jeudi 30 octobre 2014

Les désastreuses aventures des orphelins Baudelaire Tomes 3.4.5 de Lemony Snicket

"Cher lecteur, prudence, prudence ! Pour lire ce livre, il faut être prêt à affronter mille choses déplaisantes ...."
"Cher lecteur, j'espère que tu n'as pas choisi ce livre en te disant "ça a l'air drôle". Si tel est le cas, referme-le vite !"
"Cher lecteur, si tu recherches un récit de collège tout en farces joyeuses, n'ouvre surtout pas ce livre !"

Voici comment Lemony Snicket annonce la couleur dans ces trois tomes : 



Ouragan sur le lac qui offre une nouvelle tutrice à nos enfants Baudelaire, une tutrice qui a peur du feu et donc ne chauffe absolument rien, dans une maison perchée acrobatiquement au-dessus d'un lac qui contient des sangsues mortelles attirés par une simple odeur de nourriture si l'on a mangé quelque temps avant.




Cauchemar à la scierie : un nouveau tuteur, patron d'une scierie, les enfants Baudelaire obligés de travailler comme des adultes avec comme tout repas, rien le matin, du chewing-gum à midi et une pauvre pitance le soir.







Piège au collège : un établissement sordide où l'on est privé de couverts lorsqu'on se rend à l'administration ou encore où l'on mange mains liés dans le dos si on refuse d'assister aux 6 H du concert de violon (ou plutôt "ils avaient d'abord cru à l'agonie d'un fauve, ou à la crise de nerfs d'un chat furieux" ...) donné par le Directeur en personne.




Ainsi nous pensions avoir déjà tout vu mais c'était sans compter sur l'imagination fertile de l'auteur pour mettre ses jeunes héros dans des situations qui s'empirent de tomes en tomes, tels des Cosette ou des Oliver Twist des temps modernes, le tout sur l'écrit léger et humoristique qui caractérise le ton donné par ces romans atypiques. A la longue je croyais me lasser, surtout en les lisant quasiment à la suite, peut-être qu'effectivement ce serait le cas en continuant jusqu'au dernier et pourtant bizarrement l'alchimie fonctionne toujours ...

Les ingrédients sont là : une Violette surdouée pour les inventions, un Klaus dévoreur de livres (bien vu de la part de l'auteur de ne pas être tombé dans les clichés du contraire) et une petit Prunille qui se sert de ses dents comme des outils ... peu d'armes à vrai dire pour lutter contre le terrible Comte Olaf qui veut à tout prix mettre la main sur eux afin d'hériter à leur place de leur immense fortune en sommeil depuis la mort tragique de leurs parents et qui rivalise de méchanceté pour parvenir à ses fins.
Ces pauvres enfants ne sont guère aidés non plus par le banquier qui leur sert de gérant, leur trouve divers tuteurs ou placements et ne voit pas plus loin que le bout de son nez (qu'il a la plupart du temps enfoui dans un mouchoir), ou par leurs tuteurs respectifs qui soit sont complètement en décalage avec la réalité, soit tiennent à les faire trimer ou étudier comme des brutes.

La trame est bien posée et finalement j'ai plaisir à retrouver à chaque fois ces trois enfants, en me demandant ce que leur créateur va encore bien leur tendre comme piège. Un petit changement néanmoins dans le Tome 5, qui prend un tournant dans la série, pour la première fois, les trois enfants Baudelaire se font des amis, des vrais de vrais, des enfants qui, comme eux, n'ont pas eu de chance et qui vont tenter de leur venir en aide. Ce qui change fortement la donne.
On se doute comment cela va se terminer (d'ailleurs Snicket nous annonce toujours la couleur bien avant) mais gageons qu'on les retrouvera au fil des prochains romans.

En dehors du fait des histoires elle-mêmes qui sont  tirées par les cheveux (comme faire travailler un bébé dans une scierie ou comme secrétaire, ou encore faire courir les 3 enfants 6 nuits durant ), mais qui sont racontées avec beaucoup de dérision mais aussi de compassion, ce que j'apprécie dans cette série, ce sont les petits apartés de la vie en elle-même .... Ainsi le fait que les premiers instants d'une journée sont ceux qui détermineront si elle sera bonne ou non .... ou encore le fait que quand on est malheureux, on a envie de rendre les autres malheureux aussi ....ou bien que des choses qui semblent obscures finissent par s'éclaircir à la lumière de l'expérience .... Tous ces moments de vécu que nous livre l'auteur et qui sont réels et nous rendent les personnages encore plus proches en faisant appel à nos propres vécus et sensations. C'est le petit plus de cette série, une sorte de leçon de choses qui peuvent ravir de jeunes lecteurs.

Sans oublier les apartés de l'auteur lui-même qui se met brusquement à raconter des drames de sa vie pour servir de tremplin à ceux des orphelins et apporter une lumière nouvelle sur toutes les horreurs qu'ils endurent.
Franchement c'est une série vraiment intéressante à cause de tous ces points et j'espère vraiment que l'an prochain mon école achètera la suite, j'aimerais bien tout de même savoir comment cela va se terminer pour Violette, Klaus et Prunille ...

Et question lecture, c'est bien abordable, à partir de 10 ans (voire 9 si on est un très bon lecteur).

mardi 28 octobre 2014

L'importance de ton regard de Lionel Davoust

Des voiliers bloqués par la glace, condamnés à s'entretuer ; des hommes qui se font du tunning à même la peau ; le destin de Pinocchio si l'histoire avait continué ; la quête de pierres précieuses à remettre à Ysrafil  ou encore des guerriers mémoires qui en combattant perdent des pans de leur passé .... 

Des nouvelles atypiques - au nombre de 17 - qui couvrent un panel de genres étonnant, d'histoires variées, voici ce que nous propose Lionel Davoust dans son recueil L'importance de ton regard (qui porte le nom de son avant-dernière nouvelle, la plus longue et la plus troublante). Lionel Davoust je ne le présente plus, s'il est si présent sur ce blog c'est parce qu'il fait partie des écrivains dont je tiens absolument à dévorer tout ce qu'il fait .... parce que j'aime ce qu'il écrit et encore plus j'aime la façon dont il le fait.
Cet auteur a une plume magique, tout ce qu'il grave sur le papier, c'est de manière coulée, sensible et touchante et en même temps forte et poignante, il sait parler des sentiments, des sensations et nous les faire toucher du doigt .... Je n'ose même pas aborder sa justesse de propos lorsqu'il évoque la mer ..... qu'on pourrait voir se dessiner sous nos yeux rien qu'en quelques lignes.

Alors je ne vais pas parler de toutes les nouvelles, je ne les ai pas toutes appréciées de la même manière, -je ne suis, par exemple, pas entrée dans Inventaire et A la manière de  et j'ai trouvé Devant bien trop courte - mais seulement évoquer celles qui m'ont le plus marquée :

- En premier lieu, celles qui se passent sur la mer comme l'Impassible armada (ces voiliers à la merci du gel, juste délivrés de temps en autre par le flux qui leur permet de modifier leurs positions pour mieux lutter les uns contre les autres) ; Never Think of The Perfect Storm ou Lions et espadons qui évoquent la pêche, la lutte contre l'industrialisation, la force de ce métier de pêcheur, la passion de ceux qui le pratiquent .... J'ai ressenti de la peine en lisant la dernière .. la fin d'un rêve, la fin d'une vie de pêcheur, la fin de vie d'un navire ... c'est tellement sensible et bien décrit que les larmes me sont montées aux yeux, j'ai ressenti le déchirement de cet homme qui voit sombrer celui qui l'a accompagné tant d'années. Cela m'a rappelé le choc et le désarroi ressenti lorsque dans le film La leçon de piano, le piano est jeté par dessus bord et s'enfonce sous l'eau (bon je sais, c'est idiot mais il m'arrive d'être bêtement sentimentale face à certains objets).
J'ai trouvé aussi la mer tellement bien décrite, je crois que c'est l'un des auteurs qui me fait le plus vibrer lorsqu'il parle de cet élément qu'il connaît si bien.

- Tuning Jack : Une nouvelle terrible qui met en scène des jeunes cherchant à se démarquer des autres en se clouant, greffant des plaques métalliques (ou éclairages, piles sous la peau ou sur les tympans) à même leur corps, enfonçant des broches dans les os ..... le tout dans un univers complètement glauque où la télé réalité montre un loft où les gens s'éliminent atrocement. Un récit à faire frissonner car on finit par se demander si la réalité ne rattrapera pas un jour la fiction ....texte qui traduit admirablement la bêtise humaine à la pointe de la mode ou du "que faire pour être comme les autres" ?

- Récital pour les hautes sphères : Barnabé, qui souffre de tout entendre trop fort, se crève les tympans et accède alors à une musique intérieure qu'il qualifie de céleste et qu'il tente de reproduire ..... En-dehors de la beauté de ce qui est décrit sur cette musique proche des étoiles, la nouvelle conte tout le parcours de la production d'un album, face à des requins qui ne voient que l'aspect financier et existent dans un monde où soit tu es le meilleur, soit tu es viré.

Avec ces deux nouvelles, Davoust pointe habilement du doigt toutes les dérives d'une société de consommation qui ne recule devant rien pour vendre, au détriment de l'individu, de sa santé et de son âme.

Dans le même thème, la fameuse nouvelle qui porte le nom du livre : L'importance de ton regard .... Elle m'a scotchée, il n'y a pas d'autres termes ..... Un jeu, Unicraft, dévore peu à peu la société et l'humanité en amenant des millions de gens à se connecter en ligne, en oubliant tout le reste ...... C'est terrible car proche d'une certaine réalité .... Les gens jouent parce qu'ils fuient leur propre vie, qu'ils n'y trouvent plus d'intérêt et parce qu'aussi les seuls liens qu'ils parviennent à maintenir sont ceux des joueurs rencontrés en ligne.
Cette espère de fièvre ressentie à l'approche du moment de jouer, ces regard en coin vers l'objet sacré : l'ordinateur ouvert sur la page d'accueil avec ce petit icône sur lequel il suffit de double cliquer pour franchir les portes de l'imaginaire et se transformer en quelqu'un d'autre .... tout est parfaitement et justement écrit avec ce pouvoir d'accrocher implacablement le lecteur et l'amener à réfléchir ..... Car dans ce monde décrit dans cette nouvelle, tout est devenu gris, sans espoir, sans plus de notion de temps .... une société à la dérive. Cela fait très peur ....

Sinon autres nouvelles que j'ai adorées :
- Prière à Aarluk, ma préférée avec L'Îe Close, L'impassible armada et Bataille pour un souvenir : je l'ai trouvé magnifique, cette quête du soi auprès des orques, un très beau texte, vraiment, et quels animaux fantastiques lorsqu'ils peuvent évoluer en liberté et non prisonniers des ces horreurs de parcs aquatiques ! Encore une fois Davoust a su parfaitement faire ressortir la liberté qu'ils renvoient.

- L'Île close : ah j'ai adoré cette nouvelle mais en même temps, en ancienne passionnée des chevaliers de la Table Ronde, c'était presque sûr ; seulement en plus j'ai vraiment accroché à cette crise d'identité des héros, lassés de revivre sans cesse leur histoire sous différents angles et même différents noms. Quelle nouvelle novatrice sur la Geste ! D'ailleurs dans le même genre, j'ai beaucoup aimé aussi Personne ne l'a jamais dit qui montre le devenir de Pinocchio après être devenu un petit garçon en chair et en os : très bien vu.
En lisant l'Île Close, à la manière dont c'est relaté, j'ai vraiment eu la sensation de comprendre ces héros et ce qu'ils ressentaient à voir narrées leurs histoires, sans leur laisser le libre arbitre : c'est ça le destin des personnages de livres, ils sont tributaires de la volonté de celui qui leur a donné vie .... Vraiment très chouette.

- Bataille pour un souvenir : Une atroce bataille embellie par la plume de Davoust : eh oui il parvient à poétiser le pire drame humain, c'est fort. Du coup on en oublie les bouillies humaines, les souffrances à la lecture de ce très beau texte qui parle de guerriers mémoires qui pour gagner des forces en oublient un pande leur passé, la bataille finale entre Thelin et Erdani est juste hallucinante.

En conclusion, que dire de plus ? j'ai envie de citer un passage de Scifiuniverse qui dit les choses bien mieux que moi :
 "C'est d'ailleurs une récurrence dans toutes les nouvelles du recueil : le style magnifique de l'auteur. Sa façon d'écrire et de retranscrire des images, des idées fortes par les mots s'affirme comme un des grands points forts du recueil. Lionel Davoust maitrise la langue française et en use de la plus agréable des façons. Les nouvelles et les registres changent, la force de l'écriture reste."

Lionel Davoust c'est le Bien ^^ Ce livre fait partie désormais de mes coups de coeur 2014.

Extraits
"Rien ne subsiste sur le passage de nos furies guerrières. Les hommes tombent à terre, engoncés dans leurs carcans futiles; leur sang et leurs entrailles se mêlent aux cristaux-vapeur blanchâtres et aux liquides noirâtres vomis par les machines découpées. Il n'y a que la steppe pour répondre à leurs plaintes; Fraél et moi traçons un sillage de mort au travers des rangs d'Asreth. Chaque fois que nous tuons, nous mourons aussi un peu; tels des charognards de notre propre mémoire, nous nous dépouillons de ce qui fait sens dans nos vies."

Un corps non tuné ressemble à un appartement témoin : tout y est de série. On peut aimer son volume corporel mais préférer néanmoins l'équiper à sa façon. Alors oubliez les peaux monochromes, les silhouettes ordinaires, les visages quelconques. Osez les équipements multimédias, les kits animaux, les finis métalliques. Essayez. Trouvez votre style. Constituez votre ligne de conduite. 
C'est la différence entre être, et Exister."

"Devant la rive, leurs dorsales noires tranchent l'écume comme les cimeterres des gladiateurs et leurs puissants battoirs giflent les flots avec les claquements d'une bombe. Leurs crocs implacables déchirent, tranchent, arrachent et l'eau noire prend des reflets rouille, poisseux, en fuite d'huile. Devant l'ovale blanc, vaste orbite aveugle, je discerne leurs yeux d'une intelligence étrangère que n'habite nulle question, seulement l'action, l'application impeccable. Une intention pure. Au milieu, la baleine se rend aux assauts des orques, et les flocons sur sa chair de sous-marin comme des larmes."

Que c'est beau ....

Ailleurs

 




dimanche 26 octobre 2014

Lecture jeunesse en folie

Mardi, achat de 45 livres..... dimanche matin suivant, déjà tout ça de lu .....

 Il reste ........


Et en cours .......




A présent, bilan rapide de ces lectures (Les Orphelins Baudelaire bénéficieront d'un billet à part), en les classant par thèmes :

POLICIER
- Menaces dans la nuit de Marc VILLARD : Ce tout petit polar de la collection Mini Syros reprend les mêmes personnages Des Doigts rouges pour une nouvelle aventure d'effroi. Villard reprend les mêmes ingrédients : un petit garçon qui vit avec ses grands frère et soeur et tombe sur une affaire louche. Ces romans font dans les 36 pages, donc autant dire qu'il faut pour l'auteur vite faire entrer le lecteur dans l'intrigue, c'est assez réussi. Néanmoins je l'ai trouvé bien moins frappant que son précédent où le dénouement valait la peine.
- J'ai tué mon prof de Patrick MOSCONI : Gageons que celui-ci plaira aux élèves rien qu'à son titre. Pourtant j'ai été déçu de son contenu, l'intrigue policière est faible, en plus le dénouement est carrément hors de réalité. Dommage.
- Peur sur la ferme de Sophie DIEUAIDE : Panique à la ferme, des animaux sont atrocement assassinés, mais qui donc peut faire une chose pareille  ? Heureusement Rex, le chien (préféré) du fermier est bien décidé à démêler l'affaire. Alors là, on tombe sur du roman vraiment vraiment sympa : une histoire racontée par un chien en premier lieu, un chien de ferme qui plus est (et tout le monde sait que ce ne sont pas forcément les chiens les plus gâtés), rédigé à la première personne, en interaction avec des animaux de ferme plein de répondant. C'est rempli d'humour et l'intrigue "polar écologique" est bien menée. Bon j'avoue avoir trouvé le coupable dans les premières pages, mais c'est pour les enfants et je le leur conseillerai.

HISTOIRE
- Juillet 42, les enfants aussi de Claude IZNIER : Ce roman a valeur historique dans le sens où il raconte un épisode bien particulier de la Seconde Guerre Mondiale, à savoir la sordide affaire du Vél d'Hiv où plus de 12 000 juifs furent arrêtés à Paris pour être déportés ensuite.
 Le roman commence avec la vie de Dinah et Tauba qui vivent presque normalement en dépit des lois anti-juives sorties en masse : comme les autres petites filles, elles aiment sortir librement et aller au cinéma, même s'il faut porter cette maudite étoile jaune cousue sur ses vêtements. D'ailleurs pourquoi ne pas porter autre chose juste une fois pour aller voir le film dont on a tant envie ? Malgré le drame, l'histoire reste relativement positive, l'objectif n'est pas non plus de s'appesantir sur les conditions difficiles de vie mais avant tout de prendre une sorte de photographie mémoire de ce que pouvait être la vie à cette époque précise, lorsqu'on ne savait pas tout et qu'on reste deux petites filles qui ne comprennent pas bien ce qui se passe .... C'est très bien réussi, un bon roman en complément à l'étude de cette période.

CLASSIQUE
J'entends par classique les livres écrits par des auteurs connue dans l'univers de la jeunesse et très appréciés globalement, notamment ceux publiés par l'Ecole des Loisirs qui reste une référence en la matière.

- Le Chat assassin, le retour et Le Noël du chat assassin d'Anne FINE : Même si ces suites (et il y en a d'autres) ne valent pas le tout premier tome"Journal d'un chat assassin" ("C'est ça, c'est ça. Allez-y, pendez moi. J'ai tué un oiseau.  C'est que je suis un chat, moi.  En fait c'est mon boulot de rôder dans le jardin à la recherche de petites créatures qui peuvent à peine voleter  d'une haie à l'autre. Dites-moi, qu'est-ce que je suis sensé faire quant une petite boule de plumes se jette dans ma gueule ?"), ils restent dans la même tendance : le point de vue d'un chat tout ce qu'il y a de normal qui reste incompris par les membres de sa famille parce qu'il se laisse aller à ses travers de chat : comme jouer avec les boules de sapin, ou grimper sur ledit sapin à la recherche de la mignonne étoile tout en haut, ou encore grimper à un arbre mais ne plus savoir en redescendre .... Bref, le côté amusant des romans réside bel et bien dans la narration d'un chat qui a oublié d'être ennuyeux. C'est plein d'humour, cela fait sourire ou rire, les enfants adorent et ma foi les adultes aussi.

- Le bonheur est coincé dans la tête ; Supermoyen ; La liste des fournitures de Susie MORGENSTERN : Cette auteure est un peu à la littérature enfantine ce que GAVALDA est à celle d'adultes : c'est-à-dire qu'elle a parfaitement compris la psychologie des humains, en l'occurrence des enfants, et qu'elle sait mettre le doigt sur ce qui est important. Par exemple, l'histoire de cet enfant qui se sait moyen en tout et qui aimerait, mais aimerait tellement briller dans quelque chose, quel enfant ne l'a pas ressenti un jour ? (et j'oserais dire quel adulte ?) un encore cet autre qui se lève, la tête dans une humeur sombre mais sans savoir vraiment pourquoi, sans raison et qui du coup a bien du mal à trouver un sens à sa journée .... 
Des petits romans qui se lisent très bien et qui sont très proches des enfants, j'adhère !
D'ailleurs cela m'a donné d'exploiter quelques idées de réflexion avec mes élèves
"Pour s'améliorer, il faut changer. Donc, pour être parfait, il faut avoir changé souvent. (Winston Churchill).
Qu'est-ce que vous aimeriez changer en vous ?"
" Que désirez-vous le plus ardemment dans la vie ? La richesse, le savoir, la célébrité, l'admiration de votre entourage, l'amitié, l'amour, être à la mode, contribuer au bien-être de l'humanité, trouver une passion, nettoyer la planète ?"
- La rivière à l'envers Tomes 1 et 2 de Jean-Claude MOURLEVAT : Je ne présente plus cet auteur dont j'ai lu somme de livres, notamment Le combat d'hiver. N'en déplaire à ce qu'il m'a dit un jour ne jamais avoir écrit de la fantasy, j'aurais tendance à placer les quêtes de Tomek et d'Hannah dans ce thème-ci :  ces deux enfants qui, pour diverses raisons mais lesquelles vont les rapprocher, sont à la recherche d'une rivière qui coule à l'envers et dont son eau empêche de mourir. Lors de leurs voyages initiatiques, ils découvriront la Forêt de l'oubli, la Route du Ciel ou le Village des Parfumeurs et somme d'autres choses toutes plus fantastiques les unes que les autres. A la frontière entre le conte et la fantasy, ces deux livres se lisent très aisément, peut-être un peu plus difficilement par des élèves un peu frileux avec la lecture. Car il y a déjà un bon vocabulaire et une bonne structuration du récit, j'ai trouvé que cela avait un petit côté "Le pays où l'on n'arrive jamais" de André DHÔTEL ou encore "Le 35 mai" de Erich KÄSTNER pour le côté fantastique.

Il me reste La Balafre du même auteur mais je l'avais déjà lu il y a quelques années, je ne pense pas que j'y reviendrai, je me souviens que je l'avais trouvé fort bien.

CHEVAUX
- Black Beauty  de Anna SEWELL : Eh oui je ne l'avais jamais lu, juste tenté, en anglais il y a fort longtemps (et jamais dépassé d'une page !). Black Beauty reste un classique de la littérature du XIXè siècle, c'est-à-dire une littérature non consacrée spécifiquement à la jeunesse comme maintenant. Ce qui en fait au final un roman pas forcément accessible aux enfants de maintenant, en tout cas il faut déjà être un sacré bon lecteur pour l'aborder. Pour le reste que ce roman ait contribué à améliorer le sort des chevaux dans l'Angleterre victorienne, je veux bien le croire car même sachant que ces animaux n'ont pas toujours été traités justement depuis leur conquête on se rend compte à quel point à cette époque les conditions étaient dures à faire évoluer. Je pense d'ailleurs que le principal intérêt de ce roman réside dans son aspect historique, pour l'histoire en elle-même j'avoue que j'en attendais du mieux.4
Par contre je connais beaucoup de cavaliers qui rêveraient d'avoir un cheval aussi courageux, beau et rapide que ce Black Beauty !
- L'ïîe des Chevaux  de Eilis DILLON : Encore un roman qui me laisse dubitative .... face aux capacités de mes plus grands à parvenir à le lire, j'espère que je me trompe, cela dit c'est écrit "à partir de 11 ans" et pour une fois c'est réel (Quand on prend les Orphelins de Baudelaire donc la lecture est conseillée aussi à partir de 11 ans, je pense que cette série peut être abordée plus tôt si on aime lire). L'île des Chevaux est un très bon roman d'aventure, de légendes des années 60, écrit de manière très classique, mais je l'ai trouvé intelligemment construit et intéressant. Reste à savoir, comme Black Beauty, s'ils seront appréciés par des CM.
- A l'oreille d'Atlas de Charlotte BOUSQUET : En voilà au contraire des deux autres qui restera largement abordable (et pourtant, estampillé à partir de 11 ans lui aussi, comme quoi ...) Ce livre je l'avais repéré aux précédentes Imaginales mais sans me décider à l'acheter, il faut dire que des romans sur les chevaux j'en ai lus tellement que je suis devenue très difficile en la matière et que je rejette tout ce qui est niais. Or il y en a un sacré paquet ! 
A l'oreille d'Atlas n'en fait pas partie mais pour autant j'en ai gardé un petit arrière goût amer. Certes il est bien écrit, on sent que Charlotte Bousquet connait parfaitement les chevaux et a de solides requis en équitation éthologique, c'est une histoire charmante mais qui ne m'a pas transportée. En plus j'ai trouvé un peu dommage de mettre en parallèle l'histoire du cheval ombrageux qu'il faut réapprivoiser et celui du garçon en rejet de la société que tant qu'à faire on va remettre dans le droit chemin aussi. Par contre je suis certaine que mes élèves cavalières aimeront.
- 5 Histoires de chevaux (multi auteurs) : C'est étrange car j'étais sûre de ne pas aimer ce format de nouvelles moi qui n'aurais juré que par les anciens recueils : "15 histoires de chevaux". En fait si ce dernier consiste en des extraits de livres, 5 histoires de chevaux sont de réelles nouvelles et finalement cela se lit très bien. J'ai d'ailleurs été plus touchée par la toute courte nouvelle "Galop dans le noir" que par A l'oreille d'Atlas.
A souligner que dans ces nouvelles, il y en a une, très chouette, de SF où des terriens se retrouvent sur une planète inconnue habitée uniquement par des chevaux télépathes dont la robe change en fonction des humeurs, la fin fut très émouvante. Globalement c'est un bon petit recueil dont les récits ont été soignés, il en existe beaucoup d'autres (policier, moyen age, chiens etc ...), une bonne manière pour faire aborder le format "nouvelles" aux enfants.

Suite au prochain numéro ^^

vendredi 24 octobre 2014

Les Utos, c'est dans très bientôt !!!!

Cette année la quinzième édition des Utopiales à Nantes abordera le thème Intelligences sous quatre formes :

- Intelligences terriennes : Sur Terre, l'humanité a-t-elle l'apanage de l'intelligence ? Y-a-t-il un modèle d'intelligence non humaine et qui puisse être utilisée à des fins de survie de l'espèce ?
- Intelligences artificielles : Le thème de l'intelligence artificielle, qui s'inscrit dans la lignée de celui des robots, est l'un des plus profonds de la science-fiction. Le rapprochement du biologique et du cybernétique fera-t-il naître un monde meilleur ?
- Intelligences extraterrestres : Depuis les origines de la science-fiction s'est posée la question  du "premier contact" avec une intelligence extraterrestre. La science d'aujourd'hui  peut-elle faire sienne une telle hypothèse et réfléchir à ses conséquences ?
- Le cerveau humain : La science-fiction a souvent abordé le cerveau humain par le biais psychologique et identitaire, plutôt que par celui biologique : le cerveau reste une terra incognita d'une déroutante complexité. Qui suis-je ? Nombre de personnages de science-fiction se posent la question.

Questions qui seront débattues durant les tables rondes et conférences qui jalonnent les 5 jours de ce Festival.

Les Utopiales, dont l'affiche est signée Christ Foss, sait chaque année offrir surprises, découvertes et plaisirs : des débats donc, mais aussi des expositions
- Chriss Foss
- François Bourgeon
- La recherche et l'art
- Au coeur de la supra-activité
- Robots :  des films aux jouets
- Explornova 360 °

Des Prix littéraires : Le Prix Utopiale Européen,  Le Prix Utopiales Jeunesse, Le Prix Verlanger,dans oublier le Prix Planet SF des blogueurs.

Une bibliothèque immense qui nous rapproche du Paradis du livre avec plus de 25 000 ouvrages !

Et aussi mais surtout des auteurs que nous pouvons croiser ou rencontrer ou aborder pour faire signer une dédicace : ils sont ici ! Il y aura bien entendu Lionel Davoust, Pierre Bordage, Yann Ayerdhal entre nombreux autres ...

J'ai déjà jeté un coup d'oeil aux conférences susceptibles de m'intéresser, comme :
- L'avenir sera-t-il un combat entre l'intelligence humaine et l'intelligence artificielle ?
- Lire de la science-fiction nous rend-il plus intelligents ?
- La science-fiction nous aide-t-elle à mieux comprendre l'Histoire ?
- L'âge de raison : enfance, intelligence et pouvoir en science-fiction.
- Rencontre avec Christopher Priest
- Rencontre avec Philippe Ward et Sylvie Lainé
- Vivre en bonne intelligence : la terre, l'univers et le reste
- Existe-t-il des intelligences terrestres non-humaines ?

Bon évidemment, il est certain que je ne pourrai assister à toutes mais certaines me tentent terriblement.
Il faut dire qu'entre les expos, la librairie, les conférences sans oublier les papotages avec les blogopotes, on ne s'ennuie jamais et qu'il est impossible de tout faire !
Et aussi d'ajouter que les Utos ..... c'est toujours un moment extraordinaire !

En attendant, j'y serai du Vendredi matin au Samedi soir ...
Hâte !!!


mardi 21 octobre 2014

A l'école des livres c'est Noël avant l'heure ....


Mon taff c'est beaucoup de  mauvais moments comme le fait de se retrouver directrice contre son gré (mais mes gentils collègues disent que je m'en sors super bien, donc ....) ou subir des tas de tristesses ou agressions dans la figure (il faut dire qu'on a signé pour être aussi bouc émissaire ... dixit une de mes Conseillères péda, l'an dernier) ou encore se révolter contre des absurdités (mais le dire, cela peut faire du bien même si cela ne change rien ....)

Mais c'est aussi de supers moments qui compensent les moins bons : comme ces gamins debout derrière leurs chaises qui suivent la chorégraphie déjantée d'un maitre (mon super binôme assurant mon mi-temps classe lorsque je suis enfermée dans mon bureau dans mon nouveau métier) leur passant "happy birthday" sur You Tube (avec de charmantes créatures de DA, un grand moment si si !!! je me suis jointe à ce moment de folie EVIDEMMENT !) ou l'élève qui se réveille brutalement et trouve un sens à sa présence à l'école en étudiant "Une histoire à quatre voix" ...

Ou encore avoir comme super amie la personne qui travaille en BCD et qui vous propose de venir avec elle dépenser tout un budget en livres pour la fin d'année .... soit une somme dont on aimerait avoir en mains dans toute librairie pour craquer ....
J'avais déjà décidé l'an dernier de faire entrer la SFFF dans la BCD de mon école, parce que quoi, il faut bien hein ? Il y avait déjà Erik L'Homme avec la Trilogie Le livre des étoiles. Et Harry Potter (deux premiers tomes), Les désastreuses aventures des orphelins Baudelaire ( deux premiers tomes aussi) ainsi que Tara Duncan (premier tome mais on en restera là visiblement lol) sont arrivés joyeusement il y a quelques mois !

Alors maintenant place aux photos de notre folie livresque du jour : nous y avons passé presque 2 heures, un délice,mais aussi parce que  finalement il n'est pas si facile de choisir des livres qui conviennent à des enfants entre 9 et 11 ans et qui ne sont pas toujours des lecteurs enthousiastes. En fait entre l'enfant qui n'aime (ou n'ose pas se lancer) pas trop lire et celui qui dévore les Tara Duncan et les Oksa à la pelle (véridique j'en ai un cette année), il y a un monde qu'il faut s'efforcer de combler ...

Aussi à côté des SFFF, on trouvera un peu de policier, un peu d'histoires de chevaux (il manque d'ailleurs Flicka dans les prises de vues, mon amie l'a pris pour sa fille), un peu d'histoire (j'ai un élève féru d'histoire, tellement doué et savant dans le domaine qu'il a déjà piégé mon binôme, si si , d'ailleurs je songe à l'adopter, ihih ... l'enfant, pas le binôme !), un peu de lectures plus classiques, quelques albums, même deux mangas d'initiation .... Bref, suis plutôt contente de nos achats ..... reste à lire tout cela maintenant (ou tout du moins une bonne partie).

Petite anecdote avant de passer aux photos ...
Dialogue avec la vendeuse 
- Vous avez du Tara Duncan ? car je n'ai vu que le dernier tome en poche
- Tout est là, mais les premiers tomes sont dans cette édition-là .... l'auteur a beaucoup changé d'édition
- Ah oui ? peut-être a-t-elle tout tenté pour publier cette série qui est tout de même assez mauvaise ?
- Et il parait que l'auteure n'est pas très sympa ....
- Ah tiens .....

Résultats des courses, pas de tome 2 (le tome 1 est déjà à l'école) en poche, donc pas de Tara Duncan (dommage j'aurais bien voulu voir s'il était aussi faible que le premier ....)

Les albums

Des classiques et des petites histoires

Vive la SFFF avec un Charlotte Bousquet au milieu ^^

Un peu d'Histoire pour mon élève surdoué

Un peu de classique, parce que Roald Dahl, Susie Morgenstern et Anne Fine, c'est juste super bien

Un peu de Manga

Un peu de Mourlevat parce qu'il écrit formidablement

Un peu de Policier .. parce qu'il faut apprendre à tuer son prof !

Et la bonne nouvelle, c'est que nous y retournons après les vacances pour les enfants un peu plus jeunes ce coup-ci .. Vive Noël au mois d'Octobre !!!

dimanche 19 octobre 2014

Gagner la guerre de Jean-Philippe Jaworsky

"Au bout de dix heures de combat, quand j'ai vu la flotte du Chah flamber d'un bout à l'autre de l'horizon, je me suis dit "Benvenuto, mon fagot, t'as encore tiré tes os d'un rude merdier". Sous le commandement de mon patron, le podestat Leonide Ducatore, les galères de la République de Ciudalia venaient d'écraser les escadres du Sublime Souverin de Ressine. La victoire était arrachée, et je croyais que le gros de la tourmente était passée. Je me gourais sévère ..."

Le moins que l'on puisse dire c'est que la quatrième de couverture annonçait joyeusement la couleur de ce qui allait être mon livre de chevet durant 10 jours .... 
"Je me gourais sévère" .... Benvenuto Gesufal pouvait bien le prédire maintenant que la victoire acquise, il allait falloir se partager le butin mais surtout intriguer pour ne jamais perdre la face, pour bien asseoir ses acquis et ses ambitions ..... Car Leonide Ducatore, tout fin stratège qu'il soit, est un sacré politicien véreux, manipulateur, n'hésitant aucunement au sacrifice pour parvenir à ses fins .... et comme le dit si finement Benvenuto, c'est son patron ..... et lui en sera le plus grand jouet afin d'assouvir ses désirs et buts.

Gagner la guerre c'est déjà un fort beau livre, magnifique (de ceux qui me confirment que jamais je ne passerai au numérique même si en parallèle avec de vrais livres) .... une couverture à tomber par terre (j'ai passé 10 jours à la contempler systématiquement avant d'ouvrir le livre, en plus un voilier quoi, je me pâme !!!), un livre fort lourd aussi (presque 1,2 kilos ! ce fut du grand art pour ne pas le faire tomber dans la baignoire celui-ci !) ....

C'est aussi un roman dont  on est happé dès les premières pages, non que dis-je, dès les premières lignes, je ne savais pas du tout à quoi m'attendre, si ce n'est qu'après avoir lu Janua Vera, je savais que j'aimais la façon d'écrire de Jaworsky. En réalité, ce fut juste un coup de coeur, j'ai dévoré d'un bout à la fin, complètement dedans, c'est bien écrit, c'est rythmé, on a la sensation de se tenir à côté de Benvenuto à chaque instant et de vivre intensément ce qu'il traverse. Une immense partie d'échecs dont les personnages sont des pions que l'on déplace de cases en cases selon les intrigues, j'ai même eu la sensation certaines fois de me trouver dans un jeu de rôle. J'ai vécu chaque combat, chaque fuite comme si cela se passait devant mes yeux, c'est vraiment très prenant et tellement bien écrit, tellement bien décrit qu'on le vit intensément.
J'ai encore un souvenir percutant de certaines scènes : comme la fuite de Benvenuto à travers les toits, ou alors le final incendiaire .... OMG quoi ! C'est du grand grand art !

L'autre point fort du roman, c'est le personnage en lui-même : Benvenuto Gesufal, donc, rédige son histoire à la première personne, c'est le type même du mauvais garçon : soudard, brutal, le langage fleuri, sans pitié, n'hésitant pas à étendre toute personne se mettant en travers de son chemin, même pour des raisons futiles (genre un excès de mauvaise humeur) ou culbuter le jupon au détour d'une rue .... Il ne montre ni émotion, ni sentiment .. en bref un beau salaud ...mais .... un salaud que j'ai adoré, Jaworsky réussit à nous faire aimer un mauvais personnage ! Il faut dire que chacun est manipulateur dans l'âme, chacun est pourri à sa façon, c'est brutal et cru. On a affaire à de vrais durs, qui n'épargnent pas le lecteur, on s'en prend plein les mirettes !

Autant dire aussi que Jean Philippe n'épargne pas davantage son personnage principal : le nombre de coups qu'il se prend dans la gueule, c'est juste hallucinant et il n'y va pas avec le dos de la cuillère, on est loin des héros qui se prennent des coups et se relèvent "même pas mal" .... Non Benvenuto se relève parce que c'est une tête brûlée, une tête de lard mais il souffre, on lui défonce la tronche au gantelet, pas de faux-semblants, c'est aussi gore qu'un Urgence en pleine panique, le sang, les dents déchaussées, le nez cassé, la mâchoire fracturée, du grand art ! L'auteur a du sacrément bien se renseigner pour être aussi au courant de ce genre de blessures !
Je suis d'ailleurs assez étonnée d'avoir aussi bien supporté les scènes horribles, probablement grâce à l'humour noir dévastateur de Benvenuto :
"Lui aussi, je le traînai jusqu'aux gaffres endormis, histoire qu'ils se tiennent chauds entre refroidis"
C'est imparable ! Il aurait fallu que je les note au fur et à mesure mais j'étais trop envoûtée pour m'arrêter en pleine lecture afin de prendre des notes, déjà qu'il fallait que je le laisse à la maison lorsque j'allais à la mine (j'avoue je l'ai emmené une seule fois mais je n'ai même pas eu le temps de l'ouvrir).

Quant à l'intrigue, commencer par la victoire constitue déjà une façon particulière d'aborder un récit, on entre de toute façon en plein dans l'action .... L'histoire fait penser à la Renaissance Italienne, de par les descriptions des demeures, des rues, mais aussi aux Romains, on ne sait pas bien donc à quelle époque on se situe. Le côté fantasy est très dilué mais savamment ajouté : des elfes discrets, un nain très grincheux, des magiciens qui pratiquent la nécromancie. Pour le reste, intrigues politiques bien menées, vision économique et militaire d'un monde parfaitement bien construit et sensé, tout se tient.
Il y a aussi un côté très noir dans ce roman, la présence de ces fantômes, de ces morts qui hantent Benvenuto, ce qui distille une sorte d'angoisse sourde, d'autant plus forte que c'est rédigé à la première personne et que l'on suit notre personnage pas à pas.

Je me rends compte à quel point mon billet est décousu et qu'il ne rend pas assez hommage à ce formidable roman, il faut dire que c'est difficile de structurer ses pensées quand on a adoré à ce point, je viens juste de l'achever et j'ai envie de dire que Benvenuto me manque déjà !

Merci Jean-Philippe Jaworsky pour ce pur bonheur de lecture, pour ce bijou qui comptera désormais dans mon panthéon des "livres préférés".
Gagner la Guerre est juste un Chef d'Oeuvre !

Extrait
"La vie est une chierie.
Vivre, c'est souffrir. La naissance, c'est une expulsion obscène, pleine de cris, de sang et de mucus ;  c'est un coup de dé où la mère peut claquer, où le morveux peut claquer, quand ce n'est pas maman et bébé qui parent ensemble faire un câlin définitif entre quatre planches. C'est aussi la première occasion pour le chiard de se retrouver la tête au carré ; à peine dégringolé, on le tabasse jusqu'à ce qu'il gueule ; ensuite, on le rectifie au couteau, histoire de le couper du paradis terrestre et de lui signifier que c'est la vie, que les ennuis ne font que commencer. Mourir, par comparaison, c'est déconcertant de facilité -et croyez- moi, je sais de quoi je parle. Il suffit d'être distrait, de  trébucher ou de lâcher prise. Ce qui est dure, ce qui est effrayant, ce qui fait la différence entre un beau mort et un cadavre torturé, ce n'est pas la camarde :  c'est l'obstination avec laquelle la vie s'est accrochée à une viande condamnée."

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mercredi 15 octobre 2014

A l'école lisons (9)

Voilà une éternité que j'avais laissé tomber cette rubrique ..... Il est temps de la reprendre, car même ayant hélas ma classe à mi-temps durant quelques mois, le mercredi est arrivé à point nommé pour replacer cette fameuse matière "littérature" qu'on avait tant de mal à caser avant .... Car quand je parle de littérature, il ne s'agit pas seulement de LIRE mais aussi de décortiquer, de trouver des sens, des explications, des hypothèses, bref réfléchir sur ce qu'on lit .....

Cette année pour commencer, j'ai choisi des valeurs sûres, deux albums (dont l'un est une BD en réalité) que j'ai toujours énormément appréciés.

CM1 : Une histoire à quatre voix d'Anthony BROWN


Cet auteur là est une référence dans la littérature enfantine, il a écrit somme d'albums qui ont tous rencontré un bon succès. Une Histoire à quatre voix, comme son titre l'indique, est un récit raconté à quatre voix, une mère, son fils et un père, sa fille ... lesquels sont symbolisés par des singes (personnages de référence de l'auteur).

Il est difficile en quelques lignes de décrire la richesse de cet album si ce n'est qu'il couvre un panel de sensations et d'impressions très vaste : la solitude, la joie, la tristesse, les différences entre la richesse et la pauvreté, la liberté mais l'oppression aussi, les différences de points de vue ... le tout servi par des illustrations absolument sublimes qui renforcent le texte mais qui fourmillent de tas de détails et surtout de plein de symboles .... sans oublier toutes les référentes artistiques à Magritte, Léonard de Vinci, Rembrandt .....

Cet album est juste une perle et je suis certaine de faire un sans faute lorsque je les présente aux gamins : ils adorent de façon inconditionnelle et participent toujours de manière exponentielle au fur et à mesure des séances. Cet album aura même réussi l'exploit cette année de brancher un élève qui depuis ses débuts à l'école n'avait pas encore compris ce qu'il y faisait .... et rien que cela c'est du bonheur !!!!
Comme quoi l'école sert encore à quelque chose .... 




CM2 : Les trois chemins de Lewis TRONDHEIM et Sergio GARCIA

Cette BD fait partie de mes préférées tellement elle est géniale .... 
Trois chemins donc empruntés d'une part par un grincheux avare, riche et son valet persécuté ; d'autre part par une gamine Roselita naïve et joyeuse qui se lance à la recherche du maître des nuages et enfin de H-Deuzio un robot amnésique qui se retrouve sur un bateau. 

Si ces trois chemins démarrent séparément ; dès la deuxième page, ils commencent à se croiser, se décroiser, pour se recroiser un peu plus loin, amenant des contacts entre les personnages et des situations particulièrement cocasses. 

J'ai du le lire au moins 10 fois déjà cet album et je me marre toujours autant à certains moments tant le décalage entre les personnages est bien construit, plein d'humour ...  Le summum étant les dialogues entre Roselita,  convaincue que H Deuzio est son chevalier dont elle est amoureuse, tandis que lui la prend pour une folle et en a une peur panique. Bref c'est savoureux, les enfants adorent aussi et cela leur permet un sacré exercice de repérage dans les pages (bon heureusement que je n'ai pas de dyspraxiques cette année dans ce niveau, ce serait un peu ardu !!)
Il existe un autre album du même auteur, qui se passe sous la mer mais j'avais moins accroché.




dimanche 12 octobre 2014

Le prestige de Christopher Priest

"Alfred Borden et Rupert Angier, deux prestidigitateurs hors du commun, s'affrontent dans un duel sans merci.
Trois générations plus tard, au cours d'une enquête sur une secte, le journaliste Andrew Wesley fait la connaissance de Kate Angier. Elle lui révèle qu'il s'appelle en fait Andrew Borden et qu'une guerre oppose leurs deux familles depuis la fin du XIXe siècle ..."

Ce roman fut ma première découverte de cet auteur et je ne présageais de rien dans la mesure où je suis loin d'être fan de magie et de prestidigitation. Et pourtant l'alchimie a merveilleusement fonctionné.
En premier lieu, c'est un roman qui se lit vraiment bien, je suis tout de suite entrée dedans.
Ensuite, cette histoire à quatre voix -dont deux journaux intimes des deux magiciens - est vraiment une façon originale et intéressante d'aborder un récit, d'autant plus qu'elles sont rédigées à la première personne avec des personnalités différentes et même des façons différentes d'écrire.
Et enfin le fait d'exposer chaque point de vue des deux antagonistes est d'autant plus passionnante que l'on ne sait en fin de compte plus qui est le "méchant" dans l'affaire qui a opposé Border et Angier, c'est d'ailleurs toute la magie qu'a opéré Christopher Priest.

On s'attache, au travers de leurs journaux, aux deux personnages, avec cette sensation de les voir être victimisés, chacun leur tour, au point que l'on ne sait plus où l'on en est. En réalité, c'est le travail sur ces deux points de vue qui fait toute la qualité du roman, car dans le fond, aucun n'avait raison et aucun n'avait tort, ce sont juste deux humains qui à un moment donné, se sont retrouvés opposés et en ont souffert toute leur vie : qui aurait pu céder en premier ? qui aurait pu accéder au pardon ? On leur trouve à tous les deux mille raisons d'en vouloir à l'autre et mille raisons de regretter à leur place ce conflit. Je salue vraiment cette façon de mettre le lecture en porte à faux avec ses pré-requis après avoir lu le tout premier journal et cette manière de nous faire réfléchir sur le ressenti d'un être humain. Pour chacun des personnages, c'est évidement l'autre qui est l'auteur de la haine et c'est l'autre qui doit être puni mais en dépit de cela, chacun d'entre eux ressent de la culpabilité à faire mal à son rival, aussi voit-il qu'il a une part de responsabilité dans l'affaire. Pourtant, parce que c'est lui qui souffre (on ne peut guère souffrir à la place de l'autre, si ce n'est tenter de se mettre à sa place et ressentir par empathie quelque chose que de toute façon on ne vit pas réellement dans son corps et dans sa tête) il a du mal à accepter sa faute.

Le côté fantastique du récit est complètement masqué par la perspective de pénétrer un monde tout à fait mystérieux : celui de la prestidigitation dont Priest nous révèle certains côtés tout en cachant les réelles explications, la rencontre d'Angier avec le scientifique Tesla opérant un véritable tournant dans le fantastique qui nous conduit à une fin effrayante et surprenante, bien que des indices aient été donnés peu à peu au fil du récit.
Ce qui est très bien mené dans ce livre, c'est que toute la résolution du mystère se trouve condensée dans la dernière partie, on est emmené peu à peu vers l'irréel mais sans en savoir les tenants et aboutissants avec la fin.

En tout cas j'ai vraiment dévoré ce livre d'un bout à l'autre, c'est une première découverte qui m'a enchantée, je pense que je vais en lire d'autres de cet auteur.

Ailleurs

mercredi 8 octobre 2014

Le protectorat de l'ombrelle Sans honte *** Sans coeur **** de Gail Carriger

Le Protectorat de l'ombrelle ... c'est le bien ... une délectation de tous les instants, romans après romans ...
J'ai lu ces deux-ci durant l'été, presque coup sur coup (m'en reste plus qu'un que je ne vais pas tarder à acheter) et comme à chaque fois c'est du pur bonheur !!

Notre héroïne favorite, donc, Alexia Tarabotti , ne cesse de défrayer la chronique. Dans "Sans honte", elle est obligée de retourner vivre chez ses parents, au grand dam de ses soeurs qui la jugent telle une Cendrillon qui risque de leur faire de l'ombre .... pas par sa beauté mais par son indécrottable culot .... Tout va pourtant mal pour Alexia, elle est exclue du Cabinet fantôme par la reine Victoria, son plus cher ami Lord Akeldama a quitté la ville et pour couronner le tout elle se retrouve la proie de vampires qui ont juré sa mort .... sans oublier le manque évident de soutien de son mari qui l'a répudié lui aussi ... Car Alexia est dans une condition "délicate" .... condition qui saura évidement être traitée avec beaucoup d'humour par Gail Carriger.

"Le désagrément embryonnaire et elle semblaient être parvenus à un accord. Il la laissait manger le matin. En retour, Alexia commençait à penser au petit être sinon avec affection, du moins avec une certaine tolérance."

Cette fois-ci c'est en Italie, auprès des Templiers qu'Alexia part trouver la vérité, d'une part pour fuir ceux qui veulent la mort de son enfant, d'autre part pour prouver à son crétin obtus de mari que le petit être est bien de lui ! On retrouve aussi avec délice les personnages secondaires qui font la saveur de cette série vraiment chouette. J'adore notamment Lyall le Béta de la meute de Woolsey, lequel prendra encore plus d'importance dans le tome suivant Sans coeur, dans lequel c'est la reine cette fois-ci qui est menacée par un fantôme fou.

Cela dit, Alexia n'est pas au bout de ses peines, elle doit désormais partager sa maison avec Lord Akeldama, sa soeur a rejoint le mouvement des suffragettes et des porcs-épics zombies envahissent Londres. Heureusement son benêt de mari est enfin revenu à la raison ( ce dont je suis bien satisfaite, j'ai détesté son comportement dans Sans honte) : les retrouver à nouveau réunis fut un vrai bonheur, surtout lorsqu'on sait qu'Alexia avec son fort caractère n'est pas prête à se ranger, toute enceinte qu'elle est. On en arriverait presque à plaindre ce pauvre Lord Maccon ... presque parce qu'au final c'est un juste retour des choses après ce qu'il lui a fait subir dans le tome précédent.

En bref, je m'éclate toujours autant à lire cette série qui parvient à garder son intérêt jusqu'au bout, sans s'essouffler. Je le dis et le répète c'est vraiment très très chouette.

Romans qui entrent dans le cadre du Challenge SFFF Féminin de Tigger Lilly