samedi 21 février 2015

Le fou et l'assassin de Robin Hobb

Autant dire que je ne m'attendais pas du tout à chroniquer si vite les nouvelles aventures de Fitz-Chevalerie Lonvoiyant qui fait partie des héros que je préfère dans la fantasy. Et ce pour au moins deux raisons :
- or de question de commencer des sagas qui ne sont pas achevés, c'est trop pénible de devoir attendre et encore attendre pour avoir les suites
- je déteste les publications Pygmalion, tomes par tomes qui nous laissent sur notre faim et y préfère les trilogies reliées comme c'était le cas pour les deux premières de la Citadelle des Ombres

Et pourtant .... ce livre s'est retrouvé dans mes mains et lu quelques 24 heures plus tard .... bon voilà j'ai craqué en somme, les deux chroniques que j'en avais lus m'avaient déjà fait de forts clins d'oeil et l'envie de retrouver ces personnages si charismatiques m'a titillé de plus en plus fort au fil des jours.

Ainsi me revoici replongée dans La Citadelle des Ombres ..... plusieurs années ont passé depuis Adieux et retrouvailles et Fitz vit désormais comme il l'a toujours voulu, tranquille à Flétrybois, entouré de celle qu'il aime et des enfants qu'elle a eus. Même s'il n'est toujours pas serein - on n'oublie pas facilement des années durant lesquelles on a servi comme assassin royal - il tente de se reconstruire après toutes les pertes subies et bien qu'il soit toujours en contact par l'Art avec Castelcerf et les membres de son clan, il résiste pour garder cette vie. 
La paix règne désormais dans les Six-Duchés ..... même si un soir trois inconnus se présentent au domaine de Flétrybois se faisant passer pour des ménestrels puis s'enfuient alors qu'une messagère envoyée à Fitz disparait mystérieusement.

Il ne se passe pas grand chose dans ce tome-ci, Robin Hobb prend son temps pour reposer son décor et pour nous remettre en contact avec ses personnages ..... J'ai eu la sensation de retrouver des amis, des gens que je connais tellement bien que je peux presque prévoir les réactions. Le point fort de l'auteure s'est toujours situé sur la psychologie de ses héros, et là elle brille toujours pour les faire vivre, tout en douceur et finesse dans leurs bonheurs et leurs malheurs. 
Si j'osais lui parler, je lui demanderais si ses personnages lui manquaient au point de vouloir les faire revivre une fois de plus, si elle leur est tellement attachée qu'elle ne peut les laisser en paix, si elle a éprouvé le besoin de voir ce qu'ils devenaient et comment ils évoluaient.
En tout cas c'est ce qui ressort de cette première intrusion dans sa nouvelle saga, et la magie opère comme toujours, ils sont identiques à ce qu'ils étaient lorsque nous les avons quittés, dans leurs défauts et leurs qualités .... comme si aucune année ne s'était écoulée entre la rédaction des romans.

Alors oui j'ai dévoré ce premier tome car j'étais en territoire connu et Robin Hobb nous replonge dans son univers sans oublier que notre mémoire n'est pas parfaite et qu'elle a pu oublier certains pans du passé de ses personnages, alors elle nous permet d'y remédier mais sans ennui, en donnant même par deux fois la voix à un autre de ses personnages qui promet pour l'avenir de cette série : Abeille .... Une voix qui permet aussi de raconter la nouvelle tragédie que va devoir affronter Fitz .... façon intelligente de montrer par les yeux d'un autre une détresse non racontable par la victime ..... scène très émouvante qui m'a fait pleurer tant encore une fois Robin Hobb sait faire passer les sentiments de ses personnages de façon touchante et poignante.

"Il nous prit toutes deux dans ses bras, nous étreignit, leva la tête et hurla, la bouche démesurément ouverte, le visage vers le ciel et les muscles saillant au cou.
Il n'émettait pas un son, mais la douleur qui se déversait en lui m'engloutissait et me suffoquait ; je me noyais dans sa peine. Les mains sur sa poitrine, je m'évertuai à m'écarter de lui, en vain. A une distance gigantesque, je perçus ma soeur ; elle cognait à l'huis de son esprit en demandant à savoir ce qui se passait. Il y en avait d'autres que je ne connaissais pas qui criaient, qui proposaient d'envoyer des soldats, de prêtre main-forte, de faire pour lui tout ce qui était possible ; mais il était incapable de mettre des mots sur sa souffrance."

Parlons de Fitz à présent .... ce personnage paradoxal et troublant, cet homme qu'on pourrait dire anti-doué pour le bonheur, toujours à la recherche de ce qui va dérailler dans sa vie même lorsque celle-ci parait enfin normale et tranquille .... Je n'ai jamais eu le courage de chroniquer la Citadelle des Ombres, intégrales 3 et 4, tout simplement parce qu'il me faudrait les relire et que je suis incapable de faire face à nouveau à la première tragédie de Fitz mais je me souviens à quel point celui-ci pouvait m'agacer par son côté défaitiste et fataliste .... un côté que je pouvais comprendre lorsqu'il était enfant et non maître de son destin mais plus difficilement lorsqu'il était adulte.

Alors, le retrouvant tel quel, plus de dix ans après (pour lui, pour moi il s'est plutôt agi d'une vingtaine d'années), je craignais que ses côtés agaçants me gênent à nouveau et pourtant il n'en fut rien .... je crois que c'est tout simplement parce que moi je ne vois plus les choses de la même manière .... Lorsqu'on est jeune, que l'on a vingt ans, je crois qu'on pense qu'on peut encore influer sur son destin ou qu'au moins les choses peuvent s'arranger, que l'on a les armes pour cela .... C'est beaucoup moins flagrant des années plus tard alors qu'on sait qu'on ne peut pas jouer sur tout et qu'on perd aussi ses illusions ..... Ainsi j'ai beaucoup mieux cerné les défauts de Fitz, son côté tristement négatif et pessimiste .....tout du moins je les lui ai pardonnés .... même lorsque des choses évidentes font la gigue sous son nez alors qu'il ne les voit pas (et que nous lecteur, on a envie de lui crier : "mais ouvre les yeux enfin !") .... et même si parfois j'ai eu envie d'entrer dans le livre pour le secouer un bon coup.... parce que c'est Fitz et que je lui resterai attaché malgré tout. Tout simplement parce que bien des années avant Robin Hobb m'a profondément fait aimer son personnage et que je l'aimerai toujours (et les autres avec : Umbre, Kettrichen , Devoir etc ...).

J'ai hâte que le tome suivant sorte (c'est en Mars, une nouvelle raison d'avoir cédé je n'aurai pas trop longtemps à attendre) parce que l'on reste tout de même un peu sur sa faim avec ce premier roman trop court, surtout que la fin prend enfin un peu de rythme et évidemment nous laisse le bec dans l'eau avec une furieuse envie de piler Pygmalion qui a coupe n'importe comment ses livres.

Ailleurs
Le rêve du renard ; 233 ° C ; Elbakin ....

Ce roman entre dans le Challenge SFFF au Féminin de Tigger Lilly.


6 commentaires:

  1. Moi j'attends que tout soit sorti pour rattraper ça (comme ça je peux rattraper le cycle d'avant dans le désert des pluies ^^).

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  2. C'est pas demain la veille à mon avis, lol, mais tu as raison, c'est ce que je voulais faire avant de tomber dans ce piège, xD
    Il faut que je me mette à la Cité des anciens.

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  3. "Retrouver des amis", c'est exactement ça. Tu ne regrettes pas d'avoir craqué donc ? ^^
    Vivement la suite !

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    1. Non je regretterai probablement lorsque je dévorerai le tome qui sort en mars et que je devrai attendre la nuit des temps pour avoir la suite mais .... en fait non tant pis suis heureuse d'avoir retrouvé mes amis ^^

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  4. On sera au moins deux à regretter, j'ai prévu de l'acheter très vite à sa sortie ! Il y a vraiment quelque chose avec l'écriture de cette dame qui nous fait complètement accrocher malgré le découpage tout pourri, heureusement que j'aime les histoires qui prennent leur temps :)

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    1. On pourra se faire un clan de ceux qui regrettent alors :p
      Oui je suis d'accord avec toi, elle a vraiment quelque chose dans son écriture.

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