dimanche 28 novembre 2010

Le poney rouge de John STEINBECK

Il m'arrive souvent,entre un Trône de Fer et un A vos souhaits, de remettre le nez dans mes livres d 'enfance tels que Le Poney rouge de Steinbeck ...

Jody, un petit garçon sage, rêveur et solitaire vit dans un ranch de Californie entre un père sévère et une mère douce et affectueuse. Sa vie paisible se partage entre l'école et les travaux de la ferme jusqu'au jour où on lui offre un poney rouge ....
Plus qu'une simple histoire basique d'amitié entre un enfant et un animal, comme souvent dans les livres pour enfants, ce roman est basé sur le rude apprentissage de la vie et de la mort, dans un monde où la compassion n'existe guère, où les sentiments n'ont pas de place ... un monde où tout est démesuré comme le pays, où l'immensité des plaines n'a d'égal que leur sauvagerie ...
Ce n'est pas un livre gai, loin de là, pas de happy end, d'une plume acérée, dure, Steinbeck écrit comment confronté au drame, un enfant tente de s'en sortir, seul ...

Et plus que l'histoire de ce poney rouge, se trame en fond l'amitié entre un homme, l'employé du ranch Billy Buck, et le petit garçon ... ce que Jody ne trouve pas en son père (aide, conseils, compréhension, amour même) il vient le chercher chez celui en qui il a tout confiance ... jusqu'au jour où son poney meurt malgré la promesses de Billy de le guérir .... Et toute la fin du livre s'explique par cette confiance mise à mal que l'homme va tenter de reconquérir ... à n'importe quel prix, dans le sang et la douleur ... et malgré tout l'on n'est même pas sûr qu'il a réussi à se racheter aux yeux de Jody ...

Enfant, j'avais découvert des extraits de ce roman dans mon livre de lecture L'oiseau-lyre de CM, extraits que je lisais et relisais régulièrement ... pour autant à présent je trouve que c'est un livre dur pour des enfants de 10 ans, je le destinerais plutôt à des adolescents ...
Dans la fin des années 70, on présentait dans les livres de lecture d'élémentaire, tout aussi bien Kipling, que Kessel, ou Hugo, ou encore Daudet .. on accrochait ou pas ... on n'avait de toute façon pas le choix, la littérature jeunesse à proprement parler n'existait pas de la même manière qu'aujourd'hui ...



Plus tard j'ai dévoré d'autres romans de Steinbeck, comme Les raisins de la colère ou A l'Est d'Eden (pour lequel il a reçu le Prix Nobel de littérature et dont a été tiré le fameux film avec James Dean) avec un égal plaisir ...

Extraits
"Ce fut Billy qui se mit en colère. Il avait soulevé Jody dans ses bras et d'apprêtait à le porter à la maison. Mais il se retourna vers Carl Tiflin.
- Bien sûr qu'il le sait, dit Billy avec fureur. Nom de Dieu ! tout de même, vous ne comprenez donc pas ce que ça lui fait ?"

"Il se couvrit les yeux de ses bras croisés et resta couché là un long moment, et il était plein d'une douleur indicible."

"Il essaya d'être content à cause du poulain, mais la face ensanglantée et les yeux hantés et fatigués de Billy Buck flottaient dans l'air devant lui."

jeudi 25 novembre 2010

A vos souhaits en LC

A peine 6 mois après la création de mon blog, la néophyte que je suis , continue à découvrir ce monde avec un regard neuf et terriblement enthousiaste (ce doit être le fait de travailler avec des enfants à longueur de journée, je garde un esprit totalement enfantin :p) ...
Premiers pas dans la blogosphère, acquisition d'un vocabulaire tout à fait nouveau (mais c'était quoi enfin ces initiales PAL, LC que je découvrais un peu partout ?), premiers posts sur des blogs littéraires, premiers contacts avec des bloggeurs sur le Cercle d'Atuan et enfin premières lectures communes.

La première fut la Horde du Contrevent, de Damasio, lu avec Tigger Lilly et Lael.

La deuxième débutée le 22 Novembre concerne A Vos souhaits de Fabrice Colin, partagée avec AcrO, Bartimeus, Christelle, Coeur de Chêne, Julien, Laure, Left, Lhisbei, Olya, Pauline, Phooka et Tortoise.

Comment se déroule-t-elle ? AcrO, qui est à l'origine de ce projet, a découpé le livre en 8 tranches (Julien nous a fait un tout à fait sympathique marque page qui figure bien entendu dans mon exemplaire, très très pratique !!) et au terme de chaque tranche, le ou la lecteur (trice) qui a terminé la première propose en mail collectif un résumé. Ensuite cela donne lieu à un échange d'impressions, de commentaires ..

Hormis le fait que c'est pour moi l'opportunité de faire plus amplement connaissance avec des bloggeurs, je trouve ces lectures communes très enrichissantes dans la mesure où cela permet, outre de partager des avis et sensations, de mieux appréhender la lecture et d'avoir l'occasion de la voir sous un jour nouveau .. ce qui nous est évident, perceptible pour l'un ne l'est pas forcément pour un autre et réciproquement ... ce qu'on perçoit à notre manière très subjective peut être vue d'une autre, complètement opposée ...
Une expérience donc très humaine que j'apprécie grandement .. en espérant pouvoir la renouveler . .. ma prochaine aura lieu avec le Cercle lui même, en Décembre.

Pour finir, un aperçu du premier résumé donné de la première tranche de A vos souhaits ...

"Dans un monde où se côtoient humains, elfes, ogres, zombies et autres, nous faisons la rencontre de 3 personnages que l'on pourrait qualifier d'anti héros, un humain entraîneur sportif dont l'équipe est lamentable et qui souhaite mettre fin à ses jours, un nain ,qui oeuvre dans la ville ,désespéré de ses graines qui ne donnent rien et un elfe qui échoue régulièrement à son examen de première année. L'accent est particulièrement mis en ce début sur John Moon, le personnage humain au jour du match qui oppose son équipe à celle des Etripeurs d'un Baron qui pactise avec le Diable ..."



samedi 20 novembre 2010

Mes 15 auteurs de coeur

Oh mon tout premier tag sur la blogosphère, je suis encore dans la phase découverte eh oui !!!
Voici donc le défi qui m'a été lancé par lael (merci beaucoup à toi ^^) : citer 15 auteurs que l'on porte dans son coeur en 15 minutes ...
Alors montre en main je vais le tenter ce tag !!! Encore 2 minutes avant de commencer, je fais le vide dans mon cerveau, je remonte dans mes souvenirs, je me concentre ...

Top chrono il est 11H30, c'est parti !!!
Je commence par mes deux coups de coeurs de l'année

Alain DAMASIO : pour sa seule lecture faite encore, mais alors quelle découverte !!! Je parle bien entendu de la Horde du Contrevent dont j'avoue être encore sous l'emprise 1 mois après sa lecture.

George RR MARTIN : pour son Trône de Fer découvert avant cet été, une série qui m'accroche très sérieusement et que j'aime pour la qualité de son écrit et la diversité de ses personnages ... c'est tout simplement excellent ...

11H32 déjà, vite vite, alors les auteurs tels qu'ils me viennent, sans ordre de préférence

Daniel KEYES pour Des fleurs pour Algernon, une découverte !

Robin HOBB parce que sa Citadelle des Ombres m'a transportée il y a plus de 10 ans, à l'époque où je débutais ma lecture de la fantasy.

Frank HERBERT pour son extraordinaire cycle de Dune, commencé à 15 ans, abandonné car trouvé trop difficile, repris quelques années après et cette fois ci ce fut la bonne, j'ai dévoré les 7 Tomes, ce cycle est un véritable chef d'oeuvre.

David GEMMEL pour le Lion de Macédoine, premiers livres de fantasy découverts, j'avais littéralement adoré !

Philip PULLMAN : Les royaumes du Nord, un des cycles de fantasy jeunesse les plus audacieux et qui frôlent la perfection !

11H38, vite vite, le temps passe trop vite !!!

Lynn FLEWELLING : Pour le Royaume de Tobin, un cycle que j'ai trouvé excellent.

Pierre GRIMBERG : Son Secret de Ji découvert aussi dans mes premiers livres de fantasy, auquel j'avais bien accroché.

Bernard WERBER : pas pour tout mais surtout pour son cycle des Thanatonautes suivi de l'Empire des Anges et surtout de la trilogie des dieux.

Daniel PENNAC : ah làlà la série des Malaussènes et son roman "Comme un roman", un véritable ode à la lecture !

Marion ZIMMER BRADLEY : pour son cycle Les dames du lac qui m'ont enchantée il y a déjà fort longtemps !

BAUDELAIRE : ses Fleurs du Mal et son Spleen de Paris, mes lectures de lycéenne lorsque j'étais passionnée par les commentaires composés qu'on nous demandait de produire !

11H42, plus que 3 minutes et 2 à trouver !!! Allez je file en arrière dans mes souvenirs d'enfance et d'adolescente !

Mary O'HARA ; Pour sa série Flicka que j'ai lue et relue mille fois étant enfant passionnée de chevaux, il faut dire aussi que c'était fort bien écrit !

BARJAVEL : pour son Enchanteur qui a enchanté mon adolescence à une époque où je ne jurais que par les Chevaliers de la Table Ronde. J'avais aussi adoré La nuit des temps et Le grand secret, c'était ma période romantique fleur bleue !

11H45 : top chrono, j'ai fini !!! Pile poil dans les temps !
Ce ne fut pas exercice facile je l'avoue, surtout que maintenant je pense encore à plein d'auteurs ! Voilà ce que c'est d'être accompagnée par les livres depuis que je sais lire et que je les dévorais déjà enfant, cachée sous ma couette avec la lampe de poche pour que mes parents ne me repèrent pas !

Voilà, je peaufine la mise en texte et je lance tout cela !!!
Je ne sais pas combien de bloggeurs ont déjà été taggés, mais je le lance à :
Tigger Lilly et AcrO : alors pour vous quels sont vos auteurs préférés à trouver en 15 minutes ? top chrono !!!

lundi 15 novembre 2010

L'homme dans le labyrinthe de Robert SILVERBERG

A une époque où l’hyperpropulsion ouvre la voie vers tous les points de l’univers, les hommes découvrent enfin ce qui se cache au-delà de leur propre galaxie. Et lorsqu’ils tombent sur une civilisation extragalactique inconnue, par peur, par crainte, ils décident de tenter une approche de l’autre race qui existe dans leur galaxie, sur une planète nommée Bêta Hydri IV et peuplée d’être étranges que jusque là personne n’avait tenté d’approcher.

Pour cette entrée en contact un seul homme semble être à la hauteur de la situation : Dick Muller. Pourquoi ? Parce que son orgueil démesuré, sa soif de gloire, son désir enfantin de devenir célèbre se révèlent plus forts que la crainte de périr dans cette mission.
Mais parce que ce qu’il endure se révèle alors pire que la mort, il se réfugie dans le labyrinthe de Lemnos …. fuyant la Terre et ses semblables … Un labyrinthe truffé de pièges, de trappes mortels dans lequel il reconstruit sa vie en solitaire …
Jusqu’au moment où la menace extra galactique se précisant , une expédition est envoyée dans le labyrinthe pour le renvoyer en mission …

C’est un roman qui se lit bien et facilement, presque trop aisément même … forcément lorsqu’on sort d’un choc littéraire comme la Horde du Contrevent, ce genre d’écrit peut se révéler … un peu fade.
Le thème principal porte moins sur l’histoire en elle-même, encore moins sur la menace de potentiels envahisseurs (parce que ce n’est pas le sujet principal, la fin est même un peu brève, réduite à quelques pages) … mais plutôt sur la mise en avant de deux questions fondamentales :

- L’homme est-il foncièrement mauvais comme le prétend Dick Muller, de la manière dont il le perçoit parce que tout son être est devenu transparent au point de dégoûter tous ses semblables ? Parce qu’il n’arrive plus à masquer ce que chacun tient profondément enfoui au fond de lui-même : la rancœur, la haine, l’avarice …. Et qu’alors l’homme prouve que sa nature pue ?
"Non j’appartiens à la race humaine. Je suis le plus humain de tous les hommes parce que je suis le seul qui ne puisse cacher sa profonde essence humaine. La sentez-vous, cette merveilleuse essence humaine ? Toute sa laideur et sa puanteur ? Ce qui est en moi est en vous aussi."

Mais en fin de compte qui est le plus mauvais ? Dick atteint de ce mal terrible ou ceux qui en lui mentant, en jouant sur sa solitude veulent le tromper pour l’amener à faire ce qu’ils veulent ? Lesquels font le plus preuve de mesquinerie et de roublardise ?

- Le deuxième thème concerne la solitude, l’homme, être social par excellence, est-il capable de vivre seul ? Mais vraiment seul, sans aucun autre être que lui-même, sans communication extérieure ?
"Le mépris qu’il professait pour l’humanité était sincère, mais pas son prétendu désir de solitude."
Pourtant Dick Muller revient à sa solitude, mais peut être celle-ci lui sera-t-elle alors plus supportable dans la mesure où cette fois ci il sait qu’il peut la briser ?

L’originalité du livre repose aussi sur la particularité de cet extraordinaire labyrinthe, dont les créateurs ont mis au point, un système d’auto défense terriblement ingénieux, impossible à percer …. Cela me fait penser aux pyramides qui ont entraîné tant de mythes (encore vivaces dans la culture contemporaine malgré les découvertes des égyptologues), tant de mystères …
En conclusion, c’est un roman qui se lit tout seul, mais dont la psychologie du personnage principale est intéressante et bien cernée. On s’attache à Dick Muller, on compatit à sa douleur, sa solitude forcée. Avec néanmoins une fin quelque peu bâclée à mon sens. Un livre qui ne rentrera pas dans ma catégorie "émotions" mais qui est tout de même bien agréable à lire.


Citations
La colère et la douleur battaient dans son crâne. Après neuf années, il n’était plus seul sur ce monde. Ils avaient détruit sa solitude. Une fois de plus, il se sentit trahi. Il ne demandait qu’une seule chose aux hommes : qu’ils le laissent en paix, et ils lui refusaient même cela. Mais s’ils décidaient de le rejoindre dans le labyrinthe, ils le regretteraient. Si …

C’est comme se plonger dans un bain d’acide. [..] Vous avez l’impression que toute votre peau est en feu. Il vous noie sous une fontaine de fange et de boue où apparaissent tous ses monstres, ses fantasmes, ses terreurs, ses bassesses, ses tourments et ses folies. Maintenant, submergeant tout, arrivait au galop le fleuve boueux charriant la haine, l’angoisse, la peur, la jalousie, les tourments, l’amertume, la dérision, le dégoût, le mépris, le désespoir, le vice, la fureur, la désolation, la véhémence, l’agitation, les rancœurs , la douleur, l’agonie, le tumulte, le feu. La force énorme d’impact plaque Rawlins contre son appui, l’oppressant et l’étouffant.

Ailleurs
Ce livre a été lu dans le cadre d'une LC de Cercle d'Atuan.
Voici les avis de ses lecteurs : kactuss ; Tigger Lilly ; Zahlya ; Spocky ; Vert ; Craklou ; El Jc ; Julien

samedi 6 novembre 2010

Un visage pour l'éternité de C.S.Lewis


Le roi de Glome a trois filles dont l'ainée, laide et mal aimée, porte un amour démesuré à la benjamine Istra ou Psyché. Mais cette dernière est sacrifiée aux Dieux.
Par son roman Lewis revisite le mythe grec de Cupidon et Psyché, à sa manière. Le conte se construit en fait à travers non les yeux de Psyché mais de sa soeur Orual par le long procès qu'elle fait aux dieux dans le but de découvrir la vérité mais aussi de remettre les choses à leur place. Un long témoignage pour prouver qu'elle

Dans le mythe original, la déesse Vénus, par jalousie de Psyché, ordonne à son fils d'affliger à la jeune fille une passion irrésistible pour le plus abject des hommes. Mais Cupidon tombe amoureux de Psyché et la fait emmener dans son palais à la condition que jamais elle ne cherche à découvrir son visage. Mais ses soeurs, par jalousie, la poussent à commettre l'irréparable et de colère Cupidon disparait à sa vue. Psyché tombé alors dans les mains de Vénus qui lui fait accomplir des tâches impossibles que pourtant Psyché réussit. Aux termes desquelles Cupidon lui pardonne et en fait une déesse sous l'acceptation de Vénus.

On découvre alors ce mythe lors de l'adolescence puis du règne d'Orual, avec des similitudes mais surtout des différences, car l'auteur prend alors une certaine liberté vis à vis du conte. En premier lieu celui ci ne se passe pas en Grèce. Ensuite Orual n'agit pas par jalousie envers sa soeur mais par amour, sa jalousie se reporte sur ce dieu qui la lui a prise et sa colère sur les dieux qui lui imposent cette épreuve. Et lorsqu'elle perd définitivement sa soeur, toute sa vie devient marquée par cette tragédie.

Si l'histoire se lit bien, si le mythe décalé de Psyché et Cupidon est vu d'une façon intéressante, je n'ai que moyennement apprécié l'oeuvre de Lewis. Je n'avais déjà pas accroché aux Chroniques de Narnia, je n'ai pas plus adhéré à son style dans Un visage pour l'éternité. Les sentiments sont plaqués, on ne les ressent pas au fond de soi, Orual est une femme terriblement malheureuse et seule et pourtant je n'ai ressenti aucune compassion, aucune empathie envers elle. Il manque ce petit quelque chose qui fait qu'on ressent ce que vit un personnage mais là ... rien ... J'ai parcouru ce livre avec un détachement certain .. voire me suis forcée à le lire jusqu'au bout pour en savoir le dénouement ...
Et aussi j'ai cherché désespérément le côté fantasy de l'oeuvre ... sans parvenir à le trouver .. c'est un conte qui rend hommage à la mythologie grecque mais je l'ai trouvé sans âme et sans saveur ....

Citations
J'aurais voulu être épouse pour être sa vraie mère. J'aurais voulu être garçon pour qu'elle pût tomber amoureuse de moi. J'aurais voulu qu'elle fut ma véritable soeur et non ma demi-soeur. J'aurais voulu qu'elle soit esclave pour pourvoir l'affranchir et la rendre riche.

La fraîcheur et l'humidité tout autour de moi me faisaient sentir que j'avais mal jugé le monde ; il me semblait aimable et souriant comme si son coeur dansait aussi. J'avais du mal à croire à ma laideur. Qui peut se sentir laid quand son coeur découvre l'enchantement ? Comme si, quelque part à l'intérieur, derrière le visage hideux et les membres anguleux, il y avait quelqu'un, doux, frais, agile et désirable.



lundi 1 novembre 2010

Lectures en cours (5)

Quelles lectures pour le mois de Novembre ?
Je réalise que je me lance un sacré défi là, pas moins de 4 livres dont un fort long .. on verra si je tiens la cadence ...

- Un visage pour l'éternité de C.S. LEWIS
Le roi de Glome a trois filles. L'aînée, Orual, est fort laide, et porte une affection démesurée à Istra, la benjamine, la plus belle et la plus douce créature de ce royaume barbare. Mais, victime de l'obscurantisme religieux, cette dernière est sacrifiée au dieu de la Montagne grise ...

- L'homme dans le labyrinthe de Robert SILVERBERG
"Muller vivait depuis neuf ans dans le labyrinthe. Maintenant il le connaissait bien. Il savait ses pièges, ses méandres, ses embranchements trompeurs, ses trappes mortelles. Depuis le temps, il avait fini par se familiariser avec cet édifice de la dimension d'une ville, sinon avec la situation qui l'avait conduit à y chercher refuge."

- A vos souhaits de Fabrice COLIN
Tout le monde connait Newdon, la fabuleuse cité où se côtoient humains et créatures enchantées. Mais connaissez-vous John Moon ? Il est l'entraîneur d'une équipe d'ogres complètement abrutis, derniers de leur championnat. Et Vaughan, l'elfe qui vient de tripler sa première année d'Ecole de Magie ? Ou encore Gloïn MacCough, le nain qui fait faner les fleurs rien qu'en les regardant ? ...
Ce livre sera lu dans le cadre d'une lecture annexe du Cercle d'Atuan.

- Le trône de fer Intégrale 3 de George R.R. MARTIN
Le royaume des sept couronnes est sur le point de connaître son plus terrible hiver : par delà le mur qui garde sa frontière nord, une armée de ténèbres se lève, menaçant de tout détruire sur son passage. Mais il en faut plus pour refroidir l'ardeur des rois, des reines, des chevaliers et des renégats qui se disputent le trône de fer. Tous les coups sont permis et seuls les plus forts, ou les plus retors, s'en sortiront indemnes ...


La Horde du Contrevent d'Alain Damasio

Ecrire un billet sur une oeuvre d'une telle ampleur va se révéler difficile je le pense, d'autant plus que j'en ai déjà parlé précédemment ici et que du coup je n'ai plus mon entrée en matière ..
Je vais tenter tout de même ....

Un groupe d'élite, formé dès l'enfance à faire face d'une manière presque inhumaine, part d'Aberlaas, pour remonter la Terre à pied afin de rencontrer les 9 formes du vent et parvenir à l'Extrême -Amont ...
On est sur un monde où le vent est roi, où le vent est codé, traduit, appris sous forme de dictées, (je dirais même des dictées musicales représentées par des signes de ponctuation), décrypté et combattu ... il en existe 9 formes mais seules 6 déjà ont été découvertes : la zéfirine, le slamino, le choon, la stèche, le crivets et la pire d'entre eux, le furvent.
Ce vent est presque vivant, avec ses entités qui lui sont propres et d'ailleurs la vie s'est entièrement construite autour de lui mais gare si l'on en tient pas compte, il détruit tout !

Tout au long des 700 pages, décomptées à l'envers, on va partager le quotidien de ces 23 hordiers, durant des années ... leurs souffrances, mais aussi leurs rêves, leurs conflits, leurs déceptions et moments de découragement ... Ils sont la 34ième à tenter l'impossible : faire mieux, aller plus loin que leurs parents consiste un défi qu'ils tentent de relever ...
C'est un monde cruel, fou où chacun avec sa personnalité survit de son mieux à travers les épreuves qui se révèlent de pire en pire au fur et à mesure de leur contre. Des personnalités dont la psychologie est parfaitement cernée par l'auteur. Pour ma part c'est essentiellement à Sov et à Oroshi qu'est allé mon attachement.

Le roman débute sur leur lutte contre le furvent, le pire des vents, celui qui ne laisse rien debout, qui ravage tout ... on vivra avec eux le combat contre le Corroyeur, la terrible traversée de la flaque, l'épreuve du syphon, les premières pertes, avant d'aboutir à la Norska et le fameux volcan Krafla (qui se révèle être la 7ième forme du vent).... successivement les épreuves du sable, de l'eau et enfin de la glace .... des épreuves durant lesquelles on reste accroché à son livre sans pouvoir souffler (j'ai lu quelques soirs jusqu'à point d'heure parce que je ne parvenais pas à m'en détacher) ... et en subissant pertes après pertes ...
J'ai d'ailleurs ressenti un curieux détachement au moment du Krafla avec une sensation de petit "ras le bol" lorsque la Horde se décimait peu à peu, impitoyablement .... parce que je l'ai vécu vraiment comme insupportable, je me suis sentie alors spectatrice d'une tragédie qui se déroule devant mes yeux sans que je puisse y changer quelque chose. Alors j'avoue avoir eu un moment de faiblesse, une parole de "mais j'aime pas ce livre à la fin!", avant de m'y replonger derechef dedans en espérant un petit moment de répit ..

Ces moments de répit on les trouve entre .. lors de leur rencontre avec les Fréoles, lors de la rencontre de certains avec leurs parents (moment très émouvant et moment aussi terrible à l'instant de l'impact de la rencontre de Golgoth avec son père), lors aussi de cet incroyable défi de la joute verbale.
Là je fais une petite parenthèse pour en dire quelques mots .... tout le style de Damasio est basé sur sa façon presque surnaturelle de manier la langue française, d'en faire des jeux de mots, au points que certaines fois j'avoue avoir du relire plusieurs fois certains passages pour en comprendre le sens ... et cette joute est vraiment l'apothéose de cette écriture incroyable ... à travers les épreuves du palindrome dialogué, de la monovoyelle en O (cela ne s'appelle pas une allitération en O dans le terme exact ? je me suis posée la question), du stylibre ...
Et nous voilà partis dans une joute verbale proprement hallucinante, d'échanges de propos qui fusent telles des armes pour abattre l'adversaire ... ça n'a pas eu l'intensité d'une lutte contre le furvent ou contre le syphon mais j'avoue que cela m'a époustouflée !

Tout au long du récit, on se demande sans cesse sur quoi vont-ils aboutir, si seulement ils vont aboutir quelque part ? Que vont-ils trouver au bout de leur contre ? Cela vaut-il tous ces sacrifices qu'ils font pas après pas ? Et surtout y a t-il une fin du monde ? Ou vont-ils revenir à leur point de départ ?
J'avais plus ou moins anticipé la fin mais j'avoue qu'elle a tout de même réussi à me faire tomber des nues .. voire m'a laissée terriblement dubitative .. une fin que j'avais appréhendée mais pas tout à fait de cette manière là .. j'en suis restée un bon moment le livre entre les mains, à me demander si j'y avais réellement compris quelque chose ...
Troublant ...

Enfin pour conclure ... rares sont les livres qui me laissent une telle impression .... je ne m'estime pas fana de science fiction de manière générale car j'en ai lu très peu, mais ces romans à souffle comme des Dune de Herbert ou une Horde de Damasio, me transportent ... La Horde du Contrevent marque les esprits, sans aucun doute !!! Et pour ma part elle me laisse une trace indélébile.

Citations
Pourquoi acceptons-nous de consacrer notre vie à aller quérir une origine que personne n'a jamais pu atteindre ?

Là-haut, la terre est bleue comme une orange.


La neuvième forme du vent, tu la rencontreras en Extrême-Amont - et là-bas seulement. Elle prendra le visage de ta quête. Elle sera ce que tu as toujours cherché à combattre, fils, à chaque instant de ta vie.


Dans le chrone se tenait un gorce puissant, caparaçonné de rouge sombre qui se ruait vers l'amont. Mais le plus sidérant était que ce gorce possédait deux têtes qui jaillissaient de l'encolure ; celle de gauche se jetait vers l'avant, sans cesse, avec de furieux à-coups, celle de droite lui répondait par des coups de groin féroce.


Ce n'est pas l'Extrême-Amont qui me tire. Ce sont eux : nous.


Pour en savoir plus
La Horde du Contrevent a été récompensée par le Grand Prix de l'Imaginaire 2006.
L'auteur est venu discuter sur le forum de Actu SF

Ailleurs
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