jeudi 30 juin 2011

Le K de Dino Buzzati

J'avais découvert le K durant mon année de seconde ... j'ai gardé un souvenir assez vif de certaines de ses nouvelles, sans me rappeler pour autant la façon dont je les avais perçues à l'époque.
Ce qui est certain c'est que quelques unes d'entre elles ont éveillé en moi des émotions qui prouvent qu'elles m'avaient déjà marquée à l'époque.

Le K en premier lieu c'est l'histoire d'un squale géant qui poursuit inlassablement un homme durant toute sa vie .... jusqu'à la chute finale que je ne raconterai pas là sous peine de trop en révéler.

C'est aussi le titre du recueil de nouvelles qui aborde plusieurs thèmes comme celui de la vieillesse, de la mort et du temps qui passe ; ou de l'amour, l'amour cruel ou fou, l'amour qui conduit à la tristesse, à l'abandon et à la solitude ; ou le thème de la religion ou de la guerre, vécue comme quelque chose d'inutile au final ; ou encore le thème de l'enfance et toute sa cruauté ; ou enfin le thème de l'art en général ou de l'écrivain en particulier dans lequel Buzzati se met souvent en scène, livrant ses doutes et ses croyances ...

A travers tous ces thèmes, Buzzati, de manière souvent pessimiste, quelquefois cruellement ou avec humour, avec un style formidable, excellemment écrit, nous invite à réfléchir sur les thèmes de la vie et de la mort, à nous remettre en question, voir à nous enseigner une certaine morale.
Son recueil écrit en 1966 montre bien les préoccupations de l'époque, les guerres mondiales, les dictatures mais aussi les soucis de l'époque, la façon de traiter les vieux ou la solitude de certaines personnes, ou encore l'oubli des morts.

J'ai particulièrement apprécié les nouvelles suivantes
- Le K bien entendu parce que sa chute est vraiment fantastique, que tout du long on croit que le poisson monstrueux va dévorer Stefano, que l'angoisse nous prend de voir son sinistre mufle dans le sillage de l'homme pour finalement .... allez lire cela vaut le coup !
- La leçon de 1980 : une belle façon de arrêter les conflits tout en se demandant si celle ci serait toujours suffisante pour empêcher les personnes d'accéder au pouvoir et à la toute puissance ?
- La création qui présente avec beaucoup d'humour l'arrivée d'un "animal dont l'aspect était vraiment désagréable, pour ne pas dire répugnant ..." l'homme qui est présenté comme un dangereux caprice à introduire sur Terre.
- Douce nuit : une nouvelle que j'ai beaucoup appréciée par son contraste entre un jardin calme, paisible et le côté terrifiant et barbare de la vie nocturne, d'une nature animale qui se dévore, se déchiquète, se poursuit impitoyablement.
- Suicide au parc, une nouvelle originale qui montre l'intérêt de certains hommes pour des femmes plus jeunes, se désintéressant avec de leur propre femme vieillissante ... le tout symbolisé par une voiture, c'est bien construit et la fin est assez terrible aussi.
- La Tour Eiffel : il y a quelque chose de l'ordre du magique dans cette nouvelle, ces hommes qui défient les lois de l'apesanteur pour grimper, grimper, grimper toujours plus haut, toucher les étoiles, comme un rêve ... qui finit par se briser.

Quelques nouvelles m'auront particulièrement marquée
- Le chien vide : c'est tellement bien écrit que j'ai eu l'impression d'être dans la peau de Nora et de ressentir ce qu'elle réalisait, lorsqu'elle se rend compte que malgré l'affection de son chien, elle est seule, désespérément seule .. une nouvelle très triste qui m'a beaucoup touchée.
- L'Entraïmpelung dans laquelle on jette les vieux à la rue comme les hétérogènes. Une nouvelle très dure à supporter qui m'a rappelé une scène terrible dans le film Le Pianiste de Roman Polanski : les nazis jettent un vieil homme depuis son fauteuil roulant, par la fenêtre, l'acte en lui même étant moins terrible que le détachement et le manque d'émotions qui y sont attachés, j'en frissonne encore !
- Pauvre petit garçon, cette nouvelle faisait partie de celle m'ayant particulièrement marquée durant mon adolescence ... évidement la chute n'a pas eu l'effet de surprise de la première fois mais amène à se poser des questions sur les liens entre une enfance difficile et le comportement de folie d'un homme, ou le fait qu'une telle enfance peut-elle expliquer voire excuser une partie des déviances d'un dictateur ? Cet enfant- là, élevé autrement, aimé différemment, aurait-il conduit les mêmes actes ?

En conclusion je suis vraiment contente que ce livre ait été choisi comme lecture commune du Cercle d'Atuan, cela m'aura permis de re découvrir ce recueil d'une très grande qualité littéraire.
Je n'ai pas aimé toutes les nouvelles mais elles sont variées et non lassantes, abordant beaucoup de sujets qui touchent de manière diverse selon sa personnalité ou son état d'esprit.
Un livre qui mérite vraiment d'être découvert !

Extrait
"Jusqu'au moment où la nuit, qui s'était approchée à pas de silencieux, s'abattit de tout son corps immense de ténèbres sur la ville et s'y appesantit, et les heures commencèrent leur galop impitoyable qui nous dévore, nous autres pauvres créatures sans défense."

Les avis des bloggeurs du Cercle
Tigger Lilly ; Lelf ; mass ; Sherryn ; Vert ; Julien ; Thom ; Olya ; Shaya ; Maëlig ...

dimanche 26 juin 2011

Les enchantements d'Ambremer de Pierre Pevel

"Les contes d'autrefois, ainsi que les fabuleuses créatures qui les inspirèrent, ont une patrie. Cette patrie se nomme l'OutreMonde. Ne la cherchez pas sur une carte, même millénaire. L'OutreMonde n'est ni un pays, ni une île, ni un continent. L'OutreMonde est ... un monde, ma foi. Là vivent les fées et les licornes, les ogres et les dragons. Là prospèrent des cités et des royaumes que nous croyons légendaires. Et tout cela, au fil d'un temps qui s'écoule autrement."

Ainsi début le prologue des Enchantements d'Ambremer ... un prologue plus qu'alléchant car en plus ce monde est voisin du nôtre ...
Nous sommes en 1909, à Paris, la Tour Eiffel est en bois blanc "qui chante à la lune" et qui regarde "une basilique pâtissière pousser au sommet de Montmartre", des sirènes se baignent dans la Seine, des gnomes fréquentent les bistrots, en bras de chemise, de minuscules dragons chassent des insectes, des chênes bavardent ...
Et une ligne de métro relie la capitale à l'Outre Monde ....
En fait il existe exactement trois mondes, le nôtre, l'Outre-Monde gouverné par la Reine Méliane et l'Onirie, celui des rêves et des cauchemars dans lequel règne Lyssandre, le Reine Noire.
C'est au travers d'une histoire de trafics d'objets enchantés qu'il nous sera donné de passer d'un monde à l'autre, suivant le mage Griffont et la fée renégate Isabel de Saint Gil ...

Ce qui est étrange c'est que je n'ai pas accroché de suite à l'histoire .. ou plutôt au style que j'ai trouvé au départ un tantinet ampoulé, trop académique dans les descriptions, j'ai eu la sensation que l'auteur gardait une certaine réserve malgré un sujet fort riche en féérie et ne se lâchait pas ... créant une certaine retenue que j'ai ressenti notamment envers les personnages. Du coup j'ai eu beaucoup de mal à entrer dans l'histoire, c'était un peu comme si je me tenais au bord du récit sans oser plonger dedans malgré l'envie et la promesse de quelque chose de particulier.
Et puis brusquement au bout d'une centaine de page, l'alchimie s'est enfin accomplie et je me suis sentie en accord avec le texte et les personnages ...
Comme quoi certaines fois, il vaut mieux persévérer un peu dans sa lecture.

Le côté policier mêlé à la fantasy est plutôt sympa et le mélange entre les deux mondes donne un aspect enchanté à l'histoire ...

- Des gargouilles terrifiantes qui tuent, donnant droit à un récit qui en devient particulièrement horrifique "Les monstres hurlèrent, le torse bombé, les bras levés et les ailes écartées. Leur cri saisit l'assistance de stupeur [...] C'était un cri rauque et bestial, un cri de défi guerrier qui coupait le souffle, ébranlait l'âme, fouillait les entrailles ..."
- Des cauchemars qui attaquent "Porté par un tourbillon, un être avait jailli de la fenêtre. Il avait la taille d'un enfant de six ans, nu, le ventre creux saillantes, les membres grêles et les doigts griffus. Parcourue de veines saillantes, sa peau avait le gris de l'ardoise ..."
- Des chênes qui communiquent par le biais du vent qui porte les nouvelles de feuillage en feuillage ...
- Des chats-ailés qui ont la faculté de s'imprégner de la matière des livres sur lesquels ils dorment .. (une faculté que j'aimerais bien posséder, xD)
- Une apparition merveilleuse de l'animal mythique par essence, j'ai cité la licorne "Vaguement translucide et nimbée d'une lueur bleutée, elle était un spectre, un fantôme, un songe peut-être ..."

Voici donc le monde féérique dans lequel nous transporte Pierre Pevel, sans oublier les traits d'humour entre les personnages ...

- Mais moins que le lieu de notre rendez-vous, reprit Griffont. Il me semblait que vous n'aimiez guère la Tour Eiffel ...
- En effet. Et où est-on le mieux placé à Paris pour ne pas la voir ?


En conclusion, un roman qui mêle parfaitement bien le monde réel au monde magique, d'une manière fort bien écrit avec un final en apothéose, un dénouement néanmoins un tantinet un peu trop rapide et précipité.
En fin de compte, si on fait abstraction de ma difficulté à entrer dedans, je l'ai réellement apprécié.

Ce livre a été lu dans le cadre du Défi Steampunk de Lord Orkan.

Livre dédicacé par l'auteur aux Imaginales 2011.

Ailleurs
Pauline ; AcrO ; cafard cosmique ; Olya ...

mercredi 22 juin 2011

Paris Insolite 3

Ce qui est formidable avec Paris, c'est qu'on peut y aller 36 000 fois dans l'année, on y découvre toujours des choses insolites ou moins connues que les monuments habituels et noirs de monde.
Il suffit soit de se laisser guider, soit d'aller un peu aux hasard des rues et de lever la tête ...


Dans le genre, des maisons un peu particulières :

Une des plus petites maisons de Paris qui se trouve sur les quais de la Seine (à ne pas confondre avec celle qui mesure 1,4 mètre de large sur 5 mètres de haut et se situe rue du Château d'Eau dans le 10ième, la voici)


Un immeuble dont le défi est d'arriver à meubler l'intérieur .. peut être des meubles faits sur mesure ? aux angles arrondis ?


Les
passages couverts de Paris ...
Ils ont été pour la plupart construits au début du 19è siècle et étaient destinés à traverser à l'abri des intempéries.
Ils abritent aujourd'hui des boutiques insolites ou des auditorium comme la Galerie Colbert qui dépend la Bibliothèque Nationale qui y organise des expositions, des conférences et même des concerts : attention il faut montrer patte blanche pour y pénétrer !


Ou la Galerie Vivienne dont les verrières donnent une atmosphère très lumineuse.

Si vous cliquez sur les photos, magique, elles sont plus grandes ^^

lundi 20 juin 2011

Dehors les chiens les infidèles de Maïa Mazaurette

"-Doutes-tu du Seigneur, Astasie ?
La Quêteuse tressaillit, choquée.

- Bien sûr que non.

-Alors va en paix. Les coeurs purs ne tombent pas au combat, jamais."


Voici un extrait qui augure bien de la teneur de ce roman post-apocalyptique aux allures de fantasy médiévale placé sous le signe du fanatisme religieux.

Ils sont cinq adolescents, Spérance la Guide, Astasie l'Inquisitrice, Lièpre la sentinelle, Vaast l'espion et Cyférien le prince banni par sa famille. Cinq Quêteurs d'Auristelle, impitoyablement sélectionnés et entraînés pour retrouver l'Etoile du Matin, perdue par Galaad et ainsi faire retomber la Lumière sur ce monde.

Car le soleil a disparu il y a 70 ans :
"Le ciel garderait cette couleur marron-gris toute la journée, puis retournerait au noir. Jamais de soleil, jamais de lune ou d'étoiles. Jamais une seule fois depuis la chute de l'Etoile du Matin et la défaite de Galaad."

Du coup les enfants naissent prématurés, difformes, des espèces animales ont disparu, les cultures deviennent presque impossibles, les gens meurent de faim ... et par dessus tout la foi, la religion qui guide les actes et les guerres.
D'un côté Auristelle, le bien, de l'autre l'Occidant noir, le mal, le diable ...
Heureusement tout n'est pas si manichéen dans ce roman, certains personnages se révèlent beaucoup plus en nuances.

Mazaurette écrit bien ... elle écrit même très bien, c'est ce qui sauve son roman, je ne m'y suis pas ennuyée une seconde, les personnages bien que difficilement attachants sont crédibles et leur psychologie plutôt bien intéressante car non figée. Ce ne sont pas des héros, ce sont des adolescents endoctrinés par une religion, portée par leur fanatisme qui les pousse sans sourciller à tuer et torturer -le roman début d'ailleurs par une scène plutôt difficile à supporter- sous l'égide de leur foi. Pour autant ils vont évoluer chacun dans des directions différentes, notamment Cyférien, Astasie et Spérance ( en outre le personnage le plus "normal" des cinq, le seul réellement capable de se remettre en question et de tirer des enseignements de ses actes).

Voici pour les points positifs ... Après ce qui m'a dérangé, ce sont les incohérences de la trame .. partis pour une Quête qui en premier lieu, donne à penser qu'elle va tenir toute l'intrigue du récit, celle là en fin de compte se dénoue trop rapidement .. voire même de façon absurde, on se demande comment cette Etoile n'a pas pu être trouvée bien avant ....
Et on a la sensation que le récit prend alors toute une autre direction, pas forcément inintéressante mais cela manque de cohérence... nous assistons alors à une guerre entre les deux partis, les infidèles et les croyants, une guerre aussi au sein même des croyants tout en poursuivant cette pseudo quête de l'Etoile qui, telle l'épée d'Excalibur, attend une main pure pour la tirer de son marais ....
Un peu déçue aussi par le fait que j'ai anticipé le dénouement assez rapidement, à savoir qui allait parvenir à la brandir ....
C'est une Quête à la manière du Graal qui n'en est pas vraiment une ... dans un monde noir et obscurci par la religion ... très moyen âgeux parce qu'en fin de compte pour certains fanatiques le recul de la Lumière a pu favoriser la foi et renforcer les croyances .... ainsi que faire reculer les progrès de la Science. C'est d'ailleurs le côté le plus intéressant de ce roman, même se battant pour la Lumière, certains demeurent dans l'ombre.

En conclusion, quelque part ce sont les honnêtes qui l'emportent, ceux qui n'ont pas forcément une foi absolu mais plutôt foi en eux.
En bref un roman fort agréable à lire de par le style mais qui reste quelque peu incohérent.

Cette lecture fut faite en compagnie de Lhisbei ; Cachou ; Guillaume ; Julien Naufragé ; Val ; Vert et Nelfe.

Ailleurs
Olya ; Laure ; Shaya ; Bartimeus ; Ptitetrolle

Du fait de son côté post apocalytique, ce roman rentre donc dans le Challenge de Tigger Lilly : Fin du Monde

samedi 18 juin 2011

Exposition de Science Fiction à la Villette

C'est en compagnie de Tigger Lilly, Shaya, Lola et Loïc que je me suis rendue à l'exposition "Science et fiction, aventures croisées", qui se tient à la Cité des Sciences et de l'Industrie depuis le 31 Octobre 2010 et jusqu'au 3 Juillet 2011.

Cette exposition se tient sur 1600 m2 et se partage en 8 thèmes
- une chronologie interactive des grands évènements, découvertes, réalisations de la SF

- l'espace : on peut découvrir des combinaisons spatiales (celle d'Apollo utilisée dans les années 70), la maquette de la sonde américaine envoyée sur Mars en 1976, le prototype du véhicule "Virgule" ...

- le temps : peut-on remonter le temps ? revenir en arrière ? revivre le passé ou se projeter dans l'avenir ?

- robots, androïdes et cyborgs : R2D2, C6Po, Alien (qui fait vraiment peut, aucun regret de ne jamais avoir vu le film !) ou Robocop se partagent la vedette avec les héros de Dune, Star Trek ou Matrix ...

- réseaux et mondes virtuels

- manipulations génétiques

- utopies, villes et sociétés : une très belle illustration signée Manchu orne un des murs, on peut voir aussi la maquette d'une ville futuriste faite à partir de bois, carton et matériaux de récupérations par Clément Bagot ...

- sociétés extraterrestres



L'atmosphère est feutrée, sombre mais avec des éclairages particulièrement bien pensés qui mettent parfaitement en valeur vaisseaux, livres, costumes, dessins ....

On se sent vraiment dans l'ambiance et tout est suffisamment varié pour que l'on ne se lasse pas. On a la sensation d'être dans un autre monde durant quelques heures !
Cette exposition vaut vraiment le détour, et il n'y a plus que quelques jours pour la découvrir !

D'autres avis
Chez Tigger Lilly ; Vert ; Isil ; Lelf ; Lhisbei, Anudar.

Il existe un libre intitulé "Science et Science Fiction" qui plus qu'un guide sur l'exposition, y apporte des détails et explications détaillés.
Chronique sur le Dragon Galactique


jeudi 16 juin 2011

Mars la rouge de Kim Stanley Robinson

Mars la Rouge est le premier tome d'une trilogie portant sur cette planète colonisée en 2026 par un groupe d'humains, appelés les Cent Premiers. Le premier tome évoque tout autant le voyage pour y parvenir, que l'installation des pionniers et les débuts de leur vie sur la planète rouge.
Et surtout ce qu'il va advenir de Mars, car rapidement des clans vont se former entre ceux qui sont pour la terraformer et ceux qui s'y opposent.

"On va rendre cet endroit habitable. Avec des routes, des villes. Un nouveau ciel, un nouveau sol. Jusqu'à ce qu'il ressemble à la Sibérie ou aux territoires du Nord-Ouest. Fini Mars, et nous nous demanderons alors pourquoi nous éprouvons ce sentiment de vide. Pourquoi, en contemplant le paysage, nous ne voyons que nos visages."

Au delà des changements à opérer sur la planète rouge pour la rendre habitable, celle-ci va bientôt devenir l'enjeu de puissances qui ne parviennent pas à se mettre d'accord et la situation va dégénérer en conflits, révoltes, et même révolution.

Rédiger une chronique sur un tel livre s'avère très difficile car au fil de ma lecture je suis passée par différents ressentis :

Un réel intérêt et enthousiasme durant les tout premiers chapitres :
- un récit fort bien rédigé
- une psychologie des personnages bien fouillée
- une vie dans l'espace (à l'approche de Mars) passionnante mais aussi sidérante dans la mesure où l'on constate que même dans une micro société de scientifiques, tendus vers le même but, les conflits finissent par primer sur le reste, les émotions humaines prennent leur aval sur l'aspect fonctionnel de la mission .. car telle est la nature humaine
- des moments poétiques comme ce voyage en ballon conduit par Nadia et Arkady qui semble un moment de suspension au milieu de cette folie de l'installation

Le côté purement scientifique du roman n'est pas facile à aborder du tout (surtout pour quelqu'un de particulièrement rébarbatif à la science pure et dure comme moi) mais on parvient à dépasser ces difficultés grâce aux qualités citées ci dessus. Mais lorsqu'il bascule dans le franchement politico-socio-économique, j'avoue que j'ai décroché et mon attention a faibli tout aussi rapidement, c'est vite devenu totalement inabordable.

Si l'intérêt a été relancé vers la fin, avec une Mars à la dérive, un côté Horde du Contrevent (la lutte contre les éléments, la perte des membres, la solidarité des survivants) je garde un avis plutôt mitigé sur ce début de trilogie.
Non que ce soit un mauvais livre, c'est un livre excellent mais je me rends compte qu'il m'a mise face à mes propres limites de lecture de Science Fiction par son côté trop scientifique et enjeu politique.

J'ai ressenti aussi un sentiment de tristesse face au final de ce premier tome, comme si toutes ces années passées à construire, à innover, n'avaient abouti qu'à un échec. Certes le mot de la fin est encourageant, ils vont tout recommencer mais quand même je n'ai pu m'empêcher de penser que tout ce que touche l'Homme est voué à la destruction ou au changement ... (sans parler des conflits de pouvoir, de domination qui caractérisent aussi cette conquête de territoire).

"Des silhouettes en marcheur se dessinaient sous l'horizon. L'un après l'autre, jusqu'à sept, en ligne brisée. Elles avançaient lentement, les épaules affaissées, leurs casques inclinés. Elles ne semblaient pas avoir de destination précise."

Mars la rouge a vu sa fin ... elle continuera sous d'autres aspects dans les autres romans de la Trilogie, cependant je ne suis pas certaine, pour ma part, d'avoir le courage de tenter de le découvrir, en tout cas pas pour l'instant .....

Quelques extraits
"Ensuite, minuit sonna, et ils entrèrent dans ce moment martien, les trente-neuf minutes et demie entre minuit et minuit durant lesquelles toutes les horloges s'arrêtaient ou n'affichaient plus rien."

"Mars : un immense potentiel, un tableau rouillé et vide. Tout était désormais possible, tout pouvait leur arriver et, durant ces derniers jours, ils étaient absolument libres. Libérés du passé comme de l'avenir, ils flottaient dans l'air tiède comme des esprits prêts à renaitre sur un nouveau monde matériel."

Ce livre a été lu en compagnie de quelques bloggeurs du Cercle dont voici les avis :
lael, Tigger Lilly, Julien, Thom, Kactuss...

Et aussi chez Isil et Snow.



mardi 14 juin 2011

En route pour un nouveau Challenge !

Après l'hiver vient l'été ... après le Winter Time Travel vient le Summer Star Wars, toujours proposé par Lhisbei, auquel j'ai décidé il y a quelques semaines de participer ..
L'Episode V de Star Wars nous invite à lire, durant l'été, dans le domaine du Space ou Planet Opera.

Cela tombe bien, j'ai au moins un exemplaire de ce genre dans ma bibliothèque, il s'agit de la fabuleuse série de
-Dune de Frank Herbert, que je vais pouvoir relire à cette occasion (peut être pas en son entier, mais au moins les 2 ou 3 premiers tomes)
J'en profiterai pour découvrir aussi
- Le Cycle d'Ender de O Scott Card

Et tant que j'y suis, un petit bilan des Challenges 2011, passés et en cours.

CHALLENGE TERMINE

Winter Time Travel qui portait sur l'uchronie et s'est déroulé pendant l'hiver dernier. J'y ai lu

- Alexandre le Grand et les aigles de Rome de Negrete
- Le Bifrost spécial Uchronie
- Ceux qui sauront de Pierre Bordage
- Le maître du Haut Château de Philip K Dick


CHALLENGES EN COURS


Lectures déjà faites
- Les enfants de Noé de Jean Joubert
- Une rose au paradis et La nuit des temps de Barjavel

Lecture à venir
- Je suis une légende de Matheson




Challenge Pierre Bottero chez Edelwe

Lecture déjà faite
- Les âmes croisées

Lectures à venir
- La quête d'Ewilan
- A comme association Les limites obscures de la magie




Défi Steampunk de Lord Orkan

Lecture déjà faite
- Celui qui bave et qui glougloute de Wagner

Lectures à venir
- Les enchantements d'Ambremer de Pierre Pevel
- A la croisée des mondes de Pullman (relecture)
- Dreamericana de Colin

lundi 13 juin 2011

Grandes Eaux Musicales à Versailles

D'Avril à Octobre, les fontaines des jardins de Versailles se mettent en fête sous musique : eaux jaillissantes, gerbes d'écumes, petits jets discrets, eaux dégoulinantes ... il y en a pour tous les goûts.

Les jardins de Versailles, élaborés par André le Nôtre, sous Louis XIV, à partir de 1661, restent le point clé d'une visite du château.

Les gens aiment s'y promener au gré des allées, admirer les statues, parcourir les allées au volant de petites voitures électriques (finalement pas si inutile car c'est drôlement fatigant, xD), s'arrêter au bord des bassins ou rêvasser sur les bords des canaux ...

Sous les eaux c'est encore plus beau, surtout lorsque le soleil daigne montrer le bout de son nez.


Je ne suis pas particulièrement fan du style très surchargé de l'intérieur du château (j'aime cependant beaucoup la Galerie des Glaces) mais j'aime énormément ses jardins.

Pour en savoir plus, le site du château, c'est ici.

dimanche 12 juin 2011

Bernar Venet à Versailles

Depuis le 1er Juin et jusqu'au 1er Novembre, une nouvelle exposition orne les jardins de Versailles. Celle de Bernar Venet qui a sculpté 6 colosses d'acier corten ( ne me demandez pas ce que c'est je n'en sais rien, xD, on va dire que cela ressemble à de l'acier rouillé) dans les allées des jardins.
La plus spectaculaire, située à l'entrée du château, culmine à 22 mètres de hauteur !

Alors .. polémique ou pas polémique ?


Vous aimez ou vous n'aimez pas ?

Personnellement j'ai trouvé cela très beau, très esthétique avec un effet un peu de portes sur l'espace, cela fait un rendu vraiment original.
Bref pour ma part je ne trouve pas que cela dénature les jardins, je suis fan.



Pour anecdote ses sculptures se négocient jusqu'à 800 000 euros, avis aux amateurs !

jeudi 9 juin 2011

A comme association La pâle lumière des ténèbres d'Erik L'Homme

La pâle lumière des ténèbres est le premier tome d'une série intitulée A comme association qui met en scène deux adolescents, Ombe et Jasper, des Agents stagiaires qui luttent contre monstres et autres créatures.

Cette série fantastique, co signée Erik L'Homme et Pierre Bottero, est née d'un projet de ces deux auteurs qui ensemble voulaient écrire quelque chose qui sortirait de leurs romans habituels. Le projet a failli tomber à l'eau à la mort de Bottero :
"Après la mort de Pierre, j'ai dû prendre une décision. Soit jeter le projet aux oubliettes, ce projet sur lequel on travaillait depuis presque en an avec un entrain et un bonheur incroyables (avec jubilation, pour utiliser un mot cher à Pierre), soit le poursuivre, avec des aménagements."
Erik L'Homme
[Une préface très émouvante d'ailleurs, j'avoue que j'ai eu le coeur serrée en la lisant ....]

La décision on la connait puisque les romans ont bel et bien vu le jour : il existe actuellement 5 livres dont deux écrits par Bottero.
Et heureusement pour nous lecteurs ^^

Le tout premier de cette série est donc écrit par Erik L'Homme et nous présente Jasper, jeune garçon, qui vit presque seul à 15 ans, pratique la magie et joue de la cornemuse, partage son temps entre le lycée et l'Association.
Sa mission du jour : démanteler un trafic de drogue chez les vampires.

Mission dont il va s'acquitter avec sérieux mais aussi .. humour.
Car c'est un livre bourré de jeux de mots, de clins d'oeil.
Tels que : le café Mourlevat et l'avenue Mauméjean (clins d'oeil aux deux auteurs).
Ou encore liste de livres de la bibliothèque de Jasper : Oui Oui contre les vampires ; L'Ange agent secret (tire caché Langelot Agent Secret ?) ; L'île aux treize horreurs ; Le Capitaine qui fracasse et l'Immonde Ewilan (autre clin d'oeil à Bottero).

Quant au jeune Jasper, il ne peut être que sympathique dans un rôle de permanente auto dérision
"Soit je dispose de facultés régénératrices stupéfiantes, soit ma pommade maison à la bruyère, camomille et sauge est particulièrement efficace (je m'en suis badigeonné de la tête aux pieds cette nuit après la douche.) Ou alors -hypothèse moins séduisante- je suis une chochotte et j'ai exagéré mes tourments d'hier soir. Pour mon confort psychologique, c'est l'explication de la pommade que j'ai choisie."

Ce type de romans met en scène des adolescents dégourdis, tels Artemis Fowl ou Alex Ryder, et qui ne sont pas des héros mais des êtres normaux qui vivent comme tout le monde et ont juste une activité secrète qui ne les empêche pas de réagir comme le commun des mortels.
Pour l'identification des jeunes lecteurs, c'est l'idéal.
Et de plus, cela se lit tout seul, on se sent tout de suite proche du personnage, c'est amusant, bref cela me donne fortement envie de continuer cette sympathique et drôlissime série, le prochain tome sera celui de Bottero en plus !

Extrait
"Je résume la situation : je suis debout, flageolant sur mes jambes à cause de la fatigue et de la peur, devant un vampire en pleine forme qui veut faire de moi son homme de main. Pour ne rien arranger, je patauge dans le sang d'un homme zigouillé par un démon et j'entends d'horribles bruits de succion chaque fois que je bouge."

Pour voir le site, c'est ici.

Ailleurs
Les carnets de Lael ; Imaginelf ; mes lectures de l'imaginaire ; Bulle de livre

mercredi 8 juin 2011

Les âmes croisées de Pierre Bottero

Une fois n'est pas coutume je commencerai par la note de l'éditeur
"Pierre nous a quittés le 8 novembre 2009. Le texte Les âmes croisées accompagnée d'une nouvelle biographie avaient été finalisés avec lui avant son décès. Il avait également vu et été enthousiasmé par la couverture de Gilles Francescano. Il ne restait plus qu'à publier le livre et le partager avec ses lecteurs. C'est chose faite."

Il est toujours étrange et un peu émouvant d'avoir entre les mains un roman qui débute avec une telle histoire, dont le créateur n'aura jamais vu les premiers pas. Le destin en aura décidé autrement.

Celui de Nawel Hélianthas, en revanche est tout tracé : lorsqu'il lui sera demandé de faire son choix entres le différentes Robes, elle choisira celle de Mage. Or un évènement tragique dont elle est responsable lui fait réaliser que son choix n'a jamais été le sien et fera basculer son avenir en choisissant celle de l'Armure.
"Le silence est parfois davantage qu'une absence de bruit. Bien davantage. Surtout lorsqu'il prend vie. Nawel perçut celui qui se déploya dans son dos comme une force terrible qui s'enroula autour d'elle, étreignit son ventre, tendit ses filaments vers son âme."

Dans l'univers de Nawel, il existe deux sociétés, les Cendres faites pour servir et les Perles faites pour commander, parmi ces Perles, 10 castes qui forment les Robes qui déterminent le rôle que chacun jouera dans sa vie. Ce sont les Aspirants qui au terme de leur apprentissage choisiront leurs Robes, intéressante société moyen âgeuse clivée entre les pauvres et les riches, le tiers état et les nobles, les exploités et les exploitants, où tout est déterminé à l'avance et tout est joué.

Si j'ai pu me poser des questions sur la légitimité de certains livres à entrer dans la catégorie Jeunesse, pour celui ci en revanche aucun soucis ... Bottero a écrit là un roman qui ne peut que toucher de jeunes lecteurs, de par l'évolution de son personnage principal déjà, une jeune fille passablement égoïste et imbue d'elle même qui va découvrir l'autre et mûrir, par la quête elle même mais aussi par les points abordés de la psychologie des personnages, la notion de leur destin (tracé ou non ? a-t-on prise sur son avenir ou est-ce que tout découle du hasard ?), de leur responsabilité ou de la culpabilité.
"Traquer sa propre responsabilité, dédouaner les autres de la leur, n'est-ce pas avant tout un moyen égoïste de s'accorder de l'importance, de se placer au centre d'un univers tournant autour de sa personne ? Déresponsabiliser ses proches, pour quelque raison que ces soit, ne revient-il pas à leur dénier une légitimité que nous cherchons désespérément à nous approprier ? Une légitimité que nous craignons de partager tant elle est fuyante, versatile, impalpable ?"
Ce sont là des paroles qui peuvent trouver échos ou résonner en nous ...

En outre c'est bien écrit et j'aime beaucoup cette façon de mettre en scène un personnage franchement désagréable voire même insupportable au départ pour le faire évoluer positivement sans pour autant modifier sa nature profonde.
Bottero avait-il eu l'intention de faire une suite à Les âmes croisées ? Lorsqu'on se rend compte du temps passé à mettre en place son univers, ses personnages et son décor on pourrait penser que oui, et surtout lorsqu'on reste sur sa faim dans le dénouement final ...
Mais dans le même temps, lorsqu'on sait qu'il n'y aura de toute façon pas de suite, on appréhende le livre autrement et du coup cette fin, qui pourrait sembler frustrante, en devient ouverte, à nous d'imaginer alors ce qu'il se passera ensuite pour Nawel, si nous le désirons ...

Ce roman a été lu dans le cadre du Challenge Pierre Bottero de Edelwe ; en qui me concerne ce fut mon tout premier de cet auteur et je sais que j'en lirai d'autres.

Extrait
"Consciente que sa déception était visible et peinait sans doute ses compagnons, Nawel passa les jambes dans l'armure - pourquoi appeler armure un sac pareil ? - la remonta sur ses épaules, glissa ses bras dans les manches.
Réveil.

Nawel sursauta. Retint de justesse un cri de surprise. L'armure vibrait contre sa peau. Devenait chaude. Moelleuse. Presque onctueuse.

Premiers ajustements après mise en veille totale.
Nouveau sursaut. Accompagné d'un cri, cette fois-ci impossible à retenir. L'armure se transformait. Rétrécissait. Se refermait sur son corps. S'y ajustait. De façon parfaite. Jusqu'à devenir plus que moulante. Une seconde peau."

Ailleurs
lecture jeunesse83 ; lecture et farfafouille ; almanach fantasy
Ou aussi sur le forum du Dragon galactique


lundi 6 juin 2011

Clair Obscur ... un an déjà !

Eh oui il y a un an je signais mon tout premier post sur ce blog : Ces noms qui vous décrivent ...
On ne sait jamais lorsqu'on se lance dans ce genre d'entreprise quel en sera le déroulement , voire la fin ..

C'est en songeant au passé , certes encore court, un an c'est peu, que j'ai envie de citer un passage du roman de Pierre Bottero dans les Âmes Croisées

" Avancer ... M'appuyer sur ce que j'ai vécu. Sur ce que j'ai fait. Bien et mal. Sur mes forces et mes faiblesses. Mes joies et mes regrets. Mes remords. Avancer ..."


Car un blog c'est malgré tout un peu de soi même, avec ses doutes, ses bonheurs, ses peines aussi .. ses moments d'exaltation et ses moments de découragement ... mais malgré tout il faut avancer, si on y croit, il faut continuer à aller de l'avant ....
Je ne savais pas du tout ce que ce blog allait devenir, ni s'il allait évoluer ... Je pense qu'il s'est fait peu à peu son chemin, à travers les livres mais aussi d'autres moments de vie dont on a toujours un peu envie de parler ....

Alors ... quel chemin parcouru depuis un an ?
106 billets publiés dont 53 chroniques de livres, 430 commentaires, 11 140 pages vues avec en tête
- Les enfants de Noé de JOUBERT
- Une rose au paradis et la nuit des temps de BARJAVEL
Et d'autres billets sur mes challenges, sur mes lectures communes, mes "Un peu de mon moi" ....

De véritables coups de coeur
- La route de Mc CARTHY
- La horde du contrevent de DAMASIO
- Le Trône de Fer de RR MARTIN
- Des fleurs pour Algernon de KEYES
- Soeur des Cygnes de MARILLIER

La connaissance de bloggeurs qui partagent les mêmes passions sur le Cercle d'Atuan.
Des rencontres aussi en IRL lors de festivals
Montreuil 2010 et les Imaginales 2011

Des Challenges
Winter Time Travel chez Lhisbei
Fin du monde chez Tigger Lilly
Défi Steampunk chez Lord Orkan
Challente Bottero chez Edelwe
Summer Star Wars chez Lhisbei

Des lectures communes
Fantôme et Farfafouille de BROWN
Evadés de l'enfer de DUNCAN
Les cavernes d'acier d'ASIMOV
A vos souhaits de COLIN
Le lézard lubrique de Melancholy Cove de MOORE
La horde du Contrevent de DAMASIO

Et au delà de tout cela, au milieu de tous ces livres qui ont partagé mon quotidien durant un an, la certitude que ce blog est désormais en route, qu'il restera quelque chose qui se pérennise, une trace de soi, de ce que l'on est, de ce que l'on devient ...
Alors en route pour une deuxième année ?

Et pour achever un grand merci à tous ceux et toutes celles qui me suivent et viennent régulièrement poster ^^







dimanche 5 juin 2011

Le livre des choses perdues de John Connolly

David est un jeune garçon de 12 ans, qui vient de perdre sa mère. Nous sommes en Angleterre au début de la Seconde Guerre Mondiale, la menace gronde. Alors pour oublier la mort de sa mère, la guerre, le remariage de son père, l'arrivée d'un nouveau bébé, David se réfugie dans les livres, ses vieux amis ... sauf que désormais les livres lui parlent et que David entend des voix, dont celle de sa mère qui lui demande de le rejoindre ....

C'est en se réfugiant dans le creux d'un arbre, lors d'un bombardement, que l'enfant, tel Alice au Pays des Merveilles, franchit la barrière qui le sépare d'un monde parallèle ... un monde rempli des contes de notre enfance mais remaniés d'une façon terrifiante ..
Ainsi Le Petit Chaperon Rouge ensorcèle le loup, se lie à lui et fonde le peuple des Sires Loups, des créatures mi hommes mi loups, qui n'auront de cesse que dévorer le roi afin de régner sur le monde.
Ou Blanche Neige et les Sept Nains, avec une Blanche Neige persécutrice (petit moment drôle du livre d'ailleurs, le seul car ce n'est pas vraiment réjouissant pour le reste), ou encore une Belle au Bois Dormant qui se révèle être un vampire.

C'est une sorte de quête initiatrice que devra accomplir David tout au long de son histoire, aidé par certains hommes, poursuivi par un étrange Homme Biscornu, il devra affronter des créatures, des humains monstrueux, mais avant tout ses propres démons et peurs afin de pouvoir revenir dans ce monde.
Et plus que tout pouvoir revenir l'âme apaisé alors qu'il en est parti meurtri et en colère.
Comme dans toute quête, parti enfant, il reviendra homme.

John Connelly manie parfaitement le merveilleux mêlé à l'horreur, on oscille sans cesse entre angoisse, peur ou espoir, tel dans L'Histoire Sans Fin, les propres peurs du monde réel prennent vie dans le monde parallèle. C'est très bien écrit, très prenant. Un très bon livre que je ne peux que conseille de découvrir.

Par contre il est étrange que ce livre soit édité aussi en jeunesse car malgré que le héros soit un jeune garçon, il est abordé divers sujets tels que la manipulation génétique dans toute son horreur ou le récit de certaines tortures qui mettent plutôt mal à l'aise.
Pour moi c'est un livre pour adultes, ou grands adolescents à la rigueur mais dans tous les cas pas pour des enfants de 12 ans.

Ce livre a reçu le Grand prix de l'Imaginaire 2010 et le Prix Imaginales 2010.

Extraits
"Les histoires sont différentes : elles se mettent à vivre dès qu'on les raconte. Sans une bouche humaine pour les lire à haute voix ou une paire d'yeux écarquillés sous les draps, les parcourant à la lumière d'une lampe de poche, elles n'ont aucune existence réelle dans notre monde."

"Les histoires veulent être lues, disait la mère de David dans un murmure. Elles en ont besoin. C'est pour cette raison qu'elles quittent leur monde pour se frayer un chemin jusqu'au nôtre. Elles veulent qu'on leur donner la vie."


"Mais David avait déjà fait son choix. Il ne pouvait plus hésiter. Il s'engouffra dans la brèche du mur et s'enfonça dans l'obscurité au moment où le monde qu'il venait de quitter se transformait en enfer."


Ailleurs
Mon coin lecture ; Phooka ; De l'autre côté du miroir ; Olya ; Snow ...

samedi 4 juin 2011

Lectures en cours (11)

Quelles lectures pour le mois de Juin ?

En lectures communes
- Le K de Dino BUZZATI
L'histoire du K, qui donne son titre au recueil, contient tous les thèmes familiers à Dino Buzzati, l'auteur du Désert des Tartares, et définit parfaitement un art où le merveilleux et l'humour se mêlent à l'observation lucide avec une maîtrise que confirment les cinquante autres récits suivants.
LC avec le Cercle d'Atuan

- Dehors des chiens, les infidèles de Maïa MAZAURETTE
"Dehors les chiens, les enchanteurs, les impudiques, les meurtriers, les idolâtres. Moi, Jésus, je suis l'étoile brillante du matin." Apocalypse de Jean, XXII, 15-16."
LC organisée par Cachou et avec Guillaume, Julien, Lhisbei, Nelfe, Val et Vert.

Pour mes Challenges
- Les enchantements d'Ambremer de Pierre PEVEL
Paris, 1909. La Tour Eiffel est en bois blanc, les sirène se baignent dans la Seine, des farfadets se promènent dans le bois de Vincennes ... et une ligne de métro relie la ville à l'OutreMonde, le pays des fées, et à sa capitale Ambremer.
Pour le Challenge Steampunk de Lord Orkan

- Les Âmes croisées de Pierre BOTTERO
"Qui veux-tu être Nawel ? Qui veux-tu vraiment être ?" Elle le savait désormais. "Je me nomme Nawel Helianthas ..." Un voeu, un simple choix, possédait-il le pouvoir d'orienter une vie entière ?
Pour le Challenge Bottero de Edelwe


Et en plus

- A comme associations La pâle lumière des ténèbres de ERIK L'HOMME
"Suivez les aventures explosives d'Ombe et de Jasper, deux Agents stagiaires face aux créatures les plus inquiétantes."

- Lavinia de Ursula K LE GUIN
"Comme Hélène de Sparte, j'ai causé une guerre. La sienne, ce fut en se laissant prendre par les hommes qui le voulaient ; la mienne, en refusant d'être donnée, d'être prise, en choisissant mon homme et mon destin. L'homme était illustre, le destin obscur : un bon équilibre."

vendredi 3 juin 2011

Terrienne de Jean Claude Mourlevat

Lorsque Virgil vieil écrivain de 71 ans prend en stop Anne 17 ans il ne se doute pas de ce que l’attend ...
"A présent, il roulait au ralenti sur cette étroite route bordée d'herbes hautes. Il évoluait comme dans un rêve dont on aurait réglé parfaitement la netteté de l'image et du son, ajusté les reliefs et la densité, jusqu'à lui donner l'apparence hallucinante de la réalité. Un rêve dont la durée n'aurait pas été distordue comme dans les vrais rêves, mais serait au contraire restée constante et réaliste.
Il en éprouvait à la fois la terreur et l'émerveillement."

En effet Anne est à la recherche de sa sœur disparue depuis 1 an suite à son mariage .. sauf que Gabrielle a disparu dans un autre monde … un monde parallèle terrifiant.

Un monde dans lequel tout est aseptisé, on n'y respire pas car c'est sale, les sentiments sont réprouvés, les conjoints s’appellent des compatibles et les enfants des adoptés, tout contact est proscrit, toute maladie est abolie … sans respiration, pas de postillons, pas de microbes … un jour les êtres de ce monde s’assoient par terre et ne bougent plus ...
Alors le service sanitaire vient les chercher et les met à mort puis les incinère.

Aucun enfant ne nait naturellement et tout est programmé, sélectionné génétiquement ..
Bien sûr cela fait fortement penser au Meilleur des Mondes de Huxley dans lequel toute reproduction sexuée a disparu et les êtres humains sont créés en laboratoire, leur future position hiérarchique déterminée par les traitements subis par les embryons. Mais aussi au film Bienvenue à Gattaca d'Andrew Niccol, dans lequel la génétique aussi déterminait l'avenir des enfants et surtout l'erreur génétique leur interdisait un brillant avenir.
Car dans le monde créé dans Terrienne, il existe aussi des enfants naturels hybrides, que l'on cache honteusement et entraîne à espionner le monde des humains.

C'est un roman jeunesse très intéressant à plusieurs points de vue, d'une part par les procédures de styles
- le changement de point de vue selon les personnages, on passe du Je (et récit rédigé au présent) lorsque Anne narre son aventure pour poursuivre sur les autres personnages, avec un ou ELle et un récit rédigé à l'imparfait.
- la répétition de certaines phrases dans un but bien précis de faire apparaitre encore plus effrayant l'action car elle est vécue du point de vue à la fois du lecteur mais du narrateur.
« Il a saisi la pauvre femme par le poignet et l’a trainée jusqu’à la baie vitrée qu’il a fait coulisser de sa main libre, puis il l’a décollée du sol, brandie au-dessus de lui et jetée par la fenêtre.
Il a jeté Mme Stromiwell par la fenêtre
. »


D'autre part par la création d'un autre monde qui se tient parfaitement, dans lequel les humains sont perçus comme des extra terrestres, voire n'existent que dans les contes que l'on raconte pour effrayer les adoptés. On y accède par un passage qui peut s'ouvrir ou se fermer au gré de la volonté des personnes.
Et enfin un récit qui se tient, qui se dévore d'une traite, qui donne souvent froid dans le dos et qui aborde des sujets graves comme l'eugénisme, la déportation et le génocide.

J'ai lu beaucoup de Mourlevat déjà, dans mes classes, notamment l'Enfant Océan, (une parodie du Petit Poucet, admirablement écrit), la Troisième Vengeance de Robert Poutifard, mais aussi pour le plaisir comme la Balafre ou Combat d'Hiver, c'est un auteur que j'apprécie beaucoup pour la variété et la qualité de ses romans. J'ai pu le rencontrer aussi à Zinc Grenadine et échanger quelques mots avec lui, un petit regret sur son manque de disponibilité envers les écoles car j'aurais vraiment aimé faire un travail avec lui et mes élèves sur ses romans.
Et aussi pour la petite anecdote, il n'aime pas la fantasy et n'en a jamais écrit ! xD
En attendant il ne se défend pas mal du tout avec le fantastique et la SF même s'il s'en défend :
"Je dirais que c'est un livre de Science Fiction écrit par quelqu'un qui n'y connait rien du tout, c'est-à-dire moi".

Extraits
" Je viens de "passer" pour la troisième fois. J'utilise le mot "passer", c'est celui qui me paraît le mieux convenir. "Passer" signifie mourir aussi, je le sais bien. On dit qu'untel est passé , qu'il est donc mort. Mais ce n'est pas dans le sens là que je l'entends. Je ne meurs pas. Je passe. Je passe d'un monde à l'autre par ce chemin, cet unique chemin, celui qu'a pris ma soeur."

"Bran Ashelbi suivait la voie rectiligne que lui indiquaient ses pas. Spontanément, il libéra sa gorge. Il inspira et expira lentement, avec conscience. C'était à chaque fois comme une célébration de son souffle retrouvé, et son corps jubilait, telle une plante assoiffée qu'on arrose."

Ailleurs
AdoLire ; Mille et une pages

Une rencontre avec Jean Claude Mourlevat ici

jeudi 2 juin 2011

Les Imaginales 2011

Les Imaginales, je connaissais pour m'y être rendue déjà l'an dernier, mais à l'époque j'étais encore une totale néophyte en la matière, pas que je n'ai jamais lu de SFFF, ces livres font partie de mon univers depuis beaucoup d'années, mais je ne connaissais que très peu d'auteurs français.
Que de chemin parcouru depuis ! La création de ce blog, mon entrée dans le Cercle d'Atuan, la connaissance de certains bloggeurs, m'ont fait pénétrer dans ce monde très particulier (et passionnant) qu'est littérature fantastique, monde parfaitement symbolisé et mis en valeur justement par des festivals comme les Imaginales ...

Il était normal alors que j'aborde l'édition 2011 dans un autre état d'esprit que celui de l'an dernier où je n'en étais qu'au stade de la découverte.

Les Imaginales c'est tout d'abord un cadre .... des chapiteaux et deux Magic Mirrors dressés dans un parc superbe, servi par un magnifique soleil durant tout le WE (je sais j'insiste mais cela mérite d'être souligné !) sur les bords de la Moselle.
Le fait que les animations soient réparties dans plusieurs endroits permet à la fois de profiter de l'environnement et aussi de ne pas se sentir trop oppressé dans un seul et unique lieu. Et quel plaisir aussi d'aller se "légumer" quelques minutes dans l'herbe au bord de l'eau (moment non sans risque puisque Tigger Lilly et moi avons bien failli nous prendre un gros caillou, lancé par un enfant sans conscience, sur la tête, xD).

Les Imaginales, ce sont .... des auteurs à profusion ... des auteurs derrière lesquels il faut aussi parfois courir pour avoir cette sacro dédicace à laquelle on tient particulièrement (je regrette de ne pas avoir compté le nombre de tout fait autour des tables dans la Bulle des Livres !) mais des auteurs abordables, souriants, avec une mention particulière pour Robin Hobb qui s'est laissée prendre en photo avec ses fans et Ayerdhal qui était rempli d'attention !

Petite anecdote quand même à raconter (oui je n'ai pas peur du ridicule), rencontre avec Robin Hobb à laquelle je tends mon pseudo inscrit sur un petit post it et tente de répondre à son regard interrogateur par un
" Yes it's a mistake" (ou comment confondre en beauté mistake et nickname, sic !)
Tête abasourdie de l'auteur et rouge de la mienne tandis que les rouages de mon cerveau s'affolent dans tous les sens : mais qu'est ce que j'ai dit là ? mistake ça veut pas dire erreur par hasard ???
Seule solution, me tourner vers ma partenaire de dédicace Tigger Lilly avec des yeux éplorés quémandant un immense "help me" tout est rentré dans l'ordre ... bon .. la honte quoi ....
Fin de l'anecdote ...
Heureusement les autres auteurs parlaient le français ouf !

Les Imaginales ce sont des conférences, tout au long de la journée, dans les divers points de rencontre, je me suis rendue à quatre d'entre elles
- "Après le creux de la vague, vers un renouveau de la SF française ?" : je serai bien en peine de dire quoique ce soit dessus, pour la bonne raison que je n'ai pas retenu un traitre mot de ce qui a été dit (pourtant pas en anglais je l'assure, lol) , je ne devais pas être encore bien réveillée ...

- Un entretien avec Robin Hobb, très intéressant surtout lorsqu'on a lu pas mal de ses romans ... j'ai un petit faible pour cette auteure, dans la mesure où La Citadelle des Ombres a été l'un de mes tout premiers livres de fantasy lu dans les années 90 et qu'à l'époque il figurait parmi mes romans préférés (je pense bien l'avoir lu 3.4 fois ce qui n'est pas mal compte tenu du nombre de pages).
Lors de cet entretien ont été abordés bien évidement ce cycle ainsi que celui des Aventuriers de la mer puis son tout nouveau sorti il y a peu. Robin Hobb est quelqu'un de modeste qui estime devoir son grand succès à un coup de dé, au petit hasard qui a fait que la Citadelle des Ombres a plu aux lecteurs, au public qui, en quelque sorte, lui a donné la permission de devenir un triomphe.



- "Le petit sorcier à la retraite, que reste-t-il d'Harry Potter ?" Visiblement il en reste beaucoup si on en croit le nombre de fans fictions (pas moins de 12 000 auteurs, 61 000 chapitres rédigés), le boom des éditions pour la jeunesse (selon Baudou, la vraie magie d'Harry Potter réside dans le fait que depuis qu'on a re découvert que nos chères têtes blondes pouvaient lire sans sourciller 400 pages le merveilleux a pu revenir en force) et le nombre de livres parus depuis sur le même sujet. Moi j'aurais adoré être ado à cette époque ci rien que pour la qualité et le nombre de livres jeunesse portant sur la SFFF !

- "Mémoire de René Barjavel, autour du centenaire de sa naissance" : étrange conférence dans laquelle Pierre Bordage n'avait jamais lu de Barjavel, Jacques Baudou estimait que seuls Ravage et Le Voyageur Imprudent valaient la peine d'être lus et Ayerdhal pensait que le mieux pour en parler était de ne rien en dire. Ce furent les participants dans la salle qui en fin de compte ont fini par défendre le mieux l'auteur. Il y a eu quand même quelques bons moments car les réparties d'Ayerdhal valent le détour.

Les Imaginales c'est aussi la possibilité de rencontrer ceux avec qui l'on partage des LC, avec qui l'on discute sur le Cercle d'Atuan tout au long de l'année, ce qui permet de mettre enfin un visage sur des noms et de discuter en live, ce qui est somme toute vraiment agréable. Ainsi avec Tigger Lilly, nous avons pu croiser Laure et Lelf, puis passer un bon moment avec Tortoise et son ami Galoo samedi, durant l'après midi et la soirée au restaurant. Puis avec Lhisbei et Mr le dimanche.

Et enfin les Imaginales ce sont des livres achetés et dédicacés, 11 pour ma part, ma CB a crié au scandale mais tant pis puisqu'en "mai, fait ce qu'il te plaît", eh bien maxime accomplie, voilà la liste donc
- La citadelle des Ombres Intégrale 4 de Robin Hobb (pour remplacer les 4 livres dépareillés qui la composaient)
- Transparence d'Ayerdhal
- Dreamericana de Fabrice Colin
- La volonté du dragon de Lionel Davoust
- Izaïn né du désert de Johan Heliot
- La guerre des mondes n'aura pas lieu de Johan Heliot
- A comme association La pâle lumière des ténèbres de Erik L'Homme
- A comme association Les limites obscures de la magie de Pierre Bottero
- Mordre le bouclier de Justine Niogret
- L'île au trésor de Pierre Pelot
- Les enchantements d'Ambremer de Pierre Pevel

Je conclurai ce billet en citant Stéphanie Nicot, la directrice artistique de ce festival
"Il y a comme un air de magie aux Imaginales".

Un air de magie qui sans nul doute sera là l'an prochain aussi, en tout cas moi j'y serai pour le vérifier !