Ainsi sur les îles de Terremer, la magie disparait .. les sorts n'ont plus de pouvoir et les mots d'enchantement sont oubliés ...
Parce que depuis huit cent ans il n'y a plus de roi en Havnor, les Runes perdues ont été retrouvées, la couronne est présente mais aucun roi pour la porter et unifier les îles, maintenir la paix ...
Seul le Gardien de Roke, l'Archimage, doit aller là où est le mal, tenter de le souscrire et trouver un nouveau roi .... Pour cette quête, Ged sera accompagné d'un jeune garçon, Arren, le fils du Prince d'Enlade et l'héritier de la Principauté de Morred.
Commence alors un long voyage à la recherche du mal, qui les conduira l'un et l'autre jusqu'aux portes de la mort ... et au choix de l'immortalité ...
Bien entendu le dénouement d'une partie de cette quête était hautement prévisible, pour autant encore une fois j'ai été séduite par le récit qu'entretient Ursula Le Guin.
Il comporte plus d'action que dans le Tome précédent, Les Tombeaux d'Atuan, beaucoup moins de temps morts, ce qui fait que je ne m'y suis pas ennuyée comme lors du début du précédent et en même temps, on continue la découverte de la sombre personnalité de Ged.
Il se révèle être tout à la fois le guide du jeune Arren que son mentor, mais sans omettre ses propres erreurs de jeunesse qu'il n'aura jamais complètement expiées.
"Essaie de choisir avec soin, Arren, lorsqu'il faudra faire de grands choix. Quand j'étais jeune, j'ai eu à choisir entre être et agir. Et j'ai sauté sur la seconde solution comme une truite sur une mouche. Mais chacun de tes gestes, chacun de tes actes, te lie à lui et à ses conséquences, et te force à agir encore et toujours."
Il est assez étonnant d'être face à un personnage principal à la fois si maître de lui et en dépit de cela, si angoissé par ses actes d'autrefois .... on a pu voir dès Le Sorcier de Terremer que Ged s'était forgé sa personnalité par rapport à ce qu'il avait pu accomplir .... c'est de plus en plus flagrant au fur et à mesure qu'on le connait de mieux en mieux ... au travers des yeux d'Arren qui, tout en lui vouant un amour inconditionné, se retrouve très souvent en proie à des doutes concernant son "idôle" ... ce qui influencera ses actes.
On se trouve aussi face à un récit où les personnages sont souvent portés par le courant de leur vie .... Arren en est le parfait exemple, on a vraiment la sensation qu'il se contente de suivre Ged et que jamais il ne prend d'initiative, même à l'article de la mort, ce qui est quelquefois agaçant .... avant de comprendre qu'en fait ses actes (ou plutôt ses non actes) sont justement empreints du mal qui règne et qu'il n'est pas encore assez mâture pour y faire face et lutter contre ...
Un roman aussi dans lequel se pose la question de l'immortalité .... qu'entraînerait-elle dans l'Equilibre du monde ? Ne mettrait-elle pas en péril la vie ?
Le récit qu'a pu développer Le Guin dans Terremer est atypique au vu de la plupart des romans de fantasy que j'ai pu découvrir déjà ... Point de combat effectif ou de lutte à l'aide de magie apparente .... c'est une quête presque discrète où règne la magie des mots, tout en douceur et dans le calme ... jamais les personnages, qu'ils soient bons ou mauvais, ne font preuve de violence ou d'agressivité ... ni ne disent un mot plus haut que l'autre, même dans la colère ...
Calme, plénitude, style coulé qui porte, nous lecteurs sommes comme les protagonistes de cette histoire .... nous suivons, nous ne nous révoltons pas, on ne peut pas dire pour autant que c'est plat, c'est une autre façon de raconter une histoire, de dévoiler des sentiments et des affects, c'est reposant.
On n'est pas transporté, tout vibrant comme dans certains romans qui ne laissent pas de répit, on est juste séduit et apaisé ... Et j'avoue que j'aime beaucoup aussi lire ce genre de récit.
Je le confirme ... j'aime énormément la façon d'écrire d'Ursula Le Guin et j'ai hâte de découvrir d'autres romans d'elle.
Extrait
"Toute la splendeur des êtres mortels était dans ce vol. Leur beauté était faite d'une force effrayante et d'une férocité totale, et aussi de la grâce de la raison. Car c'étaient là des créatures pensantes, douées de la parole et d'une antique sagesse : les figures tracées par leur vol révélaient une harmonie volontaire et brutale.""Être soir-même est déjà une chose assez rare, une chose précieuse. Être soir-même à jamais, n'est-ce pas encore plus précieux ?"
Ailleurs
NooSFère ; actusf ...
Bien contente que cette histoire là t'aie plus, j'en garde un très bon souvenir (bien meilleur que l'adaptation partielle et bizarre faite par le fils Miyazaki). Si tu aimes les romans où il ne se passe rien, tu vas être servie avec la suite ^^
RépondreSupprimerSes romans SF sont très intéressants également si tu veux continuer à explorer ses textes.
Merci Vert, je pense que je vais me pencher sérieusement sur ses écrits.
RépondreSupprimerPar contre dommage pour l'adaptation car j'aurais bien jeté un coup d'oeil mais ton avis est dissuasif :p
Bah je l'avais pas trop mal aimé la première fois (ça reste un Miyazaki même si c'est pas Hayao, y'a quelques beaux paysages), mais le revisionnage m'a laissé assez sceptique. A l'occaz je peux te prêter le dvd ceci dit.
RépondreSupprimerMais il se défend mieux que l'adaptation en téléfilm de Scifi (repasse régulièrement à la télé à Noël si le coeur t'en dit) qui est une horreur niaiseuse où Ged est blond, et où la seule personne de couleur ou presque est Tenar (typée asiatique). Et autres bêtises du genre. Rien que d'y penser, beurk xD.
Je ne savais pas qu'il y avait une adaptation téléfilm, effectivement Ged blond, cela va pas le faire, xD
RépondreSupprimerPour le DVD je veux bien ^^
Bon faudra que j'y pense quand je passerais chez mon père, je l'ai rapatrié là-bas... je te l'enverrai ptêtre direct de là bas d'ailleurs xD
RépondreSupprimerOn se verra probablement lors d'un festival du livres, ne te soucie pas d'un envoi ^^
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