A la suite des bouleversements qui ont secoué la France et dans lesquels ils ont joué un rôle important, Jean et Clara vivent dans la clandestinité. Mais la jeune fille est enlevée par son père, qui entend lui faire épuiser un homme vieux et riche du nouveau continent. Jean n'a d'autre choix que de partir à sa recherche ...
Le récit démarre un an après les évènements de Noël 2008 où la révolution a été matée.
Depuis ce Noël de Sang, les autorités maintiennent la population parisienne dans une terreur permanente, afin de leur faire payer le fait d'avoir osé défier le pouvoir royal.
On retrouve l'univers de l'uchronie mise en place par Bordage dans son premier tome : Ceux qui sauront, dans lequel si la Révolution Française a bel et bien eu lieue, la société n'a pu évoluer vers la démocratie et c'est toujours un roi qui règne maintenant le peuple dans la misère et le non accès aux connaissances : la lecture mais aussi l'informatique au travers le réseau R21.
C'est contre cet état de fait que luttent quelques résistantes, donc Jean et Clara font partie ... enseignant la lecture et les mathématiques à cette population que l'on appelle les Cous Noirs.
Or, lors de l'enlèvement de la jeune fille, on quitte rapidement cet univers pour basculer aux Etats-Unis ... forts différents eux-aussi de ce qu'ils sont actuellement. En effet si l'indépendance américaine par rapport aux Anglais s'est bien déroulée le 4 Juillet 1776, une autre date figure désormais sur les tables tenues par la Statue de la Liberté (à présent baptisée la Mère des Rois) : le 29 Juin 1924, date de la création des cinq royaumes. Des royaumes despotiques et esclavagistes qui se sont partagés le territoire et qui ont réduit à l'impuissance les tribus indiennes (ce qui ne change pas de la véritable histoire de l'Amérique) et maintenu les noirs dans le mépris et la misère.
C'est dans ce monde de folie que va entrer Jean, lui, le rejeté de la Société française, va découvrir d'autres haines et d'autres pouvoirs une société qui maintient la population dans la misère et leur prélève son quotas d'impôts. Pourtant il existe un sixième Etat : l'Arcanecout, qui tel un Eldorado, reste un territoire libre dans lequel tous les hommes rêvent de se rendre, pensant que là-bas cela sera différent, plus juste, moins pauvre, plus tolérant.
En parallèle avec l'histoire de Jean et de Clara, on suit les aventures d'Elan Gris un jeune Indien qui quitte sa réserve pour accomplir le chemin que lui a montré sa vision ... tout comme celui de Elmana, la jeune esclave noire au service de Clara durant sa clandestinité.
On suit donc tout ce petit monde dans cette Amérique aux allures de jazz, qu'on appelle le zzipi, et de blues, où les Noirs et les Indiens ont un statut à part, aussi appauvris que les cous noirs de la France de Jean.
Un monde dans lequel on pourrait s'attendre à ce que les méprisés se serrent les coudes pour lutter contre l'oppression alors que l'on se rend compte que les haines sont encore plus attisées .... les Blancs maltraitent les deux autres populations noires et indiennes et du coup ces deux-là se méprisent violemment. Chacun reste dans sa propre haine de l'autre et dans cette caste sociale.
Les Blancs nantis tout en haut de l'échelle sociale puis les Blancs pauvres, ensuite les Noirs et enfin tout en bas, les Indiens parqués dans leurs réserves. Et Jean découvre alors que, lui, le cou noir de son pays, n'est finalement pas le plus mal loti de ce nouveau pays.
Si j'avais pu reprocher un petit manque de sentiments à l'égard des deux jeunes protagonistes dans le premier tome, ceci se fait moins percevoir dans la suite. Certes Clara reste relativement à l'écart, n'intervenant dans le récit que par le journal intime qu'elle tient lors de sa capture, mais l'accent mis sur Jean nous le fait percevoir comme un peu plus attachant que lors de Ceux qui sauront.
Je lui trouve néanmoins encore un petit côté "soumis", parce qu'il se laisse souvent porter par les évènements et n'a guère de prise sur eux en fin de compte. Elan Gris est un personnage bien plus intéressant et évolutif.
Il reste aussi ce petit côté de facilité, pour la résolution des problèmes, Jean a tout de même beaucoup de chance dans tout ce qu'il entreprend, même si on a la sensation qu'il va se trouver face à des difficultés, on se rend compte qu'il tombe toujours sur les bonnes personnages au bon moment.
Pour ceci, c'est bel et bien un livre jeunesse.
Après cela reste un bon roman d'uchronie très bien narré dont le l'intérêt réside le plus dans cette société inégalitaire qu'a recréé Bordage dans ce XXIe siècle qui n'a évolué que pour une tranche de population et qui pourtant évoque les soucis de notre ère actuelle, comme le manque de pétrole.
Il existe une suite qui s'appelle Ceux qui osent, pas encore sortie en poche, il me faudra donc être patiente si je veux découvrir la fin de cette trilogie.
Extrait
"Je cherche pas à changer les choses, répliqua Mizzipi après un long moment de silence. Je chante ce qui est au fond de moi. Au fond de moi, y a du malheur et aussi un peu de joie, y a les femmes qui m'ont aimé et celles que j'ai quittées, y a de l'amour qui s'est parfois dilué dans le bourbon, y a toutes ces routes sur lesquelles j'ai usé mes godasses, y a ma vieille compagne dont j'ai changé cent fois les cordes, y a les sang nègre qui coule dans mes veines, y a l'amour du Seigneur et la trace du Malin, y a tout ça, et y a que ça ... Je ne suis pas votre symbole, pas votre guide, je suis juste un homme qui donne des bouts de son âme à ceux qui veulent bien les recevoir ..."
Ailleurs
Spocky ...
e ne lis pas ton billet (roman dans la PAL dont la lecture est prévue cet été :p). ceci est le commentaire inutile du jour ...
RépondreSupprimer(pardon)
Ih ih mais j'aime bien les commentaires inutiles, xD
SupprimerJ'attends ton billet alors ^^
Je m'y mettrai prochainement par le tome 1 d'abord. On verra ensuite ce que cela donne mais j'avoue être un fan des écrits de Bordage.
RépondreSupprimerCe sont les premiers que je lis de lui, mais j'en ai pas mal en réserve pour me faire une idée plus générale de ses livres :)
SupprimerC'est vrai que l'on pourrai reprocher quelques facilités, mais en même temps, il leur arrive aussi PLEIIIIN de tuiles, alors un peu de chance de temps en temps, ça fait pas de mal :)
RépondreSupprimerJ'aime aussi beaucoup la diversité des points de vues, des cultures, des religions, je trouve ça vraiment très bien.
J'ai hâte de lire Ceux qui rêvent.
Ceux qui osent, bien entendu ><
SupprimerOui Ceux qui osent, xD
SupprimerExact pour la diversité des points de vues, cultures et tout, c'était un point très intéressant ^^