jeudi 27 janvier 2011

Bal de Givre à New York de Fabrice Colin

Je n'ai pas l'habitude de recopier des quatrièmes de couverture en guise de prologue à mes billets mais je trouve que celle ci se prête vraiment bien à l'approche de ce roman de Fabrice Colin ...

"Depuis l'accident, je ne me souviens plus de rien. Je sais juste que je m'appelle Anna. Tout est blanc, beau, léger autour de moi. Pourtant, je sens qu'il y a quelque chose qui ne va pas. Que je suis en danger. Il faut que je me souvienne."

L'impression que j'ai ressenti tout au long de ma lecture est très étrange .... à quelques reprises je me suis faite la réflexion que, raconté par un autre auteur, je pense que cette histoire d’amour sous -jacente à l'histoire d'Anna et son passé disparu, m’aurait horripilée ..
Voyons … une jeune fille –très belle comme il se doit, parfaite – rencontre un mystérieux jeune homme, tout aussi beau, ils tombent amoureux, le jeune homme semble inaccessible tout en lui jurant sans cesse un amour éternel …. Sur le coup cela faisait un peu Twilight (horreur !!).

Sauf que … c’est narré par Colin … et que le récit prend alors une tout autre tournure, quelque chose de pur, de poétique ("Au bord du lac, les ormes du parc frétillaient et l'herbe retenait le froid en scintillements d'argent") s’en dégage dès les premières pages, un peu comme un conte de fée blanc et du coup cette histoire qui entre d’autres mains, aurait été tout simplement inintéressante … prend tout son sens … et on se laisse doucement guider au gré des pages, au gré des mots …. Un peu comme hypnotisé par le récit, de la même manière finalement qu’Anna qui, subjuguée par Wynter, se laisse porter par les évènements …

D'où ma sensation de l'étrange ... à la fois parce que j'étais un peu réticente sur quelques éléments de l'histoire mais en même temps, attirée irrésistiblement par la qualité du récit ... par sa magie ... ce qui finalement me permet de dire que j'ai été transportée par ce monde surnaturel ... ce New York transformé et lyrique : " Me tordant le cou, je suivis des yeux les ossatures d'acier couronnant l'horizon, l'ivresse dansante et lumineuse de la ville. Sur notre flanc, les tours de verre se succédaient, cathédrales hautaines et irréelles que le soleil même hésitait à réchauffer."

Au-delà de la banale histoire d'amour d'adolescents vient se greffer un mystérieux personnage Le Masque et peu à peu le conte se transforme en cauchemar .. par forcément par celui qu'on croirait .. mais de façon très insidieuse, ce n'est pas palpable, tout comme la voix étrange qu'entend Anna dans sa tête, tout comme ces rêves qui se matérialisent par des chauves-souris, on pressent peu à peu que quelque chose ne va pas, que quelque chose n'est pas logique, n'est pas aussi serein qu'on pourrait le croire .. n'est pas réel .. jusqu'à la chute finale ... à la dernière page du récit ... un chute à laquelle on ne s'attendait absolument pas et qui m'a sortie de cette espèce de torpeur dans laquelle m'avait plongé ce livre en me disant : waohh là celle ci je ne l'avais pas vu venir ... autant dire que j'ai aimé ce genre de final !
Bon .. c'est le deuxième roman que je lis de Colin et je peux dire que .... j'apprécie vraiment beaucoup cet auteur ...

Citation en début de livre
Nous aussi, et le monde qui nous peine, nous passons :
Mais là, parmi les âmes qui tournoient

Avant de s'effacer comme les eaux promptes

De l'hiver incolore, là, parmi
Les étoiles qui passent, cette autre écume,
Un visage surgit, une solitude.

W.B.Yeats "La rose du monde"

Extraits
La peau apparut, un rectangle rose pâle. Mon coeur se glaça. J'éprouvais ce que l'on éprouve lorsque l'Inconnu vous cueille au creux de sa main et referme ses doigts. Mes yeux voyaient mais mon esprit refusait de croire.

La glace se redressa : elle possédait deux bras, deux jambes et un minuscule visage ovale couronné d'une floraison de cheveux fibreux, le tout dans les tons bleus très pâles.
- Une fée de givre, chuchota Wynter ...

Une peur hideuse montait en moi, un sentiment indéfinissable, prenant racine dans les couches les plus secrètes de mon âme. Comment l'exprimer autrement ? La consistance du monde s'étiolait.

Ailleurs
Entre les Pages ; Bricabook ; De l'autre côté du miroir

6 commentaires:

  1. J'ai tellement entendu de bons avis sur ce livre que j'ai peur de le lire à mon tour.

    De toute façon, ce ne sera pas pour tout de suite, mais bon.

    J'ai un peu peur comme toi que ce soit trop bateau comme histoire d'amour et tout le tralala. Mais vu ce que tu en dis, ça me donne vraiment envie.

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  2. Je suis un peu pareille comme Olya. Je pense que je vais attendre que la blogo-popularité diminue un peu! Mais je le lirai certainement.

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  3. L'histoire d'amour n'est pas ce qui fait le charme du livre, loin de là, je dirais qu'à la rigueur la plume de Fabrice Colin ferait passer pas mal de choses, il a vraiment un style qui me plait énormément ...

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  4. J'ai vraiment envie de lire ce bouquin aussi. Comme tu dis, c'est le genre de récit que je ne suis pas sure d'apprécier de la part d'un autre auteur mais... c'est Colin. Ça veut tout dire ^^

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  5. Oui voilà, c''est tout à fait ça, c'est Colin ^^

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  6. J'ai été vraiment séduite par ce roman qui est une lecture remplie de poésies.
    Bal de givre à New-York est un véritable coup de cœur pour moi.

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