jeudi 5 janvier 2012

Chroniques des Rivages de l'Ouest : Dons d'Ursula Le Guin

Dans les collines des Entre-Terres, les hommes vivent en clans, défendant leurs territoires, envahissant d’autres … Et dans chaque clan, il y a un chef, un brantor, le maître ou la maîtresse du d’un domaine qu’il entretient et défend grâce à un don … qu’il transmet à sa descendance s’il est de lignée pure.

Chaque Brantor de chaque tribu a son propre don : savoir déplacer les objets par la seule force du verbe et du geste, savoir allumer un feu par le simple regard, être capable d’appeler les animaux à soi mais aussi savoir arracher la volonté d’autrui et forcer à obéir, tordre quelqu’un, le mutiler ou le priver de son esprit.

Orrec, fils du brantor deCaspromant, Canoc, devrait être doué du don de pouvoir défaire, détruire, dissocier …. Un objet mais aussi un animal ou un être humain …. Sauf qu’à 12 ans, son don ne se manifeste toujours pas.

Jusqu’au jour où il apparaît ….. mais de façon sauvage, anarchique, incontrôlable ……

Le récit de Dons débute par l’arrivée d’un étranger dans les collines des Entre-Terres, venant lui-même des Basses-Terres, il assimile ces étranges pouvoirs à des contes, des légendes et cherchent à en savoir plus. Ainsi par sa présence faisons-nous connaissance avec Orrec et ses parents, ainsi que Gry … ils ont tous les deux 15 ans et étrangement les yeux d’Orrec sont bandés. Les choses sont posées dès le début par l’arrivée de cet étranger mais ensuite le récit part dans le passé, revient en arrière, amenant toutes les explications, le cheminement à l’état de faits constatés dès les premières pages.

C’est le troisième livre que je découvre d’Ursula Le Guin … et une fois de plus j’ai été conquise par la douceur de son écriture. Ce qui est fou c’est que fondamentalement il ne se passe pas grand-chose durant cette histoire qui pourtant dure 3 ans mais en même temps on ne s’ennuie pas une seconde et les choses se suivent naturellement, car il y a tout de même une histoire, un récit mais on s’en aperçoit à peine tant l’enchaînement des évènements coule comme une rivière.
Cette écriture a un effet incroyablement apaisant sur moi, c’est presque magique, je me fais avoir à chaque fois, tout glisse, les sentiments sont feutrés et pourtant terriblement présents et touchants, tout comme les personnages qu’on aime immédiatement. Car ils sont profondément humains.

Il est intéressant aussi de constater que la peur d’un don, l’effroi de posséder quelque chose de monstrueux, conduit à des extrémités  alors qu’il aurait peut être fallu apprivoiser ce pouvoir pour ne plus le craindre.

J’ai beaucoup pensé à Lavinia en lisant ce livre, par ses similitudes (il aurait été plus juste de dire que Lavinia renvoie à Dons puisque ce dernier lui est antérieur mais je ne l’ai pas lu dans cet ordre ) …. La symbiose des gens avec la nature, (il y a des chiens et des chevaux qui ont leur importance dans le récit bon cela n’a l’air de rien mais j’aime beaucoup) leur respect des choses …. La façon aussi de vivre les choses, tout en douceur malgré la souffrance et la colère, ou la haine. Lavinia était une mélodie, Dons est une rivière qui coule paisiblement.

En conclusion je suis toujours sous le charme de cette auteure, de sa façon de conter les choses, car finalement elle ne raconte pas, elle conte, sa manière très tendre de nous faire aimer ses personnages, ses histoires qui même si elles ne sont trépidantes, ne lassent pas, bref j’ai hâte de découvrir la suite. De la grande qualité et en plus, un roman à lire à partir de 14 ans , c’est de la littérature jeunesse très haut de gamme.

Extrait
J’ouvris les yeux et vis l’herbe se froisser et noircir, les insectes s’arrêter et se ratatiner à néant, leur logis s’effondrer en cavernes poussiéreuses. Le sol parut se tordre et bouillir à mes pieds à flanc de colline dans un craquement assourdissant de déchirure. Quelque chose, debout devant moi, frémit et s’enroula, carbonisé. Ma main gauche était toujours tendue. Je serrai le poing, me pris le visage dans mes deux paumes.
-    Assez ! Assez ! hurlai-je


Ailleurs
Olya ; Vert ; Luthien ; Phooka

10 commentaires:

  1. Tout à fait d'accord avec ton article. Rien à rajouter, tu expliques tout très bien !
    Ursula est une merveilleuse conteuse, et elle nous emporte avec son roman.
    Faudrait que je lise Lavinia cette année.

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  2. C'est un auteur que j'adore moi aussi. Elle a un Don c'est clair. Elle "raconte" des histoires et captives ses lecteurs!

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  3. @Olya, merci ^^ Et oui il faut que tu lises Lavinia, cela démarre très lentement mais ensuite c'est un régal. :)

    @Phooka, oui tout à fait :)

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  4. Ayant eu du mal avec Lavinia (trop de longueurs pour moi), je passe malgré ton beau billet!

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  5. @Edelwe, j'avais trouvé aussi des longueurs à Lavinia, même si ensuite cela ne m'a plus gênée, mais il y en a moins dans Dons.

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  6. Ravie qu'il t'ait plus, tu verras, la suite est encore mieux ^^

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  7. Ah làlà tu me donnes encore plus hâte ^^

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  8. j'aime cette auteure, il me reste à découvrir celui-ci.

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