dimanche 9 octobre 2011

Algernon, Charlie et moi de Daniel Keyes

Il est très étrange de lire un livre qui parle d’un autre livre … enfin plus exactement de parcourir un récit qui évoque l’histoire d’une œuvre.
J’avais lu Des fleurs pour Algernon il y a quelques mois et ce roman m’avait laissé une très forte impression, un grand coup de coeur.

Dans Algernon, Charlie et moi, Daniel Keyes évoque comment il en est arrivé à écrire Des fleurs pour Algernon et particulièrement pourquoi et comment il a voulu embrasser la carrière d’écrivain.
Lorsqu’on a beaucoup apprécié un roman, on a très envie d’en savoir plus sur lui, ce qui a pu pousser son auteur à le rédiger, qu’est ce qui a pu le motiver.

Ce qui est très touchant dans Algernon, Charlie et moi, c’est qu’au-delà d’un pur récit autobiographique : la vie d’un auteur né au début du siècle et que rien ne prédestinait à devenir écrivain, on est témoin à travers ses écrits de ce qui peut rattacher un écrivain à une de ses œuvres et surtout à ses personnages … surtout un personnage qu’ils ont pu particulièrement aimer.
J’ai toujours été sensible aux écrits d’auteur prenant soin de leurs personnages, loin d’un Flaubert dans l’Education Sentimentale qui faisait paraitre son personnage tellement stupide (c’était alors mon impression d’adolescente) qu’on ne pouvait que le mépriser.
Et en contrepartie je repense toujours à un cycle que j’ai lu dans mes premières années de découverte de la fantasy, celui d’Eddings La Belgariade dont j’ai eu la sensation que l’auteur aimait tellement ses personnages qu’il ne pouvait se résoudre à les voir mourir.
Je me souviens particulièrement d’un passage où Durnik, le forgeron, trouvait la mort dans un duel contre un dieu et que tous les autres dieux décidaient de le faire revenir sous forme d’immortalité afin qu’il revienne auprès des siens.

Ainsi Daniel Keyes aime son personnage Charlie dont il a fait une nouvelle avant d’être à nouveau hanté par lui, ce qui l’aura amené à rédiger son roman. Keyes voulait absolument devenir écrivain et tout ce qu’il aura pu accomplir dans sa vie n’aura eu que ce but ultime, et pour cela, écrire et faire connaître son œuvre. C’est la nouvelle Des fleurs pour Algernon qui aura lancé sa carrière.
Nous apprenons ainsi à quel endroit précisément il a trouvé l’idée phare de son histoire, d’où proviennent les noms d’Algernon et de Charlie.
Tous ces éléments rencontrés de façon disparates et à des moments différents se sont cristallisés peu à peu sur cette nouvelle qui a rencontré un succès foudroyant.

Et lorsqu’il a fini de la rédiger, malgré d’autres écrits, il a réalisé que son personnage ne le laissait pas en paix et qu’il devenait urgent de l’étoffer pour en faire un roman.
Un roman dans lequel il a pu livrer un peu –beaucoup- de lui-même et de ses expériences vécues dans son enfance ou son adolescence :

"Et puis quelque chose d’étrange s’est produit. Pendant que j’écrivais cette scène, les émotions liées à mes souvenirs ont commencé à se dissiper. Je ne ressentais plus la peur, ni la douleur, ni la gêne que j’avais éprouvées à l’époque. Depuis qu’ils ont été écrits, ces souvenirs, et ces émotions appartiennent à Charlie. Ce ne sont plus les miens. "
"Dans un sens, j’ai donné à Charlie Gordon une partie de moi-même, et je suis devenu une partie de ce personnage. "

On vit aussi à travers Daniel Keyes, ses difficultés pour se faire reconnaître, ses déceptions lorsque ses écrits sont rejetés et ses grands moments de bonheur lorsqu’ils intéressent un éditeur.
"Pour un écrivain, il n’y a pas de sensation comparable à l’allégresse qui vous envahit lorsqu’on voit son nom imprimé sous le titre de son premier récit publié. En marchant dans les rues de Manhattan, on se demande pourquoi les gens ne se précipitent pas vers vous pour solliciter des autographes. On caresse l’idée de quitter son travail et d’écrire à plein temps pour obtenir la gloire et la fortune. Quand les récits suivants sont refusés, on retombe sur Terre. "
Keyes évoque enfin les adaptations cinématographique, télévisuelles et même musicales de son roman.

A la fin de ce livre a été éditée LA nouvelle Des fleurs pour Algernon … que j’ai découverte avec autant d’émotions que le roman …. Du condensé de qualité et de sentiments en une vingtaine de pages.

J’achèverai ce billet en citant Daniel Keyes sur : pourquoi écrire ?
J’écris dans l’espoir que, longtemps après que je serai parti, mes nouvelles et mes romans, tels des galets jetés dans l’eau, continueront de faire des ronds qui toucheront d’autres esprits. Peut-être d’autres esprits en conflit avec eux-mêmes.

Et aussi sur un grand merci à Tigger Lilly pour m’avoir offert ce roman.

Ailleurs

Chez Vert, grâce à qui j'ai pu découvrir que ce live existait. Aussi chez Scifi Universe.

11 commentaires:

  1. good XD Le premier extrait que tu cites me plait bien et ne m'étonnes pas : je pense qu'un écrivain (ou un acteur) ne choisis pas telle scène, telle personnage, telle émotion par hasard même si c'est pas toujours conscient. C'est un moyen thérapeutique en fait XD

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  2. Très chouette billet. Vraiment contente que le livre t'ai plu :)

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  3. @Lael oui je suis d'accord avec toi, enfin tout du moins pour les très bons écrivains, xD

    @Twi, merci beaucoup et merci encore pour ce beau cadeau :)

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  4. Comme Lilly, je trouve que c'est là un chouette billet. Pour autant, j'ai pas forcément envie de lire le livre. J'avais passé une excellent moment avec Des fleurs pour Algernon, mais j'éprouve pas forcément besoin de lire une sorte d'autobiographie de l'auteur.

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  5. Il s'agit de ma première lecture SF (des fleurs pour Algernon)et j'ai tout comme toi, simplement adoré, donc je note cet ouvrage pour le prochain budget ;o
    Ce qu'il y a de plus astucieux reste cette évolution de pensée et d'application des connaissances puis de régression si bien menées qu'on ne s'en rend même plus compte et que, au beau milieu du livre, on ne se souvient plus vraiment quand il a commencé à mieux écrire.
    la morale derrière reste forte mais sans nous écraser ou se poser devant les yeux du lecture un peu trop abusivement.

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  6. Tu réponds illico à ma principale question : fallait-il lire "des fleurs pour Algernon" pour mieux apprécier celui-ci ^^
    Dis donc, il t'a sacrément emballé ^^

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  7. @Olya, je n'aime pas particulièrement les autobiographies des auteurs mais en fait j'ai vraiment apprécié dans ce cas l'histoire d'un livre qui m'avait touchée.

    @petiteetoiles : merci pour ton passage ^^

    @AcrO oui j'avoue il m'a bien emballée, je l'ai lu en quelques heures ^^

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  8. Bah il se lit vite en même temps, vu la taille ^^. C'est un chouette complément, je l'ai passé à ma mère après qu'elle ait lu Des fleurs pour Algernon, depuis elle me réclame d'autres Keyes xD

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  9. Donc, les fans di roman, dont je suis, ne sont pas déçus. C'est parfait, ce livre est dans ma PAL et je ne savais pas bien si c'était un produit ou un livre vraiment sincère...

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  10. @Vert oui il est très court aussi, lol

    @Céline, si tu as l'occas de lire Des fleurs pour Algernon, fonce, c'est un véritable chef d'oeuvre ^^

    @SBM : alors je te confirme oui, c'est un livre très sincère :)

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