mercredi 30 novembre 2011

Cygnis de Vincent Gessler

Un trappeur Syn et son loup cybernétique Ack intemporel .... des étendues de neige .... des ruines qu'ils foulent sans savoir vraiment à quoi elles se rapportent .... d'étranges objets issus d'un passé dont presque plus personne ne sait rien ..... Voici tout l'univers de Cygnis offre un univers atypique de post apocalypse
- les humains en premier lieur : des trappeurs, des fouisseurs ou des troglodytes, faisant plus ou moins bon ménage
- des robots : les diasols que Syn entend étrangement de loin grâce à un bourdonnement qu'il ressent dans ses oreilles
- une chose effrayante qui rôde se livrant à des massacres : "Le corps annelé se met en mouvement, fondant sans bruit sur le couple, deux appendices tendus vers les gorges."

L'univers est très mystérieux, on ne sait en premier lieu rien du passé du trappeur (lui non plus d'ailleurs), on ne sait pas davantage pourquoi son loup a vécu si longtemps et semble moitié animal, moitié robot ..... Mais peu à peu les éléments se découvrent, lentement, doucement.
Car c'est un livre qui se lit lentement, d'abord pour savourer un style très poétique, très posé, on a la sensation que Vincent Gessler s'est particulièrement appliqué pour nous offrir un beau récit.
Et il y réussit ..

"Le deuil s'enracine sur cette terre où nous marchons, toujours en rond. Il y a quelque chose d'irréductible dans la déchirure de la perte, dans l'amour blessé qui ne veut plus se découvrir. Une amertume qui en appelle aux larmes, aux mots muets, aux mots hurlés. Notre existence se joue ici, entre ces valeurs inventées par nos pères et celles que nous apprenons. Les hivers sont passés sur le monde, et les étés. L'être humain est mort par milliers, par millions il a gorgé la terre de son sang. Il a dominé le feu du ciel, puisé celui de la terre, asséché les mers et aux enfants de ses enfants offert toutes les larmes ..."

Bon je suis plutôt du genre sensible à ce genre d'écriture, même si cela semble un tantinet forcé, c'est vraiment très agréable à lire, ce style bien coulé et beau.
Et au début si j'ai ressenti une certaine frustration à ne pas savoir, ne pas comprendre pourquoi les hommes ont subi un cataclysme -mais lequel ?- puis sont de nouveau là, vivant différemment ... proches de la nature, existant dans un monde à la fois moderne par des objets et des armes d'antan réutilisés et ancien, qu'on situerait peut être à l'époque de la ruée vers l'or ... mais en fin de compte j'ai accepté de me laisser guider lentement vers une fin qui de toute façon éclaire tout.

J'ai aimé aussi les personnages, qui ne sont pas des héros, mais des humains qui ont pu accomplir des choses terribles au cours de leur vie, ne sont pas pour autant mauvais ou bons ....
Ils semblent chacun cacher un secret qui les hante et qui est douloureux à livrer.
Ils nous paraissent d'autant plus proches et humains.
J'ai beaucoup apprécié aussi le loup, bien entendu, ce presque double de Syn, un peu comme Oeil de Nuit dans La Citadelle des Ombres.

" Le lien qui unit l'homme à son chien ou à son loup est si fort qu'il est au-delà des mots, hors de tout champ d'expression. Il est composé de la somme de toutes ces nuits et tous ces jours, de tous ces soleils qui ont tracé l'horizon, de toutes les étoiles regardées, ces feux allumés au soir, ces échanges de soupir, de monologues formulés ou non, de gestes esquissés, de regards surtout, souffrances partagées et chaleur mutuelle."

On n'a pas la sensation de lire un récit de SF mais plutôt de fantasy et pourtant les éléments du premier sont bien présents, enracinés parmi cette quête des origines de chacun.
Quant au dénouement il est tout à fait original.
Bref un roman qui séduit, qui se lit vraiment avec plaisir.

Et une couverture qui est tout simplement sublime.
Cygnis a reçu le Prix des Utopiales 2010 et le Prix Julia Verlanger 2010.

Je l'ai lu dans le cadre du Challenge Fin du Monde de Tigger Lilly.



Extrait

"L'épouvantail tend ses câbles à l'extrême, ses épaules se dilatent, son corps se gonfle. Dans son dos se déploie l'étendard de la mort comme une aile noire et immense. En quelques instants, la taille de la créature a doublé. Ses bras s'ouvrent en deux et se démultiplient, s'allongent, les membres pendants se rigidifient. Le haut du corps entame une lente rotation."

Ailleurs
Lelf ; Julien ; Shaya ....

Vincent Gessler était présent aux Utopiales et a participé à la conférence portant sur Les histoires de fin du monde. Il m'a aussi dédicacé mon exemplaire.

4 commentaires:

  1. Merci pour ce joli compte-rendu !

    --
    Ne pas hésiter à éditer et supprimer cette partie du commentaire :
    4 petites corrections
    - le loup s'appelle Ack, et pas Ask
    - l'auteur s'appelle Gessler, et non Guessler
    - "LUI non plus d'ailleurs"
    - "TOUS ces soleils"

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  2. Je ne peux pas éditer mais j'ai corrigé les coquilles :p
    Merci ^^

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  3. Yeap Tigger Lilly, il devrait te plaire !

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