dimanche 18 janvier 2015

La voie du sabre de Thomas Day

"L'étranger arriva à la forteresse du clan Nakamura par la route du sud-ouest. Le jour naissant couvrait l'horizon de poudre d'or et de copeaux de cuivre, et le vent matinal, chargé de fleurs de cerisier, déchirait le ciel comme mille ailes de papillon, arrachées, dans lesquelles avaient été s'emprisonner les lueurs saumonées d'une aube à l'agonie."

Mikédi n'a que douze ans lorsqu'il assiste à l'arrivée du ronin Muyamoto Musashi qui l'emmènera avec lui, avec l'accord de son père le chef de guerre Nakamura Ito, pour le former.
"Confie moi ton fils, il est vierge de toute influence, son esprit est souple comme une herbe ...Quinze années, vingt années, il me faudra bien cela pour vider sa tête complètement et la remplir du Secret. Je lui enseignerai la Voie du Sabre qui fait de l'homme un dieu, qui met dieux et femmes à genoux. Et ce que tu attends véritablement de la vie .... en l'occurrence l'Impératrice-Fille à couvrir pour enfanter un Empereur en ton nom, ce rêve, je donnerai à ton fils toutes les armes pour le toucher."

Thomas Day nous propose là un récit qui prend ses racines dans une fantasy aux couleurs du Japon, une quête initiative d'un jeune garçon formé par un maître samouraï, qui au cours de leur parcours lui fera connaître divers enseignements, de l'apprentissage de métiers différents aux plaisirs de la jouissance jusqu'aux horreurs et souffrances de la guerre.
Parcours initiatique ou création progressive d'un monstre humain ? car le jeune Mikédi n'est pas moins qu'un individu dénué de tout scrupule, déterminé à arriver à ses fins, ne respectant rien ni personne.

"Je lui saisis le poignet si fort que je crus avoir brisé ses os. Mon acte, d'une violence physique et morale dont je ne me serais jamais cru capable jusque-là, m'étonna. Je n'étais qu'un enfant, mais par bien des côtés je ressemblais déjà à mon père."

"En bien des domaines les animaux sont supérieurs à certains hommes, voilà ce que tu as prouvé cette nuit, Nakamura Oni Mikédi, le bien-nommé. Aucune d'entre elles ne mourra et je voudrais juste savoir si tu as conscience de ce que tu as fait ?"

Lors de la conférence donné aux Utopiales, sur l'âge de raison :enfance, intelligence et pouvoir, Thomas Day révélait que dans son livre La voie du Sabre, il présentait le point de vue du méchant, un enfant qui devient un ado tête à claque.
En guise de tête à claque, c'est bien pire que cela. Le personnage de Benvenuto dans le brillant Gagner la Guerre de Jaworsky était un salaud, mais un salaud ,malgré ses vices et ses exactions, très attachant ... Le jeune Mikédi est un salaud mais un vrai de vrai, qui ne suscite aucune compassion, aucune empathie, seulement a-t-il été réellement fabriqué en tant que tel ou le portait-il en lui-même dès le départ ?
Lorsqu'on assiste à son geste violent sur une femme lorsqu'il n'a que douze ans et sa haine accrue envers son maître alors qu'il n'a guère eu le temps d'avoir eu l'esprit façonné par ce dernier, on peut penser qu'il aurait de toute façon développé cette violence.
"Toutes les tragédies commencent par un geste de ce genre. Demain, l'un sera devenu bel et bien un homme juste, malgré toutes les vies qu'il a volées. Et l'autre n'existera plu que sous la forme d'un démon, même pour son fils."

Dans chaque humain, même un Dark Vador, il y a une part de bon, Mikédi ne découvrira la sienne qu'au terme de bien trop d'horreurs et de choix tronqués pour amener le pardon du lecteur.
Ce roman est très bien conçu, intéressant par bien des aspects, ne serais-ce que pour la naissance de la haine du jeune garçon, de sa fascination qui revient à la colère haineuse, rien n'aurait peut-être pu entacher son destin de démon, à moins de trouver un maître qu'il aurait eu la sensation d'aimer car au final on en revient à un garçon qui n'a pas su trouver son modèle (père absent et maître qui n'a pas su se faire comprendre). Il se lit bien, sans temps mort et on découvre toute une culture japonaise teintée de contes avec quelques belles apartés littéraires. Il nous présente aussi une légende vivante qui au demeurant se révèle, en dépit de tous ceux qu'il a tués, sensible et ouvert à l'autre, au contraire de son élève.

Pour autant je ne peux pas dire que j'ai aimé .... pas parce que La Voie du Sabre n'est pas un bon roman, non au contraire, il a des tas de qualités et de points forts, mais tout simplement parce que je n'ai pas accroché aux personnages, en tout cas aucunement à Mikédi et que à la base je n'aime vraiment pas histoires de samouraï (que Thomas Day possède admirablement, on sent la passion), je n'ai jamais été fan de ces histoires de codes de l'honneur ou autre ni des combats au katana .... Ceci est évidement très personnel et c'est vraiment la seule raison qui peut me faire dire que ce n'est pas mon type de livre.
Je suis néanmoins contente de l'avoir découvert.

Ailleurs


6 commentaires:

  1. Y a un dragon sur la couv', il faudra un jour que je le lise :D

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  2. Malgré ton avis, je note. J'aime bien les histoires de samouraï.

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  3. J'ai eu du mal à l'aimer aussi (pareil le personnage principal m'a un peu bloqué). Mais bon je crois que je suis pas très en phase avec les écrits de l'auteur en général (et pourtant c'est pas faute d'avoir essayé ^^)

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    1. Je crois que je suis comme toi en fait, pas trop en phase avec ses écrits, pourtant j'avais vraiment beaucoup aimé This is not america.

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