Son crédo : "Quelque chose vous fait suer ? Alors faites suer Jack Barron"
Le principe : un homme ou une femme victime d’une injustice appelle en direct le présentateur qui contacte alors les personnes concernées, les poussant dans leurs derniers retranchements.
Seulement un jour il s’attaque à forte partie : le tout puissant Benedict Howards, créateur de la Fondation pour l’immortalité humaine …. Et à partir de là un réel combat s’engage entre les deux hommes avec comme enjeu l’immortalité elle-même qui fera pencher la balance d’un côté ou d’un autre.
Lorsque j’ai démarré ce roman, je sortais juste de Philip Pullman et aborder Normal Spinrad après A la croisée des mondes c’est un peu comme voyager à bord d’une montgolfière, symphonie de Mozart en bruit de fond, pour se retrouver brutalement propulsé dans un jet qui diffuse du hard rock à fond.
Le contraste est rude et le choc littéraire encore plus.
C’est d’une plume acérée comme un rasoir et tranchante comme un scalpel que Spinrad nous pose le décor d’une Amérique post 70, par une vision mordante et un style explosif.
"Une fois de plus l’empreinte moite des années 70 est visible, se dit Barron tandis qu’il progressait à quelques centimètres par seconde en direction de Bleecker St. Dépassant des boutiques de souvenirs, des boîtes à strip-tease, des officines de vente de L.S.D. contrôlées par le gouvernement, des fourgueurs de chnouffe furtivement postés au coin des rues et des prostituées attendant le touriste, le tour environné de solides miasmes : relents de saucisses frites à la graisse, haschisch, urine de marins saouls, arôme de pissotière du sordide agglutiné – tout ce qui subsistait d’une pathétique ex-grande dame réduite à proposer son con à tous les inconnus qui passaient."
Les dialogues entre les personnages sont crus, le récit - précipité par des phrases qui s’enchaînent employant des répétitions à la chaine - parvient encore à prendre un rythme effréné vers la fin, ne nous laissant pas le temps de souffler.
Car en fin de compte le combat mené entre les deux hommes amène à une terrible et horrible vérité, une véritable tragédie horrifique, je ne m’y attendais pas du tout et c’est totalement scotchée aux pages que j’ai achevé ce livre trépidant.
Et la fin comporte de réels moments terrifiants et poignants.
J’avoue que je n’aurais d’ailleurs jamais cru pouvoir apprécier un tel livre avant de découvrir celui-ci !
En même temps il est incroyable d'avoir anticipé ce genre d'émissions voyeuristes qui sont le lot des télés américaines et , hélas maintenant, françaises depuis quelques années. Ce qui est passionnant aussi c'est que l'on suit tous les méandres d'une telle émission, entre les plages de coupures publicitaires, les jeux d'images, les temps de paroles minutés à la seconde près ... un véritable show business dont Barron est le chef d'orchestre.
Jack Barron est un personnage complexe, sans scrupules, sans peur …. incorruptible et suivant sa propre ligne de conduite (et tant pis si elle déplaît à autrui, il est du genre seul sur terre), il est loin d’être parfait et pourtant ….. il croyait ne jamais pouvoir se faire acheter, ne jamais céder ni à l’amour ni à la tentation … mais au fond il est profondément humain et c’est ce qui le rend presque attachant malgré tout, tout brut de brut qu’il soit. Qui n’a jamais rêvé d’asséner des vérités à voix haute ? Jack Barron le fait et il ne prend pas de gants.
En dehors de tout cela, il a une conscience et des sentiments …. Une personnalité atypique et vraiment intéressante. D'autant plus captivante qu'au final il met une partie des points noirs de sa personnalité en retrait pour lutter pour la vérité même s'il se met alors en danger.
Et quelle meilleure conclusion pour ce roman que celle se SciFi Universe sur la quatrième de couverture ?
"Jack Barron et l’éternité est un chef d’œuvre intemporel, atypique, dérangeant, brut, jubilatoire, émouvant. Un roman à lire de toute urgence. "
Lecture commune organisée par Cachou.
Autres avis : Phooka ; Lorhkan ; cecile desbrun ....
Le principe : un homme ou une femme victime d’une injustice appelle en direct le présentateur qui contacte alors les personnes concernées, les poussant dans leurs derniers retranchements.
Seulement un jour il s’attaque à forte partie : le tout puissant Benedict Howards, créateur de la Fondation pour l’immortalité humaine …. Et à partir de là un réel combat s’engage entre les deux hommes avec comme enjeu l’immortalité elle-même qui fera pencher la balance d’un côté ou d’un autre.
Lorsque j’ai démarré ce roman, je sortais juste de Philip Pullman et aborder Normal Spinrad après A la croisée des mondes c’est un peu comme voyager à bord d’une montgolfière, symphonie de Mozart en bruit de fond, pour se retrouver brutalement propulsé dans un jet qui diffuse du hard rock à fond.
Le contraste est rude et le choc littéraire encore plus.
C’est d’une plume acérée comme un rasoir et tranchante comme un scalpel que Spinrad nous pose le décor d’une Amérique post 70, par une vision mordante et un style explosif.
"Une fois de plus l’empreinte moite des années 70 est visible, se dit Barron tandis qu’il progressait à quelques centimètres par seconde en direction de Bleecker St. Dépassant des boutiques de souvenirs, des boîtes à strip-tease, des officines de vente de L.S.D. contrôlées par le gouvernement, des fourgueurs de chnouffe furtivement postés au coin des rues et des prostituées attendant le touriste, le tour environné de solides miasmes : relents de saucisses frites à la graisse, haschisch, urine de marins saouls, arôme de pissotière du sordide agglutiné – tout ce qui subsistait d’une pathétique ex-grande dame réduite à proposer son con à tous les inconnus qui passaient."
Les dialogues entre les personnages sont crus, le récit - précipité par des phrases qui s’enchaînent employant des répétitions à la chaine - parvient encore à prendre un rythme effréné vers la fin, ne nous laissant pas le temps de souffler.
Car en fin de compte le combat mené entre les deux hommes amène à une terrible et horrible vérité, une véritable tragédie horrifique, je ne m’y attendais pas du tout et c’est totalement scotchée aux pages que j’ai achevé ce livre trépidant.
Et la fin comporte de réels moments terrifiants et poignants.
J’avoue que je n’aurais d’ailleurs jamais cru pouvoir apprécier un tel livre avant de découvrir celui-ci !
En même temps il est incroyable d'avoir anticipé ce genre d'émissions voyeuristes qui sont le lot des télés américaines et , hélas maintenant, françaises depuis quelques années. Ce qui est passionnant aussi c'est que l'on suit tous les méandres d'une telle émission, entre les plages de coupures publicitaires, les jeux d'images, les temps de paroles minutés à la seconde près ... un véritable show business dont Barron est le chef d'orchestre.
Jack Barron est un personnage complexe, sans scrupules, sans peur …. incorruptible et suivant sa propre ligne de conduite (et tant pis si elle déplaît à autrui, il est du genre seul sur terre), il est loin d’être parfait et pourtant ….. il croyait ne jamais pouvoir se faire acheter, ne jamais céder ni à l’amour ni à la tentation … mais au fond il est profondément humain et c’est ce qui le rend presque attachant malgré tout, tout brut de brut qu’il soit. Qui n’a jamais rêvé d’asséner des vérités à voix haute ? Jack Barron le fait et il ne prend pas de gants.
En dehors de tout cela, il a une conscience et des sentiments …. Une personnalité atypique et vraiment intéressante. D'autant plus captivante qu'au final il met une partie des points noirs de sa personnalité en retrait pour lutter pour la vérité même s'il se met alors en danger.
Et quelle meilleure conclusion pour ce roman que celle se SciFi Universe sur la quatrième de couverture ?
"Jack Barron et l’éternité est un chef d’œuvre intemporel, atypique, dérangeant, brut, jubilatoire, émouvant. Un roman à lire de toute urgence. "
Extrait
L’immortalité … était une boue de lumière électrique dressée vers les étoiles, et elle était en équilibre sur le fil du rasoir entre la vie et la mort, l’éphémère et l’éternel, l’humain et l’immortel, la raison et la sainte démence plus réelle que la raison, plus cohérente, menant à un infini hors du temps qui pouvait être à elle si seulement elle avait le courage de rompre les amarres qui la retenaient au rivage du moi et de remettre son destin à cet océan miséricordieux.Lecture commune organisée par Cachou.
Autres avis : Phooka ; Lorhkan ; cecile desbrun ....
J'aime bien ton analogie sur la comparaison entre l'ambiance d'"A la croisée des mondes" et celle de "Jack Barron"! ^_^
RépondreSupprimerEffectivement, quelle perception de la manière dont l'homme allait devenir de plus en plus voyeuriste...!
le style ne m'étonne pas, c'est du spinrad. j'ai lu... bleue comme une orange de lui, mais c'était quand même plus sage que ça, là il semble vraiment survolté ^^
RépondreSupprimerje crains un peu le côté immoral du perso, donc pour l'instant ce livre n'est pas ma priorité.
Alors là on sent l'enthousiasme ! Et il y a de quoi, je crois que tout le monde ou presque est d'accord sur les grandes qualités de cette œuvre.
RépondreSupprimerMagnifique Chronique Endea(comme toujours!! :))
RépondreSupprimer@Cachou oui moi aussi cela m'avait marquée cette différence de ton de lecture entre les deux romans
RépondreSupprimer@Lael, le côté intéressant justement de ce livre est de nous faire paraître presque sympathique un personnage immoral.
@Lorhkan : oui je pense que c'est un grand livre, merci de ton passage ^^
@Phooka : c'est très gentil à toi, merci beaucoup ^^
Très belle critique ! :) Je te rejoins sur tous les points. C'est déroutant de prime abord et le personnage de Barron l'est aussi, mais quelle finesse dans sa vision du monde contemporain et quelle tension dans la dernière partie ! J'ai rarement lu un roman aussi puissant et j'ai eu du mal à en sortir.
RépondreSupprimerJ'ai publié ma critique la semaine dernière mais je n'avais pas eu le temps de lire les critiques des uns des autres avant aujourd'hui...
Merci de ton passage ici ^^
RépondreSupprimerJ'ai mis le lien de ton billet et je suis allée le lire, il est très bien :)
J'ai gardé un très bon souvenir de lecture de ce livre, peut-être pas sur la trame générale, mais comme tu le dis : on est scotché!
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