouvoir communiquer d'îles en îles : ainsi naquirent les aériens...

Depuis son île, Mariss, une rampante fille de pêcheur n'a qu'un rêve : celui de devenir comme ces fabuleux messagers volants .... une aérienne.
Son voeu ne tarde pas à s'exaucer lorsqu'elle est adoptée par une famille sans enfants dont le père lui apprend à voler ... Hélas quelques années plus tard elle doit rendre ses ailes, selon la tradition qui les offre en droit au fils du couple (venu contre toute attente) à  sa majorité : Coll, qui, lui pourtant rêve d'être barbe.
Mariss ne peut se résoudre à une telle injustice .... voler est sa vie, elle va tout faire pour garder ce droit, même en allant contre traditions et conseils d'anciens...

"Mariss chevauchait la tempête à trois mètres au-dessus de l'eau, domptant les vents de ses larges ailes en métal tissé. Elle volait, féroce, intrépide, ravie par le péril et le contact des embruns, indifférente au froid. Le ciel était d'un menaçant bleu de cobalt, les vents montaient, et elle avait des ailes ; cela lui suffisait. Si elle mourrait à l'instant, elle mourrait heureuse, en vol.
Elle volait mieux qu'elle ne l'avait jamais fait, se ployant et planant entre les flux aériens, sans y penser, captant à chaque fois les courants ascendants ou descendants qui la porteraient plus loin ou plus vite."

En traversant trois périodes de la vie de Mariss, on vit à travers ses yeux tout son combat pour faire changer les choses sur cette planète océane dont les traditions sont ancrées depuis des millénaires : les aériens restent des aériens et les rampants des rampants ... Un peu comme au Moyen Age où changer de caste était absolument impossible. Même si les choses évoluent, grâce à elle, la loi reste difficile à contourner et si elle s'est assouplie quelque peu, les rampants désormais autorisés à voler,s 'ils font leurs preuves qu'ils méritent des ailes, restent en butte au dédain et au rejet des "vrais" aériens.
Ainsi l'on reste dans un monde où la tradition a plus de poids que le mérite ....

Ecrit d'une plume poétique et agréable, ce récit m'a emportée immédiatement, d'ailleurs moins par l'histoire en elle-même (même si je l'ai dévorée pages par pages) que par les sensations de vol fabuleusement décrites par les deux auteurs ... Il subsiste quelque chose de magique dans ce roman : qui n'a jamais rêvé de voler au travers les vents ? de survoler les mers ? de ressentir cette absolue liberté ? En tout cas moi, oui ! 
Or Tuttle et Martin décrivent ces moments de vol avec une sorte d'extase complètement communicative, qui transporte !
On reconnait d'ailleurs bien la patte de Martin dans les côtés un peu rudes du récit, probablement adoucis par celle de Tuttle (dont je ne connais pas encore les écrits mais que j'ai fort hâte de découvrir), si Martin a l'habitude de ne faire aucun cadeau à ses personnages, ceux-ci semblent avoir bénéficié d'une sorte de clémence, induite par la plume de Tuttle. 
Néanmoins ce n'est pas pour autant que le roman se transforme en "tout est bien qui finit bien", Mariss aura à lutter et à renoncer à bien plus qu'on pourrait le penser au préalable et même lorsque les choses s'arrangent, ce n'est pas tout à fait du 100% "fin heureuse ou victoire assurée", Martin veille là -dessus.
Du coup le mélange des deux talents donne un récit très réel, très attachant et au final fort beau.

En tout cas j'ai vraiment vraiment adoré, c'est même un coup de coeur plein de ressentis émouvants. Du coup j'ai trouvé beaucoup de plaisir à rédiger ce billet.
Une mention aussi spéciale à la couverture que vraiment je trouve sublime ^^

Extrait
Les souvenirs venaient d'eux-mêmes, pourtant : le monde étalé au-dessous d'elle, la joie de porter des ailes, le frisson de courir en tête de la tempête, la myriade de couleurs au ciel, la magnifique solitude de l'altitude. 
[...] Un jour, elle avait rencontré un courant ascendant qui l'avait menée à mi-chemin de l'infini, là-haut vers les royaumes où s'étaient mus les navigateurs stellaires, où la mer elle-même s'effaçait au-dessous et où ne volaient plus que les spectres des vents, étranges et éthérés. Elle se souviendrait à jamais de ce jour, à jamais.

Ailleurs

mardi 14 mai 2013

Le droit de ne pas finir un livre .... même à l'école

15H50 .... Mes CM2 achèvent de lire à voix haute le chapitre 12 d'Enquête au collège de Jean Philippe ARROU VIGNOU .... un roman de 2007 qui narre les péripéties de Rémi Pharamon, cancre de 4ième,  accusé à tort de l'agression de Monsieur Cornue l'assistant du professeur de "sciences nat" même par son meilleur ami PP Cul- Vert .... Et voici nos deux compères, aidés de leur amie Mathilde à la recherche d'indices pour innocenter Rémi ...

Tandis que j'écoute la lecture orale de mes loulous (oui oui j'ai bien dit mes loulous, quand ce ne sont pas "mes" miens d'à moi ou mes poux de jardin, j'aime les affubler de tas de surnoms, voire même les pinpins la praline ou les nains d'jardin ... ils adorent !), je me rends compte que je m'ennuie prodigieusement ... que de toute façon ce livre je ne l'aurais jamais choisie moi-même et qu'il n'est vraiment  ni péchu, ni bien écrit, bref qu'il ne comporte aucun point que j'aime dans les lectures jeunesse. Et plus profondément lent et lassant ...
En même temps, la lecture est laborieuse, car certains mots de vocabulaire ne sont pas faciles, la syntaxe est trop sur le scolaire, et du coup j'ai la sensation que mes élèves  ne sont pas des masses emballés bien que m'ayant convaincue de le leur faire lire.

15H55 ... La lecture du chapitre est fini ... pause, silence ... Je ferme le livre et je les regarde puis je sors presque malgré moi "C'est ennuyeux non ? ". 
Bon d'accord c'est pas bien, la prof n'a pas à influencer ses élèves et blablabla et blablabla .. sauf que je les connais sur le bout des doigts mes loustics et que là vraiment j'ai senti que non ce n'était pas une lecture coup de coeur.
D'ailleurs ils se sont presque dans un seul ensemble écrié "Oui c'est pas génial", j'ai eu le droit à un"C'est nul" ( que j'ai repris car c'est nul, ce n'est pas vraiment constructif), et "on croyait que ce serait mieux".
Repause ....  je ménage mon effet  puis je déclare : "Bon ....  alors on arrête ?"

Yeux des gamins ....Il aurait fallu filmer pour voir à travers leurs regards les rouages de leur cerveau se poser les questions fatidiques : "quoi ? on a le droit d'arrêter ? on est pas obligé de finir ?"
Je reprends : "Oui au collège si vous avez un livre à lire, on ne vous proposera jamais de ne pas le terminer, vous aurez des lectures obligatoires, c'est normal mais là on est en lecture plaisir et si l'on ne se fait pas plaisir, eh bien on ne continue pas .... Et d'ailleurs même Pennac l'a dit."
Parce que Pennac ils connaissent, ils ont lu et adoré "Kamo et moi" et du coup me voilà parti à leur parler des droits imprescriptibles des lecteurs dont celui de ne pas finir un livre.
Cela n'a pas loupé - sont curieux les zozos, surtout lorsqu'on parle de littérature -, ils m'ont demandé de tous les leur citer ..

Sur ce, ordinateur portable, connexion internet, blog ici présent, recherche dans Auteurs et arrivée à Pennac, le tout en moins de 2 minutes .. Lecture des droits (sauf le numéro 6 car le droit au bovarysme, ils ont le temps pour comprendre ce que c'est) ... et forte adhésion des CM2 qui se sont empressés de réunir les romans inachevés pour aller les ranger ... Sauf une qui a souhaité quand même lire la suite, ce dont personne ne l'a empêchée ... Le droit de terminer aussi, non mais !

Alors pourquoi ce petit billet ici alors que j'en étais encore au "je blogue" ? "je ne blogue plus" ? et surtout "comment faire pour ne pas revivre tout cela ?"
Bah tout simplement parce que grâce à mes loulous et grâce à Pennac, cela a été ma première référence pour trouver ce que je cherchais, et que parce que malgré tout il est toujours là, il existe et il n'est pas vain.

Et que si je décide de bloguer autrement, sans planification, sans le transformer en succursale de mon taff qui m'oblige à être très rigoureuse, je peux peut-être envisager de me faire plaisir à nouveau ...
Qu'il reste spontané et non une obligation, que si j'ai envie je fais et si je  n'ai pas envie, je laisse pour plus tard ... Ou aussi que personne ne m'oblige, couteau sous la gorge, de chroniquer tous mes livres.
Puis aussi que ce n'est pas parce que je ne publies pas tous les 2 jours qu'on va l'oublier (et m'oublier) ....
Mince quel changement n'est-il pas ?

Bon et si à cela je rajoute que j'ai été complètement conquise par "Elle qui chevauche les tempêtes" de MARTIN et TUTTLE, au point d'avoir envie d'en faire un billet ici,  que ma petite mise au point de dimanche et les commentaires encourageants qui ont suivi ont contribué à ma "presque guérison", eh bien je déclare officiellement à nouveau en service Clair Obscur .... à mon rythme et sans prise de tête avec même permission aux blogopotes de me botter les fesses si cet état de fait doit changer ^^

dimanche 12 mai 2013

Nouvelles du front ...


Un mois et 6 jours après mon "jetage d'éponge" (eh oui je compte !) j'éprouve le besoin de faire un petit point ou bilan. Quelquefois écrire aide à mieux savoir où l'on va et à cerner plus précisément ses attentes ou ses buts ....
En tout premier lieu, un grand merci pour tous vos gentils commentaires lors de mon billet précédent, je n'y ai pas répondu parce que j'en étais dans l'incapacité émotionnelle de le faire mais je tiens à dire que j'y ai été très sensible, cela touche de savoir que l'on compte pour les autres.

Après .... à savoir si je vais recommencer à bloguer, je suis encore dans l'incertitude la plus complète, j'ai vécu cet arrêt brutal comme un échec et comme j'ai une grosse intolérance à l'échec, il me faut du temps pour me remettre sur rails .... au point que j'ai été presque incapable de lire durant un mois.
J'ai à la fois envie de m'y remettre mais peur de revivre cette sensation de se faire un peu dévorer puis dépasser et enfin de se sentir obligé d'y mettre fin avant de péter un câble.

En même temps je me rends compte que j'ai beaucoup de mal à lire sans me projeter dans un futur billet, cela n'a l'air de rien mais on ne lit pas de la même manière lorsqu'on blogue que lorsqu'on lit juste comme cela. Et aussi je me demande si j'arriverais encore à rédiger un billet après un tel arrêt, xd.

Donc .... pour l'instant je patiente, je me donne du temps, je tente de me remettre à lire et j'essaye de trouver une solution pour revenir sans que cela redevienne un tel fiasco ... En gros suis en cure de désintoxication xD (clin d'oeil à qui de droit, elle se reconnaîtra ^^)

En attendant, en dehors des Conquérants d'Omale de Laurent GENEFORT que j'avais lu avant de stopper, je n'ai lu que Chroniques d'un rêve enclavé d'AYERDHAL (1 livre de ma pàl en 1 mois j'ai honte !!).

- Les conquérants d'Omale est une lecture qui date fort pour que j'en dise plus que quelques mots ; à savoir que j'ai achevé d'être conquise par ce monde qui plonge dans un passé antérieur à Omale, passé dans lequel les trois tribus les Humains, les Chiles et les Hodgquins se livrent un conflit sans merci ... qui amène à une guerre de position, laquelle n'est pas loin de faire penser aux tranchées de la Première Guerre Mondiale.
On y suit le destin de plusieurs personnages qui ne se croiseront jamais mais qui à leur manière feront changer le cours des choses.
Un très bon deuxième tome.

- Chroniques d'un rêve enclavé aura souffert d'une lecture trop espacée et manquant de motivation et pourtant quel bon roman qui narre les quelques années d'une utopie à l'intérieur d'une Enclave dans laquelle les personnages ont décidé de lutter contre les oppressions des classes dominantes en se montrant solidaires et unis. Un univers Moyen Âgeux sans aucun élément de fantasy mais qui se laisse lire comme un conte engagé .... Ayerdhal nous livre comme il l'a déjà fait dans d'autres de ses romans le combat de quelques uns contre l'injustice d'un système qui met à mal certaines classes .... 
J'ai beaucoup pensé à Le Guin en lisant ce livre, par les réflexions de Vini,  celle qui raconte, avec une certaine douceur et un calme malgré ses souffrances et ses révoltes qui m'ont renvoyée à Lavinia. De plus c'est fort bien écrit avec des personnages forts et attachants.
"Si le peuple avait une mémoire, il lui faudrait l'écouter. Alors il n'y aurait plus ni princes, ni nobles, ni bourgeois, ni dogmes. Il n'y aurait plus que le peuple et il se gouvernerait lui-même."

Voilà .... à présent je suis dans Elle qui chevauche les tempêtes de MARTIN et TUTTLE, on verra s'il fera l'objet du tout premier billet de reprise du blog ... ou peut être attendrai-je les Imaginales, rien de tel que des rencontres sur le terrain avec auteurs et surtout blogopotes pour se redonner du coeur à l'ouvrage.