dimanche 7 août 2011

Le cycle d'Ender : La stratégie d'Ender d'Orson Scott Card

Il y a cinquante ans, la flotte terrienne, avec à sa tête un stratège Mazer Rackham, a réussi à repousser l’attaque de Doryphores, un peuple extra-terrestre qui communique par l’esprit.
Depuis, la Flotte Internationale est persuadée qu’ils vont revenir se venger et a décidé de former des futurs commandants d’élite, en sélectionnant parmi des enfants les plus doués.
Pour ceci on implante un moniteur dans la nuque des enfants repérés pour les étudier et on ne le leur retire que lorsqu’on les sélectionne ou les met de côté.

C’est ainsi que Andrew Wiggin, dit Ender, un enfant de 6 ans, fut repéré et retenu afin d’être envoyé en formation dans l’espace à l’Ecole Primaire de Guerre de la Ceinture.
Ender vit dans une famille de 3 enfants, tous surdoués, il est le Troisième, celui qui n’aurait pas du naître puisque dans ce monde les naissances sont limitées, pour ceci il est haï par son frère aîné, Peter, un garçon prometteur mais bien trop déséquilibré pour faire un commandant de qualité. Quant à sa sœur, Valentine, la seule qui aime réellement Ender, elle est trop tendre pour avoir été retenue. Ne restait alors qu’Ender, né pour réussir.

Commence alors pour le petit garçon des années de formation très particulières … car il est en réalité l’élu, celui qui porte tous les espoirs, celui qui deviendra le seul stratège capable de repousser les potentiels envahisseurs et pour cela tous les coups sont permis.
C’est un livre assez atroce d’un point de vue psychologique car ce que va subir Ender est véritablement de la torture psychique, on se demande comment son esprit n’a pas pu être morcelé par de tels traitements. Ou comment n’est-il pas devenu fou, il frise la folie à plusieurs moments d’ailleurs.
Dès son arrivée à l’école, on le présente comme étant le meilleur, le plus doué, le seul doué, attisant immédiatement la jalousie et l’antipathie chez les autres, et tout sera fait pour que l’enfant se sente perpétuellement à l’écart, en bute à la violence et l’agressivité des autres, dans une solitude terrible et surtout dans une situation dans laquelle il ne peut attendre de l’aide que de lui-même. On le pousse sans cesse dans ses retranchements pour observer comment il s’en sortira, il est tel un cobaye dont on étudie les réactions et cela a un côté terriblement cruel qui m’a souvent gênée et mise mal à l’aise.

Ce qui est très paradoxal c’est que l’homme qui est en charge de sa formation, le Colonel Graff, est partagé entre la grande affection qu’il a pour Ender et la mission qu’il s’est imparti : en faire le plus grand commandant et pour cela ne rien laisser passer, ni sentiments, ni compassion. Et j’ai trouvé cela très dur, ce qu’on fait subir à un être si jeune ne peut laisser indifférent.
La manipulation dont il est l’objet s’apparente à du sadisme.

"Et le désespoir s’empara à nouveau de lui. A présent, il comprenait pourquoi. Il savait ce qu’il détestait tellement. Il n’exerçait plus aucun contrôle sur sa vie. Ils dirigeaient tout. Ils prenaient toutes les décisions. [..] La seule chose réelle, la seule chose précieuse et réelle, était le souvenir de Valentine, la personne qui l’aimait alors qu’il ignorait encore tout du jeu, qui l’aimait avec ou sans la guerre contre les doryphores, et ils l’avaient prises dans leur camp. Elle était comme eux, à présent. "

Et comme le regard de l’auteur est centré sur lui, forcément cela nous atteint, nous lecteur, cela nous émeut ou nous révolte, on prend forcément parti pour lui, on s’attache à lui. On souffre avec lui et on se réjouit de ses victoires, de sa progression. Cette approche psychologique est vraiment réussie même si elle en demeure dure à supporter.

Scott Orson Card n’a pas un style qui reste dans les annales, il écrit très simplement, il n’y a presque pas de descriptions dans son roman, on ne sait même pas vraiment comment sont les personnages physiquement, tout ceci est mis à la trappe pour mettre l’accent sur ce que vit et ressent Ender. De même le style n’est pas fortement élaboré, souvent il répète plusieurs fois le prénom du personnage dans le même paragraphe alors que ce n’est pas forcément utile à la compréhension et on regrette l’absence d’emploi de pronoms ou de procédés évitant la répétition.
Ce ne devait pas être son but et malgré tout, cela ne gêne en rien la lecture, qui est du coup très simple mais aussi très prenante, j’ai dévoré ce tome 1 en très peu de temps et le dénouement est réellement surprenant, rien ne nous y préparait. Je ne peux en révéler plus sous peine de spoiler mais c’est vraiment assez incroyable.

En conclusion c’est le tout premier livre de Card que je lis mais j’ai vraiment beaucoup apprécié, j’ai hâte de découvrir la suite. C’est un roman qui dérange mais qui reste très réussi.

Extraits
Puis, surpris, Dink s’aperçut qu’Ender pleurait. Couché sur le dos, le corps encore couvert d’eau et de sueur, il sanglotait, les larmes sortant de sous ses paumières closes et se mêlant à l’eau qu’il avait encore sur le visage. - Te sens-tu bien ? - Je ne voulais pas lui faire mal ! cria Ender. Pourquoi refusait-il de me laisser tranquille ?

Les doryphores ne parlent pas. Ils transmettent leurs pensées et c’est instantané, comme l’effet philotique. […]Toutes leurs pensées sont présentes ensemble, en même temps.

Ailleurs
Lael ; Vert ; RSF blog ; Spocky ; Tortoise ; Cafard Cosmique ; Arutha ; Olya

Lu dans le cadre du Challenge Summer Star Wars de Lhisbei.

Prix obtenus
Prix Hugo du meilleur roman 1986
Prix Nebula du meilleur roman 1985

6 commentaires:

  1. Il n'a l'air pas mal du tout, je me le note. Merci pour cette belle critique.

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  2. tout a fait, belle critique ^^ oui psychologiquement c'est dur, en même temps ça donne une sacré force au roman. La fin, et surtout les tomes suivants, poseront bien la question de la fin justifie t'elle les moyens. Tu verras que, rétrospectivement, OSC (CarD pas CarT)dénonce magnifiquement cette "cruauté nécessaire" et montre comment l'amour et la compréhension sont les seuls choses qui comptent.

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  3. @Céline oui il est vraiment très bien.

    @Lael, merci beaucoup ^^
    Et je corrige de suite la coquille lol
    Je suis en cours du deuxième, un peu tôt pour me faire un avis.

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  4. Et c'est Orson Scott et non Scott Orson, mais c'est du détail ça ^^
    Je suis bien contente qu'il t'ait plus, pour moi c'est un bon livre pour démarrer la SF, et je le relirais bien à l'occasion.

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  5. C'était ma deuxième lecture commune avec le Cercle d'Atuan et je me rappelle que nous avions eu pas mal de discussion sur la dureté de tout ce qu'ils font subir à cet enfant.
    Ce livre m'avait bien plus, j'en garde un excellent souvenir.
    Je l'ai lu en septembre 2009 et pourtant je n'ai pas encore eu le courage de lire la suite. J'attends ton avis avec impatience.

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  6. Tu n'auras plus beaucoup à attendre, je me fixe de le terminer dans les deux jours, par contre j'avoue que j'accroche moins que le premier opus.

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