lundi 14 novembre 2011

Firmin, autobiographie d'un grignoteur de livres de Sam SAVAGE

Un avantage au Top Ten Tuesday c'est que lorsque j'ai réalisé celui sur :
Les 10 livres de votre Pàl que vous voulez vraiment lire mais dont vous repousser sans cesse la lecture ....
Je me suis promis d'essayer de lire au moins un de ces 10 livres une fois par mois.

J'ai donc commencé par ce petit livre édité chez Babel, de littérature générale. Je précise ceci car à force de lire et lire de la SFFF on finit par perdre l'habitude d'autres lectures alors il m'a fallu un petit temps d'adaptation au style de Sam Savage et surtout à un univers bien loin de la SF et de la fantasy ...

Quoiqu'en fin de compte on pourrait donner à ce roman une certaine dimension fantastique au vu du sujet .. qui n'est autre qu'un petit rongeur - un rat en l'occurrence - qui, dernier rejeton de la famille, le treizième, celui qui doit se battre pour quelques gouttes de lait, un petit "ragoton" malingre, nait dans un sous-sol d'une librairie de Scollay Square, vieux quartier en voie de destruction d'un Boston des années 60. Un petit rat particulier car il va se découvrir une passion dévorante pour les livres .... au sens propre comme un sens figuré ....

Firmin, autobiographie d'un grignoteur de livres, est un roman émouvant et touchant ... on se prend très vite d'affection pour ce petit rat sensible qui a délaissé son propre monde pour affronter celui des hommes ... On ne peut d'ailleurs que se demander pourquoi un rat quitterait les siens pour tenter de fraterniser avec une espèce qui n'a de cesse, depuis des centaines d'années, d'exterminer les autres espèces qui lui font du tort .... ou sont plus nombreuses qu'elle ...
Et pourtant c'est le chemin que se choisit notre lecteur assidu de livres qui après avoir dégusté des centaines de pages (ce qui expliquerait selon lui son "insolite développement intellectuel") a cessé d'y toucher autrement que pour les parcourir des yeux lorsqu'il a réalisé que les trous laissés par ses dents l'empêchaient de lire tout le contenu des oeuvres.

"Et comme j'ai regretté les trous terribles que j'avais laissés dans ces oeuvres ! Pour les livres qui n'existaient qu'en un seul exemplaire, j'ai dû parfois attendre des années avant de pouvoir combler ces lacunes."

Il n'est pas facile pourtant d'entrer en contact avec les êtres humains .... Firmin ira même jusqu'à apprendre le langage des signes pour communiquer. Une expérience malheureuse avec le libraire de son lieu de naissance puis une rencontre heureuse avec un vieil écrivain marginal .... ce petit rat va connaître le pire comme le meilleur de l'Homme.

En même temps à travers l'aventure humaine et littéraire de ce rongeur, on voit avec ses yeux la vie d'un vieux quartier délabré et insalubre, voué à la destruction pour une reconstruction mais avec son lot de misères, de tristesse : ces commerces qui doivent fermer, ces hommes et femmes qui ne veulent pas abandonner ces lieux plein de souvenirs où leur vie s'est construite .... révolte ou peine, Firmin est le reflet de toutes les émotions humaines qui gravitent autour de lui.
Et pourtant il n'est qu'un petit rat que personne ne parvient à comprendre alors que lui a tout saisi.
On vit ainsi la fin de cette librairie de Scollay Square, les derniers sursauts de colère du libraire avant l'abandon .. la tristesse d'un endroit déserté de ces livres qui partagé tant de vies .. On ressent profondément les émotions.

C'est tout ce qui fait la force de ce livre, cette observation de la vie, cette analyse fine aussi de sa propre condition animale, et surtout celle d'une bête qui fait horreur à beaucoup, et cette touche de sensibilité toujours présente ... agrémentée de quelques illustrations très tendres.
Un excellent roman que je conseille vivement.

Extraits
Dans les premiers temps, mon appétit était primitif, orgiaque, imprécis, goinfre - une bouchée de Faulkner ou une bouchée de Flaubert, je ne faisais pas la différence -, mais il m'a pas fallu longtemps pour discerner quelques nuances. J'ai tout d'abord remarqué que chaque livre avait un goût propre - sucré, amer, aigre-doux, rance, salé, acide. J'ai également constaté que chacune de ces saveurs - puis, au fur et à mesure que mes sens s'aiguisaient, que la saveur de chaque page, chaque phrase et finalement chaque mot s'accompagnait d'une série d'images et de représentations dont je ne savais pourtant rien vu mon expérience très limités de la prétendue réalité ..."

"Je les ai regardées s'approcher, et quand elles furent tout près, je bondis au milieu de l'allée et mes pattes signèrent "Au revoir zip". J'ai essayé de crier en rendant mes mouvements aussi frénétiques que possible. Au revoir zip. Au revoir zip. Je sais que c'est idiot, mais j'ai aussi tenté de souligner mes propos en m'égosillant à force de couinements. J'avais l'impression de me faire comprendre."

2 commentaires:

  1. Aah je savais que tu ne pourrais pas ne pas succomber au petit grignoteur =)

    Il est dans mon Top 10 de mes livres favoris alors je ne peux que plussoyer ton billet.

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  2. Et merci de me l'avoir conseillé ^^

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